Chapitre 6 : Mise à l'épreuve

Le ciel au-dessus de la forêt brumeuse était d’un gris lourd, annonçant une journée sans soleil, parfaite pour ce qui allait suivre. Après notre discussion, Nymeria avait rapidement décidé que la prochaine étape de notre voyage serait de tester mes compétences. Elle ne se contenterait pas de mes promesses ou de ma volonté d’aider. Elle voulait des résultats concrets.

Nymeria se tenait devant moi, ses bras croisés, son regard sévère fixé sur moi. "Nous n’avons pas le luxe de perdre du temps, Laura. Si tu veux rester à mes côtés, tu devras prouver que tu es utile. Je vais te soumettre à quelques épreuves. Si tu échoues, je ne te donnerai pas une seconde chance."

Je sentis mon estomac se nouer à ses mots. Je savais qu’elle était sérieuse. Nymeria n’était pas du genre à faire des menaces en l’air.

"Je suis prête," répondis-je, essayant de masquer mon anxiété derrière une voix assurée.

Nymeria ne perdit pas de temps. Elle désigna un petit espace dégagé dans la forêt, entouré de grands arbres noueux. "Première épreuve : la perception. Dans cette forêt, les dangers se cachent souvent dans l’ombre. Trouve les trois pièges que j’ai placés ici. Et fais vite."

Je hochai la tête et me dirigeai vers la zone désignée, essayant de me concentrer. Mon cœur battait à tout rompre, mais je savais que je devais rester calme. Je respirai profondément et observai mon environnement. Les pièges pouvaient être n’importe où—dans les buissons, sur le sol, ou même suspendus aux arbres.

Après quelques minutes de recherche, je repérai le premier piège, un fil mince tendu entre deux arbres à hauteur de cheville, presque invisible à l'œil nu. Je m’accroupis et désarmai le piège avec précaution, enroulant doucement le fil pour ne pas déclencher le mécanisme.

Nymeria observait de loin, sans rien dire, mais je pouvais sentir son regard perçant sur moi. Le deuxième piège, une fosse camouflée sous un tapis de feuilles, fut plus difficile à repérer, mais en observant attentivement les contours irréguliers du sol, je parvins à l'éviter. Le dernier piège, un filet caché dans les branches basses, se révéla être le plus délicat. Je faillis déclencher le mécanisme en tentant de le désamorcer, mais par un coup de chance ou d’intuition, je réussis à l’éviter à temps.

Une fois les trois pièges neutralisés, je retournai auprès de Nymeria, le souffle court mais satisfaite de ma performance. Elle hocha légèrement la tête, signe que j’avais passé cette première épreuve.

"Pas mal," dit-elle d’un ton neutre. "Mais la perception n’est qu’un aspect. Voyons ce que tu vaux en combat."

Elle sortit une dague de sa ceinture et la jeta à mes pieds. "Attaque-moi."

Je regardai la dague, puis Nymeria, sentant l’appréhension monter en moi. "Attaquer… toi ?"

"Tu veux que je répète ? Si tu ne peux pas me toucher, tu n’as aucune chance de survivre dans ce monde. Prends cette dague et attaque-moi, sans retenue."

Je ramassai la dague, sentant le poids de l’arme dans ma main, puis me mis en position. Nymeria n’attendit pas que je me prépare. Elle se lança immédiatement sur moi, rapide comme l’éclair. Je tentai de parer son attaque, mais elle esquiva facilement, se glissant derrière moi pour me pousser au sol.

Je roulai sur le côté pour éviter un coup de pied et me relevai rapidement, tentant de trouver une ouverture. Nymeria était trop rapide, trop expérimentée. Chaque tentative que je faisais pour l’atteindre était bloquée ou esquivée avec une facilité déconcertante.

