Partie 15 | Fatou, le courage des mots
Plusieurs jours passèrent après l'incident du restaurant mais Aurore ne parvint pas à se défaire de sa contrariété.
Cette histoire l'empêcha de réfléchir et travailler sereinement. Elle aurait aimer déserter son bureau mais la pile de dossiers accumulés ne lui laissa pas le choix. D'autant plus, que la fondation DJANZ organisait une exposition d'œuvres d'art et de tableaux appartenant à la famille. C'était un événement important et prévu depuis bien trop longtemps pour pouvoir annuler.
Souhaïla fit tout ce qu'elle pu pour la soulager et lui changer les idées. Même Abigaël qui n'avait pas perdu ses habitudes autoritaires au travail s'adoucit devant la douleur d'Aurore.
La jeune femme perdit goût à la vie. Elle repensa à sa semaine en Belgique. C'était à une époque où tout était parfait dans sa vie... Elle refusa longtemps d'être en contact avec Tidiane, supprimant automatiquement tous ses emails, ses messages vocaux et ses SMS.
Heureusement pour elle, son emploi du temps chargé occupa la partie libre de son esprit. Abi vint la sortir de ses pensées pour lui rappeler sa séance de sport quotidienne. Elle s'y rendit sans véritable entrain.
Alors que le coach lui montrait les exercices à réaliser, Aurore s'écroula de toute sa longueur.
Souhaïla lui tapa sur les joues pour qu'elle se réveille, mais la jeune femme resta inconsciente.
— Appelez les secours ! cria Abigaël qui l'avait mise en position latéral de sécurité. Aurore respirait faiblement. Il faut dire que cela faisait déjà quatre jours qu'elle ne mangeait rien et buvait à peine. Affaiblie et déprimée comme elle l'était son malaise était presque prévisible !
Les secours arrivèrent rapidement et ils firent sortir Aurore les avait fait sortir par une porte dérobée, de sorte que les paparazzi et la presse et les employés indélicats ne puissent s'emparer de la situation.
Louisette qui avait été prévenue par Souhaïla arriva tremblante à la clinique. L'adolescente se jeta directement dans les bras de sa mère. Abi fut émue. Louisette ne faisait jamais ce genre de chose.
— Maman, elle a quoi Aurore ? Elle va pas mourir hein maman ? Elle va guérir hein ?
— Rassure-toi, elle est entre de bonnes mains.
En réalité, Abi ne savait rien de l'état de santé d'Aurore. Elle était aussi stressée et inquiète que sa cadette. Ensemble, elle patientèrent calmement.
*
Assis dans son fauteuil en cuir noir, Tidiane traitait les dossiers des clients. Il eut du mal à se concentrer car ce que sa soeur lui avait dit la veille le perturbait. Fatou avait sans doute raison: « Comment Marietou savait où les trouver ce soir là ? ». C'était impossible que ce soit une coïncidence. Cette peste avait bien préparé son coup – Tidiane pensait savoir d'où venait la fuite. Il se leva, sortit de son cabinet et interrogea l'air de rien Moustapha et Adama, ses proches collaborateurs :
— Les gars ? Marietou est-elle venue ici ces derniers jours ?
Moustapha et Adama répondirent en choeur : « Oui ! Hier et toute la semaine dernière.»
— Son amie Maïmouna est passée aussi. Elle a dit vous chercher pour une histoire urgente. Je lui ai dit que vous seriez au restau sur la corniche vers 19h30. Ahhhh ! Cette fille là est canon Patron. Maïmouna peut me faire tourner la tête. Mais finalement, elle vous a-t-elle trouvé ?
— Oui Moustapha... Malheureusement elle m'a trouvé. Écoutez les gars, à l'avenir je vous demande de plus communiquer mon planning aux gens de l'extérieur. Personne ne doit rien savoir si ce n'est ma mère, ma soeur ou mon père compris ?
— Oui Monsieur.
— J'ai besoin de m'appuyer sur vous et je compte sur votre discrétion. C'est impératif!
— Entendu Monsieur NIANG, ajouta Adama. Et désolé si nous vous avons causé des embêtements.
Tidiane retourna s'enfermer dans son cabinet. Satisfait d'avour enfin une explication:
« Ah ! Je comprends mieux maintenant. Il faut absolument que je trouve Aurore. Je dois lui parler ! ».
Il forma le numéro d'Aurore depuis son mobile et elle décrocha enfin :
— Allo Princesse ? S'il te plait... Écoute-moi... Je sais que tu es en colère mais...
Une voix aigüe le coupa :
— Tidiane ! Tidiane ! Tidiane ! Ce n'est pas Aurore, c'est moi, Souhaïla.
— Bonjour Souhaïla ! Pouvez-vous me passer Aurore s'il vous plait ?
— Je ne peux pas Tidiane.
— Et pourquoi ça ? C'est urgent et important. Je vous jure que je ne lui veux pas de mal. Je veux juste qu'elle m'écoute. Et si après ça elle ne veux plus de moi, je comprendrais et je la laisserai tranquille. Je vous le promets.
— Tidiane, elle ne peut pas vous répondre, elle est inconsciente... Nous sommes à la clinique.
— Oh mon Dieu ma princesse ! Mais qu'est-ce qu'elle a ?
— Elle s'est évanouie. Ça fait des heures qu'elle est là-bas et les médecins ne nous disent rien.
— Quelle clinique ? J'arrive tout de suite !
