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"Restez avec un amour qui vous donne des réponses et non des problèmes, de la sécurité et non de la peur, de la confiance et non des doutes."
Paulo COELHO.
*
Léo m'exaspérait. J'essayais de lui faire passer le message de toutes les façons possibles mais il faisait comme s'il ne comprenait pas. Je voulais mettre fin à notre relation car je ne m'y sentais plus à l'aise mais dès que j'évoquais un la séparation, il désarmait mes arguments en m'assommant de mots gentils, de douceur et de cadeaux.
Je trouvais qu'on était à la limite du harcèlement et plus ça allait, plus je découvrais des parties sombres de sa personnalité. Allait-t-il un jour me laisser partir ? Je commençais sérieusement à en douter.
Il était même allé jusqu'à venir me rendre visite à la maison, pour me convaincre de reprendre le lycée. Maman qui ne jurait que par lui, l'avait mille fois remercié d'avoir au moins essayer. Tout ce cinéma était pathétique !
Et dès que j'élevais la voix, il lui prenait l'envie de m'embrasser (une façon comme une autre de me bâillonner). C'était de la folie. On ne jouait quasiment plus de musique ensemble. Et mon regard sur lui changeait, c'était comme si tout son talent s'était évaporé.
J'avais de plus en plus de mal à supporter sa possessivité et sa jalousie maladive. J'avais parfois l'impression que Léopold était un parasite, dont je ne me déferais jamais ! C'était paradoxal car je ne le détestais pas mais l'amour que j'avais pour lui s'effritait jour après jour.
Heureusement, il y avait Stan. Sa magnifique peau noire, ses yeux de félins, son charisme et son immense talent ne me laissaient pas indifférente. Je ne pensais pas que ça m'arriverait un jour mais j'étais très attirée par le cousin de Tanesha. D'habitude mes goûts se situaient entre Léonardo Di Caprio et Jake Gyllenhaal.
C'est dire combien j'avais fait le grand saut !
C'est vrai qu'il était plus âgé que moi mais il était tellement beau. Littéralement, il me plaisait. Ma rencontre avec Stan fit pencher la balance de mon cœur en sa faveur. Du coup, inévitablement, je m'éloignais de Léo !
Ceci dit, Stan restait très pro, il ne laissait rien transpirer. Aucune allusion à une éventuelle relation entre nous, aucune volonté de me plaire, aucun sentiment avoué ou geste affectueux. Absolument rien !
Notre relation était purement artistique. Entre lui et moi, il n'y avait que la musique. Pourtant, j'avais cru comprendre que je l'intéressais. Du moins c'est ce que Tanesha m'avait laissé entendre.
Peut-être avais-je seulement entendu, ce que je voulais entendre ?
Je n'y comprenais rien, j'avais l'esprit embué, et je mourrais d'envie que quelque chose se passe. C'était hypocrite de ma part mais je pensais que cela m'aurait aidé à virer Léo avec plus de fermeté !
Seulement, les jours défilaient et rien ne se passaient. Stan était toujours aussi pro, exigeant et accueillant. Jamais, il n'exprimait de sentiment amoureux vis-à-vis de moi. Je décidais donc d'en discuter avec mon amie, qui avait ri de mon soudain intérêt pour les hommes de couleurs.
- Elsie ! T'es sérieuse toi ? Tu veux t'attaquer à Stan ?
- Je ne veux pas m'attaquer, je veux juste... Je... Dis-moi au moins pourquoi tu te moques ?
- Tu n'es pas sans savoir que c'est un homme. Et pas un gamin de vingt ans. Tu es prête à assumer de sortir avec lui ?
- Tanny, toi tu sais quelque chose que je ne sais pas ? Ne dis pas non, je te connais par cœur!
- Bon ok. Je te dis tout. Mais promets que tu ne vas pas te fâcher sinon, j'tassure que c'est la dernière confidence que tu auras de moi ! Ok ?
- Promis-Juré !
- Stan t'apprécie bien mais il ne savait pas que tu étais encore mineur. Il pensait que tu étais un peu plus âgée.
- Mais j'aurais dix-huit ans en novembre !
- Ouais, je sais ! Sauf que c'est dans quasiment sept mois. Ça l'a refroidi direct ! Il ne va pas te détourner quand même ?
- Mais pourquoi pas ! Je suis volontaire ! Dis-je en riant !
- Hey Blondinette, tu ne sais pas ce que tu racontes ! Le deuxième chose...
- Quoi il y a autre chose ?
- Laisse-moi finir... La deuxième chose, c'est que ton petit Léo est venu faire son show au studio. À base de laisse ma copine tranquille, etc.... etc... Tu vois le style ?
- Je te crois pas ?
- Et Wouai ma blondinette ! C'est Rudy qui me l'a dit. Stan ne m'aurait jamais balancé l'information. Et je peux te dire qu'à partir de là c'était fini. Il dit que tu as un talent fou pour la musique et le chant et que c'est tout celui l'intéressé chez toi à présent.
