Last Christmas



Le soleil était déjà haut dans le ciel alors qu'une jeune fille, luttant contre le froid, déambulait dans les rues de la capitale. Un lourd manteau de neige recouvrait le goudron sur lequel elle progressait, laissant derrière elle les traces de son passage, marquées par les semelles de ses chaussures. La ville grouillait autour d'elle, les passants s'agitaient, accouraient et se bousculaient aux portes des boutiques, dont les devantures étaient illuminés par des lampes aux multiples couleurs, afin de respecter les traditions que cette période de l'année exigeait.

Le jeune fille, dont les cheveux bruns aux reflets bleutés étaient attachés en un élégant chignon, observait du coin de l'oeil les personnes autour d'elle. Elle comprenait l'engouement qu'ils pouvaient éprouver, mais elle ne parvenait plus à le vivre. Tout ce qui l'entourait lui rappelait une période dont elle détestait se souvenir.

Qu'elle souhaiterait pouvoir oublier.

Malheureusement, la jeune fille se rendit à l'évidence : même après un an, elle n'oublierait jamais ce qu'il lui avait fait décembre dernier. Les larmes aux yeux, elle continua sa progression, d'un pas de plus en plus pressé, en enfouissant son visage dans son écharpe.

Elle se sentait étouffée au milieu de ces gens, qui ne pouvaient pas comprendre ce que cette période de l'année lui faisait éprouver. Son visage fut bientôt marqué par les larmes qui s'étaient échappés malgré elle ce qui la fit frissonner, tant le contact de sa peau humide avec les températures négatives lui donnait froid. Sans faire attention, elle rentra en collision avec quelqu'un et tomba, contre le sol, tout comme la personne qui s'était trouvé sur son passage. Cette dernière rouspéta et se releva, avant d'entrer dans une boutique, sans un regard dirigé vers la brune. Les passants, quant à eux, lui lancèrent des regards écarquillés tandis que d'autres soupiraient en levant les yeux au ciel. Peu importe leur réaction, elle n'avait qu'une seule envie : se jeter sous sa couette et oublier cette chute honteuse.

Malgré la honte elle ne bougea pas. Totalement immobile, elle fixa un point invisible à travers la foule. Lorsqu'une main tendue vers elle apparue devant ses yeux, elle sursauta.

- Besoin d'aide ?

La jeune fille leva les yeux et rencontra les prunelles émeraudes de l'homme qui venait de lui tendre la main. Ne comprenant pas encore le sens de ses paroles, elle fixa son visage avec des yeux grands ouverts, détaillant ainsi ses cheveux dorés, qui encadraient son visage, dont les joues étaient légèrement rougies par le froid, avant de se focaliser de nouveau sur ses yeux, qui avaient quelque chose de captivant.

De longues secondes s'écoulèrent ainsi, sans que la jeune fille ne dise un mot.

- Je... commença-t-elle d'une voix lointaine, interrompant ainsi ce moment de flottement, merci...

Le jeune homme lui adressa un léger sourire, qu'elle ne put s'empêcher d'imiter avant de tendre sa main vers la sienne. À peine l'eut-elle effleuré du bout du doigt qu'elle sentit une décharge électrique qui l'obligea à rompre le contact bref qu'il y avait eu. Les deux jeune gens se lancèrent un regard, où on n'y pouvait y lire que de la fascination et de l'étonnement. Passé ce moment de surprise, la jeune fille prit la main du jeune homme, qui l'aida à se relever.

- Merci, répéta-t-elle lorsqu'elle fut de nouveau sur pied.

- Pas de problème, lui assura-t-il, ça m'étonne que personne n'ait voulu vous aider avant moi.

La jeune fille ne put s'empêcher de lâcher un léger ricanement. De toute évidence, ce garçon n'était pas de cette ville, sinon il saurait à quel point les gens pouvaient être égoïstes.

- Tu peux me tutoyer tu sais, s'empressa-t-elle de déclarer, afin de masquer la vraie raison de son ricanement.

- A-ah oui ? C'est vrai ? s'enquit-il, les yeux grands ouverts.

La jeune fille hocha la tête, un léger sourire aux lèvres.

- Désolé... s'excusa-t-il en se grattant l'arrière de la nuque, je n'y suis pas habitué...

La jeune fille haussa les sourcils, surprise. Un silence s'abattit sur eux, les plongeant dans une bulle où seuls eux étaient présents. Les parisiens autour d'eux avaient cessé d'exister, plus rien n'avait d'importance pour la jeune fille, qui ne put s'empêcher de se plonger dans le regard captivant de cet homme, qui venait de lui offrir son aide.

- Je pourrais, commença-t-elle d'une voix hésitante, avoir ton prénom ?

Sa voix résonnait dans ses tempes, masquée par les battements de son coeur qui, sans qu'elle ne le sache pourquoi, battait à tout rompre. Une boule au ventre commençait petit à petit à se former alors que le jeune homme mettait de plus en plus de temps à répondre.

- Adrien, finit-il par déclarer, surpris.

La jeune fille ne put empêcher un soupir de soulagement franchir la barrière de ses lèvres. Ce dernier se transforma en un nuage de vapeur qui s'éleva dans le ciel, avant de se dissoudre et de disparaître complètement.

- Et v-  débuta-t-il avant de s'interrompre en se mordant la lèvre.

La jeune fille ne put résister et laissa un sourire se dessiner sur ses lèvres.

- Et toi ? se corrigea-t-il, après avoir sourit à son tour.

Absorbée par son regard, la jeune fille mit du temps à répondre.

- Marinette.

Enveloppée dans ses draps, une tasse de chocolat chaud fumant entre les doigts, Marinette décida de passer son temps en regardant la télévision. Elle regretta rapidement ce choix face aux programmes que son écran affichait.

Des films de Noël.

Encore et encore.

La jeune fille se laissa cependant tenter, et se mit à suivre l'histoire que lui proposait l'un des films. Rien de nouveau : une femme débarque dans une ville, rencontre un garçon, qu'elle va rejeter car il est impensable qu'elle l'aime pour, au final, se rendre compte qu'elle ne peut plus se passer de lui, et fini par l'embrasser devant un sapin de Noël, illuminé de mille et une couleur, alors que des flocons de neige se mettent à tomber autour d'elle et du garçon en question.

Les larmes aux yeux, la brune éteignit son écran et se plongea dans ses draps. Tout ce qui était véhiculé dans les films de Noël était faux, elle le savait.

C'était un condensé de mensonges, qu'elle croyait auparavant mais plus désormais.

La magie de Noël n'était qu'une invention, une légende urbaine, qui se transmettait de génération en génération, répandant autour d'elle un tissu de mensonge, dont il était dur de se dépêtrer.

Marinette avait fini par percer ce mensonge à jour, l'année dernière.

Le jour où il avait brisé son coeur en mille morceaux.

Elle se demandait encore comment il avait pu lui infliger ça.

C'était le 24 Décembre, la veille de Noël. Marinette, dans une robe de sa création, qui était l'une des plus belles pièces qu'elle n'ait jamais crée, attendait avec impatience l'arrivée de son petit ami. Une légère pointe de culpabilité l'envahissait lorsqu'elle repensait au fait qu'elle avait du refuser l'invitation de ses parents, brisant ainsi l'une des plus longues traditions familiales qu'ils entretenaient.

Afin d'oublier ses tracas, la jeune fille vérifia une nouvelle fois que tout était en ordre. Sa table, parée d'une jolie nappe d'un blanc nacré, était recouverte d'assiettes, qui était décorées d'arabesques dorées, entourées de couverts de la même couleur dorée. Deux bougies trônaient fièrement aux côtés de deux grands verre de vin, qui était encore vide de toute de tout liquide. Marinette laissa la table et se dirigea vers un miroir, afin de vérifier une dernière fois que son visage était présentable.

Ses cheveux noirs aux reflets bleutés encadraient le reflet de son visage, dont les yeux étaient embellis par des couleurs neutres, contrairement à ses lèvres, dont la couleur était rehaussée par une sombre couleur rouge. La jeune fille sursauta en entendant la sonnette, qui indiquait que quelqu'un attendait qu'elle lui ouvre la porte. Ne souhaitant pas perdre plus de temps, la jeune fille se rua vers la porte, qu'elle ouvrit rapidement, avant de se jeter dans les bras du garçon qui se tenait à présent sous ses yeux.

