Le jour se levait à peine, les premières lueurs de l’aube perçant timidement à travers les feuillages denses de la forêt brumeuse. Le froid de la nuit avait laissé place à une légère chaleur, mais mon corps était encore marqué par la fatigue de l’épreuve que Nymeria m’avait imposée. J’avais survécu, mais à quel prix ? Chaque muscle de mon corps protestait, mes pensées tourbillonnaient encore autour des pièges que j’avais dû éviter, de la corde que j’avais utilisée en guise de fouet pour me défendre. Je savais que cette épreuve n’était que le début.

Nymeria, comme toujours, se tenait à une distance raisonnable, observant. Ses yeux perçants semblaient analyser chaque mouvement, chaque réaction. Son expression était aussi froide que d’habitude, mais je savais qu’elle prenait mentalement des notes sur ma performance.

"Debout," ordonna-t-elle d’une voix sèche en me voyant tenter de reprendre mon souffle. "La nuit est passée, mais l’entraînement continue. Tu es loin d’avoir montré tout ce que tu vaux."

Je me redressai difficilement, mes jambes flageolantes sous le poids de l’épuisement. Nymeria s’avança, sa silhouette imposante se découpant contre le ciel pâle de l’aube. Elle tendit la main vers moi et attrapa la corde qui pendait à ma ceinture, la tirant brusquement pour l’observer de plus près.

"Tu as survécu grâce à ça, hein ?" Elle fit claquer la corde dans l’air, testant sa résistance avec une facilité déconcertante. "Intéressant. Ce n’est peut-être pas une arme traditionnelle, mais tu as su improviser. Cela te servira peut-être mieux que cette dague perdue dans les ténèbres."

Je ne répondis rien. J’étais encore trop fatiguée pour répliquer, et je savais que de toute façon, elle ne cherchait pas une discussion. Nymeria était là pour m’endurcir, pas pour me féliciter.

Elle me tendit la corde. "Tu veux te battre à mes côtés ? Très bien. Mais tu devras maîtriser chaque outil à ta disposition. Utilise cette corde comme une arme. Apprends à la manier comme un fouet ou un lien. Si tu n’as pas de lame, tu dois pouvoir transformer n’importe quoi en outil de survie."

Je pris la corde sans protester, sachant que refuser ne servirait à rien. Nymeria recula légèrement, ses yeux toujours fixés sur moi. "Je vais te montrer comment utiliser ce que tu as en main. Mais sois prête, parce que je ne vais pas te ménager."

Elle dégaina une dague, la même qu’elle avait utilisée la veille, et se mit en garde. "Attaque-moi, comme si ta vie en dépendait."

Je serrai la corde entre mes doigts, la faisant tournoyer lentement dans l’air pour sentir son poids et sa flexibilité. Je n’étais pas une experte, mais l’instinct de survie m’avait déjà appris que l’hésitation n’avait pas sa place dans un combat. Je fis claquer la corde dans sa direction, visant sa main armée, espérant la désarmer.

Mais Nymeria, rapide et agile comme toujours, esquiva avec une facilité déconcertante. Avant que je ne puisse réagir, elle se rapprocha d’un bond, sa dague sifflant dans l’air près de mon visage. Je me jetai en arrière, roulant au sol pour éviter le coup, et me redressai aussitôt, la corde prête pour une nouvelle attaque.

"Pas mal, mais tu es trop prévisible," lança-t-elle, son ton rempli de défi.

Je me redressai, essuyant la sueur qui perlait déjà sur mon front. Je fis à nouveau tourner la corde autour de moi, cette fois en visant ses jambes, espérant la déséquilibrer. La corde claqua contre le sol, manquant sa cible de peu. Nymeria, toujours aussi rapide, esquiva à nouveau.

Mais cette fois, j’étais prête. Profitant de son mouvement, je changeai brusquement de direction, faisant claquer la corde vers son bras, et cette fois, je la touchai. Le bout de la corde s’enroula autour de son poignet, mais avant que je ne puisse la tirer, Nymeria tira à son tour, me projetant vers elle avec une force qui me fit perdre l’équilibre.

Je tombai au sol, mais au lieu de m’abandonner à la chute, je roulai sur le côté, ramenant la corde avec moi pour me dégager. Nymeria recula légèrement, un sourire froid se dessinant sur ses lèvres.

"Tu commences à comprendre," dit-elle en relâchant la corde de son poignet. "Mais tu es encore loin d’être prête."

Je me relevai, essoufflée mais déterminée. La corde pendait entre mes doigts, plus lourde qu’avant, comme si elle portait le poids de chaque épreuve à venir. J’avais encore beaucoup à apprendre, mais au moins, je commençais à voir une lueur d’espoir.

"Nous continuerons cet entraînement jusqu’à ce que tu sois capable de me battre," dit-elle, son regard dur toujours fixé sur moi. "Et crois-moi, Laura, je ne suis pas facile à vaincre."

Je hochai la tête, essuyant la sueur qui coulait sur mon front. Les muscles de mon corps protestaient, mais je savais que je n’avais pas d’autre choix que de continuer. La vie dans ce monde ne faisait pas de place pour les faibles, et sous la tutelle de Nymeria, je devrais devenir plus forte que jamais.

"Repose-toi, nous reprendrons demain," dit-elle finalement en rengainant sa dague, me tournant le dos comme si le combat n’avait jamais eu lieu. "Mais sache que si tu échoues à nouveau, je ne t’attendrai pas."