Mais je ne pouvais pas abandonner. Je concentrai toute mon énergie sur un seul point, attendant le moment où elle laisserait une ouverture. Quand elle fit un pas en avant pour m’attaquer de nouveau, je plongeai en avant, visant son bras avec la dague. Mon coup ne toucha pas sa chair, mais je réussis à effleurer sa manche, la déchirant légèrement.

Nymeria recula, son regard s’illuminant d’une lueur appréciative. "Pas trop mal. Au moins, tu n’es pas totalement inutile en combat."

Je respirai profondément, essayant de calmer les battements frénétiques de mon cœur. Elle ne me complimentait pas pour être aimable. Elle reconnaissait simplement que je pouvais potentiellement être utile, même si c’était de manière limitée.

"Encore une épreuve," annonça-t-elle en rangeant sa dague. "Survie. Tu vas passer la nuit seule dans cette forêt. Si tu parviens à rester en vie jusqu’au matin, je saurai que tu as une chance de survivre dans ce monde."

Je déglutis, sentant une vague de terreur m’envahir. Passer la nuit seule dans cette forêt, avec tous les dangers qu’elle recelait, était loin d’être une tâche facile. Mais je savais que je n’avais pas le choix.

Nymeria me lança un dernier regard, comme pour évaluer ma détermination, puis elle se tourna et s’éloigna sans un mot, me laissant seule dans l'obscurité croissante de la forêt.

La peur grondait en moi, mais je serrai les dents. Il était temps de prouver que je pouvais survivre dans ce monde, même sans elle. La nuit serait longue, mais je savais qu’au matin, si je parvenais à rester en vie, j’aurais gagné un peu plus que la simple survie : j’aurais gagné le respect de Nymeria.

La nuit s’était abattue sur la forêt brumeuse, enveloppant tout dans une obscurité épaisse et oppressante. Les étoiles étaient à peine visibles à travers les épais feuillages, et chaque bruit semblait amplifié par le silence presque surnaturel qui régnait. Je savais que cette nuit ne serait pas une simple épreuve de patience. Nymeria m'avait prévenu que je devrais prouver ma valeur, et je n'avais aucun doute qu'elle avait parsemé mon environnement de pièges, attendant de voir si je tomberais dans l'un d'eux.

Je me mis rapidement en quête d’un abri, un endroit où je pourrais me protéger des dangers de la forêt et peut-être des pièges que Nymeria avait placés pour moi. Chaque pas que je faisais était mesuré, chaque branche écartée avec précaution. Je savais qu'un faux mouvement pourrait déclencher un mécanisme caché.

Après un moment, je repérai un petit repli de terrain sous un gros rocher. Ce n’était pas l’endroit le plus sûr, mais c’était mieux que de rester à découvert. Je m’approchai avec prudence, balayant la zone du regard pour repérer tout signe de danger. C’est là que je la vis : une corde fine, presque invisible dans la pénombre, tendue entre deux arbres. Juste à temps, je m’arrêtai avant de la toucher.

Je m'accroupis pour examiner le piège de plus près, cherchant à désamorcer le mécanisme sans déclencher quoi que ce soit. Mais alors que je me penchais en avant, ma dague glissa de ma ceinture et tomba au sol. Le son métallique qu’elle produisit en touchant le sol sembla résonner dans toute la forêt. Avant même que je puisse réagir, la corde que j'essayais de désamorcer se libéra, libérant une lourde branche qui se balança dans ma direction.

Je tentai de reculer, mais la branche m’atteignit de plein fouet, me projetant en arrière. Ma dague fut éjectée de ma main, disparaissant dans l'obscurité. La douleur me traversa le corps, mais je me relevai rapidement, sachant que rester au sol serait encore plus dangereux.

"Maudite dague…" soufflai-je en essayant de récupérer mon souffle. Je n’avais pas le temps de la chercher. Nymeria n’attendrait pas que je sois prête pour m’envoyer une nouvelle épreuve. Je devais me défendre autrement.

