Chapitre 1 : L'Éveil dans l'Inconnu
L'eau glaciale m'enveloppa sans avertissement, me tirant violemment d'un après-midi ordinaire vers un cauchemar inattendu. Mes vêtements, un uniforme scolaire moderne—une jupe plissée bleue marine et une chemise blanche—s'alourdissaient rapidement, me clouant sous la surface. Je ne me souvenais pas comment j'étais arrivée ici, mais il n'y avait pas de temps pour réfléchir. Je devais m'échapper de ce piège aqueux.
Luttant contre la panique, je battis des jambes pour remonter à la surface. La lumière filtrant à travers l'eau avait une étrange teinte émeraude, distordue, presque surnaturelle. Quand mes doigts touchèrent enfin l'air, je tirai une grande goulée d'oxygène, sentant l'air froid mordre mes poumons.
J'émergeai, haletante, mes cheveux teints de bleu et de violet plaqués contre mon visage. Un coup d'œil autour de moi me fit comprendre l'ampleur de ma situation : j'étais seule, perdue dans un lac au cœur d'une forêt inconnue, une forêt qui ne ressemblait en rien à celles que j'avais déjà vues. Tout semblait différent, comme si ce lieu appartenait à un autre monde.
Le lac était bordé de grands arbres tordus, dont les branches s'étiraient vers le ciel en un enchevêtrement menaçant. Leur écorce était d'un brun sombre, presque noir, suintant d'une sève épaisse, à l'odeur âcre et terreuse. Les feuilles, d'un vert trop foncé pour être naturel, laissaient à peine passer la lumière du jour. Chaque élément de ce paysage hurlait le danger.
Je me hissai péniblement sur la rive, mes chaussures trempées glissant sur la mousse humide. Mes mains foulaient la terre molle, tâchant mes paumes de boue noire. Un frisson parcourut ma colonne vertébrale, non seulement à cause du froid, mais aussi à cause de la sensation de malaise grandissant en moi. Où étais-je ? Comment étais-je arrivée ici ? Et plus important encore, comment allais-je m'en sortir ?
Je restai agenouillée quelques instants, essayant de calmer les battements frénétiques de mon cœur. La forêt était silencieuse, oppressante, comme si elle attendait de m'avaler tout entière. Je n'entendais que ma propre respiration, mes pensées brouillées par la confusion. Un sentiment de panique commençait à m'envahir, mais je le repoussai, serrant les dents. Il fallait que je reste calme, que je réfléchisse.
Me relevant avec difficulté, je balayai la zone du regard. Mes compétences en perception n'étaient peut-être pas les plus aiguisées, mais je savais repérer des détails essentiels. Chaque bruit, chaque ombre dans cette forêt pouvait être une menace ou une piste. J'étais seule, mais pas désespérée.
Je choisis une direction, plus par instinct que par raison, et commençai à marcher, mes pas étouffés par le sol spongieux. Mon esprit, habituellement clair et logique, était maintenant en proie à des questions sans réponse. Où était passée la réalité que je connaissais ? Le monde moderne, l'école, tout ce qui avait un sens jusqu'à présent ? Tout cela semblait si lointain, comme un rêve brumeux dont je venais d'émerger.
Au fur et à mesure que j'avançais, l'étrangeté du lieu s'accentuait. La végétation semblait plus dense, plus vivante, mais d'une manière perverse, tordue. Des racines épineuses s'enroulaient autour des arbres, formant des labyrinthes naturels qui gênaient ma progression. Les quelques rayons de lumière qui perçaient à travers les feuillages faisaient apparaître des ombres fugaces, dansantes, donnant vie à des créatures invisibles.
Un étrange sentiment d'oppression pesait sur mes épaules, comme si la forêt elle-même me surveillait. Cette sensation me fit frissonner malgré moi. Je n'étais pas de nature peureuse, loin de là. J'avais toujours été courageuse, même si cet endroit semblait conçu pour briser cet esprit intrépide. Mais je n'étais pas du genre à céder si facilement. La peur était une émotion que je connaissais bien, mais que je savais dompter.
