~ 4 ~
"Il est difficile d'entendre la vérité, lorsque les mensonges sont exactement ce que l'on voulait entendre "
Inconnu.
*
Nous sortions ensemble depuis quatre mois déjà et Léo ne cessait de me surprendre par ses petites attentions et sa gentillesse. Il était toujours de bon conseil et m'encourageait à poursuivre mes études. Il disait que si je voulais faire de la musique mon métier, il fallait que je m'assure d'avoir le bac, pour réussir à faire des études supérieures dans le domaine qui me plairait. C'est ce que lui avait fait et visiblement ça lui réussissait.
Du coup, je bossais mes cours beaucoup plus qu'avant, en même temps, si je voulais que Maman me laisse sortir, il fallait que mes résultats scolaires suivent. Alors j'y mettais un peu du mien, mes notes s'amélioraient et Maman était beaucoup moins sur mon dos.
Si j'avais su que ça modifierait notre relation en bien, je m'y serais prise avant !
Mon seul problème était Dylane. Ma sœur avait aussi perçu le changement en moi et ne cessait de me rabâcher les oreilles avec son histoire d'intuition.
- Je ne sais pas à quoi tu joues petite sœur, mais tôt ou tard, je découvrirai ton secret. Tu n'as pas pu changer autant, du jour au lendemain ?
- Et pourquoi pas ?
- Je te connais trop bien. J'ai de l'intuition tu sais ? Tu as une nouvelle motivation. Je trouverai ton secret et il sera dévoilé !
- Tu me casses les pieds Dylane. Sois pas jalouse comme ça !
- Mais tu rêves ! Il n'y aucune raison pour que je sois jalouse de toi. C'est plutôt toi qui devrais l'être de moi. Regarde-moi, dit-elle en faisant un tour sur elle-même.
- Dylane, il n'y a pas que la beauté physique dans la vie. Oui, tu es belle, mais tu es bête comme tes pieds...
- Je suis en troisième année à la fac dentaire. Je ne crois pas être bête !
- C'est bien ce que je dis. Tu as l'intelligence dans les études et tu es bête à pleurer dans la vie !
- Encore une fumeuse théorie d'une gamine de seize ans.
- Dix-sept !
- Oh ça va ! Tu les as depuis hier ! Dit-elle ironiquement.
- En fait ce qui t'énerve, c'est que Maman me fasse confiance, n'est-ce pas Dylane ? Mais ne t'inquiète pas, elle ne t'aime pas moins pour autant. Grandis un peu !
- Pff ! C'est à toi de grandir, tu as à peine dix-sept ans et tu te prends pour... Bon laisse tomber, de toutes façons tu ne peux pas comprendre... T'es qu'une gamine. En tout cas, je t'ai à l'œil petite morveuse.
- Tu sais ce qu'elle te dit la morveuse ? criais-je crié avant de m'enfermer dans ma chambre.
La pauvre Dylane, avait du mal à se remettre du fait que Maman m'ait très largement félicité quelques heures plus tôt. Elle était jalouse, comme toujours et je devais faire gaffe à ce qu'elle ne farfouille pas dans mes petites affaires. Parce que si Dylane apprenait l'existence de Léo, c'était la fin du monde pour moi !
D'ailleurs, il fallait aussi que je me penche sur son cas. Ma sœur aînée devait avoir de beaux secrets aussi. Et je savais sur qui compter pour pouvoir m'aider et puisque cette peste me cherchait, elle allait me trouver !
*
Avec Nisrine et Tanesha, nous avions décidé de faire un peu de shopping, le samedi après-midi, c'était notre sport favori. Nous arpentions les rues du centre-ville en faisant une halte dans toutes nos boutiques préférées.
- Si seulement ma mère pouvait me donner plus d'argent de poche ?
- Tanesha, tu as deux fois plus d'argent de poche que n'importe qui sur cette terre, tu n'as pas le droit de te plaindre, déclara Nisrine.