- Mais non !
- Je suis désolée Elsie, mais c'est ça !
- Léo est grave quand même. Il faut qu'il arrête.
- Il est amoureux Elsie. Et si j'étais toi, je lui dirais clairement mes sentiments. Tu ne peux pas le laisser deviner. Il a besoin de savoir !
- Commence pas Tanny !
- Ne perds pas Léo pour Stan. Parce qu'avec Stan c'est peine perdue... Il est trop vieux de toute façon !
- Mais vingt-cinq ans c'est pas vieux ?
- C'est pas vieux pour quelqu'un d'autre, mais pour avoir une histoire avec toi, si ! Il préfère te voir comme une "petite sœur" maintenant. Donc prends note !
- Mais j'veux pas être sa petite sœur... Rooo ! Je le trouve tellement beau !
- Je te taquinais avec cette histoire de béguin, mais je vois que tu as pris tout ça au sérieux.
- Mais ce n'est pas de ta faute. Je l'aime bien c'est tout.
- Fais de la musique et chante avec Stan. Mais ne sors pas avec lui. Conseil d'amie !
- Et pourquoi pas ?
- Parce qu'il n'est pas fait pour toi ! Tu ne vas pas assumer Elsie. Crois-moi !
- C'est toi qui m'as dit que c'était quelqu'un de bien, tu as changé d'avis ?
- C'est toujours un mec bien ! Sérieux. Gentil. Serviable. Pro. Respectueux. Tout ce que tu veux Elsie ! Mais suis mon conseil, laisse tomber, ça vaut mieux.
- Bon...
- Je te laisse ma blondinette. Je vais réviser. Tu devrais en faire autant au lieu de faire celle qui a quitté le lycée. Ce n'est pas encore trop tard ?
- Merci, mais non merci. Pas besoin!
- Stanislas aime les filles cultivées et diplômées, tu le sais au moins ?
- T'es trop nulle Tanesha, fis-je dans un éclat de rire. Bien tenté ! Mais non, je ne retourne pas aux études.
- T'es vraiment plus têtue qu' une mule ! À plus, ma blondinette !
*
{Chez les Le Kervelen...}
- Sisi ? Je peux entrer ?
- Qu'est-ce que tu veux encore minus ?
- J'ai un truc à te dire !
- Tu ne viendrais pas me faire une de tes sales blagues là ?
- Non. J'ai un truc important à te dire.
- Bon ok, mais dépêche-toi !
- ... Je... En fait... Euh...
- Sérieux Maceo, j'ai pas l'temps ! Alors t'accouches ou pas ?
- J'ai entendu Maman parler à grand-mère hier... C'est la méga cata !
- Pourquoi ça ?
- Mais à cause du divorce !
- Hein quoi ? Maceo... C'est pas drôle !
- Je ne rigole pas Sisi !
- Ouais c'est ça !
- Si tu ne veux pas me croire tant pis, je m'en vais... Dit-il en se dirigeant vers la porte.
- Excuse-moi. Mais t'es sûr de ce que tu dis ?
- Elle a même parlé de ma garde !
- Mais Maceo, t'es sûr de ce que tu as entendu ? Parce que je ne vois pas comment ça pourrait arriver. Maman ne divorcerait jamais ! Tu le sais bien ?
- Elle non. Papa oui !
- Attends... Attends... J 'comprends plus rien là !
- Je l'ai entendu pleurer. Et pas qu'une fois.
- Ça ne me dis pas comment tu sais tout ça ?
- Hier, je suis rentré plus tôt du collège, Maman ne m'a pas vu arriver, elle était concentrée sur sa conversation. Elle pleurait.
- Petite fouine que tu es, tu as écouté une discussion qui ne te concernait pas. Ça ne se fait pas Maceo !
- Sauf que ça me concernait. Elle parlait du droit de garde pour moi... J'aurais préféré ne rien savoir !
- Je suis certaine que tu t'inquiètes pour pas grand-chose. Ils ont dû se prendre la tête comme d'habitude et puis voilà tout !
- Pas cette fois Sisi. Je le jure que sur toute ma collection d'objets Star Wars ! C'est plus grave cette fois.
- Tu en as parlé à Dylane ?
- Jamais de la vie. Elle irait directement tout rapporter à Maman et je ne veux plus l'entendre pleurer.
- Mince... Qu'est-ce qu'on fait alors ?
- Tu rigoles ou quoi ? C'est toi la plus grande ! C'est pour ça que je suis venue te voir. Qu'est-ce que toi tu vas faire ?
- T'es pénible !
- En tout cas, moi je n'vais rien faire du tout. J'n'ai même pas onze ans je te signale, hey !
- C'est bon minus ! On se calme ! T'as été assez grand pour écouter derrière les portes, alors tu vas être assez grand pour m'aider ok ?
- J'ai peur Sisi !
- Mais de quoi exactement ?
