EPISODE 1

SAISON 1 - La Hess et l'amour ne font pas bon ménage.

MONTREUIL

Dégaine débauchée, aux sourcils bien froncés, des dents jaunâtres du par la clope et le café mais aussi par cette bière en canette qu'il avait l'habitude de s'abreuver tous les jours. Capuché, et gilet monté jusqu'au cou, il venait de monter dans le bus 127. Il prit une place au fond du bus, dos bossu contre le siège alors qu'il compressait de ses phalanges sa canette bleutée. Il avait les ongles noircis, et les godasses salies. Âgé d'une quarantaine d'année et d'origine algérienne, Hakim se trimballait toujours alcoolisé et avec quelques pièces jaunes en poche pour s'acheter le sandwich habituel de la boulangerie située à Croix de Chavaux. Il vient à prendre son téléphone dans la poche de sa veste noire, avant de décrocher au vu de la sonnerie qu'il émanait.

         — Allô.
         — Hakim, je suis désolée de te déranger mais il faut que tu viennes, je te jure j'en peux plus, je sais pas où se trouve Sofiane, ce gosse je te jure que je vais le tuer.
          — Eh, calme toi Imène, j'arrive dans 30 minutes je suis là.
          — Merci...

Il raccroche l'appel en soupirant longuement de mécontentement avant de ranger son bigo, puis dévisage un homme qui bouscule son bras. Il lâche une insulte en arabe avant de se réajuster sur son siège, pensif. Imène est la femme de son frère, du moins son demi-frère, ils n'avaient  pas la même mère et à cause de cela ils n'avaient pas réellement pu grandir ensemble. Seulement se voir pendant les vacances, car Hakim a grandi à Alger pendant que son frère était parti avec son père en France. Ils avaient d'abord grandi dans une campagne éloignée avant de rejoindre Montreuil à ses grands débuts. La fameuse ville populaire dont tout le monde connaissait le nom. Puis au fur et à mesure ce nom s'est fait connaître pour sa délinquance et ses trafiques. Hakim est arrivé à 18 ans en France et a d'abord enchaîné les petits boulots au black tout en apprenant le français à côté, mais son accent faisait bien rire la foule et son vocabulaire si pauvre le désolait lui-même. Étant en foyer il a vite vu des choses horrifiques et le langage de cité dont il avait appris les mots et les codes. Shit, beuh, coke. C'était devenu ses mots habituels par la suite. Car il avait vite fini par rejoindre un petit réseau en vendant. Il fit plusieurs gav, avant que son père ne décide de venir le récupérer un jour à la fin d'une de ses gav. La première chose qu'il fit était de lui foutre une claque sur le parking du commissariat. Pas de bonjour ni de « tu m'as manqué mon fils ». Une énorme baffe, faisant sonner l'oreille au petit et un « monte dans le véhicule, ton frère nous attend ». Ce dernier, plus jeune. Était à l'arrière en train de jouer sur sa ds, âgé de 16 ans. Il ne calcula pas réellement son frère préférant se concentrer sur ses jeux virtuels tandis que le plus grand monta a l'avant. L'atmosphère avait été glacial et rigide.
    Par la suite il resta avec eux, essayant de se repentir de ses actions passées et se remettre dans la religion, l'Islam. Mais un beau jour, son nom avait fuité dans une des affaires délinquantes. Une poucave avait craché le morceau et les flics avaient décidés de faire une jolie descente à la maison à 3h du matin. Hakim et son frère, Mohammed, étaient tranquillement en train de jouer dans le salon aux jeux vidéos. Ils étaient plus proches que jamais quand soudain la porte de la maison se fit défoncer par les forces de l'ordre avant de pointer leurs armes sur les deux. Ces derniers avaient mit les genoux à terre et les mains derrière la tête. Salim laissa des larmes couler sur ses joues. Et Hakim âgé seulement de 20 ans pris 15 ans de prison.