Le concerné la prit dans ses bras et l'étreignit de toutes ses forces, avant de lui donner un baiser passionné, qu'elle attendait depuis un long moment déjà.

- Tu m'as tellement manqué Luka, lui souffla-t-elle lorsque leurs lèvres se décollèrent l'une de l'autre.

Au vu de son sourire, elle comprit que son sentiment de manque était partagé.

En effet, il se trouvait que, depuis que le talent du guitariste avait été remarqué par un célèbre producteur, le jeune couple avait de moins en moins d'occasion pour se voir. Malgré tout, leur couple tenait bon, et Marinette appréciait chaque instant qu'elle passait auprès de l'homme qu'elle aimait.

La soirée s'était déroulée sans incident particulier, les deux jeunes gens avaient dîné, tout en discutant. Marinette avait rougi maintes et maintes fois face aux compliments que sa cuisine provoquait. Elle avait tout donné pour ce repas, qu'elle avait préparée avec tout son coeur, et elle était heureuse que ce ne fut pas vain. Tout était parfait, rien ne pouvait noircir ce tableau.

La soirée était magique.

Ce fut lorsque, blotti l'un contre l'autre sur le canapé de la jeune fille, Luka pris un visage fermé que la soirée commença à tourner en cauchemar.

- Il faut que je te parle, annonça-t-il d'une voix ferme.

Interpellée, la jeune femme leva ses yeux océans vers lui.

- Que se passe-t-il ? s'enquit-elle, inquiète.

Le jeune homme déposa un baiser sur son front, ce qui la rassura légèrement.

- Alors voilà, commença-t-il doucement, on m'a demandé d'accompagner une artiste sur sa tournée.

- Mais c'est génial ! l'interrompit la jeune fille, c'est une opportunité unique tu ne dois pas refuser !

Elle put voir un sourire se dessiner sur ses lèvres, qu'elle ne put s'empêcher d'embrasser, avant de voir le voile de tristesse qui recouvrait ses yeux.

- Le problème n'est pas là Mari, reprit-il, la tournée durera des mois et des mois.

- Et alors ? s'enquit la brune, ne comprenant pas le problème.

- Je... tu comprends pas, comprit-il en se détachant d'elle.

Marinette le laissa s'éloigner d'elle et tenta de capter son regard, qui la fuyait. Que se passe-t-il ? se demanda-t-elle.

- On sera séparé, pendant longtemps, ajouta-t-il d'une voix faible.

- Eh... souffla-t-elle en posant une main sur son épaule.

Le guitariste se tourna légèrement vers elle et plongea ses yeux dans les siens.

- On pourra toujours se parler, se voir, rire ensemble, discuter... énuméra-t-elle, même par téléphone, la distance ne changera rien.

Une fois qu'il fut totalement tourné vers elle, elle ajouta :

- Je t'aime.

Un ange passa.

Chacun tentait d'assimiler ce qui venait de se passer. D'abord Marinette, qui se rendit compte de ce qu'elle venait de déclarer, puis Luka, qui pensait avoir mal entendu. La jeune fille prit sa main entre les siennes et, après avoir pris une profonde inspiration, reprit la parole :

- Rien ne pourra m'empêcher de t'aimer.

- Tu vas souffrir Mari... souffla-t-il.

Elle hocha négativement la tête.

- Tant que nous sommes ensemble, rien ne me fera du mal.

Le jeune homme baissa les yeux, pesant le pour et le contre, avant de répliquer d'une voix ferme :

- Je sais très bien que je te ferais du mal, je préfère tout arrêter maintenant avant qu'il ne soit trop tard.

Il dégagea sa main de l'emprise de la jeune fille, qui le regardait avec des yeux écarquillés.

- Attends... quoi..? souffla-t-elle d'une voix blanche.

- Je ne me pardonnerais pas de te faire du mal, je préfère te quitter maintenant que par téléphone, ajouta-t-il.

Alors elle avait bien compris. Elle porta ses mains à ses lèvres ouvertes, qui témoignait de son état de choc, et regarda Luka avec des yeux qui commençaient à se remplir de larmes.

- Tu peux pas me faire ça... pas comme ça, pas maintenant, pas aujourd'hui... lâcha-t-elle alors que les larmes perlaient au coin de ses yeux.

- Je n'ai pas le choix, je suis désolé Mari.

La jeune fille essuya ses larmes du revers de la manche.

- Je viens de te donner mon coeur et... et tu me dis ça..?

Sa voix se brisa sur la dernière syllabe et elle éclata en sanglots.

- Je comprends pas, j'ai tout fait pour toi et toi tu... tu...

- Mari ne pleure pas...

- Sors de chez moi ! s'écria-t-elle, va faire ta tournée stupide, avec ton artiste stupide, et ta guitare ridicule !

Sans dire un mot, le jeune homme s'exécuta, et laissa la brune seule dans son appartement, en proie à ses émotions.

Le lendemain, le jour de Noël, Marinette reçut un message de Luka, lui indiquant qu'il était désolé. Elle essaya d'y répondre, en expliquant qu'elle n'avait pas contrôlé ses mots, sous le coup de la colère. Lorsqu'elle appuya sur envoyer, son portable lui indiqua qu'il l'avait bloqué. Elle se mit à essayer, par tous les moyens possibles de le contacter, en vain.

Son coeur fut de nouveau brisé. Il l'avait laissé derrière lui, en mille morceaux, sans qu'elle ne puisse rien lui dire.

Elle pensait qu'ils s'appartenaient. Il le lui avait dit maintes et maintes fois.

Alors comment avait-il pu lui exploser le coeur ainsi ?

Marinette avait passé son 25 Décembre dans son lit, à pleurer toutes les larmes de son corps. Le cadeau destiné à Luka s'était retrouvé balancé par la fenêtre, sans aucune forme de délicatesse.

Elle détestait s'en souvenir.

Elle souhaiterait pouvoir oublier ce passage de sa vie.

Malheureusement, il se trouvait que la tournée dont Luka faisait partie rencontrait un succès fulgurant. Pas une seule journée ne s'écoulait sans que Marinette n'en entende parler. Cette dernière, malgré tout intriguée, avait même acheté une place, lorsque la troupe était passée à Paris, quelques mois plus tard. Elle était assez proche pour voir son visage, mais assez éloignée pour ne pas qu'on la reconnaisse.

Au milieu de tous les fans présents, elle l'avait observé jouer de la guitare, avec cet air concentré qu'elle connaissait bien. Elle le voyait rire, profiter de chaque instant. Ses doigts parcouraient les cordes de son instrument avec une dextérité incroyable, laissant s'élever dans les airs des notes dont aucune ne sonnait fausse. Puis elle l'avait vu s'approcher de l'artiste, une chanteuse pour être plus précis. Elle avait vu ce regard complice qu'ils s'échangeaient, ce bras qu'elle avait posé sur son épaule, un sourire aux lèvres. Cette partie de chanson qu'elle n'avait pu chanter, trop occupé à rire avec Luka.

Son Luka.

Elle sentit son coeur se fissurer. Il lui avait brisé le coeur, encore une fois.

Marinette avait étouffé un sanglot, en posant sa main contre ses lèvres, et tentait de retenir ses larmes. Malheureusement, les personnes présentes autour d'elle semblait l'avoir entendu. Certaines posèrent une main réconfortante sur son épaule, et tentèrent de la rassurer, même s'ils ne connaissaient pas la cause de ses larmes. Après les avoir remercié, elle s'était calmée et avait réussi, malgré tout, à rester jusqu'à la fin du concert.

Le lendemain, elle constata qu'elle n'avait, réellement, pas eu la discrétion souhaitée. Une vidéo d'elle, pleurant lors du concert, tournait sur les réseaux sociaux. Ce n'était pas méchant, les gens ne comprenaient juste pas la raison de ses larmes, et pensaient que c'était parce que la brune était heureuse d'avoir vu cette chanteuse en vrai. S'ils savaient... s'était-elle dit.