— Écoutez Tidiane, je ... Je... Sincèrement, je ne sais pas si votre place est ici,
— Je comprends, fit-il déçu. Pouvez-vous juste me tenir au courant svp
— Je le ferai.
— Merci Souhaïla.
*
Fatou eut la ferme intention d'en découdre avec Marietou. Elle voulu lui régler son compte. Et puisque Marietou ne répondait pas à ses appels, elle alla directement chez ses parents. Elle frappa à la porte des SARR. Ndeye Aminata, la domestique lui ouvrit.
— Bonjour Ndeye, ça va ?
— Oui merci Fatou et toi ?
— Ça va merci. J'ai besoin de voir Marietou s'il te plait enchaina-t-elle directement.
— Je vais la chercher, installe-toi.
Fatou pris place dans le salon, Ma Habibatou qui l'avait entendu arriver, vint la saluer.
— Bonjour ma fille, on dit que tu es venue voir Marietou. Ça me fait plaisir en tout cas. Parceque ton frère est une vraie tête de mule. Il refuse de lui parler, vraiment dans son état c'est un peu difficile, vois-tu ?
Fatou se retint de ne pas lui envoyer une réplique bien assaisonnée en pleine figure : « Espèce de vieille irresponsable pensa-t-elle, fallait mieux surveiller ta fille ».
Elle lui sourit et se dit qu'elle attendrait que la peste arrive pour tenir son discours. Marietou arriva enfin. Fatou se leva, la salua, et lui demande de s'assoir.
— Mais Fatou, assieds toi avec moi.
— Oh non ma chère. Ça tombe bien que ta maman soit là, comme ça tu ne transformeras pas mes paroles. Ndeye Aminata, reste ici aussi s'il te plait. Je veux que tu entendes aussi.
Fatou reprit avec un ton agressif, que personne ne lui connaissait :
— Laïlaaaa Marietou ! Si le mensonge cherche une reine qu'il s'arrête, il en a trouvé une juste là... en face de moi. Fatou pointait rageusement son doigt sur Marietou.
— Mais Fatou... dit Marietou.
— Hey Marietou ! Tu te tais et tu me laisses parler s'il te plait.
Marietou se tut et se remit dans le fond de son canapé, tête baissée.
— Tidiane m'a expliqué des choses plus qu'intimes à ton sujet. Il n'a pas osé le dire devant nos pères, mais moi je vais oser le dire devant ta mère :
De un, Tidiane n'est pas ton premier homme comme tu oses le faire croire à tout le monde.
Tout Dakar connaît tes fesses et j'ai une liste de personnes longues comme le bras, prêtes à en témoigner. Avec qui veux-tu jouer à Sainte Marietou ? Je t'épargne la liste, tu les connais très bien, n'est-ce pas ?
De deux, mon frère ne t'a plus touché depuis ton voyage en Angleterre. Et ça c'était il y'a dix mois. Donc si mes calculs sont bons, ce bébé est depuis plus d'un an dans ton utérus, c'est ça ?
De trois, tu oses mentir et déclencher un scandal devant tout le monde au restaurant en hurlant que Tidiane est ton fiancé, qu'il t'a acheté une bague... Ou je ne sais quoi encore ?
Marietou, dis-nous, es-tu seule dans ta tête ou êtes-vous plusieurs ? Faut nous dire way ? Parce que là cest très grave ! Et entre-nous, Marietou SARR, ce n'est pas comme ça que tu auras Tidiane. Tu t'es réellement trompée de pigeon !
Marietou eut honte. Tête baissée, elle regarda ses pieds sans jamais affronter le regard de Fatou. Jamais elle n'aurait pensé que cette dernière puisse être aussi directe et agressive. Elle ne la reconnaissait pas.
Ma Habibatou, interrompit sèchement Fatou :
— Mais de quoi te mêles-tu ? Si elle dit que Tidiane est le père, c'est que c'est lui. De toute façon, tu n'as jamais apprécié ma fille.
Tu es mauvaise et jalouse Fatou-Binetou !
— Wa ! Ma Habibatou ! Wa ! Je suis jalouse ça te fait plaisir. Mais sache que je suis seulement jalouse du bonheur qu'on veut voler à mon frère. Certainement pas de ta fille.
Je te signale que c'est elle-même qui sabote son avenir. Ce n'est pas moi. Elle est partie se faire engrosser chez la reine d'Angleterre, ou je ne sais où, et elle vient réclamer la paternité de mon frère qui n'y est pour rien. Demande-lui plutôt qui est Alexandre ? Et demande-lui chez qui elle vit ? rétorqua Fatou.
— Insolente ! Sors de chez nous. C'est parce que j'aime ta mère comme une sœur que je ne te frappe. Maintenant sors!
— Je vais sortir. Mais si tu aimais ma mère comme tu le prétends, tu ne supporterais pas qu'elle souffre à cause de la légèreté de ta fille. « Xalel poto-poto la, nooko raaxeh rek lay weyeh! »
« l'enfant c'est de l'argile, il prend toujours la forme qu'on lui donne ».
Et un dernier conseil Marietou, n'approche plus de Tidiane, ne le piste plus, laisse le tranquille, ou je te jure que ton enfant ne verra pas le jour. Bilay !
Sur ces mots, Fatou salua Ndeye Aminata, qui la raccompagna vers la sortie. Elle s'en alla satisfaite d'avoir dit tout ce qu'elle avait à dire, laissant les femmes du clan SARR honteuses, et sous le choc !
***
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