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" Personne ne peut revenir en arrière et créer un nouveau départ, mais tout le monde peut commencer aujourd'hui et créer une nouvelle fin. "

Inconnu

*

Les bâtiments et monuments de Lahore sont somptueux. C'est une ville ancienne qui a su se moderniser. J'apprécie la visite, même si je trouve l'air étouffant. Je n'ai qu'une hâte retourner dans la voiture pour enfin être assise au frais.

La clim' c'est la vie !

Nous sommes arrivés, il y a un peu moins d'une semaine pour participer aux célébrations liés à l'union de Nilani et Ijaz. Tout a été parfait. Il y a eu plusieurs jours de célébrations comme le veut la tradition.

La première journée, tous les invités étaient vêtus de jaune. Nous n'avons pas vraiment vu les futurs mariés, qui étaient cachés dans des lieux différents. Les danses étaient fantastiques et les chants étaient fantastiques. J'ai beaucoup aimé ce qu'il s'y passé.

Le second jour, les chants traditionnels ont continué, et c'est là que la famille d'Ijaz a offert la robe de mariée à Nilani. Cette fois-ci, j'avais eu le droit d'approcher mon amie. Pour participer à la cérémonie du henné. Joé en revanche avait dû rester en compagnie dès frères et cousins de Nilani.

Le troisième jour, fut enfin le jour des noces. Dans une salle gigantesque et magnifiquement décorée, nous avons enfin pu accueillir les mariés. D'abord Ijaz et ensuite Nilani, les voir ensemble m'a ému aux larmes. J'ai surtout admiré la beauté incroyable de Nilani, dans son sari rouge traditionnel. Son mari n'avait Dieu que pour elle. Parée de bijoux en or de la tête aux pieds, on aurait une princesse des milles une nuits. Elle était absolument radieuse. Nilani a eu le mariage d'amour dont elle rêvait.

Digne d'un conte de fée !

Ce fut un moment magique. Je vois surtout que Nilani est heureuse et épanouïe. Elle ne s'est pas trompée. Elle en a de la chance !

*

Nous profitons des quelques jours qui nous restent pour visiter le penjab. L'atmosphère au Pakistan est particulière. Je trouve qu'il y a un climat d'insécurité assez surprenant dans les grandes villes. Beaucoup d'hommes armés, souvent des militaires qui surveillent les choses d'un œil pas toujours affûté. Ce que je comprends parfaitement vu la la chaleur qui m'accable.

Ceci dit, les gens sont tout de même accueillants. Je dois dire que je me plais bien ici, mais je n'y vivrais pas. C'est un autre monde ! Et je comprends parfaitement Ijaz et Nilani qui préfèrent vivre à Londres qu'à Lahore comme cela leur a été recommandé par leurs familles respectives.

Trop de pression !

Les familles de Ijaz et Nilani sont fortunées. Ils ne manqueraient de rien ici. D'ailleurs, le confort qui nous a été offert est sans nom. J'admire mon amie, car malgré ses précieuses origines, elle est restée humble. Rien à voir avec Vimal, son idiote de soeur qui se prend pour la reine du Pakistan.

Elle a été insupportable toute la semaine. Je crois bien qu'elle a été le seul point négatif de ce voyage. Nous n'avions pas oser en parler avec Joé mais réellement son attitude laissait à désirer. Ijaz ne la supporte pas non plus. Il a une idée sur les origines du comportement inadapté de sa belle-soeur :

- Elle a épousé un homme qu'on lui a imposé et elle n'arrive toujours pas à lui donner un héritier.

- Oh ça va elle est encore jeune, ça va arriver dis-je avec légèreté.

- Encore jeune ? Mais elle va avoir trente cinq ans. Cela va bientôt faire dix ans qu'ils essaient.

- Pauvre Vimal, dit Nilani, avec un air inquiet.

- Jespère que tu ne prendras pas la tête à ma Nilani avec ces histoires de fécondité Ijaz. Sinon tu vas entendre parler de moi !

- Non Elsie. Moi je comprends parfaitement les choses. Mais nos familles qui sont obnibulés par la tradition risque de nous embêter.

- Désespérant dis-je en levant les yeux au ciel !

- Pauvre Vimal ! Répète Nilani. Je lui souhaite un beau bébé.

- On le lui souhaite aussi, meme si elle a été pénible dit Joé.