Ce qui l'avait achevé était ce message d'Alya, sa meilleure amie. Une capture d'écran, d'un poste de Luka, qu'elle ne pouvait pas voir étant donné qu'il l'avait bloqué. Elle l'avait relu plusieurs fois, en boucle, en essayant de trouver un autre sens à ses mots, en vain.

Le message était clair.

« C'est mon ex, je ne savais pas qu'elle était présente mais j'aimerais que vous arrêtiez de diffuser cette vidéo, par respect pour elle, merci. »

Son ex. Elle le savait pourtant, mais le lire était autre chose.

Il avait tiré un trait sur leur histoire.

Elle devrait en faire de même.

La sonnette retentit, faisant sortir Marinette de ses pensées. Maintenant, elle arrivait à penser à Luka sans fondre en larmes, mais la période du mois de Décembre ne lui rappelait que trop bien les émotions qui l'avaient envahie l'hiver dernier. En entendant de nouveau la sonnette retentir, Marinette essuya ses larmes du revers de la manche et s'empressa de se diriger vers la porte.

- Regarde ce que j'ai apporté ! s'exclama Alya, alors que la jeune fille venait d'ouvrir la porte.

Cette dernière, intriguée, se mit à regarder ce qu'Alya tenait entre les mains. Des cartons de pizza. Parfait.

- T'es vraiment la meilleure, souffla-t-elle en reniflant.

Marinette s'écarta afin de laisser sa meilleure amie entrer. Une fois son manteau rangé et les pizzas posés sur la table de la cuisine, Alya prit Marinette dans ses bras. La jeune fille, loin de se plaindre de ce soudain élan d'émotion, dont elle avait clairement besoin, lui rendit son étreinte.

Les jeunes filles se racontèrent leur journée. Tout se passa normalement jusqu'à ce que Marinette arrive à sa chute.

-...et là un garçon m'a aidé à me relever.

Elle baissa immédiatement la tête, les joues rouges. Alya, interpellée, s'enquit :

- Un garçon ?

- Oui... souffla Marinette, il était grand, blond, avec des yeux d'un vert... magnifique, finit-elle d'une voix rêveuse.

Un sourire au coin des lèvres, son amie répliqua :

- Ouuh, il t'a tapé dans l'oeil ce fameux garçon je me trompe ?

La brune lui lança un regard horrifié.

- On ne se connait même pas ! La seule chose que je sais de lui c'est son prénom, mais de toute façon je ne le reverrais plus jamais et...

Elle n'arriva pas à finir sa phrase et baissa les yeux.

- Et tu n'as toujours pas oublié Luka c'est ça ? compléta Alya.

Les bras fermement croisés sur ses épaules, la jeune fille hocha positivement la tête.

- Mari faut que tu passes à autre chose...

- Mais je suis passée à autre chose, la rassura-t-elle, c'est juste que cette période me fait penser à lui, rien de plus...

Voyant que le sujet était encore sensible, Alya tenta de changer de sujet :

- Il s'appelait comment ton bel inconnu ?

- Adrien... soupira-t-elle, avec un léger sourire.

Face au regard que lui lança sa meilleure amie, Marinette s'inquiéta.

- Tu le connais ? s'empressa-t-elle.

- Non... enfin si... c'est pas sûr mais... bredouilla-t-elle, je vais vérifier...

Marinette vit la métisse sortir son portable et taper son code. Quelques secondes plus tard, la jeune fille lui tendit son téléphone en demandant :

- C'est lui ?

Les yeux écarquillés, Marinette ne put qu'hocher la tête. Elle l'avait trouvé, en si peu de temps, ce garçon qui l'avait aidé à se relever, et qu'elle ne pensait jamais revoir.

- Tu le connais d'où ? s'enquit-elle, après avoir de nouveau perdu son regard dans les prunelles émeraudes du jeune homme.

- La vraie question, mademoiselle, répliqua-t-elle, c'est comment tu as pu ne pas le reconnaître !

Face au froncement de sourcil de son amie, Alya ajouta :

- Mais enfin Marinette ! C'est Adrien Agreste ! Le fils de ton styliste préféré, et t'as même pas été capable de le reconnaître !

- Je m'intéresse à ses créations, pas à sa famille, se défendit-elle.

Alya leva les yeux au ciel.

- C'est l'égérie de sa marque.

- Je ne fais pas attention aux mannequins.

- Sa tête est placardée dans tous les murs de Paris !

- Je ne-

- Y compris devant ta fenêtre ! l'interrompit-elle.

- Je ne- attends... quoi ?

Alya, un sourire triomphant aux lèvres, pointa du doigt la fenêtre de Marinette. Cette dernière, intriguée, se leva et se dirigea vers la dite fenêtre, et manqua de s'étouffer en voyant l'énorme portrait d'Adrien imprimé sur l'immeuble d'en face.

Il était là, devant elle, et elle ne l'avait jamais remarqué.

- Mais comment est-ce possible je-

- Ce que tu peux être tête en l'air Mari ! rit la métisse. Mais tu sais quoi, j'ai une bonne nouvelle pour toi !

Marinette vint se rasseoir aux côtés de son amie.

- C'est le meilleur ami de Nino et devine qui est la copine de Nino ? Moi ! Ce qui veut dire...

- Que je vais pouvoir revoir Adrien, compléta-t-elle, sous le choc.

- Exactement, si c'est pas de la magie de Noël ça, je sais pas ce que c'est !

Le visage fermé, Marinette détourna le regard.

- Enfin je veux dire que... tenta de se rattraper la métisse.

- C'est une drôle de coïncidence effectivement. T'as faim ? ajouta-t-elle, en désirant changer de sujet.

- Je n'aurais jamais du accepter, souffla-t-elle pour elle même, alors qu'elle déambulait dans les rues de la capitale.

Marinette arriva rapidement devant l'entrée de la patinoire qu'Alya lui avait indiqué.

En effet, quelques jours après leur conversation, il se trouvait qu'Alya avait réussi à convaincre Nino d'organiser une sorte de rendez-vous à quatre, avec Adrien. La tâche n'avait pas été simple : il se trouvait que le blond n'aimait pas vraiment sortir en public, de peur d'être reconnu par ses fans. Marinette, compréhensive, avait demandé à la métisse d'abandonner mais, bornée comme elle l'est, cela fut vain.

Et maintenant elle se trouvait là, devant cette patinoire qui paraissait beaucoup trop lumineuse pour elle, à attendre que sa meilleure amie daigne la rejoindre. Cette dernière, surexcitée, ne tarda pas à arriver.

- Mari ! s'écria-t-elle en la rejoignant.

Après de brève salutation, la métisse lui indiqua que les garçons les attendaient à l'intérieur. Une boule se forma dans sa gorge, l'empêchant de prononcer un seul mot, alors elle se contenta d'hocher la tête.

Elle trouvait toute cette comédie absurde : elle ne connaissait pas Adrien, alors pourquoi se surprenait-elle à stresser et à sourire bêtement à l'idée de le revoir ?

Une fois à l'intérieur, Marinette fut aveuglée par les lumières de Noël qui décoraient la salle. Il y en avait beaucoup trop : trop de guirlandes, trop de boules, trop de lampes, trop de sapins... un soupir de frustration s'échappa de ses lèvres lorsqu'elle entendit Alya prononcer :

- Ouah ! C'est magnifique tu trouves pas ?

- Ouais ouais c'est sublime, lâcha-t-elle d'une voix qui trahissait son peu d'enjouement.

Alya lui lança un regard surpris auquel Marinette ne prêta pas attention. Elle s'avança et força ainsi Alya à la suivre. Quelques secondes plus tard, son regard trouva enfin Adrien.

Il était comme dans ses souvenirs, sublime. Bien qu'elle ait passé ses derniers jours à regarder ses photos postées sur internet, elle ne put qu'être de nouveau frappée par sa beauté, qui n'avait rien d'humain. Les joues rouges, elle s'approcha de lui, aux côtés d'Alya.

- Ah voilà la plus belle ! s'exclama Nino en voyant la métisse approcher.

Cette dernière ne perdit pas de temps et se jeta sur lui. Marinette sourit tristement en voyant leur complicité, et l'étreinte passionnée qu'ils s'échangèrent.

- Marinette ?!

La voix d'Adrien la sortit de ses pensées. Elle quitta le couple des yeux pour se focaliser sur lui.