- Ça c'est bien vrai Tanny ! Moi, je suis obligée de soudoyer mon père. Ma mère pense que je n'ai pas besoin d'argent de poche, alors elle me donne quelques sous par-ci, par-là... Je suis blasée ! Dis-je agacée par la situation.
- Bon, alors tu la prends ou pas cette robe ? On ne va pas y rester deux mille ans Tanny ! Décide-toi, râla Nisrine.
- J'prends pas !
- Tout ça pour ça Tanesha ?
- Finalement, j'préfère celle qu'on a vu la dernière fois.
- Bon alors retournons-y ! Mais après pause goûter ok ?
- Yes ! Avions-nous dit en chœur.
- On se pose au Mc Do ?
- Nisrine t'aime trop le Mc Do ! Fis-je en marquant mon dégoût par une grimace.
- On va à Waffle Story alors ? Proposa Tanesha, les yeux plein de gourmandise.
- Je préfère clairement le Nutella au hamburger.
- On sait Elsie ! Clama Tanesha.
Installés confortablement dans un petit coin chez Waffle Story, nous avions commandé des gaufres au Nutella. Nous discutions de tout et de rien, lorsque Nils nous rejoint.
- Toi ici ? Dis-je en menaçant du regard Tanesha !
- Bonjour Elsie !
- C'est ça Bonjour !
- Nisrine...
- Nils...
- Je vois que je ne suis toujours pas le bienvenu.
- Les filles soyez cool quoi ?
- On avait dit entre fille Tanesha ! Pas entre filles et ton mec. Pourquoi tu l'as fait venir ici ? T'abuses sérieux !
- Oh mais il ne dérange pas ! Ça va !
- Je m'en fiche qu'il ne dérange pas. Je ne veux pas tenir la chandelle ok ? S'énerva Nisrine.
- De toute façon, tu es condamnée à tenir la chandelle, répondit Nils. T'es une super jolie Nisrine mais il est évident que ton père t'a déjà choisi un mari, que tu rejoindras dès que tu auras di- huit ans, c'est comme ça chez les beurettes ! Donc en attendant ton tour, en tenant la chandelle à tes amies.
- Connard !
- Ben quoi ? C'est comme ça qu'ils font avec les filles dans son pays ?
- Tanesha ! Dis à ton impoli de primate blond de la fermer une bonne fois pour toute. Sans quoi il va savoir de quel bois je me chauffe !
- Oh c'était une boutade ! Calme-toi Miss ! T'as aucun humour répliqua Nils.
- Je ne trouve pas ça drôle Nils ! Tu n'es qu'un imbécile, doublé d'un ignare. Je suis aussi française que toi et mon pays est le même que le tien ! Pauvre nul ! Bon je m'arrache avant que je ne lui fasse du mal. Je n'ai rien à faire avec ce type !
- Nisrine ! Nisrine !
J'essayais de la rattraper sans jamais y arriver. De toute façon, lorsque Nisrine se mettait en colère, il n'y avait rien à faire. Je ne comprenais pas pourquoi Tanesha n'était pas intervenue. Elle aurait dû dire à Nils de se calmer ou même, lui demander de s'en aller, son commentaire était complètement déplacé !
- Je vais essayer de lui parler, elle va certainement rentrer chez elle. Je vais vous laisser...
Hors de question que je tienne la chandelle ! Je me casse aussi...
- Mais tu peux rester... Stp ? Fit Tanesha la moue boudeuse.
- Non Tanny. Je préfère vous laisser. On s'appelle ?
- Bon ok...
J'abandonnais les amoureux et puisque j'avais désormais, tout l'après-midi devant moi, je décidais de passer voir Léo. Il travaillait à Old School, un magasin de musique tenu par son frère et sa belle-sœur. Ils y vendaient des instruments de musique mais aussi des disques vinyles et des CD d'occasion.