- Je ne veux pas être séparé de toi. Si les parents divorcent Maman m'embarquera avec elle de force. Et toi tu auras bientôt dix-huit ans... Tu pourras choisir ! Dylane elle, c'est sûre qu'elle la suivra. Et Dylane, elle m'aime pas ! Dit-il aux bords des larmes.
- Dis pas ça !
- Pourtant c'est la vérité !
- Fais pas cette tête Macéo ! Personne ne va divorcer. Il faut juste qu'on essaye de les rabibocher.
- Justement Sisi, un de leur sujet de dispute favoris en ce moment, c'est toi et ton pétage de plomb !
- Mais n'importe quoi !
- Comment tu peux le savoir ? T'es jamais là quand ils se disputent. Tu ne t'occupes que de toi et de ta musique. Si au moins tu retournais au lycée...
- Ah non Minus ! Tu ne vas pas t'y mettre aussi hein ? Parce qu'il en est hors de question !
- Fais ça pour moi stp !
- Ils ne vont pas se séparer parce que j'ai arrêté d'aller au lycée. Il y a forcément autre chose ? Réfléchis gros bêta !
Je pensais avoir mon idée sur le sujet. Une idée du genre de Vanessa...
- C'est toi qui es bête ! Et égoïste avec ça !
- Bon allez du balai Minus... Je m'occupe de cette histoire. T'inquiètes pas, tout va bien se passer !
- Ouais mais...
- Ouais mais rien du tout... Allez Oust ! Je dois travailler mon morceau maintenant.
- Mais Sisi je n'ai pas fini !
- Grrr ! Mais quoi encore ?
- Léo m'a proposé de faire du kart avec vous samedi, ça tient toujours ?
- Je ne sais pas ! Au pire vous irez tous les deux sans moi !
- En tout cas, il est trop cool ton petit ami...
- Merci. Contente qu'il te plaise, ai-je dit irrité. Maintenant tu t'en vas stp !
Ce que Maceo venait de me dire, ne m'étonnais qu'à moitié. J'étais déjà persuadée que Papa fricotait avec son assistante dentaire... Ce qui m'étonnait plus en revanche, c'était le fait que Maman pleure.
Je ne l'avais jamais vu pleurer.
Même pas au décès de grand-père ! Elle était pourtant très affectée, ça se voyait, mais elle n'avait versé aucune larme. Maman était plutôt du genre discrète. Elle était dure et sûre d'elle en apparence mais peut-être qu'au fond, elle planquait une forte sensibilité.
Ça me fendait le cœur de savoir qu'elle avait pleuré à plusieurs reprises. Mon petit frère aussi me faisait trop peine, je voulais me montrer rassurante, car du haut de ses "presque" onze, il ne méritait pas de vivre tout cela.
Maceo était le petit frère le plus pénible du monde mais tous les deux nous nous entendions très bien. Nous étions complices et notre relation était tout autre que celle que j'avais avec Dylane. C'était mon minus à moi !
Toute cette affaire de divorce me remuait mais je ne voulais pas me laisser abattre pour autant. Car pour l'heure, j'avais un nouveau défi musical à relever : Intégrer le chœur Gospel Professionnel créer et dirigé par Stan. Je répétais comme une acharnée pour pouvoir l'impressionner. C'était ma toute nouvelle priorité.
*
Le jour des auditions arriva vite. Tanesha et Nisrine refusèrent de m'y accompagner, mes amies insistèrent plutôt pour que je reprenne le chemin du lycée pour passer mon Bac. Elles ne comprenaient pas ma décision et moi je ne comprenais pas pourquoi tout le monde insistait pour que je fasse autre chose que ce que j'avais décidé.
De toute façon, il restait à peine un mois avant le début des épreuves et je n'avais plus ouvert le moindre cahier depuis des semaines. Il était clair pour moi, que le bac c'était fini. Maman aussi ne me parlait plus, elle était trop déçue.
Quant à Papa, comme à son habitude, il n'avait rien trouvé à dire d'autre que : "Je te laisse le choix. Mais sache que les choix que tu fais aujourd'hui, impacteront inévitablement ta vie de femme dans le futur. Ré-flé-chis Elsie ! Tu pourrais le regretter...".
Comme si son discours mou et désintéressé pouvait me motiver à changer d'avis. Pff !
S'il avait vraiment voulu que je passe mon bac, Papa aurait insisté, comme tous les pères dignes de ce nom. Et de force ou de gré, je serais retournée au lycée. Mais la vérité c'est que, Papa s'en fichait pas mal de mon avenir. Tout ce qui l'importait, c'était gagner du fric avec les soins dentaires qu'ils effectuaient et fricoter en cachette avec son joyau des îles !
Le bac de sa fille, c'était le cadet de ses soucis !
Je me présentais donc à l'audition, en pensant que c'était une énorme opportunité de mettre un pied dans le monde professionnel. J'étais persuadée qu'après avoir été coachée par Stan, Je devais forcément intégrer ce groupe, les doigts dans le nez. Malheureusement pour moi, rien ne se déroulera comme je l'avais imaginé.
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