Partie 8 | Marietou; Comme un cheveu sur la soupe
Aurore était d'humeur joviale, ces courtes retrouvailles lui avaient fait beaucoup de bien. Immédiatement après, Souhaïla et elle retournèrent au bureau non sans mal.
La campagne publicitaire en cours faisait des émules, et les paparazzi courraient toujours derrière, Aurore comme des souris après leur fromage. Cela l'énervait au plus haut point :
— Il est vraiment temps qu'on trouve une solution pour stopper tout ces contrats. Ça ne m'intéresse pas et ça ne m'a jamais intéressé. J'en ai assez de ces histoires d'égérie, je dirige une entreprise, je ne suis pas mannequin !
— Je sais bien Aurore !
— Ce que je veux, c'est écrire. Et je n'en ai pas le temps avec tout ce travail qu'on m'impose tout le temps. C'est franchement énervant !
— Ça va être compliqué Aurore, tu le sais mieux que moi. La seule chose à faire c'est de ne pas renouveler les contrats qui prennent fin. Pour les trois en cours, on peut voir avec nos juristes, mais je ne te garantis rien. On verra ce qu'on peut faire avec les juristes.
— Hmm !
– Et puis tu connais ta mère... Ça ne va pas être évident de la faire changer d'avis !
— De toute façon, on ne lui demande pas son avis. Il est temps que je me prenne en main. Je ne vais pas la subir éternellement tout de même ? Aujourd'hui, j'ai peut-être une chance de réussir quelque chose de bien avec Tidiane, et j'aimerais saisir cette opportunité. Alors Mme Abigaël Djanz va s'assoir sur son autorité, j'ai besoin de ma liberté !
Souhaïla écarquilla les yeux, pour montrer son étonnement :
— Le coq devient hardi ? dit-elle en ricanant.
— Oui le coq devient hardi ! Et je ne vois pas ce qui te fait rire Sousou.
— Tu es vraiment trop susceptible, Tchip !
Souhaïla fut heureuse de constater que cette rencontre avec Tidiane était à l'origine de la prise de conscience d'Aurore. Cependant, elle s'inquiéta pour sa protégée. Cet homme était plus âgé qu'elle. Elle craignait qu'il ne se lasse d'elle, ou qu'il la fasse trop souffrir.
Son rôle était de protéger Aurore, et maintenant plus que jamais, elle devait être attentive pour préserver ses intérêts.
*
Pendant ce temps, Tidiane accompagnait Marietou. Cette dernière avait insisté pour monter avec lui en voiture, sans jamais lui laisser le choix :
— Cela nous fera une occasion de discuter, déclara-t-elle sur un ton enjoué.
Tidiane fut bien embêté. Il avait tourné la page « Marietou » depuis de longs mois, et il ne comptait pas se remettre en couple avec elle. Pourtant, leurs mères, qui se connaissent très bien, appréciaient leur relation et espéraient même qu'un jour cela aboutisse à une union.
Tidiane, lui, ne voyait pas Marietou comme une potentielle épouse. Avec elle, avait déjà goûter au fruit défendu, mais c'était pour s'amuser qu'autre chose. À l'époque, il papillonnait de fille en fille, sans jamais tomber amoureux de qui que ce soit. Marietou n'était pas l'exception à la règle; elle était gentille, espiègle mais tellement superficielle. Cela exaspérait Tidiane au plus haut point.
C'était une très jolie fille, cette Marietou. Elle avait de longues jambes et un physique parfait. Elle portait souvent des lentilles de vue, mais de couleurs vertes. Tidiane n'avait jamais compris pourquoi. Surtout que Marietou était beaucoup plus belle au naturel.
Elle avait aussi une étrange manière de se vêtir, parfois, à la limite du vulgaire. Elle était très coquette et aimait les bijoux. Tidiane se moquait souvent d'elle, en lui demandait si elle avait braqué un bijoutier. Cela énervait la jeune fille qui se vexait immédiatement.
Mais Marietou pouvait être une miss quand il le fallait. Elle rehaussait sa stature en portant des tenues traditionnelle en Bazin, qu'elle faisait faire sur-mesure.
Il faut dire que Tidiane n'avait qu'une seule exigence pour choisir ses copines : il fallait qu'elles soient jolies et disponibles. Marietou, était de ces filles-là. Elle était jolie, disponible et surtout complètement folle de Tidiane. Elle avait réussi à devenir sa copine officielle, et en était très fière.