J'aimais beaucoup cet endroit.Une fois sur place, je me mis à sa recherche, mais pas de Léo en vue. Je demandais à l'un de ses collègues s'il était là, ce dernier me répondit gentiment qu'il était certainement en pause. J'interrogeais un second collègue et sa réponse m'avait foutu le bourdon :
- Mais il est incroyable ce Léopold ! Tu es la quatrième nénette de la journée, qui cherche à lui parler. Qu'est-ce qu'il vous a fait ce beau gosse ? Dit-il avec un sourire taquin.
- Mais il est là ou pas ?
- Il est en pause... Ah ben tient le voilà !
Je me retournai et vis Léo bras-dessus, bras-dessous avec une jeune fille, qu'il s'était empressé d'embrasser goulûment avant de la laisser repartir. Mes yeux s'embuèrent de larmes et mon cœur se chargea instantanément de chagrin. Quatre mois que nous filions le parfait amour et quatre mois que je faisais tout mon possible pour pouvoir être disponible pour lui. Quatre mois, où je me disais que j'avais de la chance d'être aimé par un mec comme lui. Et lui, pendant ce temps, il flirtait et papillonnait.
Je fermais les yeux un instant, pour retenir mes larmes et organiser les idées dans ma tête. Je ne voulais, ni pleurer, ni m'énerver. Il n'en valait pas la peine. Pourtant, j'avais eu toute la difficulté du monde à ravaler peine.
- Hey ! Elsie ! T'es passée fit-il innocemment.
- Oui et je m'en vais. Merci pour le spectacle, ai-je répondu calmement.
- Quel spectacle ? De quoi parles-tu ?
- Léo, ça va... Ce n'est ni le lieu, ni l'endroit ! Bon j'y vais...
- Je passe ce soir. Faut qu'on parle !
- Te donne pas cette peine. Au revoir !
J'étais étrangement calme, c'était comme si mon cerveau n'avait pas intégré les informations que mes yeux lui avaient transmis. Je ressentais comme des picotements dans ma poitrine et mes jambes tremblaient. J'éprouvais une grande colère et une grande tristesse aussi.
Et dire, que je m'étais encore faite avoir. J'avais un abonnement à vie ou quoi ?
Cette fois-ci, c'était la dernière fois que je permettais à un garçon d'entrer dans ma vie aussi facilement. Léo était la goutte qui faisait déborder le vase. Ceci dit, j'avais du mal à le haïr ou le rendre responsable de tout ça. Je me disais juste que si j'avais été lucide, j'aurai pu savoir. Un jeune homme si beau et si parfait, ça ne pouvait pas être réel. J'étais à fond dans mes sentiments et j'avais oublié d'être raisonnable. Je me promettais alors, de ne plus jamais tomber dans le panneau !
*
{Chez Tanesha..}
- C'est encore lui ?
- Il n'arrête pas Tanny ! C'est du harcèlement. Je refuse de lui parler après ce qu'il m'a fait. D'abord Morgan, maintenant Léo ? Crois-tu que je sois condamnée à être la cocue du coin ?
- Tu y vas un peu fort Elsie ! Non ?
- Mais à chaque fois que j'aime bien quelqu'un, il ne me le rend pas bien. Et lui, je l'aimais vraiment. À croire que tous les hommes sont des salauds. Même mon père en est un...
- Elsie ! Mais ça s'dit pas. Hey ! Un peu de respect pour la figure paternelle !
- Tu parles !
- Oh toi, tu ne me dis pas tout... Il y a autre chose que Léo qui te tracasse, je te connais !
- Je pense qu'il trompe Maman avec Vanessa.
- L'assistante du cabinet ? N'importe quoi !
- Je te dis que si. Et puis une jolie métisse des îles, agréable et serviable, contre une Corinne Le Kervellen bretonne, obsessionnelle et névrosée, ça ne fait pas le poids !
- T'en sûre ?
- Pas à cent pour cent... Il n'y a qu'à voir comment ils se parlent. Il y a quelque chose je te dis.