Sur lui et sur ses yeux, qui la captivait toujours autant.

- Adrien ? s'enquit-elle.

- Vous vous connaissez ? s'empressa de demander Nino, lorsqu'il eut fini d'échanger un long baiser avec Alya.

Marinette comprit qu'Adrien n'avait pas été informé de sa présence, ce qui lui ôta un poids sur ses épaules. Le blond lui lança un regard, gêné, avant de se gratter l'arrière de la nuque.

- Pas vraiment, expliqua Marinette, il m'a juste sauvé la vie une fois.

Elle comprit que sa tentative pour détendre l'atmosphère avait fonctionné lorsqu'elle entendit Adrien lâcher un rire.

- Oui, j'osais pas le dire de peur de te mettre dans l'embarras, compléta le blond.

- Comment ça sauver la vie ? s'enquit le métis, les yeux écarquillés.

Marinette et Adrien se lancèrent un regard complice avant qu'elle ne déclare d'une voix théâtrale :

- J'ai fait une terrible chute et il n'a pas hésité une seule seconde avant de me secourir !

- Tu l'aurais vu ! ajouta-t-il sur le même ton, elle semblait si désemparée ! Je ne pouvais pas la laisser ainsi !

Face au regard d'incompréhension que leur adressait Nino, les deux jeunes gens ne purent s'empêcher d'éclater de rire.

- Vous me faites marcher c'est ça ? comprit-il.

- Évidemment qu'ils te font marcher, le rassura Alya, Marinette, rattrapée par sa maladresse légendaire, est tombée et Adrien l'a aidé à se relever, c'était simple à comprendre.

Face au regard boudeur qu'il leur adressa, les concernés ne purent s'empêcher de rire de nouveau.

- Remercions plutôt le destin d'avoir gratifié Marinette de sa maladresse, reprit Adrien, parce que si elle n'avait pas été maladroite...

Il se tourna vers elle. Son sourire joueur avait disparu, ne laissant place qu'à une expression profonde, qui déstabilisa la jeune fille.

-... on ne se serait jamais rencontré.

Elle sentit ses joues se parer d'une teinte rouge et détourna le regard, afin d'éviter les brûlantes prunelles émeraudes du blond qui se tourna immédiatement vers Nino afin de lui parler.

- Tu te rends compte Mari ?! C'est énorme ! s'exclama Alya à voix basse, alors qu'elles cherchaient des patins à leur taille.

Alors elle ne s'était rien imaginé.

- I-il a vraiment dit ce que je pense avoir entendu ? s'assura-t-elle.

- Oui Mari, la rassura son amie en prenant ses mains entre les siennes, il vient de t'avouer qu'il est heureux de t'avoir rencontré, ton coup de foudre est réciproque !

- Je n'ai jamais parlé de coup de f-

Alya balaya sa réponse du revers de la main.

- Arrête de nier, je l'ai vu dans la façon dont tu le regardes, il t'a plus que tapé dans l'oeil !

Marinette leva les yeux au ciel, excédée par l'extravagance dont pouvait faire preuve son amie.

- Et cette facilité avec laquelle vous vous êtes parlés ! Sérieusement, ça faisait à peine deux minutes que vous vous étiez revu, et vous vous étiez mis d'accord pour embêter Nino, sans même vous être consulté ! justifia-t-elle. C'est dément !

- Arrête d'en faire toute une histoire, grommela son amie en laçant ses patins.

- Marinette, commença-t-elle d'une voix hésitante en s'asseyant à ses côtés, je sais que tu n'as pas encore totalement oublié Luka mais...

La jeune fille se mordit la lèvre, ce qui interrompit sa meilleure amie.

- Ce qu'il y a entre Adrien et toi est indéniable, reprit-elle, ne gâche pas tout pour un garçon qui n'en vaut pas la peine.

Elle ne laissa pas le temps à Marinette de répondre qu'elle quitta le banc afin de rejoindre Nino, laissant ainsi la jeune fille en proie à ses pensées.

Et si Alya avait raison ? Et si il se passait réellement quelque chose de spécial entre elle et Adrien ? Malgré le fait qu'ils ne se connaissaient que très peu ?

Cette étincelle qu'elle avait ressenti lorsqu'elle lui avait pris la main, son regard, qui la troublait autant que la première fois, cette entente immédiate qu'ils avaient provoqué... étaient-ce les preuves que ce qu'elle vivait était anormal ?

- Marinette tu viens ?

La voix de celui qui causait ses tourments la sortit de sa rêverie. Elle leva ses prunelles bleues vers lui, et se plongea immédiatement dans l'émeraude de ses yeux.

- Oui oui j'a...

Elle s'était levé rapidement et fut interrompue par sa chute elle même interrompue par les réflexes d'Adrien, qui l'empêchèrent d'entrer en contact avec le sol.

- Je commence à croire que tu le fais exprès, la taquina-t-il en l'aidant à s'asseoir.

- Si seulement, soupira la brune en levant les yeux au ciel.

- D'après Alya tu n'es pas capable de faire deux mètres sans te retrouver par terre, ajouta-t-il avec un sourire moqueur.

- Eh ! s'indigna-t-elle, sache qu'Alya a la manie d'extrapoler énormément de choses-

Elle fut interrompue par le blond qui venait de, littéralement, la faire décoller du sol, en la portant entre ses bras. Sur le coup, elle avait lâché un hoquet de surprise, qui n'avait fait qu'agrandir le sourire en coin qui se dessinait sur le visage d'Adrien. Face au regard interrogatif de la brune, ce dernier expliqua :

- Au moins je suis sûre que tu ne tomberas pas.

- Pas sûr, rétorqua-t-elle, avec ma malchance légendaire, je vais sûrement causer ta chute.

- Eh bien j'amortirais ta chute princesse, répliqua-t-il à son tour en s'avançant vers la piste, c'est déjà mieux que rien non ?

Il la déposa que lorsqu'ils arrivèrent devant la glace. Il prit sa main qu'il porta à ses lèvres afin d'y déposer un baiser.

- Euh o-oui je suppose, bredouilla-t-elle en guise de réponse.

Les joues rouges, elle l'observa lui adresser un clin d'oeil avant de l'attirer avec lui sur la piste. Une fois sur la glace, main dans la main, les deux jeunes gens patinaient, sans faire attention au monde extérieur.

Pour Marinette, à ce moment précis, rien d'autre que la présence et le contact de la main d'Adrien contre la sienne ne comptait. Les personnes autour d'eux avaient totalement disparues, seul ce garçon, qui l'intriguait depuis leur rencontre, restait encore présent à ses côtés.

- Je ne pensais pas que tu savais aussi bien patiner, remarqua-t-il.

La jeune fille, qui était complètement absorbée par la ligne que dessinait sa mâchoire, secoua sa tête de gauche à droite avant de répliquer :

- Ne me sous-estime jamais.

- Ça me blesse que tu puisses penser ça de moi, s'offusqua-t-il faussement, je m'attendais juste à devoir te rattraper toutes les deux minutes...

Marinette s'arrêta, une lueur de défi brillant dans le regard.

- Je suis sûre que je patine mieux que toi, affirma-t-elle d'une voix joueuse.

- Ne me tente pas princesse.

Elle sentit ses joues rougir à l'entente du surnom qu'il lui avait donné mais ne broncha pas.

- On fait la course, le premier qui arrive à...

Elle chercha du regard un objet distinctif.

- Ah ! Tu vois ce gros bonhomme de neige ultra cliché là bas ?

Adrien suivit la direction qu'elle lui indiquait de la main, montrant un énorme bonhomme de neige constitué de lampes aveuglantes, avant d'hocher la tête.

- Le dernier arrivé aura un gage.

- Pas de problème. Essaie de te souvenir de ton numéro de téléphone, car je gagnerais, affirma-t-il, confiant.

Marinette écarquilla les yeux en comprenant ce que son gage impliquerait. Il voulait son numéro, il venait clairement de le lui faire comprendre. Les joues rouges, elle se mit à penser qu'elle ferait mieux de perdre ce jeu, mais son esprit de compétition prit le dessus.

- Ok blondinet, reprit-elle, t'es prêt ?