À un moment donné, je remarquai des marques sur les troncs des arbres. Des entailles profondes, semblables à des griffures, comme si quelque chose avait tenté de s'échapper de cette forêt sombre. Cela me rappela que ce lieu n'était pas seulement inhospitalier, mais aussi potentiellement dangereux. Mon instinct de survie, bien plus développé que celui d'une simple écolière, me dicta de rester sur mes gardes.
Le silence lourd n'était rompu que par le bruissement occasionnel des feuilles mortes sous mes pieds. Je savais qu'il me fallait trouver un abri avant la tombée de la nuit, mais tout ici semblait vouloir me repousser. Je me rendis compte que je ne pouvais pas simplement continuer à errer sans but. Il fallait que je trouve un point de repère, quelque chose qui puisse m'indiquer une direction, un chemin à suivre.
Les minutes s'étiraient, chaque seconde me plongeant plus profondément dans cette énigme qui m'entourait. La lumière du jour commençait à s'estomper, les ombres s'étendant et se déformant dans des formes inquiétantes. La fatigue commençait à peser sur mes épaules, mais je n'osais pas m'arrêter. Je devais continuer, ne pas me laisser envahir par la peur, même si l'angoisse se tapissait dans chaque recoin de cette forêt.
La nuit était tombée comme un voile épais, plongeant la forêt dans une obscurité presque totale. Les derniers rayons de soleil avaient disparu derrière les arbres tordus, laissant place à une lune pâle qui peinait à percer le couvert dense des feuillages. Le froid nocturne s'infiltrait sournoisement sous mes vêtements encore humides, me faisant frissonner jusqu'aux os.
Après des heures à errer sans but précis, j'avais finalement trouvé une petite clairière entourée de rochers moussus qui semblaient offrir une protection relative contre les dangers inconnus de cette forêt sinistre. Au centre, un grand chêne mort s'élevait, ses branches dénudées pointant vers le ciel comme des doigts squelettiques. J'avais décidé que cet endroit ferait office d'abri pour la nuit, faute de mieux.
Je ramassai quelques branches sèches et des feuilles mortes pour allumer un feu. Mes compétences en survie étaient rudimentaires, mais l'instinct de préservation prenait le dessus. Après plusieurs tentatives frustrantes, j'arrivai enfin à créer une étincelle en frottant deux pierres ensemble, et une petite flamme vacillante naquit, projetant des ombres dansantes autour de moi.
La chaleur du feu était réconfortante, mais ne suffisait pas à chasser l'inquiétude qui pesait sur mon esprit. Mes vêtements dégoulinaient encore d'eau glacée, augmentant mon malaise. Je n'avais pas d'autre choix que de les retirer et de les faire sécher près du feu. Avec une pudeur futile dans cette solitude imposée, j'étendis ma chemise et ma jupe sur une branche improvisée, me retrouvant en sous-vêtements face à cette nuit hostile.
Le crépitement du feu et le bruissement lointain des feuilles constituaient la seule bande sonore de cette scène inquiétante. Cependant, une série de craquements soudains brisa cette quiétude précaire. Mon corps se tendit instantanément, chaque muscle prêt à réagir. Je scrutai l'obscurité environnante, essayant de distinguer quelque chose parmi les ombres mouvantes.
Deux points lumineux apparurent entre les arbres, suivis de grondements gutturaux. Mon cœur s'emballa alors que je réalisai que je n'étais pas seule. Une paire de yeux jaunes brillait dans la pénombre, fixés sur moi avec une intensité prédatrice. L'animal sortit lentement de l'ombre, révélant un loup au pelage noir, la gueule entrouverte laissant apercevoir des crocs luisants.
Le loup n'était pas seul. D'autres silhouettes se matérialisèrent derrière lui, formant une meute affamée et menaçante. Leurs grognements se synchronisaient en une symphonie terrifiante, résonnant dans la clairière comme un sinistre avertissement. Mon souffle se bloqua, et une montée d'adrénaline envahit mon corps. Je devais agir, et vite.
Mon regard se posa frénétiquement autour de moi à la recherche d'une arme improvisée. Mon attention fut attirée par une branche épaisse et solide près du feu. Sans hésiter, je la saisis, sentant le bois rugueux sous mes doigts tremblants. Ce n'était pas grand-chose, mais c'était mieux que rien.
