Partie 4 | Petit à petit, l'oiseau fait son nid...
Le matin suivant, Aurore s'éveilla doucement. La veille, elle avait tellement pleuré que le sommeil avait fini par l'atteindre, sans qu'elle ne s'en rende compte. Elle savait que sa journée allait être harassante, et elle en était écœurée d'avance. Soudain, elle se souvint qu'elle avait accepté un déjeuner avec le bel inconnu de l'ascenseur:
— Aurais-je assez de cran pour le rappeler ? s'interrogea-t-elle.
C'était un peu tôt, mais après un bref instant d'hésitation, elle se lança. Dans un long soupir, elle attrapa son téléphone portable et forma le numéro. Le jeune décrocha rapidement :
— Allo Bonjour ?
— Euh oui... Euh bonjour, annonça-t-elle hésitante. Je suis la jeune femme de l'ascenseur, nous nous sommes vus hier...
— Ah ! Je n'attendais plus votre appel, répondit-il avec ironie.
— Et pourquoi ça ?
— En général, les femmes me rappellent tout de suite...
— Bon... (silence)... Mais est-ce que votre invitation tiens toujours alors ?
— Mais bien sûr que ça tient toujours ! Retrouvez-moi au Restaurant "La fourchette". Tout à l'heure, à 13 heures. Maintenant il faut que je vous laisse, ma réunion va commencer.
À tout à l'heure !
Le jeune homme mît fin à l'appel. Aurore fut choquée qu'il raccroche sans crier gare.
— Non mais quel toupet ! Ce type est d'un culot sans borne. C'est la seconde fois qu'il ne me laisse pas lui dire Au revoir. Et il raccroche comme si c'est lui qui avait l'initiative de cet appel. On ne lui a pas appris à prendre congé ? Tchip !
Ce qui était sûr, c'est que même si elle ignorait toujours l'identité de ce bellâtre, sa voix grave et profonde ne la laissait pas indifférente. Elle se leva, se prépara et s'habilla confortablement
Neuf heures. Souhaïla était dans la voiture, et l'attendait devant la résidence DJANZ. Je suis prête dit Aurore en dévalant les escaliers munie de ses superbes Louboutin en python.
Son assistante fut heureuse de voir que ses conseils payaient. Aurore était sublime. Elle portait une belle robe bleu électrique, une petite veste noire cintrée, ainsi que sa fameuse paire de d'escarpins qui lui allongeaient parfaitement les jambes. Sans parler de ses belles boucles brunes et de son maquillage léger, mais parfait.
— Tu es resplendissante ce matin, la félicita Souhaïla. Je suis contente des efforts que tu fais... Vraiment.
— Merci. J'ai ce rendez-vous ce midi avec l'inconnu d'hier, tu te souviens ?
Souhaïla hocha la tête. Un sourire timide apparu sur son visage. Elle savait ce qu'Aurore subissait et parfois elle avait pitié d'elle. Ette dernière fut donc ravie d'apprendre que sa jeune protégée prenne des initiatives.
— D'accord Aurore. En revanche, pas un mot de ce déjeuner à ta mère. Elle en mourrait et elle me virerait sur le champs, dit-elle nerveusement.
— Evidemment ! Je compte sur toi pour me couvrir s'il te plaît.
— Forcément, il y va de notre survie, précisa Souhaïla préoccupée.
Le perpétuel balais de paparazzi et de journalistes animait l'entrée de l'immeuble. Aurore les ignora une fois de plus. Le conseil d'administration qui n'avait pas réussi à prendre de décision la veille devait se réunir à nouveau.
La situation était délicate et les discussions allaient bon train entre les membres du conseil. Abdoulaye Diagne,directeur général des restaurants DJANZ était réticent et ne souhaitait pas disloquer le groupe :
— Que pensez-vous de la situation, avons-nous autant besoin de vendre ces parts au groupe NIANG et Cie ?
— Je pense que cette restructuration est nécessaire M. Diagne. D'autant plus que nous devons concentrer notre activité sur l'immobilier et cesser de nous disperser. Avec la restauration, nous finirons par être perdants tant les investissements sont lourds pour maintenir l'activité, continua Abigaël DJANZ d'un ton vif.