Il hocha la tête, un sourire joueur aux lèvres.

- Maintenant ! s'écria-t-elle en s'élançant à toute vitesse.

- Eh c'est pas du jeu ! entendit-elle derrière elle, je pensais que tu allais faire un décompte !

Elle éclata de rire en guise de réponse. Certes, ce n'était pas très fairplay, mais elle voulait gagner.

- Reviens ici espèce de tricheuse ! s'écria-t-il derrière elle.

- Jamais !

Le point d'arrivée était proche, extrêmement proche. Marinette redoubla d'effort et, alors qu'il ne lui restait que quelques mètres, sentit son corps se faire projeter vers l'arrière, avant de s'écraser lamentablement sur le sol.

Non, pas sur le sol...

Sur quelqu'un.

Elle leva la tête et croisa le regard d'Adrien, qui ne pouvait s'empêcher de rire face à l'expression qu'elle affichait. Leurs corps glissèrent à travers la piste, et franchirent les quelques mètres qui les séparaient du fameux bonhomme de neige.

- C'était pas vraiment le but recherché, avoua-t-il d'une voix dubitative, mais c'est pas mal non plus.

Face au ton qu'il avait employé, Marinette ne put s'empêcher d'éclater de rire.

- Mais... mais c'est pas possible tu comptais faire quoi au juste, parvint-elle à dire, des larmes provoquées par son fou rire aux yeux.

- Je sais pas... je voulais pas que tu arrives avant moi donc j'ai tenté le tout pour le tou-

- Je peux savoir ce que vous faites parterre tous les deux ?

Les deux jeunes gens levèrent leur tête vers la provenance de la voix et rencontrèrent le regard amusé d'Alya.

- Oh salut Alya ! commença Marinette, on était en train de...

- De faire une course, sauf qu'elle s'est encore ramassée, compléta Adrien.

Indignée, la jeune fille poussa une lourde exclamation.

- C'est de ta faute, je sais pas ce que t'as foutu mais je suis tombée !

- Allez princesse, ne fais pas semblant. Tu sais très bien que tu es tombée et, comme je suis ton super héros qui t'empêche de rester au sol toute ta vie, je suis venu te secourir mais tu m'as entraîné dans ta chute et maintenant il y a Alya.

- Il ment ! s'exclama-t-elle, ça ne s'est pas du tout passé comme ça !

Leur joute verbale dura de longues minutes durant lesquelles Alya leva les yeux au ciel, un sourire amusé aux lèvres.

- Vous m'avez donné la migraine tous les deux, les taquina-t-elle.

- C'est de la faute de Marinette, s'enquit Adrien, elle n'assume pas d'avoir perdu !

- Je n'ai pas perdu c'est toi qui m'as- arghhh ! lâcha-t-elle, excédée, ce qui fit rire le blond et la métisse.

- Allez ton numéro princesse, lui ordonna-t-il d'une voix taquine.

- J'ai pas perdu je te signale.

Il haussa les épaules.

- Je te l'aurais demandé dans tous les cas alors qu'est-ce que ça change ?

Adrien se leva et aida Marinette à faire de même. Il attendit sa réponse, la main dans la sienne.

- Je-je te le donnerais avant de partir, bégaya-t-elle.

Le sourire qui se dessina sur son visage, rempli de tendresse et d'innocence, réchauffa le coeur de la brune, qui ne put s'empêcher de l'imiter.

- Je vous laisse, je vais rejoindre Nino, leur lança Alya.

Mais aucun d'entre eux ne l'entendit, trop occupé à focaliser leur attention l'un sur l'autre.

Le soir même, alors que la jeune fille se préparait à passer sa soirée à faire des cookies, le journal télévisé annonça quelque chose qui l'interpella.

En effet, il semblerait que la tournée dont faisait partie Luka avait annulée quelques dates, car la chanteuse a eu une réaction allergique causée par un fruit, ce qui l'empêchait de chanter pendant plusieurs semaines.

- Vraiment pas douée celle là, jubila Marinette à voix basse.

Non elle n'avait pas vraiment digéré l'attitude plutôt proche qu'elle avait eu avec Luka lors du concert auquel elle avait assisté.

Ni les photos d'eux qu'elle partageait régulièrement sur les réseaux sociaux.

Ni les rumeurs d'un supposé couple entre elle et Luka.

Marinette reposa le bol ainsi que le fouet qu'elle tenait et ferma les yeux.

Luka ne faisait plus parti de sa vie, il fallait qu'elle accepte.

Ces rumeurs étaient sûrement fondées.

Cette fille avait le droit de poster des photos d'eux.

Et elle avait le droit d'être proche de lui, il ne lui appartenait pas.

Son téléphone sonna, la faisant sortir de ses pensées. Sans prendre la peine de vérifier qui était son interlocuteur, elle décrocha, en essuyant vivement les larmes qui la menaçaient de couler.

- Allô ? s'enquit-elle, une fois le portable collé à son oreille.

- Salut princesse, je te dérange ?

La jeune fille ne put s'empêcher de sourire en entendant la voix d'Adrien.

Il avait vraiment choisi son bon moment.

- Loin de là, lui répondit-elle.
Très loin de là.

Quelques jours s'écoulèrent ainsi. Marinette préparait des gâteaux, en prévision du Noël qu'elle passerait avec sa meilleure amie. Souvent, ses journées étaient rythmées par les appels qu'Adrien et elle faisaient. La voix d'Adrien l'empêchait de ruminer ses pensées, c'était à la foi étrange, déstabilisant, et doux et désiré. Chaque minutes qui s'écoulaient sans entendre le son de sa voix devenaient une source de torture pour la brune qui, intriguée, avait demandé conseil à Alya.

- Alors là, s'était-elle exclamée, t'es complètement mordue ! Moi qui pensais que tu étais seulement attachée à lui, t'es raide dingue amoureuse en fait !

Cette remarque lui avait valu un coup d'oreiller de la part de la brune qui, les joues rouges, avait répliqué qu'elle « racontait vraiment n'importe quoi ».

Parfois, la brune se surprenait à admirer, par la fenêtre, le portrait imprimé de son cher Adrien alors, un jour, elle prit en photo cette fameuse affiche avant de la lui envoyer par message.

« Je suis sûre que tu as fait exprès de la placer là pour m'embêter » avait-elle noté.

La réponse ne s'était pas fait attendre.

«  Mince ! Je suis démasqué ! Le côté positif c'est que tu peux admirer mon doux visage tous les jours dès le réveil :) »

Après avoir lâché un léger rire, Marinette se jeta sur son canapé. Le dos contre le cuir du meuble et les pieds levés vers le ciel, elle répliqua :

« Oui comme toute la population en fait »

La suite fit écarquiller des yeux Marinette. C'était une photo, de lui, absolument adorable. Les cheveux en bataille, les yeux à moitié ouverts, mais ce même sourire, qu'il lui gratifiait lors de leurs appels vidéos, était tout de même présent.

« Sois pas jalouse princesse, maintenant tu as une photo exclusive rien qu'à toi ! ne me remercie pas ;) »

« C'est quoi cette photo ? Tu venais de sortir d'une soirée ou quoi ? (Et merci pour cette délicate intention, tu es adorable) »

« Non, seulement d'une lourde semaine de défilés, ravi de voir que ma tête au réveil te plaît :D »

Puis elle vit qu'il essayait de l'appeler, alors elle répondit.

Et ils se parlèrent ainsi durant toute la journée.

Marinette avait fini par se faire à l'idée que, oui, elle était tombée amoureuse d'Adrien. Cela avait pris du temps, mais avait finalement eu lieu, alors qu'il restait moins d'une semaine avant le jour de Noël. Malheureusement, elle n'avait pas eu l'occasion de le voir depuis la sortie à la patinoire, et sa présence lui manquait terriblement.

- Tu sais, proposa Alya, après avoir écouté sa meilleure amie se plaindre de ses problèmes sentimentaux, on peut l'inviter pour Noël.

Les yeux écarquillés, Marinette attendit la suite de la proposition de son amie.

- Nino m'a dit qu'il passait souvent les fêtes de fin d'année seul, donc je pense pas qu'il refusera.

Intriguée, Marinette demanda la raison de cette solitude.

