Partie 6 | Je la hais, elle me hait

Par chance Aurore arriva à l'heure pour son entraînement. Abigaël l'accabla pourtant de ses réflexions inutiles.

Ce qu'elle peut m'énerver cette vieille bique, on ne croirait même pas qu'elle est ma mère.

Une fois la séance de sport terminée. Elle se doucha et monta pour préparer le shooting si important, du lendemain. Étrangement, Abigaïl reçu un appel urgent et s'en alla aussitôt. Cela devait être grave pour qu'elle les abandonne aussi brutalement. 

— Enfin seules ! clama l'assistante de direction. Raconte vite, je n'en peux plus d'attendre !

— Mon Dieu Souhaïla ! Je vais tomber amoureuse. Je te jure que c'est vrai. Cet homme est parfait. Maman ne me laissera jamais avoir de relation avec lui...
— Il est sympa ?
— Très ! Il a l'air honnête... il a tout de suite qu'il me connaissait. Il n'a pas chercher à faire semblant.
— Galant ?
— Oh oui ! Il a été élégant, mais après avoir eu quarante minutes de retard tout même. Ça c'est le petit moins, dit-elle en grimaçant. Et puis ses yeux.... Ses yeux sont d'une profondeur... Souhaïla aides-moi. Il faut que j'aille jusqu'au bout cette fois-ci. J'ai enfin envie de penser à moi pour une fois...
— Mais parles moins vite Aurore ! Tu dis tout en même temps, comme si tu étais névrosée. Ton cœur va exploser. avant de commencer une autre phrase, sinon on y arrivera jamais.
— J'ai peur de la suite. Ma Sousou comment vais-je m'y prendre ?

Souhaïla lui conseilla de continuer à dissimuler cette relation tant qu'elle ne connaissait pas mieux Tidiane. Elle lui promit de l'aider et de la protéger tant que ce serait nécessaire. Aurore devait s'affranchir de sa mère et de son mal être, c'était le moment idéal pour se libérer du joug maternelle.

Bien que dans les faits et sur les papiers, Aurore n'eut aucunement besoin d'Abi. L'entreprise lui appartenait à 100%, et Aurore était majeure et vaccinée. Elle pouvait vivre seule si elle le souhaitait. Aurore était comme maraboutée !

Pour on ne sait qu'elle raison, elle n'avait aucune force de quitter la villa familiale, pour prendre son envol. Elle vivait dans sa prison dorée qu'elle détestait pourtant, sous les ordre du caporal-chef Abigaël Djanz.

Une fois la préparation du shooting réalisée, Aurore et son assistante allèrent faire leurs ongles ensemble pour terminer la journée. C'était leur petit rituel du mercredi. Sur le chemin, Aurore sortit de nouveau son carnet d'écriture. Inspirée, elle commença à poser quelques lignes :

"Je pense que je m'en sortirai, Lazare ne pourra pas me retenir indéfiniment. Il faut que je sois libre et affranchie. D'ailleurs, j'ai un plan, un excellent stratagème. Quand même je vais pas terminer mes jours à l'ombre. Je suis vivante, et je veux vivre. La liberté c'est pour maintenant! Aurore la prisonnière est morte! Désormais, vive Aurore la femme libre!"...

Elle fut interrompu par Souhaïla qui lui signala leur arrivée au salon de beauté. La jeune femme rangea son carnet d'écriture dans son sac. La manucure faite, elles se mirent en route vers la villa familiale. Aurore s'empressa de sortir de la voiture, quand Ben le chauffeur cria:

— Mademoiselle et votre portable ?
— Merci Ben! Vous êtes mon sauveur.

Ben, un brin gêné sourit puis s'en retourna déposer Souhaïla. Aurore, entra chez elle et trouva Louisette affalée sur le canapé du grand salon devant sa série préférée.

L'adolescente était l'extrême opposé de sa grande sœur. Physiquement, mais aussi au niveau du caractère. Elle était rebelle et intraitable avec sa mère. À première vue, Louisette Djanz ne semblait même pas être la sœur d'Aurore. Elle était très belle, de teint sombre, grande et grassouillette. Elle s'attachait toujours des cheveux en chignon ou en couette.

À dix-sept ans, la cadette des DJANZ fréquentait le lycée d'excellence Birago Diop de Dakar. C'était une bonne élève. Mais elle pouvait être parmi les meilleurs, si seulement elle s'en donnait les moyens.

Sa bonne humeur et sa gentillesse plaisaient à ses nombreux amis et à son entourage. Elle était intelligente et généreuse. Sa seule ambition était de rendre dingue sa mère, qu'elle ne supportait pas.