— Hmm ! Je ne suis pas tout à fait d'accord, osa Aurore. Nous avons besoin de cette diversification de nos activités. Je sais que Papa y tenait beaucoup. D'ailleurs, je ne constate aucune perte de revenus suite aux derniers investissements effectués dans cette branche.
Furieuse et contrariée par ce que venait de dire Aurore, Abigaël adressa un regard noir à sa fille. Qu'arrivait-il à Aurore ? C'était bien la première fois qu'elle la contredisait. Pire ! Elle venait de le faire en publique.
Pire encore, les dix autres membres du conseil d'administration étaient de l'avis d'Aurore et avaient voté pour l'arrêt du projet de vente des restaurants.
— Faites comme bon vous semble, interjeta Abigaël. Si les chiffres le disent alors...
Petite sotte ! Si elle pense se mettre en travers de ma route... Elle se trompe.
Confortée par ses collaborateurs, Aurore reprit la parole avec assurance: M. Diagne, chers membres du C.A, je pense que le moment n'est pas encore venu de vendre ces parts.
Le mieux serait de prévenir immédiatement les responsables du groupe NIANG et Cie de notre décision. Il faudra également alerter la presse par un communiqué. Annulons purement et simplement la conférence de presse.
La séance fut levée. Et chacun des participants s'en retourna à son activité.
Aurore avait fait preuve de fermeté. Pour autant, elle était incapable de faire la même chose dans ses relations personnelles.
Avec sa mère, c'était la catastrophe, et avec les hommes le néant. Il n'y avait qu'avec Souhaïla, et sa petite sœur Louisette que tout allait bien. Cette dernière admirait son aînée et toutes deux avaient une belle complicité.
L'heure du déjeuner avec le bel inconnu approcha. Pour une fois, Souhaïla ne l'accompagna pas. Elle avait trop à faire pour mettre à jour le planning de la semaine, qui avait été modifié suite à la décision du C.A, quelques heures plus tôt. Et puis, c'était un déjeuner galant, même si le jeune homme semblait un brin rustre.
Découvrir cet homme, aussi mystérieux qu'impoli l'intriguait. Elle s'engouffra dans sa voiture, et demanda au chauffeur de l'emmener sans détour au lieu du rendez-vous. Malgré le stress de la rencontre, la jeune femme apprécia d'être seule cette fois-ci.
La circulation étant fluide, Aurore arriva avec quinze minutes d'avance. La jeune femme voulu entrer pour attendre ce dernier, mais elle rendit compte qu'elle ne savait pas à quel nom était réservée la table. Elle décida donc d'attendre au bar.
Trente minutes plus tard, toujours pas de bel inconnu.
— Décidément, ce garçon est d'une impolitesse rare !
Elle envisagea de patienter encore un peu et profita de ce moment libre sortir son carnet d'écriture et commença à noter :
1- "... Il faut que je sorte d'ici, j'étouffe, comment pourrais-je m'en sortir puisque il n'y a aucune issue... Je suis enfermée contre mon gré..."
2 - "Je suis cachée dans cette cave depuis trop longtemps. Lazare dit que j'ai de la chance d'avoir un toit et de quoi manger.
C'est une prison rien de moins.
Une prison dorée, mais une prison, quand même."
3- "Rien dans cette maudite pièce, ne laisse apparaître mon reflet. On dirait que c'est fait exprès. J'aimerais savoir la tête que j'ai. Lazare passe son temps à dire que je suis belle, que mes yeux sont magnifiques etc...Mais je m'en fiche!"
L'inspiration arriva aussitôt et elle gribouilla de longues minutes. Elle fut finalement stoppée dans son élan, par l'odieux personnage qui devait partager son repas. Il avait Plus de quarante minutes de retard !
— Enfin ! Nous y voilà, lança-t-il gaiement. Tidiane Niang, ajouta-t-il en lui tendant la main.
— Enchantée Monsieur Niang. Moi c'est, Aurore... Aurore Djanz !
***
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