- Nino n'a rien voulu me dire, s'empressa-t-elle d'élucider, je ne peux pas t'aider, désolée.

- Je vais lui envoyer un message, déclara Marinette.

Elle tapa rapidement son message, dans lequel elle demandait s'il était disponible pour passer les fêtes avec elle. Sa réponse mit longtemps à arriver, tellement de longtemps que les jeunes filles avaient eu le temps de regarder de vieilles photos d'elles, qui dataient des années collèges. Lorsque son téléphone lui montra qu'il avait enfin répondu, elle lu à voix haute :

- On en parle ce soir, je suis en shooting. Et il a ajouté qu'il avait pris son téléphone en cachette pour pouvoir y répondre.

- Bon tu me tiens au courant Mari il faut que je rentre, déclara la métisse.

Marinette hocha la tête et la salua, avant de l'accompagner jusqu'en bas de son immeuble.

Une fois emmitouflée dans ses draps, une tasse de chocolat chaud à la main, Marinette s'autorisa à regarder un film de Noël. L'histoire était toujours aussi bateau et redondante mais, pour la première fois depuis longtemps, elle se surprit à n'avoir aucune larme. Fière, elle s'empressa d'annoncer la bonne nouvelle à Alya par message.

« Génial ! » répondit-elle. « Tu as enfin réussi à oublier cet imbécile, je suis contente pour toi Mari ! »

Un sourire aux lèvres, Marinette posa son téléphone avant de sursauter, à cause de la sonnette de sa pote qui s'était mise à retentir entre les murs. La jeune fille se leva, enfila un peignoir et ses chaussons, et se dirigea d'un pas lent vers la porte. La sonnette retentit de nouveau alors qu'elle posait sa main sur la poignée, qu'elle enclencha aussitôt.

Et manqua de s'évanouir en voyant la personne qui se trouvait à présent devant elle.

- Qu'est... qu'est-ce que tu fais là ? s'enquit-elle d'une voix blanche.

- Je peux entrer ?

Sous le choc, la jeune fille le laissa passer, sans un mot. Elle l'observa enlever son manteau, passer une main dans ses cheveux afin d'en faire tomber les flocons de neige qui s'y était logé, et s'asseoir sur son canapé. Son corps réagit sans qu'elle ne le commande et, sans vraiment l'avoir remarqué, elle se retrouva assise à côté de lui.

- Qu'est-ce que tu fais là ? répéta-t-elle.

- La réponse est évidente non ?

Il lui prit doucement la main ce qui la fit lever les yeux vers lui.

- Tu me manques Ma-

- Non ! s'écria-t-elle en se levant subitement, dégageant ainsi sa main.

Les yeux remplis de rage, elle se mit à le fixer, en serrant les dents.

- Tu n'as pas le droit ! Tu n'as pas le droit Luka de me laisser pendant un an sans nouvelle, et de te re-pointer chez moi avec cette vieille phrase bateau ! Tu n'as pas le droit.

Des larmes de rage commençaient à brouiller sa vision alors elle se détourna, ne voulant pas qu'il la voit ainsi.

- Mari...

- Ne m'appelle pas comme ça, grommela-t-elle.

Elle l'entendit soupirer derrière elle.

- Regarde moi.

Marinette se tourna vers lui. À peine eut-elle croisé son regard qu'elle se retrouva encadrée de ses bras, prise dans une profonde étreinte.

- Je n'aurais jamais du te quitter, tu avais raison dès le début, avoua-t-il, notre amour est plus fort que la distance.

Il recula son visage et encadra le sien avec ses mains.

- Il ne s'est pas écoulé une journée sans que je ne pense à toi Marinette.

- Arrête, se contenta-t-elle de souffler, en baissant le regard.

- Je t'aime Marinette.

Un long silence s'abattit entre les deux jeunes gens. Marinette plongea son regard dans le sien et s'y perdit, longtemps.

Mais elle sentit qu'elle ne voulait pas de cet amour.

- Luka, je te l'ai dit, ce que tu m'as fait était horrible.

- J'ai fait ça pour t-

- Laisse moi parler, le coupa-t-elle, comment as-tu pu partir le matin de Noël ? En me laissant seule avec mon coeur brisé en mille morceaux ?

Luka baissa les yeux, honteux.

- Et comment oses-tu revenir, un an plus tard, en pensant que je te laisserais revenir dans ma vie sans rien dire ?

Elle s'écarta de lui et se rassit sur son canapé.

- J'ai passé la pire année de ma vie, à essayer de t'oublier, et tu penses sincèrement que je vais me remettre avec toi, sous prétexte que ta foutue chanteuse a fait une allergie ?

- Il n'y a aucun rapport-

- Si, l'interrompit-elle, si elle avait pas fait son allergie, les dates n'auraient pas été annulées, et tu serais pas là.

Elle le vit s'asseoir à côté d'elle.

- Je serais venu, quand même, se justifia-t-il.

Elle soupira longuement avant que son téléphone se mit à sonner. Marinette se leva, et jubila de laisser Luka seul, afin d'aller chercher son portable, qu'elle s'empressa de décrocher. Elle revint dans son salon, le téléphone collé à l'oreille.

- Princesse, je te dérange pas ?

La jeune fille ne put empêcher un sourire béat se dessiner sur ses lèvres à l'entente de sa voix.

- Salut Adrien...

Elle appuya bien son prénom, et ne put que sourire davantage en voyant le visage de Luka se décomposer.

- Tu ne me déranges pas mais... je peux te rappeler plus tard ?

- Mari ça va ? s'enquit-il d'une voix inquiète, t'as l'air d'avoir pleuré, tu veux en parler ?

Touchée par son inquiétude, elle laissa un tendre sourire éclairer son visage et s'assit de nouveau sur son canapé, au côté d'un Luka sous le choc.

- J'ai juste un petit problème, je t'en parlerais plus tard.

- D'accord... je dormirais pas sans avoir eu de tes nouvelles je te préviens !

Un léger rire s'échappa de ses lèvres.

- Je t'appellerais, ne t'en fais pas.

- À tout à l'heure alors ?

- Oui, à tout à l'heure, finit-elle avant de raccrocher.

Elle posa son téléphone et se tourna vers la source de ses problèmes.

- Écoute Luka, reprit-elle, j'ai souffert, longtemps, de ton départ, de ton manque de nouvelles, au point de me rendre à l'un de tes concerts.

- Oui à ce propose je suis désolé de la tournure qu'a pris la vidéo, je ne t'avais vraiment pas vu et...

Elle balaya ses excuses d'un revers de la main.

- Je déteste me souvenir de ce que tu m'as fait Décembre dernier, ajouta-t-elle, et j'ai décidé que, cette année, pour échapper aux larmes...

Un air rêveur passa sur son visage.

-... je donnerais mon coeur à quelqu'un d'autre.

- À la personne avec qui tu étais au téléphone je suppose ? comprit-il.

Marinette hocha la tête.

- J'ai attendu un an avant de m'autoriser à aimer quelqu'un d'autre, finit-elle, tu arrives trop tard.

Le regard qu'il lui lança lui déchira le coeur mais elle ne céda pas. Ce qu'il lui avait fait était, selon elle, impardonnable, alors elle savait qu'elle prenait la bonne décision.

- Tu connais le chemin vers la sortie.

Il hocha tristement la tête et, après avoir remis son manteau, quitta l'appartement. Le bruit du claquement de porte résonna dans les oreilles de Marinette, qui resta un long moment sans esquisser le moindre mouvement, encore bouleversée par ce qui venait de se passer.

Elle finit par récupérer son portable et appela Adrien, qui décrocha rapidement.

- Mari ? lança-t-il après de longues secondes de silence, tout va bien ?

Seuls ses sanglots lui répondirent.

Toute la pression qui avait pris place sur ses épaules s'était évanouie, brisant ainsi la carapace qui lui avait permise de tenir le coup devant son ex copain mais, maintenant qu'il avait passé le pas de la porte, elle n'avait plus aucune raison de se retenir. Elle regretta immédiatement d'avoir appelé Adrien et raccrocha, avant de tenter d'étouffer ses sanglots en posant sa main sur ses lèvres. Recroquevillée sur son canapé, elle tenta tant bien que mal de se calmer, en vain.