A sa sortie plus rien avait été pareil, déjà que durant ses années de prison il n'avait jamais revu son frère, la connexion et le côté fraternel qu'ils avaient pu établir pendant 3 ans avait complètement disparue. Il avait seulement vu son père une dernière fois, qui avait eu un regard jugeur, et de déception immense. Alors le jour de sa libération, la seule personne qui était venue le chercher était cette même personne qui l'avait fait débuter tout ce merdier. Adama. Il était venu le chercher dans une petite merco, veste en cuir et un sourire digne de Colgate, des grosses lunettes pour la frimes et des bagues aux doigts. Tandis qu'Hakim avait une dégaine d'sdf, et un sac poubelle à la main où tous ses vêtements résidait.
   Perdu dans ses pensées, Hakim vient à reprendre conscience en entendant le chauffeur du bus klaxonner violemment et râler. Les automobilistes à Montreuil n'étaient certainement pas doué au niveau conduite. Hakim vient à appuyer sur le bouton rouge avant de se lever et de descendre aux Ruffins. Il regarde les bâtiments récemment rénovés, et se fit un petit retour dans le passé en se rappelant des anciens bâts délabrés et aux couleurs jaunis. Il fronce des sourcils avant de traverser et de rentrer dans la résidence maintenant bien protégé et soigné. Il marche jusqu'au premier bat avant de composer le numéro sur l'interface. Il ouvre la porte, dépose sa canette au coin du hall avant de monter les escaliers de manière totalement nonchalante. Il prend un bonbon à la menthe, le gobe et le suçote avant de taper à la porte gauche du premier étage. Il entend des pas, le bruit des clés puis voit la porte s'ouvrir sur sa belle-sœur. Cette dernière avait un minois très mignon, les cheveux châtains, lèvres plutôt rosées. Et un ventre rond. Mais il remarqua son cocard de quelques jours sous son œil gauche.

              — Hakim... si tu savais comme je suis soulagée que tu sois là...
              — Je peux ?

Elle hoche la tête en acquiesçant avant de le laisser passer et de fermer la porte. Hakim regarda l'appartement plutôt bien agencé, en même temps Imène avait des goûts sophistiqués. Il retire ses chaussures en les calant à côté de la porte avant de rentrer dans le salon en soupirant. Imène quant à elle, caresse son ventre avant d'aller dans la cuisine pour prendre un plateau avec une jolie théière dorée. Hakim vient à s'asseoir sur le sofa et regarde les murs, quelques décorations et des phrases  coraniques encadrées au mur. Il vient à regarder sa belle-sœur poser le plateau devant lui sur la table basse. Il l'a remercie avant de la voir le servir.

             — Ça va faire trois jours maintenant que ton neveu n'est pas rentré à la maison. Il se croit dur et fort à faire le caïd. Et moi avec mon état je ne peux pas me déplacer. J'ai juste eu des nouvelles par le petit Ouss, le voisin d'à côté.
              — Et qu'est-ce qu'il a dit ? Demande t'il avant de prendre sa tasse. Bismillāh, dit-il avant de boire son thé.
            — Il traine vers la mairie, dit-elle avant de s'asseoir sur le fauteuil en face. Et il squat chez un de ses potes, mais je n'ai pas le nom.
            — Ce gamin..., soupire l'oncle.
            — Ce gamin comme tu dis, te ressemble beaucoup trop... quand je regarde mon fils je vois cette rage dans ses yeux, dit-elle en le regardant. La même que tu avais à notre mariage....

Hakim se tend un peu plus avant de déposer la tasse et de la regarder en se raclant la gorge. Le fameux mariage. Il avait été invité au mariage de son frère et d'Imène. Ce soir là il avait du demander à son pote Adama, de lui louer un costume plutôt chic, blanc. Vu qu'il était complètement fauché il dépendait de lui. Il avait fraîchement plaqué sa chevelure noire, sa cicatrice a l'arcade qui avait plu à certaines femmes de la soirée qui lui lançait de grands sourires aguicheurs, et puis il avait mit des mocassins de qualité. Mais toute la soirée il était resté assit sur sa chaise, soit à regarder son frère et sa nouvelle femme, soit à claquer des mains sur les musiques rythmiques de chez eux. Il avait trouvé tellement belle Imène, une beauté qu'il n'avait jamais vu. Et puis ce jour là elle était encore plus embellis par sa robe. C'était la star de la soirée. Il avait complètement flashé sur elle, et il avait eu une grosse amertume. Et une rage. Une grande frustration. Il s'était même pris la tête à la fin de la fête avec son frère. Ils s'étaient reculés dans la cuisine. Et avaient discutés longuement.

             — Hakim tu m'écoutes ? Demande Imène en se penchant.

Le concerné cligne plusieurs fois des yeux pour se concentrer de nouveau sur la jeune femme, avant d'hocher la tête. Il vient à reprendre sa tasse avant de boire une gorgée plutôt amère.