Car Tidiane était beau, c'était un fait, mais il était aussi riche qu'intelligent, Il dépensait l'argent sans compter pour elle. Marietou était heureuse qu'il cède à ses nombreux caprices.
Cependant, un jour, Marietou décida d'aller vivre à Londres pour changer d'air, d'après ce qu'elle laissa penser. Tidiane la connaissant, n'en cru pas un traître mot. Et il avait raison...
— Alors beau gosse ! C'est comment ? Tu m'as oublié hein ? dit-elle à Tidiane avec enthousiasme... Depuis que je suis partie à Londres, pas un mail, pas un coup de fil, pas un Sms... Rien ! Pourquoi donc mon Tidou ? fit-elle en lui caressant la tête.
D'un geste beutal, Tidiane s'empressa de rejeter sa main et lui dit:
— Marietou. Tu es partie, tu es partie !
Apparemment tu as trouvé quelqu'un d'autre à *mbarrané à Londres, mais tu viens me demander sans honte des pourquoi ? Arrêtes tes histoires s'il te plaît et grandis un peu !
— Mais Tidou! Je pensais que...
— Tu pensais que quoi Marietou ? Tu pensais que je n'allais jamais connaître les raisons de ton départ ? Tu es naïve de me penser si naïf. Je suis content de te voir aussi, mais je suis passé à autre chose. J'ai envie de sérieux, j'ai plus le temps pour tes gamineries.
J'ai trente-quatre ans, et je ne peux pas continuer à courir les midinettes en ton genre !termina-t'il sèchement.
— Laïlaaaaaaa Tidou ! s'exclama la jeune femme. Mais on t'as fait mangé quoi pendant que je n'étais pas là ? Hmm... ajouta-t-elle en secouant la tête. Je suis de retour à Dakar rek et c'est définitif. suis rentrée définitivement!
Je suis revenue parceque je suis prête maintenant, prête à me ranger. Je me suis assez amusée, c'est bon. Ma mère m'a dit que tu étais gravement malade, et ça m'a beaucoup touché et inquiété. Je comptais venir ce soir chez tes parents. J'ai même appelé Tata Safia, dès mon arrivée. Mais Dieu merci, je t'ai rencontré par hasard !
— Écoutes Marietou, je n'ai pas besoin de tous tes bavardages. Toi et moi c'est ...
Devinant la fin de la phrase, Marietou lui coupa la parole :
— Bon, mon Tidou ! Je viendrai ce soir comme j'avais convenu avec Tata. On parlera tranquillement, hein Honey ? Parceque là, ta tête est ailleurs. Nous ne discutons pas dans de bonnes conditions. Là, tu es pressé et énervé.
Tidiane lui répondit à demi-mot:
— Comme tu voudras...
Il la déposa près du centre commercial des Almadies. Elle y avait rendez-vous avec Maïmouna et Justa ses meilleures amies. Elle trouva à la terrasse d'un café en train de déguster un cocktail de fruits.
— Salut les filles ! dit-elle sur un ton peu enjoué.
— Salut Marietou! Dis-donc, ce sur tu es jolie et ton teint ich ! Londres te convient on dirait bien...
Marietou qui était encore contrariée par l'accueil que Tidiane lui a avait réservé fit la moue.
— Pourquoi fais-tu cette tête ? On te complimente et puis tu boudes, demanda Justa presque indignée.
— Je suis désolée... J'ai juste l'impression que Tidiane ne veut plus trop de moi.
— Ah bon ? Mais tu l'as déjà vu ? Je pensais que tu ne le verrais que ce soir ?
— Si, mais je l'ai aperçu par hasard, en sortant de chez ma cousine. C'est lui qui m'a emmené jusqu'ici. Nous avons discuté un peu, et il a été très froid avec moi.
Marietou détailla sa conversation avec Tidiane à ses amies.
— Moi qui croyais que vous deux c'était une affaire signée, gloussa Maïmouna un peu moqueuse.
Justa, elle ne dit rien. Elle écouta seulement.
— Les filles vous qui l'avait vu souvent, il a quelqu'un d'autre ou bien ?
— Tu connais ton Tidiane, il est toujours poursuivis par les filles...
Marietou écarquilla les yeux.
— Mais rien de méchant ou de sérieux. Sinon, on t'aurais prévenu, précisa Justa.
