La prison

Araxie essuya ses mains moites sur sa jupe plissée. Le contact du tissu était un peu rugueux. Elle tourna la paume de ses mains vers le haut. Elles étaient rouges. Elle jeta un regard autour d'elle.
Elle n'avait aucune idée de ce que le mot qu'elle venait de lire voulait dire. 

Elle ne comprenait pas la question. Son pire cauchemard.

Tout le monde autour d'elle continuait de répondre aux questions tranquillement. Elle n'avait pas compris. Soudain elle sentit sa gorge se nouer, les larmes lui montant aux yeux. Que faire? Si elle ne répondait pas à la question elle aurait une mauvaise note. Si elle avait une mauvaise note elle risquait d'avoir de moins bonne notes sur son bulletin.

Tu dois au moins avoir la moyenne si tu veux aller à Dewi Sant. 

Paralysée, elle pausa son stylo, respirant de plus en plus rapidement. Elle ne connaissiat aucun mot qui ressembla à celui là. Que voulaient dire "shed", "tyre" et "dice"? Pourquoi y avait-il autant de mots compliqués dans une question de mathématiques? Pourquoi est ce qu'elle n'avait pas appris ces mots aux cours de rattrapage en début d'année? 

Elle n'osait pas lever la main. On allait encore se moquer d'elle, elle le savait. Tu dois te débrouiller seule. 

A la fin de l'examen, elle eu envie de pleurer en rendant sa copie. Pourtant elle se retenu. 

Ils allaient encore la regarder de leur airs condescendants, comme si elle était une petite fille pleurnicharde. 

Elle fila directement aux toilettes, sachant qu'elle allait être en retard à sa prochaine leçon. Elle ne pouvait pas être vue en train de craquer. En appliquant de l'anticerne pour cacher sa peau rougie, elle pensa à Lévon, qui lui avait presque abandonné. Les GCSEs c'était beaucoup trop dur pour lui.

Il galèrait franchement et n'ayant jamais vraiment montré un penchant pour les études, il ne cessait de pester contre ses parents qui l'avait foutu dans une galère pareille. Le seul avantage était qu'il avait retrouvé son meilleur ami, le fils de Zaven: Mihran, qui essayait de l'aider avec ses devoirs car malgré ses airs espiègles il obtenait de très bons résultats scolaire.

Contrairement à Lévon, elle elle avait au moins essayer de s'appliquer, de travailler, d'être optimiste, pourtant... 3 mois plus tard, c'était dur de continuer à prétendre. 

En allant en cours de sport 5 min plus tard, elle se rendit compte qu'il n'y avait personne. Elle regarda de nouveau son emploi du temps, si compliqué à comprendre et se rendit compte qu'elle avait oublié que la pause était à un horaire différent se jour là. Elle se dirigea vers la cantine, redoutant de rester dans la récré où les garçons plus âgée trainaient.

Elle trouva une place à l'écart et s'y assit. Enfin, l'écart était relatif car la cantine était si petite qu'être à l'écart voulait dire être assis à la même table que quelqu'un sans être directement à côté d'eux. 

Elle posa sa tête sur ses bras avant de fermer les yeux. 

Soudain elle entendit une voix au dessus d'elle. 

- You're okay? Tu vas bien? 

Elle assura que tout allait bien et vit la fille s'éloigner. 

On lui demandait de plus en plus souvent si elle allait bien ces temps si. Comme si son malheur se lisait dans ses yeux. 

Pourtant elle n'osait pas s'aventurer à avoir de longues conversations. Sa forme de socialisation la plus développée était de sourire à la fille syrienne qui venait parfois s'asseoir à côté d'elle avec son amie éritrienne avec qui elle discutait en arabe.

Personne dans sa classe ne lui adressait la parole et la barrière de la langue se montrait insurmontable. Socialiser n'était pas vraiment possible et à chaque fois qu'elle proférait un mot elle avait peur d'écorcher les syllabes et d'avoir l'air stupide. Elle préférait se taire.

Le silence était devenu un carcan, une prison dont elle n'arrivait pas à sortir. Les seules opportunités de briser le mur de mutisme qui l'entourait était de parler à son frère à la récré. Mais il était si souvent avec Mihran et moins souvent Zohrab son grand frère, que ces derniers temps elle préférait l'éviter.

Le matin en registration, le quart d'heure passé avec leur prof principale avant que les cours commencent, elle entendait les autres élèves de sa classe dire des choses méchantes à son propos quelques fois. Enfin, elle n'était même pas sûre de tous comprendre.

Mais les regards débordant de moquerie sont bien sûr, une langue universelle.

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