Le premier loup s'avança prudemment, les muscles tendus, prêt à bondir. Je reculai instinctivement, sentant l'écorce du chêne mort contre mon dos. Le feu entre nous semblait être la seule barrière fragile empêchant la meute de me déchiqueter. Je brandis ma branche devant moi, essayant de paraître plus menaçante que je ne me sentais réellement.
"Reculez !", criai-je, ma voix brisant le silence nocturne avec une note de désespoir.
À ma grande surprise, les loups hésitèrent un instant, reculant légèrement face à mon cri et à la flamme vacillante. Profitant de ce moment de répit, je ramassai une bûche enflammée du feu et la balançai en direction de la meute. La torche improvisée décrivit un arc de cercle avant de s'écraser sur le sol devant les bêtes, projetant des étincelles et les faisant reculer davantage.
Mais avant que je ne puisse célébrer cette petite victoire, un sifflement distinct attira mon attention sur ma droite. Un serpent d'une taille impressionnante glissait silencieusement hors des fourrés, ses écailles luisant sinistrement à la lueur du feu. Ses yeux noirs étaient fixés sur moi, et sa langue bifide goûtait l'air avec une avidité inquiétante.
Le reptile se dressa soudainement, prêt à attaquer. Sans réfléchir, je abattis violemment ma branche sur sa tête, sentant un choc brutal remonter le long de mon bras. Le serpent se tortilla frénétiquement, mais je ne lui laissai aucune chance de riposter. Je frappai à nouveau, cette fois écrasant son crâne contre le sol. Le corps du serpent convulsa quelques instants avant de s'immobiliser, gisant inerte à mes pieds.
La meute de loups sembla perturbée par cet éclat de violence inattendu. Profitant de leur confusion, j'entretins le feu en y ajoutant plus de bois, créant une barrière de flammes plus imposante. Les animaux, effrayés par l'intensité grandissante du feu et par mon acte de défense, commencèrent à reculer lentement avant de disparaître dans l'obscurité d'où ils étaient venus.
Le silence retomba sur la clairière, seulement interrompu par le crépitement du feu et mon souffle saccadé. Mes mains tremblaient encore, l'adrénaline pulsant toujours dans mes veines. Je baissai les yeux vers le serpent mort, réalisant soudainement que je n'avais rien mangé depuis des heures, et que la faim commençait à se faire sentir.
Avec une grimace de dégoût, mais poussée par la nécessité, je décidai d'essayer de cuisiner le serpent. Après l'avoir soigneusement dépouillé, je le plaçai au-dessus du feu, espérant que la cuisson en atténuerait le goût repoussant que j'imaginais déjà. L'odeur qui s'en dégagea n'était pas encourageante, mais mon estomac vide ne me laissait pas vraiment le choix.
Après quelques minutes, je mordis prudemment dans la chair grillée. Un goût âcre et terreux envahit ma bouche, me donnant immédiatement des haut-le-cœur. Je crachai le morceau, essuyant ma bouche d'un revers de main. C'était infect, bien pire que tout ce que j'aurais pu imaginer. Mais malgré le dégoût, je forçai quelques bouchées supplémentaires, sachant que je devais reprendre des forces pour affronter ce monde inconnu.
Une fois ma maigre collation terminée, je me rhabillai avec mes vêtements désormais secs et consolidai mon abri de fortune en rassemblant quelques branches et feuilles pour former une couche rudimentaire. La fatigue pesait lourdement sur mes paupières, et malgré la peur persistante, mon corps réclamait du repos.
Je m'allongeai près du feu mourant, les yeux fixés sur les étoiles àpeine visibles à travers la canopée dense. Les événements de la nuittourbillonnaient dans mon esprit, mais une pensée claire émergea du chaos :j'avais survécu. Contre toute attente, j'avais affronté les dangers de cetteforêt et j'étais encore là, prête à continuer le combat. Avec cetteréalisation, je laissai le sommeil m'emporter, espérant que le jour suivantapporterait des réponses et un espoir renouvelé.
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