Problèmes d'argent

Une fois dans son lit, Araxie peina à trouver le sommeil. 

Elle fermait, les yeux, se mettait sur le côté, se retournait, inspectait le mur noir dans la pénombre. Les yeux grand ouvert, elle ne pouvait que ressasser les paroles qu'elle avait entendu plus tôt.

Son père avait joué de l'argent. Cette idée était si loin de l'image qu'elle se faisait de son père qu'elle avait du mal à y croire... Vraiment ? Était-ce possible ? Son propre père ? Celui qui leur avait toujours fait des leçons de morale ? Il était bien mal placé pour parler à Lévon de son addiction aux jeux vidéo alors. 

Elle pouvait toujours entendre des éclats de voix provenant du salon. Sans doute ses parents qui s'engueulaient à propos de Lévon. Elle tendit l'oreille. Elle n'arrivait pas à dormir de toute manière. 

— Les factures d'électricité ce mois-ci ont encore augmenté ! Je ne sais pas ce que vous fabriquez, mais il faut arrêter de consommer autant ! s'exclama son père. Et avec le loyer qui arrive au début du mois, je ne sais même pas comment me débrouiller. 

Araxie se figea. Ils n'avaient pas allumé les chauffages de tous le mois de novembre. Ils avaient eu tellement froid. Et malgré cela, la facture avait encore augmenté...

Sa mère répondit : "Je ne sais pas, je fais attention pourtant. J'ai dit aux enfants de ne pas prendre des douches trop longues aussi. Pour le loyer, tu ne pourrais pas demander à ton cousin ? Ou à Zaven ?" 

— J'ai abusé de Zaven, dit Sevan. Je lui ai emprunté beaucoup trop d'argent, et même s'il ne dit rien, il faut absolument que je le lui rende. Et je ne sais pas encore comment, dit-il en poussant un lourd soupir. 

— On trouvera bien une solution, dit la mère d'Araxie. D'ailleurs, j'ai vu ce groupe sur Facebook qui propose de l'aide aux familles qui ont du mal à joindre les fins de mois. On pourrait peut-être contacter ? C'est une association qui peut aider avec les frais de nourritures et les loyers...


Araxie ne voulait pas en entendre plus. Elle fourra sa tête sous son oreiller. On en est arrivé là... À ne pas pouvoir payer le loyer. À avoir besoin de la charité des autres. 

La honte la dévorait. 

Elle perdrait complètement la face si jamais quelqu'un l'apprenait. Elle pensa à ce projet en Welsh Baccalaureate, comment aider les sans-abris. Elle se rappela des images de SDF sur Queen's street qu'elle avait pris en photo. Se pourrait-il que ce soit ce qui leur arrivent si son père n'arrivait pas à payer le loyer ? Qu'ils se retrouvent à la rue ?

***

Le lendemain, sur le chemin de l'école, elle se rendit compte que le temps s'était encore refroidi. Il doit faire au moins zéro degré, pensa-t-elle. 

À mi-chemin, alors qu'elle passait sous le pont, ses mains gelaient. 

Elle remarqua deux jeunes gens qui portaient l'uniforme de son école discuter ensemble, proche l'un de l'autre. Elle aurait aimé qu'elle et Zohrab soient comme ça. 

Elle détourna le regard et les dépassa avant de s'occuper de réchauffer ses doigts qu'elle ne les sentait plus. Elle aurait dû mettre des gants. Pourtant, elle les avaient perdus il y avait de cela deux semaines et sa mère , n'en avait pas encore racheté. 

Punie, pensa-t-elle. La prochaine fois, tu feras plus attention. 

Elle doutait les avoir fait tomber en les enlevant à l'entrée de l'école un matin et que quelqu'un les ai pris. Des gants gratuits par un temps pareil, ça ne se refusait pas.

Voilà ce que tu gagnes à ne pas faire attention à tes affaires. 

Elle regarda l'heure qu'affichait son téléphone avant de marcher plus vite. Le couple qu'elle avait dépassé était déjà aux portes de l'école qui fermerait dans trois minutes. 

En arrivant dans le hall, elle était essoufflée. Elle avait déjà transpiré et ressentait une forte soif. C'était souvent ainsi les matins pour une raison qui lui échappait. Alors qu'elle montait les escaliers à toute vitesse, une douleur lancinante se fit ressentir dans ses doigts. La circulation sanguine recommençait. 

Elle essaya de secouer ses mains pour alléger la sensation. Jusqu'à arriver à sa classe où elle s'assit rapidement à sa place habituelle. Sa prof principale ne fit pas de remarque sur son léger retard. 

En enlevant son sac de son épaule, Araxie toucha accidentellement le chauffage près d'elle. Elle fut étonnée de le trouver brûlant. 

Elle n'avait tellement plus l'habitude que les chauffages sois chaud qu'elle se colla toute entière contre la source de chaleur, s'enveloppant dedans comme bercée. 

Elle sentit la douleur dans ses doigts s'aggravait, pourtant, c'était un bon sentiment sans qu'elle ne sache pourquoi. Comme une sadiste, elle les laissa là. Elle aurait pu s'endormir ainsi, elle aurait voulu que cela dure longtemps. 

Vingt minutes plus tard, la cloche qui sonnait le début des cours retentit.

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