Tout cette rancoeur qu'elle avait accumulée envers Luka venait de la quitter, elle avait enfin pu lui parler, le voir, lui dire tout ce qu'elle avait sur le coeur. Alors, pourquoi est-ce que ça lui faisait tant de mal ? La notion du temps n'existait plus pour elle, la faisant douter de la durée de sa crise de larmes.

Durait-elle depuis quelques secondes, quelques minutes, quelques heures ?

Ses réflexions furent interrompu par la sonnette, qui retentit dans ses oreilles, avant d'être suivie par de lourds coups frappés contre sa porte. Effrayée, la jeune fille resta sans bouger, en fixant la porte.

- Mari ouvre moi ! lui hurla une voix à travers la porte.

Adrien, comprit-elle en reconnaissant son timbre. Marinette se leva, lentement, et ouvrit la porte, avant de faire face au regard émeraude ce garçon qui lui avait volé son coeur sans crier gare.

- Adrien... hoqueta-t-elle.

- Je suis là Mari, lui assura-t-il en fermant la porte derrière lui avant de jeter rapidement sa veste sur le canapé, je suis là maintenant.

La brune le fixait, sans rien faire, incapable d'esquisser le moindre mouvement.

- I-il...

- Tu peux tout me dire princesse, lui souffla-t-il en prenant son visage entre ses mains, comme tu peux ne rien me dire, fais ce qui te semble être le mieux pour toi.

Marinette, instinctivement, se jeta dans ses bras, et sentit son coeur fondre en le sentant l'étreindre contre lui de toutes ses forces. Ses sanglots reprirent de plus belle.

- Pleure Mari je suis là, lâche toi, ça va te faire du bien.

Le lendemain, Marinette se réveilla dans les bras d'Adrien, qui dormait encore paisiblement. Les souvenirs de sa soirée d'hier était encore floue, elle se souvenait juste de Luka, de ses larmes, et de la présence réconfortante d'Adrien, qui ne tarda pas à ouvrir les yeux.

- Hey princesse... lui souffla-t-il d'une voix fatiguée, bien dormi ?

Face au regard d'incompréhension qu'elle lui adressait, il lui expliqua :

- Tu as fini par t'endormir dans mes bras hier, je t'ai emmené dans ton lit puis j'ai voulu partir mais tu m'as retenu, donc je suis resté et, comme tu peux le voir...

Il souleva la couette.

- J'ai passé la nuit tout habillé, même pas de pyjama ! Tu te rends compte ! Dormir en jean, l'horreur !

Elle savait qu'il faisait ça pour lui remonter le moral et ne put s'empêcher de sourire.

Pas parce que ce qu'il disait est drôle mais juste pour l'intention.

Parce que son humour était légèrement douteux, mais elle s'y était habituée.

- Désolée de t'avoir infligé ça, marmonna-t-elle en se blottissant davantage contre lui.

- Difficile de t'en vouloir si tu me serres contre toi comme ça... t'es vraiment douée.

Elle lâcha un rire que le blond imita, ravi de la voir retrouver le sourire.

- Donc... si je comprends bien, ce Luka c'est ton ex c'est ça ?

La jeune fille hocha la tête.

- Et il t'a quitté la veille de Noël en prétextant que la distance vous ferait trop de mal c'est ça ?

Marinette approuva encore d'un haussement de tête.

- Il t'a bloqué de partout, ne t'a donné aucune nouvelle pendant un an et, hier, il est revenu de nul part en voulant que vous vous remettiez ensemble ?

- C'est exactement ça.

Une fois qu'ils eurent eu la force de se lever hors du lit, les deux jeunes gens s'étaient décidés à prendre un petit déjeuner, composé de pâtisseries qu'avait préparé Marinette, avant de se blottir l'un contre l'autre sur son canapé, afin d'être le plus à l'aise possible, et laisser ainsi Marinette conter son histoire.

- Il est complètement con, conclut-il.

Marinette ne put s'empêcher de rire.

- Il pensait vraiment qu'il allait pouvoir te récupérer comme ça, après t'avoir fait haïr Noël, pff, soupira-t-il.

- J'ai l'impression d'entendre Alya, rit-elle.

- Et bien sache que j'approuve tout ce qu'elle peut dire sur cet imbécile, déclara-t-il.

- D'ailleurs... commença Marinette.

Intrigué, le blond plongea son regard dans le sien. Marinette se perdit dans l'émeraude des prunelles du blond, perdant au passage le fil de ses pensées.

- Me regarde pas comme ça, à cause de toi j'ai perdu le fil de mes pensées ! s'exclama-t-elle.

- Ouh, je te fais perdre la tête princesse ? la taquina-t-il.

- N'importe quoi ! s'enquit-elle les joues rouges.

Le jeune homme se mit à rire tandis que Marinette se creusait la tête, afin de retrouver le fil de ses pensées.

- Ah je m'en souviens ! s'exclama-t-elle, tu ne m'as jamais répondu, tu veux passer les fêtes avec Alya et moi ou non ?

Le jeune homme se mordit la lèvre en détournant le regard.

- Je... ouais...

- Eh... s'enquit-elle d'une voix douce, si tu ne veux pas dis le moi, je ne t'en voudrais pas.

- C'est pas que je ne veux pas, soupira-t-il, c'est juste que je n'ai pas fêté Noël depuis huit ans, j'ai perdu l'habitude.

- Huit ans ?! s'étrangla Marinette, sous le choc.

Le blond se gratta l'arrière de la nuque, gêné.

- Tu sais, j'ai perdu ma mère quand j'avais quatorze ans...

Il s'arrêta, cherchant ses mots. Marinette, compréhensive, ne l'interrompit pas et, absorbée par ses paroles, attendit patiemment qu'il reprenne.

- Et mon père n'aime pas vraiment Noël, donc quand ma mère est parti, on ne le fêtait pas. D'une part car ça nous faisait du mal et d'une autre parce que mon père n'aimait pas ça.

- Oh Adrien je ne savais pas je suis désolée, souffla-t-elle doucement.

Il haussa simplement les épaules.

- J'aimerais bien passer Noël avec toi Mari, conclut-il, mais...

Il se mordit la lèvre avant de continuer :

- C'est pas que je n'aime pas Alya ou quoi, loin de là mais...

- Y'a pas de soucis Adrien, le rassura-t-elle, on le fêtera ici tous les deux, chez moi.

Un sourire illumina le visage du blond qui serra Marinette contre lui. Cette dernière sentit les battements de son coeur s'accélérer, tout comme celui du blond, qu'elle entendait pulser contre son oreille, plaquée contre sa poitrine. Une douce chaleur enveloppa son corps, témoignant de l'affection qu'elle éprouvait pour ce garçon, qui était apparu dans sa vie comme un miracle.

Un miracle de Noël, lui souffla sa conscience.

Le 24 Décembre arriva rapidement, beaucoup trop rapidement selon la jeune fille. Marinette avait vêtu une de ses plus belles créations : une combi-short rouge au bordure dorée, qui embellissait sa morphologie de la meilleure des façons. Ses talons rouges, martelaient le sol alors qu'elle faisait les cent pas, attendant avec impatience l'arrivée d'Adrien.

Afin d'oublier le temps qui passe, la jeune fille vérifia une nouvelle fois que tout était en ordre. Sa table, parée d'une jolie nappe d'un rouge nacré, était recouverte d'assiettes, qui était décorées d'arabesques dorées, entourées de couverts de la même couleur dorée. Deux bougies trônaient fièrement aux côtés de deux grands verre de vin, qui était encore vide de toute de toute boisson. Marinette laissa la table et se dirigea vers un miroir, afin de vérifier une dernière fois que son visage était présentable.

Voilà que ce qu'il s'était passé l'année dernière se répétait. Elle chassa cette pensée et regarda son reflet.

Non, la situation n'avait rien à voir avec celle de l'année passée. La Marinette qui se tenait devant ses yeux n'avait rien à voir avec l'ancienne. Elle avait grandi, évolué, mûri.

Et surtout, trouvé la personne idéale avec qui passer les fêtes.

Cette dernière ne tarda pas à arriver et, lorsque la sonnette retentit, Marinette ne perdit pas davantage de temps et s'empressa de lui ouvrir.