— Salut ma Loulou... Et ta journée ?
— R.A.S, répondit-elle accaparée par son feuilleton.
— Ok. Je suis lessivée, je vais dans ma chambre! À plus tard sœurette!
— À plus belle gosse de Dakar, dit-elle pour taquiner sa grande sœur.

Aurore monta à l'étage pour rejoindre sa chambre. Elle propulsa ses chaussures au sol, et se jeta de tout son pesant sur son lit, puis scruta le plafond.

Sacrée journée ! Waou !

Ses pensées se tournèrent vers Tidiane. Elle n'avait même pas eu le temps de répondre à son gentil message suite au repas. Elle saisit son mobile, et avant même qu'elle n'eut le temps de composer le premier chiffre, le téléphone sonna. Abigaël hurlait :

En effet l'appel urgent de cet après-midi était celui Mme MENG, une vieille amie d'Abi.
Cette fameuse dame avait aperçu Aurore en galante compagnie à la Fourchette.

C'en était trop pour Abi, qui n'apprécia pas l'idée qu'Aurore fréquente un homme et encore moins qu'elle lui mente :

— Pour qui te prends-tu, jeune sotte sans vergogne ? Tu recommences avec tes histoires bêtes et sans lendemain ?
— ...
— Tu veux préfères perdre du temps au lieu de t'occuper de nos affaires?
— ...
— Aurore, c'est à toi que je parle ! Réponds à la fin !

Pétrifiée, Aurore n'osa rien dire. Abi la découperait en deux si elle avouait la vérité.
Après un moment de flottement. Aurore reprit  courage :

— Maman...

Abigaël la coupa et l'insulta, encore plus violemment, la traitant tour à tour de menteuse sans cervelle, de fille de joie et autres noms d'oiseaux. Aurore encaissa, mais c'était plus qu'elle ne pouvait supportait. Elle hurla à son tour dans le combiné :

— Stoooooooooooop !

Abigaël surprise par cet éclat de voix se tut.

— Laisse-moi t'expliquer, reprit Aurore essoufflée d'avoir tant crier. Arrête de vociférer tes insultes et écoute deux secondes. Ce n'était pas un rendez-vous galant, mais un rendez-vous important. Ça concernait le service juridique, ce type est avocat. Mais puisque tu as l'air d'être au courant de tout, je ne vais pas développer plus. Ma journée a été longue et harassante. J'aimerai me reposer s'il te plait. On en reparle demain et calmement si tu veux.

— Bon... bon! s'étonna Abi.

C'est vrai que son amie (Fatou MENG) était pire que Google et Yahoo réunis. Elle savait tout sur tout et sur tout le monde. Parfois ses infos étaient vraies, parfois elles pouvaient êtres fausses et mélangées.

Alors la mère accorda le bénéfice du doute à sa fille. Était-elle allée trop loin cette fois-ci ? Aurore désemparée appela tout de suite Souhaïla. Cette dernière lui demanda de se calmer et la rassura.

— Je la hais et elle me hait, coupa Aurore effondrée. Pourquoi me traite-t'elle ainsi ? C'est injuste et méchant. J'en ai assez ! pleura la jeune femme assaillie par la tristesse.

— Ce n'est rien. Ne t'en fais pas. Je te couvrirai quoi qu'il arrive. Néanmoins, nous devons faire attention pour les prochaines fois. Il faudrait trouver une solution fiable et intelligente. Mange et repose-toi Aurore. L'essentiel c'est le shooting de demain. Abigaël finira bien par se calmer.
— Tu crois ?
— Tu as bien réagis. Je trouve que tu t'en sors de mieux en mieux, l'encouragea Souhaïla.

Après avoir raccroché, Aurore posa son téléphone et ne pensa plus à contacter Tidiane, vu la situation ça aurait été du suicide. Elle avait menti effrontément à sa mère, et la réplique allait gronder si Abi s'en apercevait. Tout cette affaire la stressait. Elle se dit qu'après tout, si cet homme voulait la revoir, il la rappellerai.

De toute façon, Aurore tombait de sommeil. Elle eut tout de même la force de se traîner sous la douche et de se mettre en pyjama avant de s'enfoncer dans ses draps.

Louisette qui avait entendu les cris d'Aurore se rendit rapidement dans la chambre de sa sœur. Aurore sanglotait à cause d'Abi, comment souvent ces derniers temps. Louisette fut triste pour elle. Aurore était sa grande sœur, mais elle semblait si fragile. Elle se glissa dans son lit sans parler.

Louisette caressa la tête d'Aurore, comme dans un geste d'apaisement. Bien que son coeur doit serré par le chagrin, le sommeil la gagna et elle s'endormit dans les bras de sa cadette jusqu'au matin.

***

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