- Tu en as parlé avec ton père ?
- Ça ne va pas la tête !
- Tu comptes le dire à ta mère ?
- Ça ne va pas la tête ? Jamais de la vie !
- Ben alors qu'est-ce que tu vas faire ?
- Rien. Je refuse de me mêler de ça. Je pense que Maman se doute de quelque chose aussi mais elle doit vouloir sauver les apparences.
- Tu penses ?
- J'en mettrais ma main à couper.
- Vous êtes une drôle de famille Elsie ! Tu le sais ?
- Je sais...
Mon mobile sonna à nouveau.
- C'est encore Léo ! J'ai quinze messages sur mon répondeur et je ne compte plus les sms... Je ne sais pas combien de temps il va continuerà faire ça , mais il peut toujours attendre pour que je lui réponde. Il a assez joué avec moi. Je ne suis pas sa poupée !
- Ouh ! Miss Le Kervellen est en colère !
- Tu n'as pas idée !
- Pauvre Léo, "Tel est pris, qui croyais prendre" !
- Exactement !
*
Dix-sept heures quinze. Ces deux heures de Basket-Ball m'avaient carrément épuisé. Je détestais les cours d'EPS ! Je trouvais que fournir des efforts pour attraper un ballon était inutile et sans intérêt. Je n'avais qu'une hâte, prendre ma douche et me poser dans ma chambre avec un bon goûter et de la musique dans les oreilles. J'avais à peine glissé la clé dans le verrou que Maceo entrouvrit la porte. Il sauta en gesticulait dans tous les sens.
- Y'a quelqu'un pour toi Elsie ! Je ne savais pas que t'avais un copain ?
- N'importe quoi ! Dégage le nain !
- Moi, je te dis que ton copain est là. Dans le salon. Avec Maman !
- T'es sérieux ?
- Elsie, c'est toi qui entres ? Demanda maman
- Oui Maman !
- Tu peux venir une minute ?
- J'arrive ! Deux secondes !
Il me semblait avoir reconnu la voix de Léo. Ça m'inquiétait... Je décidais de d'abord me débarbouiller et d'attacher mes cheveux tout humides de transpiration. Trois pshit ! De déo plus tard, je me présentais dans le salon. Effectivement, Léo était là. Confortablement assis dans l'un de nos fauteuils. Maman n'avait pas l'air tendue, bien au contraire. Je me demandais bien quelle surprise cette espèce de fou me réservait.
- Assieds-toi ma chérie.
Je m'assis bien au fond du canapé à l'extrême opposé de Léo.
- Pourquoi ne m'as-tu rien dit ?
- À quel sujet ?
- Elsie je t'en prie... Au sujet de ce jeune homme pardi ! Il est tout à fait charmant.
Dylane qui était là aussi, mourrait sur place en entendant une chose pareille. Venant de Maman, il est vrai que c'était surprenant.
- Je suis contente de savoir que tu t'entoures convenablement poursuivit-elle et je suis contente de savoir que tu prends enfin tes études au sérieux.
-...
- Elsie tu ne dis rien ? Relança Maman.
- Non, Maman. Je n'ai rien de spécial à dire.
- Bon... Nous allons vous laisser discuter seul à seul, dit-elle en se levant. Et sachez Léopold que vous êtes le bienvenu. À bientôt !
- Merci. À bientôt Madame, dit Léopold en serrant la main de mère.
- Dylane tu viens ?
- Euh... Tu les laisse là ? Tous les deux ? Maman tu n'y penses pas quand même ?
- Viens je te dis, ils ont besoin de se parler.
Je n'y comprenais rien. Je ne savais même pas ce que cet idiot avait pu dire pour adoucir mon excessive mère. Une chose était certaine... Je n'avais plus rien à lui dire ! Qu'il vienne jusque chez moi ou jusqu'à Djakarta c'était la même chose. Je ne voulais plus rien savoir de lui.
***
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