- Salut prin- oh whoa...

Marinette, les joues rouges, observait Adrien la dévisager, une expression d'émerveillement collée au visage.

- Tu es magnifique... réussit-il à avouer, toujours sous le choc.

Elle bredouilla un remerciement avant de réussir à dire :

- Tu n'es pas mal non plus.

En effet, Adrien avait revêtu sa plus belle chemise bordeaux, rentrée dans un pantalon noir. Marinette avait-elle déjà mentionné à quel point elle adorait voir Adrien en chemise ? Et bien c'était le cas. La brune le laissa entrer et découvrit le bouquet de fleurs qu'il cachait, jusque là, derrière son dos.

- Oh mais il fallait pa-

- Ah non, l'interrompit-il, je t'interdis de prononcer cette phrase, tu les mérites, tu mérites bien plus même.

Face à tant de véhémence, la jeune fille ne put que fermer la bouche, les joues rouges.

- Ça sent bon, remarqua-t-il.

- Oh tu trouves ? J'ai essayé une recette je sais pas si c'est bon ou non...

- Je suis sûre que ça le sera, la rassura-t-il.

Effectivement, il se trouvait que Marinette avait plutôt bien réussi sa recette. Adrien avait demandé à ce qu'elle le resserve au moins cinq fois, bien qu'ayant mangé un apéritif bien garni.

- Eh beh... lâcha-t-elle, pour un mannequin je trouve que tu manges beaucoup.

- A bas la diète ! s'exclama-t-il, c'est beaucoup trop bon pour que j'en laisse une miette.

Marinette se mit à rire, heureuse de passer cette soirée avec lui.

Et dire qu'il y avait encore quelques semaines, elle pensait passer ses fêtes seules, avant qu'Alya ne lui propose de les passer à ses côtés. Parfois, Marinette se demandait comment aurait été sa vie si elle n'était pas sortie ce jour là, où ils s'étaient rencontrés. Ou encore, où elle en serait si elle n'avait rien dit à Alya au sujet d'Adrien.

Malgré tout, la jeune fille était stressée. Ce soir, elle avouerait ses sentiments à Adrien.

Elle lui donnerait son coeur.

Sincèrement, elle pensait que ses sentiments étaient réciproques mais tout était allé si vite.

Il y a encore un mois, elle pensait sans cesse à Luka, et voilà que, désormais, elle s'imaginait avec Adrien.

- À quoi tu penses ?

Marinette leva les yeux vers lui. Après avoir fini le repas, ils s'étaient blottis l'un contre l'autre sur le canapé de la jeune femme, après que la brune eut jeté ses talons quelque part dans la pièce, ce qui avait fait rire le mannequin. Marinette décida que c'était le bon moment.

- J'ai quelque chose à te dire, avoua-t-elle.

Intrigué, le blond haussa les sourcils.

- Je voulais te dire que...

Elle sentit toutes se bonnes volontés fondre face au regard émeraude dont lui gratifiait ce garçon qui lui avait dérobé son coeur.

- C'est l'heure des cadeaux ! s'exclama-t-elle, en se levant subitement.

Adrien lui lança un regard où elle put y lire de l'excitation, digne d'un enfant, ce qui la fit sourire. Elle vérifia l'heure sur son portable, qui affichait 23H55. Marinette partit chercher le cadeau destiné au blond qui, de son côté, partit chercher le sien également. Lorsqu'ils se retrouvèrent de nouveau réunis, il ne restait qu'une minute avant minuit.

- On se fait un décompte comme pour le jour de l'an ? proposa-t-elle.

- Je n'osais pas te le demander, avoua-t-il en riant.

Ils attendirent quelques secondes puis commencèrent leur décompte. Ils durent recommencer plusieurs fois, étant donné que leur décompte ne collait absolument pas avec l'heure exacte.

- 3... 2... ah bah il est minuit, découvrit Marinette.

- On vient vraiment de foiré notre décompte là ? élucida Adrien.

Les deux jeunes gens se lancèrent un regard complice avant d'éclater de rire.

- Joyeux Noël Adrien ! réussit-elle à dire.

- Joyeux Noël à toi aussi princesse ! répliqua-t-il avec autant de difficultés.

Marinette lui tendit un paquet cadeau qu'il s'empressa d'ouvrir, avec l'impatience d'un enfant. Il découvrit une écharpe, noire, avec quelques détails émeraudes, de la même couleur que ses yeux. Face au manque de réaction du blond, Marinette s'enquit d'une voix inquiète :

- Ça te plaît ?

Elle eut sa réponse lorsqu'il leva vers elle des yeux pétillants de larmes.

- Mais Adrien je-

- C'est parfait Mari, renifla-t-il en essuyant ses larmes du revers de la manche, merci énormément.

Marinette ne put que sourire face à sa réaction, même si elle ne la comprenait pas vraiment.

- Allez à moi ! s'exclama-t-il d'une voix enjouée, ouvre mon cadeau !

La brune ne put se retenir de rire face à son excitation. Elle s'exécuta cependant et découvrit une boîte d'une bijouterie, qu'elle s'empressa d'ouvrir.

Découvrant ainsi un collier dont le pendentif était un bonhomme de neige brillant de mille pierres précieuses.

La jeune fille resta bouche bée face à son cadeau.

- Il est un peu cliché... avoua-t-il.

Marinette comprit immédiatement où il voulait en venir.

- Un peu comme celui de la patinoire... Adrien, s'enquit-elle, comment t'as pu te souvenir d'un truc pareil ?

Il haussa les épaules, les joues rouges.

- Ça m'a marqué... il te plaît ?

Marinette sortit son précieux de sa boîte et, avec l'aide du blond, l'enfila. Lorsque les doigts du blond effleurèrent sa peau, elle ne put s'empêcher de frissonner, en espérant qu'il n'ait rien remarqué.

- Évidemment qu'il me plaît tu...

Elle se tourna vers lui avant de lever les yeux vers lui et De se plonger dans son regard.

Ce regard qui l'avait attiré dès leur première rencontre.

Puis ses yeux glissèrent vers ses lèvres, étirées en un sourire.

Marinette sentit qu'Adrien l'imitait alors, ne souhaitant pas perdre plus de temps, elle approcha son visage du sien.

Elle sentit Adrien glisser sa main le long de sa peau, afin de la laisser prendre place sur sa joue, et poser son front contre le sien.

- Princesse, je peux t'avouer un truc ?

Ils étaient si proches qu'elle pouvait sentir son souffle contre le sien.

- Je suis amoureux de toi, finit-il par lâcher après de longues secondes, et... tu vas sûrement me prendre pour un fou mais...

Il plongea son regard dans le sien.

-... je le suis depuis que je t'ai aidé à te relever dans la rue.

En soutenant son regard, Marinette arriva à prononcer :

- Je ne peux pas te prendre pour un fou car... c'est pareil pour moi.

Elle le vit écarquiller les yeux.

- C'est vrai ? souffla-t-il, visiblement surpris.

La jeune fille se mit à sourire.

- Évidemment que ça l'est, affirma-t-elle.

Un ange passa. Les deux jeunes amoureux, sous le choc de ce qu'ils venaient d'apprendre l'un sur l'autre, n'esquissèrent pas le moindre geste, de peur de briser ce moment.

C'était Marinette qui, prise d'une soudaine vague de courage, laissa ses lèvres rencontrer celle du blond, qui lui rendit son baiser avec toute la joie dont il était capable.

Le lendemain, le matin de Noël, lorsqu'elle se réveilla dans les bras d'Adrien, elle soupira de soulagement.

Il n'était pas parti, il ne l'avait pas rejeté, il était là, dans ses bras, avec elle.

Elle ne put s'empêcher de sourire et se blottit davantage contre lui.

Contre ce garçon qui lui avait volé son coeur sans crier gare.

Mais qui ne l'avait pas rejeté.

Ce Noël était magique.

Pas comme le Noël dernier.


Ce premier OS est enfin fini oh mon dieu.

J'ai tout fait pour qu'il sorte en ce jour du premier Décembre, ce fut laborieux, mais j'espère qu'il vous plaira !

Je vous retrouve Dimanche prochain pour une nouvelle histoire !

Kissou <3

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