— En tout cas, il était bizarre, je vous dis.
— Ne t'inquiètes pas, c'est l'effet de la surprise, ça ira. Tu verras que ce soir il reprendra ses taquineries avec toi. Vous êtes fait l'un pour l'autre ! Tu es déjà Mme NIANG, lui dit Maïmouna en lui tapant dans la main.
— Walaye ! répondirent en chœur Marietou et Justa.
*
— Et merde ! Pas Marietou ! Souffla Tidiane. Je m'attendais à tout sauf à elle. Marietou Sarr, la reine du SABAR... Mais dans quelle merde, je me suis foutu.
Tidiane s'arrêta sur le parking du cabinet qu'il co-dirigeait, et tapota sa tête contre le volant.
Après un moment dans le vide, il poursuivit son introspection:
— Ça fait un dossier de plus à régler pour être clean avant de m'engager totalement avec Aurore. Ça devient très compliqué là... Mais je suis certain que c'est elle que je veux. Je n'arrive pas à me la sortir de la tête. Elle au moins, ne me cherchera pas pour mon fric. Elle en a bien plus que moi, pensa-t-il en souriant. Il faut que je trouve un moyen d'accélérer les choses entre nous, sinon je vais la perdre.
*
Pour Aurore, la journée avait pris fin dans la bonne humeur. Elle avait quitté le bureau tôt et avait donné la journée du lendemain à Souhaïla qui semblait exténuée.
Arrivée chez elle, elle se rendit dans sa chambre et se mit à l'aise. Elle pensa à Tidiane et n tenta de joindre, mais le jeune homme ne répondit pas.
Elle se dirigea alors dans la cuisine pour se faire un bon sandwich, et un smoothie aux fruits rouges. Louisette rentra des cours quelques instants après :
— Comment ça va, toi ? Tu as la forme aujourd'hui, on dirait... Je te préfère comme ça !
— Louisette, pourquoi faut-il toujours sue tu cries quand tu parles ? C'est pénible à la fin...
— Réponds à ma question au moins ?
— Oui je vais bien, merci ma sœurette.
Louisette sourit et s'approcha tout près d'elle rien que pour l'embêter. Elle savait qu'Aurore ne supportait pas qu'on envahisse son espace. Elle s'avança tellement près, que sa sœur la repoussa :
— Respecte mon périmètre d'intimité. Je n'aime pas que tu colles ton visage au mien, et puis tu me souffles dessus en plus... Oh ma parole ce que t'es chiante !
— Toi, tu me caches quelque chose. Tu es beaucoup trop heureuse. D'habitude tu es enfermée dans ta chambre pour écrire ton roman qui ne finit jamais... Mais ce soir c'est : teint impeccable, smoothie fruité et aucune larme... Dis-moi, quel est ton secret ?
— N'importe quoi Loulou ! Juste un bon contrat et une journée de repos accordée par moi-même et sans l'avis d'Abi.
— Waou ! Je suis très impressionnée.
Aurore lui sourit. Même si elle en mourrait d'envie, elle ne pouvait pas en dire plus à cadette pour l'instant. C'était vraiment trop récent, et elle venait juste de retrouver Tidiane, qui pouvait encore disparaître. Elle resta prudente.
Abi étant absente ce soir-là, Louisette et Aurore regardèrent tranquillement leur série préférée, avec Olivia Pope et son histoire d'amour chaotique, mais passionnelle avec le président. Sans leur mère dans les pattes, elles passèrent une excellente soirée.
*
Chez les parents de Tidiane Niang, tout allait pour le mieux. Marietou arriva plus tôt que prévu et Aida Ma Safia à préparer repas. Cette dernière l'aimait beaucoup, et pensait quelle pouvait être l'épouse parfaite pour son fils bien-aimé.
Ma Safia était une femme douce et instruite. Lorsqu'elle parlait, on avait l'impression qu'elle chantait. Elle portait le prénom de sa grand-mère paternelle, Safiatou. Sa mère était française, C'est de ce mélange qu'elle tenait son teint clair.
Elle avait épousé Pape Moussa, le petit frère du PDG du groupe NIANG. Contrairement à son frère, ce dernier ne travaillait pas pour le groupe familiale. Il était médecin, et dirigeait sa propre clinique. Ma Safiq et lui avait deux enfants, l'aînée Fatou-Binetou (que tout le monde appelait Fatou), et Tidiane son petit chéri.