Ses mots résonnèrent dans l’air, lourds de sens. Je savais que chaque jour serait une nouvelle épreuve. Chaque combat, chaque piège, chaque épreuve de force serait une leçon de survie.

Je pris une profonde inspiration, la corde toujours serrée dans ma main, et me préparai mentalement pour ce qui m’attendait. La route serait longue, mais je n’avais pas le luxe d’abandonner.

Le soleil était à peine levé, baignant la clairière d’une lumière pâle. Mon corps était encore lourd de fatigue après l’entraînement de la veille, mais Nymeria n’avait pas l’intention de me laisser récupérer complètement. Elle se tenait déjà en position, sa dague prête, son regard perçant ne laissant aucune place à l’hésitation.

"Encore une fois, Laura," ordonna-t-elle sèchement, sa voix tranchante comme la lame qu’elle tenait. "Montre-moi que tu n’es pas qu’un poids mort."

Je serrai la corde entre mes doigts, la faisant tourner lentement autour de moi. Chaque mouvement comptait, chaque décision pouvait me rapprocher d’un coup, ou d’une défaite. Mais aujourd’hui, j’étais déterminée. Hier, elle m’avait écrasée sans effort. Aujourd’hui, je devais prouver que je pouvais lui tenir tête, ne serait-ce qu’un instant.

Je me lançai en avant, la corde fouettant l’air, visant ses jambes pour la déséquilibrer. Nymeria, comme toujours, esquiva avec une rapidité effarante. Mais cette fois, je n’attendais pas de la toucher. Je changeai brusquement de direction, la corde claquant à nouveau, plus haut cette fois, dans une tentative désespérée de la surprendre.

Elle para le coup avec sa dague, mais le frottement entre la corde et le métal laissa une légère ouverture. Sans réfléchir, je tirai violemment sur la corde, déséquilibrant légèrement Nymeria, juste assez pour que l'extrémité de la corde vienne frôler son bras. Un mince filet de sang apparut sur sa peau, une coupure légère, mais visible.

Je me figeai, ne réalisant pas immédiatement ce que je venais de faire. J'avais touché Nymeria. Je l'avais blessée.

Son regard se durcit pendant un instant, mais ce fut suivi d’un sourire presque imperceptible. Elle baissa légèrement sa garde et inspecta la coupure sur son bras, comme si c’était la première fois que quelqu’un parvenait à l’atteindre.

"Pas mal," dit-elle finalement, en essuyant le sang d’un geste nonchalant. Son ton était calme, presque satisfait. "Tu apprends vite, Laura. Assez pour que je puisse envisager de te garder à mes côtés sans avoir à te surveiller constamment."

Mon souffle était encore saccadé, mais un étrange soulagement s’empara de moi. Pour la première fois, j’avais réussi à la toucher. Même si la blessure était minime, c’était un pas en avant. Une petite victoire dans ce long chemin de survie.

Nymeria rengaina sa dague, toujours impassible, mais je pouvais voir que cette petite coupure n’était pas qu’un simple accident. Elle semblait en tirer une satisfaction discrète. "Je te l’ai dit, tu n’auras jamais une seconde chance si tu échoues dans ce monde. Mais cette fois, tu as prouvé que tu as du potentiel."

Je restai silencieuse, essayant de reprendre mon souffle, mais un sentiment de fierté montait en moi. Pour la première fois, elle reconnaissait mes efforts.

"Tu es loin d’être au niveau," reprit-elle, son ton redevenant aussi tranchant que d’habitude, "mais tu es apte à me seconder désormais. Tu as survécu à mes épreuves et tu commences à comprendre comment te battre. Cela ne fait pas de toi une guerrière, mais au moins, tu n’es pas totalement inutile."

Je hochai la tête, me redressant malgré la fatigue. "Je suis prête à te suivre, à t’aider."

Nymeria me regarda, ses yeux sombres sondant les miens comme pour évaluer ma sincérité. "Nous partons bientôt," dit-elle, ses traits redevenus froids. "Mais souviens-toi d’une chose, Laura. Ce monde n’a pas de place pour ceux qui faiblissent. Si tu trébuches, je ne te relèverai pas."

Ses paroles étaient dures, mais cette fois, elles ne me firent pas trembler. J’avais touché Nymeria, j’avais prouvé que je pouvais me battre, même avec une simple corde. Ce n’était qu’un début, mais c’était un début dont je pouvais être fière.

Nymeria tourna les talons, se dirigeant vers l’orée de la forêt. "Prépare-toi, nous avons un long chemin à parcourir," dit-elle avant de disparaître entre les arbres, me laissant seule, le cœur battant encore de l’adrénaline.

Je baissai les yeux vers la corde enroulée autour de ma main. Ce n’était pas une arme conventionnelle, mais elle m’avait permis de tenir tête à une guerrière redoutée. Et, désormais, je savais que je pouvais compter sur mon esprit d’adaptation pour me sortir de n’importe quelle situation.

Un sourire léger effleura mes lèvres alors que je me préparais à la suivre. Nymeria m’avait reconnue comme une alliée, et même si notre relation était loin d’être amicale, c’était un progrès. Et dans ce monde, tout progrès, aussi minime soit-il, pouvait faire la différence entre la vie et la mort.