- Je pense qu'elle a stressé de savoir que je risque d'être mère avant elle. Je suis sa petite soeur. Voilà tout !

- Pauvre Vimal ! Dit ironiquement Ijaz.

- Tu n'as pas l'air de l'apprécier. Dis-moi ?

- Au départ, c'est elle que mes parents souhaitaient que j'épouse. Je l'ai longtemps observé et j'ai refusé. Elle a un caractère impossible, je n'aurai pas pu la supporter.

- Ah oui quand même !

- Et puis voyant que je n'étais pas intéressé, on m'a proposé Nilani. Plus douce et plus cultivée selon la Famille. Rien qu'en voyant ses photos, j'ai craqué. La suite, vous la connaissez.

- Oh laissez ma soeur tranquille ! C'est vrai qu'elle est infernale mais Vimal n'est pas la mégère dont vous parlez. Il faut la comprendre. Ce n'est pas simple pour elle.

- Mes sœurs m'ont raconté qu'elle a été infernale. Une vraie furie. Reprend Ijaz ! Et tes amis sont biens gentils de l'avoir supporter mon amour.

- Heureusement que ta cousine kandeel était là pour tempérer ! Et ne t'inquiète pas Nilani, nous nous sommes bien amusés, c'est tout ce qui compte.

- Merci de dire quelque chose de positive ma Sissi. À croire que pour Joé et Ijaz tout a été négatif.

- Ah non ! Lorsqu'elle a fini de nous chaperonner effectivement, nous nous sommes bien amusés !

- Joé ! Tu n'as aucun tact ! Vraiment ! Dis-je en le tapant avec mon foulard en soie.

- En tout cas, ce mariage était somptueux. J'ai adoré. Si un jour j'ai la chance de trouver l'âme soeur, je veux que ce soit aussi beau et festif.

- Euh Elsie, je te rappelle que tu es bretonne. À part les crêpes et le cidre, il n'y a rien d'exceptionnel et coloré à Douarnenez, me rappelle Joé !

- Tu as la langue bien affûtée mon cher, tu ferais mieux de te calmer ou je vais m'en charger, dis-je d'un ton faussement menaçant.

Nous poursuivons notre visite dans Lahore, avant de rentrer épuisé au "palais" de la Famille Kanithasimgam. Joé et moi sommes installés chez les parents de Nilani. Les jeunes mariés doivent désormais résider chez les parents d'Ijaz. C'est la tradition et c'est bien dommage ! J'aurais tellement aimé discuter une dernière nuit avec Nilani.

Demain, nous rentrerons à Paris le coeur chargé de souvenirs colorés. Tout, pendant notre séjour a été parfait. La seule chose qui m'angoisse c'est de me retrouver seule chez moi. Sans ma complice. Sans mon amie-soeur. Nilani part en voyage de noce dès la semaine prochaine. Je ne la reverrais pas d'ici un bon mois.

Lorsque je pense aux années passées à ses côtés, je me dis que j'ai eu de la chance de vivre avec elle. Je n'aurais pas pu trouver meilleure partenaire. Il en a de la chance cet Ijaz, il a une femme en or, elle est aussi belle à l'intérieur qu'à l'extérieur. Un petit trésor ! Je quitte le Pakistan le coeur lourd, parce que j'y laisse une petite partie de moi avec Nilani.

Paris ne sera plus jamais pareil sans elle !

*

- Maceo mais t'es malade ! Tu ne vas pas faire ça ?

- Si je veux absolument me faire tatouer cette tête de mort, avec un "M" calligraphié.

- Une tête de mort ?

- Mais oui ! Je suis un pirate moi ! Un survivor !

- C'est hideux ! Je te conseille de laisser tomber.

- Mais t'y connais rien Sissi! Rien du tout !

- Fais comme tu veux mais fais ça à un endroit bien discret. Je suis certaine que tu vas le regretter !

- T'occupes.

- Je t'aurais mis en garde...

- Mwouai ! Et sinon ta vie amoureuse, c'est comment ?

- Je n'ai pas de vie amoureuse. Tu le sais très bien Maceo.

- Pour une fois !

- Oh mais qu'es-ce que t'es énervant ! D'ailleurs, je n'ai toujours pas vu ta petite amie imaginaire dont tu me parles tant.

- Dommage pour toi, parce que moi, je suis certain qu'elle existe.