Tidiane arriva à son tour chez ses parents. Sa mère fut heureuse de l'accueillir. Comme d'habitude, elle l'assaillit de mille caresses et bisous.
Il avait beau avoir la trentaine, elle le considérait toujours comme son petit garçon. Ce qui avait le don d'agaçer Tidiane. Le jeune homme serra la main de son père, qui regardait le journal télévisé, quand Marietou sortit de la cuisine :
— Ma-rié-tou ! dit-il en levant les yeux au ciel. Sa voix était pleine d'exaspération. Il n'avait aucune envie d'avoir cette discution, qu'elle attendait tant.
— Ah Ben ça va ? Caches ta joie Tidou ! Tu pourrais être plus heureux de ma présence quand même ? dit elle en le taquinant.
Ma Safia fit les gros yeux à Tidiane, qui fit une bise furtive sur la joue de Marietou.
— Ah voilà, je préfère ça !
« Je sens qu'elle va me saouler celle-là grommela-t-il ! »
Les femmes repartirent dans la cuisine pour terminer leur repas. Tidiane s'installa près de son père.
— Mon fils, ça va ? Tu récupères bien?
— Oui Pa, je me sens mieux, merci. J'ai repris mes dossiers en main, et je suis à nouveau dans le bain.
— Dis-moi, j'ai cru percevoir un certain désintérêt pour Marietou. Qu'en est-il exactement ? La demande en mariage que tu pensais faire est toujours d'actualité, n'est-ce pas ?
— Pourrait-on parler d'autre chose stp ? Je n'ai vraiment pas envie d'aborder le sujet.
— Je comprends... Mais il faudrait lui signaler formellement ta position. On ne laisse pas une femme mijoter comme ça ! N'oublies pas que vos mamans sont amies depuis l'enfance, et je ne voudrais pas que ça empiète sur leur relation. Et penses aussi que son oncle est en affaire avec ton oncle Massamba. Je ne veux pas d'incidence, sur le groupe NIANG, tu comprends Tidiane ? insista Pa Moussa.
— Oui, je vois. Mais peut-on reparler de ça plus tard s'il te plait ? Je serais fixé très vite, je te le promets. Et tu seras le premier informé. Marietou connaîtra ma position bien assez vite, bien que je la trouve trop pressée.
— Trop pressée ? Tu rigoles j'espère ? Marietou a déjà vingt-huit ans Tidiane ! Ce n'est pas trop pressé, elle nous aurait déjà donné au moins deux petits-enfants, si tu t'étais décidé.
— Papa ! N'en rajoutes pas s'il te plaît.
— Ok fils ! Je te fais confiance. Mais écoutes le conseil de ton vieux père : « ne tardes pas ».
Blasé par cette conversation, Tidiane pensa à Aurore. Accepterait-elle d'avoir une relation suivi avec lui, s'il lui raconter tout de qui il était avant de la rencontrer ? Allait-elle le comprendre ?
Quant à Marietou, il ne l'avait jamais vraiment aimé, du moins pas dans le sens que cette dernière aurait voulu. C'était plus une sex-friend qu'autre chose.
Mais ses parents, et surtout sa mère lui avait plusieurs fois soumis l'idée de demander sa main. Il avait promis d'y réfléchir et avait presque accepté, avant que la principale intéressée ne s'exile vers l'Angleterre.
Là-bas, elle avait rejoint Alex, un anglais qu'elle rencontré lors d'une fête à Sally, et qui lui avait fait tourné la tête. Tidiane fut mis au courant, mais avait décidé de ne rien dire car ça l'arrangeait.
Ceci dit, sous ses airs de pimbêche caractérielle et bagarreuse, Marietou cachait une âme sensible. C'était une jeune femme agréable.
Tidiane le savait, et il aurait pu faire l'effort de l'épouser, plus pour satisfaire sa mère, que par amour.
Seulement, tout avait changé. Sa rencontre dernière rencontre avait tout chamboulé. Il était déterminé à construire quelque chose avec cette fille qui lui plaisait vraiment. Et cette fille était Aurore Djanz.
***
Hello!
N'hésitez pas à lire mes autres histoires, si le coeur vous en dit.
J'attends vos commentaires avec impatience.
À bientôt
@suzanne1808✨
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