En cherchant désespérément un moyen de compenser la perte de ma dague, mes doigts tombèrent sur la corde du piège que j'avais désarmé. Une idée me traversa l'esprit. Si je ne pouvais pas me battre avec une lame, peut-être que je pouvais utiliser cette corde comme un fouet improvisé. Ce ne serait pas idéal, mais c'était mieux que de rester sans défense.

Je ramassai la corde et l’enroulai autour de ma main, testant son poids et sa flexibilité. Elle n'était pas parfaite, mais elle ferait l'affaire. Avec un peu de chance, je pourrais l'utiliser pour me défendre ou même pour désarmer d'autres pièges.

Je continuai à avancer prudemment, ma nouvelle "arme" en main, guettant le moindre signe de danger. Les bruits de la nuit étaient omniprésents, chaque craquement de branche, chaque souffle du vent me mettant en alerte. Je savais que Nymeria était là quelque part, surveillant chacun de mes mouvements, prête à tester ma capacité à survivre.

Plus loin, un autre piège se révéla, un filet dissimulé sous une couche de feuilles mortes. Avec ma dague, j’aurais pu trancher les fils délicatement, mais avec la corde, je dus improviser. Je la fis claquer contre le sol à plusieurs reprises, testant la résistance des fils et cherchant à désamorcer le mécanisme sans y mettre les pieds. Finalement, je parvins à neutraliser le piège, mais non sans difficulté.

Le temps passait lentement, chaque minute semblait s’étirer en une éternité. Le froid de la nuit se faisait plus mordant, et l’épuisement commençait à peser sur mes épaules. Pourtant, je savais que je ne pouvais pas baisser ma garde. Nymeria n’aurait aucune pitié si je faiblissais.

Alors que je traversais un autre bosquet, un craquement soudain me fit sursauter. Avant que je ne puisse réagir, une ombre se jeta sur moi. Je balançai la corde instinctivement, et par un coup de chance, elle s'enroula autour du bras de mon assaillant. Je tirai de toutes mes forces, le déséquilibrant suffisamment pour me permettre de me dégager.

Mon adversaire n’était autre qu’un mannequin de bois, un leurre qu’elle avait probablement installé pour me tester. Mais le piège ne s’arrêtait pas là. Le mouvement de la corde déclencha un autre mécanisme, et une série de flèches en bois jaillirent des buissons, se plantant dans le sol là où j’avais été un instant plus tôt.

Je reculai, les jambes tremblantes, le souffle court. Cette nuit était un véritable cauchemar. Chaque pas me rapprochait un peu plus de l’aube, mais aussi des limites de mon endurance.

Enfin, je trouvai un abri plus sûr : un grand arbre creux où je pourrais me cacher et surveiller les alentours sans être trop exposée. Avant de m’installer, je fouillai méticuleusement l’intérieur et l’extérieur de l’arbre, cherchant tout signe de piège. Satisfaite que cet endroit soit sûr, je m’y glissai, la corde toujours enroulée autour de ma main, prête à être utilisée si nécessaire.

Les heures s’écoulèrent lentement, chaque bruit dans la nuit me gardant sur le qui-vive. Je ne pouvais pas me permettre de m’endormir, pas maintenant. Mais alors que l'aube commençait enfin à poindre, je savais que j'avais réussi. J'avais survécu à cette nuit infernale, malgré les pièges, malgré la perte de ma dague. 

Quand la lumière du jour commença à filtrer à travers les branches, je laissai échapper un soupir de soulagement. J'étais encore en vie, et avec la corde en main, j'avais trouvé un nouvel outil pour me défendre. Nymeria n'aurait sans doute pas été impressionnée par mes performances, mais j'avais prouvé que je pouvais m'adapter, que je pouvais survivre même dans les conditions les plus difficiles.

Alors que je sortais de mon abri pour accueillir le jour naissant, je savais que ce n'était que le début de mon voyage aux côtés de Nymeria. Et si cette nuit était une indication de ce qui m'attendait, j'aurais bien d'autres épreuves à surmonter.

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