— Je te disais...j'aimerais bien que tu ramènes Sofiane...
— Pourquoi ne pas demander à Hichem ? Je ne pense pas que ça va plaire à mon frère si c'est moi qui lui ramène son fils vois-tu. On a des liens assez conflictuels et il pourrait le voir un peu comme...une provocation et une remise en question sur son autorité et rôle de père.

Imène cligne des yeux, humides, avant de sourire malheureusement avant de boire elle-même quelques gorgées de sa tasse de thé.

— Parce que...Hichem est trop concentré dans son nouvel album qu'il compte sortir dans pas longtemps, il est overbooké avec ses séances au studio. S'il te plaît Hakim..., demande t'elle en prenant les mains du concerné dans les siennes. Tu es son oncle...

Hakim regarda les mains avant de soupirer par les narines et de caresser les siennes avant de se redresser.

— Je peux prier avant de sortir ?
— Bien sûr, je te ramène mon tapis...
— Celui de mon frère, demande t'il par pudeur.

Il ne se voyait pas prendre son tapis pour prier, il avait comme l'impression de rentrer indirectement dans son intimité. Elle sourit avant de partir dans la chambre pour aller récupérer le fameux tapis de prière.

HICHEM point de vue

Le plus grand de la famille, Hichem était passionné de musique. Il avait commencé, comme la plupart des grands de l'industrie, à rapper dans le quartier puis lors d'un concours à la rap contender's, il se fit repérer par un producteur, nommé Le Blanc. Un producteur extrêmement reconnu et renommé, mais surtout très bien connu dans le 93, il était proche des jeunes et était perçu comme un homme avec le cœur sur la main. Après tout il donnait des opportunités en or et une promesse, de faire gravir ses artistes au sommet, peu importe le prix. Hichem n'était pas du tout sur Paris, il était dans le sud à l'instant, plus précisément à Nice, dans une magnifique villa. Et à présent il était loin d'être seul. Le soleil tapait contre les baies vitrées ouvertes. Et il faisait extrêmement chaud, certes à cause de la chaleur extérieure mais aussi parce que l'artiste en pleine ascension âgé de 18 ans était dans des draps accompagné d'une jeune femme. Cette dernière s'appelle Shaïna, une jeune femme noire, aux cheveux crépus. Il vient à passer sa main sur sa hanche et l'embrasse langoureusement alors qu'elle caresse le torse dénudé du jeune homme avant de ricaner.

— Tu sais bien qu'on ne doit pas faire ça et rester strictement pro Hichem...
— Oui manager Shaïna, mais j'ai un goût pour le risque..., souffle t'il dans son cou.

Il vient à se glisser sous la couverture, se hissant entre ses jambes avant qu'elle ne vienne à se cambrer et lâcher de grands soupirs, en se crispant et tordant ses pieds. Elle avait la bouche ouverte sortant des gémissements de plus en plus aigus et courts. Avant de lâcher un dernier qui l'emmena à l'orgasme en un rien de temps. Le fameux Hichem sort sa tête de la couette avant de la regarder en riant et essuyant le coin de ses lèvres avec son pouce.

— J'adore quand tu ne me résiste pas, dit-il en venant à l'embrasser de nouveau, mettant ses paumes sur le lit pour se redresser.

Hichem était un beau jeune homme, un corps d'athlète, une carrure de boxer, en même temps c'était son sport. Un taper et un sourire d'ange. De longs cils et un nez légèrement bossu. Il faisait exactement 1m88. Il vient à se lécher les lèvres avant de s'allonger à côté de sa dulcinée, cette dernière le regarde avant de caresser sa joue.

— J'espère que tu ne tombe pas amoureux Hichem, tu sais bien que tu dois rester concentré sur ta carrière.
— Je sais Shaïna. Mais...je dois avouer que j'aime passer du temps avec toi, t'es pas seulement sexy comme les meufs que je mets dans mes clips, t'es belle et très drôle. Dit-il en s'appuyant sur son coude. T'es un peu comme moi c'est ça que j'aime.
— Comme toi avec trois ans de plus que toi, souffle t'elle.
— T'aurais pu avoir l'âge de ma mère ça m'aurait fait ni chaud ni froid.
— Hichem ! Hurle t'elle en lui lançant un coussin avant de rire.
— C'est la vérité...et puis c'est rare qu'une femme me captive mais toi...
— Chut, dit-elle en posant son index contre la bouche de son interlocuteur. C'est fini les concessions pour aujourd'hui. Va te laver, on va au studio.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top