- Mon oeil ! Si elle était vivante ailleurs que dans tes rêves, tu nous l'aurais présenter.

- Et bien, je pense qu'il est temps que tu l'as rencontre petite soeur.

- Pas vrai ?

- Ben wouai ! Qu'est-ce que tu penses d'un dîner un de ces soirs ?

- Mais ce serait génial !

- Elsie tu vas pas pleurer dis ?

- Oh Maceo je suis contente pour toi ! À un moment je me suis demandée si tu n'étais pas de l'autre bord !

- T'es ouf ou quoi ? Jamais de la vie. J'aime trop les filles. C'est juste que celle-ci, je crois que c'est la bonne.

- Elle est comment ?

- Tut! Tut! Tut! T'es trop curieuse. Tu verras bien. Je vois quand elle est dispo et je te dis ça !

- Ok, au fait tant que t'es debout, ramène-moi Un thé chaud s'il-te-plait Maceo.

- Mais t'as cru que j'étais ta boniche ou quoi ? Va te faire ton thé toute seule.

- Je t'en supplie j'ai mal au dos. Et puis j'espère que ce n'est pas comme ça que tu traites ta dulcinée ?

- Jamais. Je l'aime trop pour ça.

- Merci pour moi !

Maceo éclate de rire, il s'en va dans la cuisine et revient quelques minutes plus tard avec un mug rempli de thé chaud. Nous nous installons devant la télévision et critiquons tout ce qui passe à l'écran. Surtout les gens ! C'est notre sport favoris.

Je crois que Maceo ressent ma solitude et qu'en petit frère attentionné, il veille sur moi sans en avoir l'air. Je dois être dans un bien sale état pour qu'il décide de passer le week-end avec moi. Il a dû recevoir quelques recommandations de Nilani, c'est presque certain !

*

Je suis arrivée devant le Baobab, le restaurant où nous avons rendez-vous avec Maceo et sa petite-amie. Comme je l'ai envisagé mon frère est en retard. Je décide donc d'entrer pour l'attendre à la table qu'il a réservé.

On est en semaine et il n'y a pas grand monde dans l'établissement. Ceci-dit, je note que Maceo a du goût. L'endroit est magnifique avec ses tables en Bois sombre, ses lumières tamisées et sa déco ethnique parfaitement ajustée.

Je commande un cocktail et sirote patiemment, tout en tapotant sur mon smartphone. Une vingtaine de minutes après moi, Maceo et son amie franchissent à leur tour le seuil du restaurant.
Je suis époustouflée par la beauté de la miss. C'est une bombe, impossible de la qualifier autrement. Son teint noir ébène est parfait !

Ses yeux de biches se plissent lorsqu'elle me salue. Cette fille est une gravure de mode ! Il faudrait presque la pincer pour être certain qu'elle existe.

- Je suis heureuse de te rencontrer. Maceo m'a énormément parlé de toi !

- Je suis ravie de te rencontrer également. Et encore plus ravie de voir que tu n'es pas qu'un mythe !

- Elsie commence pas, râle mon frère.

La petite amie sourit. Elle me plaît déjà.

- Ben quoi c'est vrai! Tu ne nous as jamais présenté personne. Je suis enchantée de rencontrer Maïsha.

- Bon ! Ok ! On commande ou quoi ?

- Je viens de finir mon cocktail mais je vais en reprendre un. Il faut bien que nous trinquions à votre santé !

- Tu prendras quoi Upendo Wangu ? Coca Light comme d'habitude ?

- Oui, Merci.

- Upe quoi ? Je croyais que tu t'appelais Maïsha ?

- Cela signifie, "Mon amour" dans ma langue. Je lui apprend quelques bribes de swahili, en fait.

- Oh comme c'est chou ! Au moins tu auras suscité chez lui un intérêt pour les langues. Avant toi, cela n'a jamais été possible. Bravo !

- Elsie !

Pendant le dîner j'apprends à connaître Maïsha. Elle parle avec beaucoup de douceur et d'intelligence. Maïsha a un léger accent belge, elle m'explique qu'elle est née au Rwanda mais qu'elle a été adopté par un couple de belge lorsque elle a eu sept ans. D'où son accent.

Nous échangeons et rions beaucoup tous les trois. Et force est de constater que cette fille tout droit sortie d'un magazine de mode rend mon frère heureux. Je suis ravie pour lui.

Maintenant si ça pouvait m'arriver aussi, ce ne serait pas de refus !

*

La soirée avec mon frère et sa copine a été chouette. Maceo me téléphone à la première heure, pour savoir ce que j'ai pensé de Maïsha. Évidemment, tout est positif. Cette fille est charmante, gentille comme un coeur et très belle avec ça.

Mon frère me raconte que sa dulcinée a survécu au génocide Rwandais de 1994. Sa mère qui était Tutsi a perdu la vie, tuée par lune de ses voisines Hutu. Elle a été tuée sous les yeux de sa petite Maïsha seulement âgée de six ans.

Traumatisme.

Son père n'est jamais revenu à la maison, alors qu'il était parti travaillé. Maïsha pense que lui aussi a été tué.

C'est l'un de ses oncles, témoin du meurtre de sa mère et tout aussi impuissant face à la violence et la méchanceté des voisins qui l'a sauvé. Il a trouvé le courage de fuir, alors même qu'il avait lui-même été gravement blessé. Il a fait le nécessaire pour que sa nièce ne soit plus en danger.

Pendant des jours, ils se sont cachés sans boire, ni manger. Ils ne pouvaient pas bouger du trou de terre dans lequel ils avaient trouvé refuge car les actes de violence envers les Tutsis se faisaient de plus en plus nombreux.

Par chance, un groupe de bonnes sœurs missionnaires qui passaient par-là, ont entendu les pleurs et les râles de Maïsha provenant du trou de terre. Son Oncle lui avait ordonné de ne pas bouger, mais entre temps, victime de ses blessures profondes il est décédé.

Maïsha a été prise en charge par les nones catholiques. C'est comme ça qu'elle a eu la chance d'être adoptée par Michel et Fabiola Rheys, un couple de commerçants belges.

Quelle terrible histoire !

- Elle a été traumatisée par les horreurs de la guerre. C'est pourquoi, elle rêve de devenir médecin, pour repartir un jour au Rwanda et soigner les gens sur la terre de ces ancêtres.

- Quel courage !

- Oui c'est la fille la plus courageuse de la terre. Je l'aime à un point que tu imagines pas.

- Elle a besoin de douceur Maceo. Et de compréhension aussi. Tu sais vivre de telles choses n'a rien d'anodin.

- Je le sais Sissi. C'est aussi pour ça que je ne veux rien précipiter. Je te l'ai présenté, mais j'attends encore un peu avant d'en parler à Dylane et aux parents.

- Tu as raison. Profites d'abord de ta relation.

- Je l'aime tu sais ?

- Ça se voit !

Voir mon frère si amoureux me rend toute chose. J'espère que son histoire avec Maïsha ira Loin. Très Loin !

*

Depuis que j'ai vu Quentin s'afficher avec une des infirmières du bloc la semaine dernière, mon coeur est en ébullition. Visiblement, c'est une histoire sérieuse entre eux . Il l'a embrassé copieusement dans la courette qui sert de fumoir au personnel de l'hôpital. Je sais qu'il a exagéré, lorsqu'il m'a vu arriver.

Je les ai revu ensuite à la sortie de l'hôpital, se bécotant comme des collégiens. Le fait de le voir la prendre par la taille et de l'entendre lui dire des mots doux, provoque des remous insurmontable en moi. Je ne pensais pas qu'il m'oublierait si vite et pourtant... Ceci dit loin des yeux, loin du coeur... Il faudra s'y faire.

En attendant, mon ego en prend un sacré coup !

C'est juste dommage qu'il ait parlé d'un break et qu'il agisse ainsi. Ma foi, il faut que j'arrête de croire que je suis le centre du monde. Il n'y aura plus de Quentin et moi, mais ce n'est pas si grave, je le savais déjà. C'est juste que c'est difficile de tourner définitivement la page. Je gardais un petit espoir.

Ceci dit, j'ai une solution radicale. Je vais demander une mutation vers un autre hôpital. Comme cela, je ne verrais plus Graziella et je ne verrais plus Quentin non plus. C'est la meilleure chose à faire si je souhaite
respecter les promesses faites à moi-même.

Pour l'instant un café gourmand fera l'affaire. Rien de tel que la gourmandise pour ne plus se laisser abattre.

Je reste forte.



***

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