Voyage

Un bus qui roule quand le soleil s'est endormi,c'est un peu de la féerie,. Il scintille et traverse le temps, il brûle la noirceur de la nuit et l'obscurité aveuglante de son reflet aphrodisiaque. Mais être dans un bus la nuit c'est une autre paire de manches. Imaginez vous, nageant docilement dans un océan de lumière tamisée. Vos pupilles sont caressées par les plumes d'un oiseau qui règne en maître dans ces eaux profondes. Un oiseau qui fend ces flots avec une justesse et une grâce incomparables. Vous passez à côté de centaines de lanternes, d'yeux lumineux, de robes et de châles qui font frémir le vent qui vous fait trembler. Vous êtes immobile à la surface, vos cheveux
s'endorment dans les sanglots bercés de l'océan, l'apocalypse soulève les grains de sable, se couche
à vos côtés.

Tu chevauches ton scooter après être sorti de ton immeuble que tu n'aimes que quand le soleil se couche, à l'heure où les bandages qui entourent tes bras semblent doux, à l'heure où les crocs du quotidien semblent être des douces lèvres qui se déposent dans ton cou. Tu démarres en trombe, tu passes à côté de dizaines de lampadaires, tu te dis que tu trouves ça joli comme quand tu étais sur le
pont de ce bateau, admirant la ville endormie que tu viens juste de quitter. Tu ne sais pas où tu vas
mais la lune te tiens la main et éclaire un chemin devenu nocif, une route jonchée de plantes carnivores qui brûlaient sous un soleil au regard de feu. Ce chemin tu l'empruntais à chaque fois que tu sortais de chez toi, à chaque fois que tu te disais qu'il fallait patienter et que les ailes de tes
peurs finiraient par se consumer sous la pluie de flammes qui se déversait sur ton présent. À chaque fois que tes talons agissaient comme des tambours sur les pavés trempés de ta rue que tu connais mieux que personne. À chaque fois que tu passais ta main dans tes mèches noyées sous les trombes d'eau qui pleurent sur tes paupières et sur ton visage. Et à ce moment là tu te plaignais encore une fois du temps, tu te lamentais, tu voudrais quitter cette ville pourrie, qui ne rayonne qu'à travers le prisme de la pluie. Mais tu remets tes mains froides dans tes poches et soupire, soupire, jusqu'à noyer ton visage brûlé de fadeur sous une cascade de vapeur. Tu te gares et tu soulèves la visière de ton casque. Te voici devant un autre immeuble bipolaire, un immeuble qui
ne sourit que quand les phares font briller son épiderme polaire.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top

Tags: