~ 13 ~

" Personne ne peut fuir son cœur, c'est pourquoi il vaut mieux écouter ce qu'il dit "
Paolo Coelho

*

Deux semaines déjà que nous avions commencé la compétition pour l'Awards de la meilleure chorale Européenne. Nous attendions tous ce voyage avec impatience, c'était surtout l'occasion de mesurer notre niveau en se confrontant à des grands chœurs internationaux.

J'étais tellement heureuse de participer à cette aventure !

J'aimais chanter devant un nouveau public chaque soir. C'était magique et exactement comme je me l'étais imaginé. En faisant ces voyages et tous ces concerts, je réalisais que voulais chanter toute ma vie, je voulais en faire mon métier car c'était ce pourquoi j'étais faite. Et puis, je m'entendais tellement bien avec l'équipe...

Il n'y avait qu'avec Stan que c'était difficile. Après notre dernière « altercation », j'étais persuadée qu'il allait me virer, j'étais terriblement mal à l'aise et je venais aux répétitions avec la trouille au ventre. J'avais aussi peur qu'Aline veuille me parler de ce qu'il s'était passé. En réalité, je n'avais aucune envie de m'expliquer, ni même d'évoquer cet épisode étrange.

Je n'avais même pas osé présenter ma famille à Stan lors du fameux concert de Noël. J'avais bien trop peur que ça ne passe pas ! La seule chose positive, était que Papa avait beaucoup aimé notre représentation. Il était ravi de me voir heureuse et épanouie sur scène.

Maman, elle, n'avait pas souhaité venir, elle trouvait que chanter était une perte de temps et certainement pas un métier. La véritable raison, est qu'elle ne voulait pas se retrouver dans la même pièce que Papa et Jemima. Elle persistait et signait dans sa volonté d'être de mauvaise foi et cela m'agaçait profondément.

À son âge tout de même !

Ce désir de vengeance n'était vraiment pas beau à voir, ça frisait même le ridicule. Je trouvais que Maman exagérait à en vouloir au monde entier. Elle n'avait qu'à s'en prendre à elle-même si son mariage n'avait pas fonctionné. Dylane non plus n'était pas venue mais rien d'étonnant et pour dire vrai, je m'en fichais éperdument. Elle continuait de vivre sa vie de bohème (ou plutôt sa vie d'égoïste ! ) loin de nos terribles tracas familiaux.

Ma sœur étant absente la majeure partie du temps, je devins l'aînée de ma famille par intérim. Je m'occupais de Maceo qui faisait péter les plombs de Maman. Je m'occupais également de Maman qui faisait péter les plombs de Papa, Et vis-versa ! Heureusement, il me restait la musique. Malgré tout ce qu'il se passait, Chorus restait la bouffée d'air frais dont j'avais besoin.

*

Dans l'avion qui nous emmenait vers Amsterdam, je relisais mes partitions car Julie l'une des solistes principales était tombée malade. La pauvre était complètement aphone et avait dû rentrer illico sur Paris. Stan et le staff m'avaient alors nommée soliste à sa place aux côtés de Saby. J'y voyais là un grand signe de confiance. J'étais fière mais stressée à l'idée de les décevoir, alors je passais tout mon temps libre à travailler mes chants.

- Dis-donc Elsie, jamais tu ne te reposes ? M'interrompit Zach.

- Encore cinq minutes, et j'ai fini !

- Tu es bien trop sérieuse ma jolie. J'espère que cet après-midi tu viendras te balader avec nous. Tu n'es pas sortie du tout à Berlin... Ni à Prague, ni à Lisbonne d'ailleurs. Cette fois-ci, je ne te laisse pas le choix !

- Mais tu ne comprends pas Zach ! Je n'ai pas le droit à l'erreur. On m'attend au tournant.

- C'est une belle opportunité, c'est vrai mais n'oublie pas de vivre. Tu vois, si Julie avait écouté nos conseils, elle ne serait pas aphone aujourd'hui. Elle a trop forcé...

- Je sais ! Je sais ! Ne me fais pas flipper s'il-te-plaît.

- Ok Miss ! Alors à tout à l'heure ?

Zach avait eu raison de me sortir de mes répétitions, cette promenade dans Amsterdam m'avait fait le plus grand bien. Après ça, j'étais en forme et détendue pour le concert du soir. D'ailleurs, nos chants avaient eu un énorme succès, le public hollandais fut totalement conquis et le jury aussi. Notre prestation nous envoya directement en finale. Nous étions tous heureux.

Instant rarissime, je surpris un sourire s'étendre sur les lèvres de Stan. Mon cœur se troubla en voyant son visage s'éclairer. J'aurais aimé lui sauter dans les bras et lui dire combien j'étais heureuse de participer à cette formidable aventure artistique avec lui. Mais au lieu de ça, j'intériorisais ma joie en me disant qu'un jour ou l'autre il faudrait que je fasse une croix sur Stan. De toute façon, lui et moi étions partis sur de mauvaises bases. Il était mon chef de chœur et rien d'autre. Il fallait que je l'intègre pour pouvoir avancer.

Comme le disait si bien maman : « Tous les rêves ne sont pas faits pour être réalisés».

Et celui de former un couple avec Stan, semblait être totalement irréalisable. Je commençais perdre espoir !

*

Après deux mois et demi à parcourir l'Europe, en long en large et en travers, nous étions enfin de retour à Montpellier. Le souvenir de ce concours resta gravé dans ma mémoire. En dépit du fait que nous avions perdu la finale, Londres ne me laissait aucun goût amer. Bien au contraire, j'étais gaie comme un pinson !

Lors de la finale, il se passa quelque chose de magique, Stan et moi avions beaucoup discuté. Le lendemain, après être descendu de l'avion, il déposa sur mes lèvres un baiser furtif qui me fit fondre de bonheur. Silencieux, Stan avait juste souri avant de lancer un : "À bientôt " général à toute l'équipe. Il s'était ensuite engouffré dans son taxi, accompagné de Roadger, le producteur et Aline.

Pendant des jours, je n'entendis pas parler de lui. N'empêche que je n'arrêtais pas de penser à lui, à ce baiser... à son odeur... J'aurais voulu être avec lui. Il me manquait. Je mourrais d'envie de briser le silence, mais Nisrine me l'avait fortement déconseillé.

- Laisse-le revenir vers toi. Stan est assez mature pour faire les choses avec élégance. Ne te montre Pas si impatiente.

- Oui! Je sais que tu as raison. Mais j'en meurs d'envie !

- Et bien retiens-toi. Prouve-lui que tu n'es plus la gamine impatiente d'autrefois. S'il t'a embrassé, c'est qu'il a une idée derrière la tête. Attends et observes.

- Oui Maman Nisrine ! Jusqu'ici tu as toujours été de bon conseil. Je vais t'écouter mais dans une semaine s'il n'a pas donné signe de vie, je l'appelle. Ok?

- Elsie... La patience tu connais ?

- Bon Ok ! Je vais attendre.

- Voilà qui est mieux.

Finalement, au bout de quelques jours, je reçu un sms de Stanislas. Il m'invita à prendre un verre, Je ne me souviens pas avoir été plus heureuse que ce jour-là.

Mon corps tout entier était en ébullition !

Je mis trois heures à me préparer avant de le rejoindre Yam's, bar en plein centre-ville de Montpellier. Rassurée d'être arrivée en premier, je m'installai finalement en terrasse. Stan arriva avec quinze minutes de retard...

La faute à un incident de dernière minute au studio. Écrasée par son charisme, je restai silencieuse alors que je m'étais imaginée lui lancer un flot de paroles douces venant tout droit de mon cœur amoureux. Au lieu de ça, je le fixais en souriant niaisement, en articulant quelques banalités pour tromper ma gêne.

- Alors ? Tu t'es bien reposée depuis la fin de la tournée?

- Oui. J'en avais besoin. Et toi ?

- Pas tellement. J'ai enchaîné directement avec le studio. J'avais des choses programmées depuis longtemps, donc il fallait assurer.

- Le travail d'abord, comme d'habitude. En tout cas, c'était une super tournée. J'ai adoré !

- Tu t'es très bien débrouillée. Mais je pense qu'il faut que tu te remettes sérieusement au piano. Pour les prochains concerts, je veux que tu joues. C'est divin quand tu t'accompagnes !

- Oh Merci, c'est un compliment qui me va droit au cœur !

- Mais je le pense... On devrait vraiment essayer.

- Wouai, ce serait génial ! Mais effectivement, il va falloir que je m'entraîne.

- Wouai ! Dit-il avec un sourire crispé.... Écoute, si je t'ai fait venir, c'est par rapport à...

- À l'épisode de l'aéroport ? C'est ça ?

- Ouais ! Je sais que c'était maladroit de ma part. Je n'aurais pas dû t'embrasser. Parfois... parfois je fais des choses étranges... Fallait qu'on en parle, tu vois... Je crois que je te dois au moins ça.

Non ce n'est pas possible, il n'est pas en train de me dire ça ?

- ...

- Ça fait un moment que toi et moi... C'est compliqué de dire ces choses-là. Finit-il par dire en avalant une gorgée de sa Chimay Bleue.

Dépêche-toi mec ! Je suis en train de dépérir !

- En fait, je te trouvais trop jeune pour moi. Trop petite bourgeoise pourrie gâtée aussi !

- Hey ! Ohhhh !

- Laisse-moi finir Elsie... Mais depuis deux ans, j'ai pu te voir évoluer. Chorus a été un excellent révélateur. Tu as un talent fou, et au-delà de ça, t'es une sacrée nana quand même !

- Ah quand même !

- Voilà, ça fait un peu plus de deux ans qu'on tourne autour du pot, et... Voilà, je ne te garantis pas l'amour éternel mais en même temps si on ne se lance pas... On ne saura jamais !

- Waou ! lâchais-je estomaquée.

- C'est tout ce que tu as à dire?

- Je... C'est... C'est une drôle de façon de dire les choses... Waou ! Stan !

- Je ne sais pas y faire !

- Je vois ça !

- Je t'ai connu beaucoup plus bavarde ! Alors tu en dis quoi ? Me dit-il en se rapprochant de moi.

- Mais pour Chorus ? On fait comment ?

- Oublie Chorus. C'est de nous dont il s'agit !

- Mais c'est que...

- Relax, dit-il en m'embrassant avec toute la tendresse du monde.

- Tu sais, je ne compte pas me cacher Elsie. J'ai l'habitude d'assumer ce que je fais.

- Et ben ça alors ?

- À moins que tu préfères qu'on reste discret. C'est possible aussi, tu sais ? On fera comme tu voudras.

- Euh... Mais c'est ok pour moi !

Après cette soirée, d'autres rendez-vous suivirent. Stan était un véritable gentleman avec moi et j'aimais la façon dont il me traitait. Et ce qui me rendait profondément fière et heureuse, c'est qu'il assumait parfaitement notre relation. Nous la vivions au grand jour, sans nous poser de questions.

Notre couple avait été bien accueilli par les membres de Chorus. Zach fut déçu, mais il m'assura que je pouvais toujours compter sur son amitié.

Une crème ce garçon, dommage qu'il n'ait pas été à mon goût !

Seule Aline avait vu d'un mauvais œil notre rapprochement.

- De toute façon, il fallait bien que ça arrive, vu comme vous vous tourniez autour depuis le début ?

- Aline ! Arrête ton char avait répondu Stan.

- Wouai... Et bien bonne chance à vous, c'est tout ce qu'on peut dire hein?

- Tu es désagréable là !

- Excuse-moi de m'assurer que votre relation n'interférera pas dans le bon fonctionnement du groupe.

- Aline ! Tu nous fais quoi là ? Répliqua de nouveau Stan!

- Elle est si jeune Stan ?

- Elle à presque vingt ans maintenant mais tu cherches quoi exactement ? Je ne comprends pas. Il n'y a que toi que ça dérange là !

- Laisse tomber Stan... Bonne chance. Bonne chance à vous deux !

- Merci ! Avait-il répliqué, dépité.

Ça ne m'étonnait pas vraiment d'elle. Cette dernière avait l'habitude d'être franche. Ce que je ressentais en revanche c'est qu'il y avait quelque chose de fort entre eux, mais Stan disait qu'elle était comme une sœur et je le croyais.

En tout cas, ce nouvel amour me donnait des ailes. Stan faisait de moi, la jeune femme la plus heureuse du monde. La seule chose qui m'empêchait de dormit à présent, était le divorce de mes parents et l'histoire de la garde de Maceo.

Plus ça allait, plus ils se détestaient !

Il n'y avait rien de pire que de voir mes parents se déchirer de cette façon. Ils étaient si discourtois et méchants l'un envers l'autre, qu'on pouvait douter du fait qu'ils se soient aimés un jour. C'était la guerre en permanence, et aucun des deux ne semblait vouloir enterrer la hache de guerre.

L'horreur !

*

Ce jour-là, je me levais courbaturée et fatiguée. J'avais eu du mal à bien dormir, car l'audience en conciliation pour la garde de Maceo devait avoir lieu le matin-même.

Conciliation. Un mot qui sonnait faux lorsqu'on l'associait à ma mère, Corinne Le Kervellen n'avait nullement l'intention d'être conciliante avec mon père. Son objectif suprême depuis deux ans, était de voir Papa couler.

J'étais stressée car Macéo devait être entendu; il avait quatorze ans passés, et le juge estimait qu'il pouvait s'exprimer seul au sujet de sa garde. Le pire était que Maman ne savait pas que son fils adoré ne voulait pas vivre avec elle... Je n'osais pas imaginer sa réaction lorsqu'elle elle l'apprendrait en direct au tribunal ! Jusque-là Maceo n'en avait parlé qu'à demi-mot, pour ne pas la vexer et notre chère mère ne comprenait pas, ou faisait mine de ne pas comprendre. Néanmoins, les choses allaient être dites de façons intelligibles et officielles.

- Elsie tu crois que je le dis comment ?

- Mais comme tu le sens ! Sois le plus franc possible Maceo.

- Elle va péter un câble !

- Et alors ? Tu veux aller vivre avec elle ? Ou tu préfères rester ici avec Papa ? C'est à toi de voir Maceo, je refuse de t'influencer.

- Je ne veux pas vivre en Bretagne mais je ne veux pas faire de peine à Maman. J'ai peur qu'elle ne comprenne pas... Et si elle ne voulait plus jamais me voir après ?

- Ne t'inquiètes pas ! Maman ne t'en voudras pas longtemps. Tu restes son fils chéri !

Maceo entra dans la salle d'audience, la boule au ventre. Le pauvre ! J'aurais voulu l'accompagner mais le juge avait refusé. L'attente fut longue mais pas inutile.

Maceo réussit à dire ce qu'il avait sur le cœur. Et même si Maman fut blessée par tout cela, elle accepta sans batailler que son fils reste avec Papa.

Elle sortit du tribunal en pleurs, sans un regard pour nous. Mon cœur s'était resserré. Je n'aimais pas savoir Maman aussi triste. Elle qui aimait maîtrise son monde, se retrouvait sans monde à maîtriser.

Elle avait toujours refusé le divorce avec force et elle le subissait maintenant bien malgré elle. Tout cela était d'une violence inouïe. Je crois surtout qu'elle aimait toujours Papa. Elle l'aimait encore, même si elle n'avait jamais trouvé le bon moyen de le lui prouver.

Quel gâchis !

Il fallut au moins trois semaines pour qu'elle daigne à nouveau, nous adresser la parole. Avec Dylane elle restait la même mais avec Maceo et moi, elle restait froide et distante.

En réalité, Maman acceptait difficilement que nous puissions vivre avec Papa et Jemima. Quoi qu'il en soit, nous voulions préserver nos liens (fragiles), avec Maman.

Malgré tout ce qu'elle pouvait être, elle restait notre mère. Nous l'aimions avec ses qualités et ses défauts.

*

Avec Stan, c'était le grand amour. Il était très attentionné. Ce qui était bien, c'était que nous passions énormément de temps ensemble avec les tournées de Chorus, nous n'avions donc pas besoin de contraindre nos emplois du temps pour nous voir.

Plus j'apprenais à le connaître, plus je l'aimais. Et plus je l'aimais, plus j'appréciais d'être dans ses bras. J'étais devenue accroc à son odeur, à sa voix, à la douceur de ses lèvres aussi. Et j'avais l'impression qu'il me le rendait bien.

J'aimais qu'il me couvre de baisers et de caresses. Au bout d'un an ensemble, nous n'avions toujours pas été intimes. J'avais peur, il le savait. Il était frustré, mais il patientait. Je l'admirais. À sa place, beaucoup d'hommes se seraient barrés en courant. Lui Pas.

Sur les bons conseils de Jemima, j'avais fini par le présenter à Papa qui le connaissait de nom mais qui avait refusé à. plusieurs reprises de le rencontrer. Peut-être parce que notre différence d'âge couplée à la couleur de sa peau était tabou pour mon paternel.

Papa accepta notre relation mais s'il n'en était pas fou de joie. D'ailleurs, il m'avait fortement recommandé de ne pas me précipiter et de ne surtout pas me jeter à corps perdu dans cette relation.

Heureusement, Papa ne savait pas que m'y étais jetée depuis longtemps !

- Tu es encore jeune Elsie et tu n'as pas assez de recul dans la vie pour admettre que peut-être Stanilas n'est pas le bon.

- Quoi ?

- Enfin, je ne dis pas que ce n'est pas le bon, n'est-ce pas ? Mais les hommes ont parfois des priorités...

- Papa je t'arrête tout de suite! Dis-je agacée. Je refuse de parler de ces choses-là avec toi.

- Elsie Écoute !

- Non Papa. Il faut que tu saches qu'avec Stan on se connaît depuis au moins trois ans. Je pense sans prétention faire partie de ses priorités. Il a toujours été respectueux et patient avec moi...

- Ah ma fille ! Tu verras que ton vieux père n'a pas toujours tort. Tu l'aimes certes mais la confiance n'exclut pas la prudence.

- Papa! Cesse d'être rabat-joie, tu veux ? Tu pourrais juste ne rien dire et te réjouir pour moi, si tu voulais !

- Évidemment que je me réjouis pour toi mon bouchon !

- Alors c'est quoi le problème ?

- Mais par exemple, toi tu ne connais pas sa famille... Ces gens-là ont parfois des traditions... disons... spéciales. Seras-tu acceptée par eux comme il se doit ?

- Papa nous sommes au vingt et unième siècle là ! Je sais que ma blondeur contraste avec sa noirceur mais tout de même ?

- Justement !

- Justement rien du tout ! Il est humain tu sais ?

- Oh Elsie, ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit !

- Et toi alors ? T'es pas en couple avec une métisse peut-être ?

- Oui mais une métisse des îles ! Cela n'a rien à voir avec l'Afrique. Et puis Jemima est presque blanche ! Et elle est française, elle.

Donc il y avait une hiérarchie de la noirceur ? Papa me décevait !

- Mais Stan aussi est français. Papa tu réagis comme un vieux Chnok raciste ! Tu me fais flipper sérieusement !

- Elsie ! Fais attention à ce que tu dis. Ne me parle plus jamais comme ça !

- Pardon mais je trouve que tu exagères. Et pour ta gouverne, sa mère vit entre l'Afrique et la région parisienne. Et son père vit en Allemagne. Tôt ou tard, je les rencontrerai. Nous avions besoin d'être certains de nos sentiments avant les présentations.

- Mwouai...

- Et puis je connais déjà sa tante, n'oublie pas que Tanesha est sa cousine !

- Mwouai ! Lança-t'il à nouveau.

- Quoi Mwouai ?

- Peut-être qu'un jour tu me comprendras ma Sisi ? En tout cas, quoi qu'il arrive tu pourras toujours compter sur ton Papa !

- Mon Dieu ce que tu m'énerves !

Le ton suspicieux de mon père me rendait ivre de colère. Sous prétexte qu'il était plus âgé, et qu'il était noir, Stan était forcément moins sérieux.

Non mais sommes-nous encore à l'âge de pierre ? N'importe quoi vraiment !

Et puis les indigènes de sa famille vont me faire cuire dans la marmite géante tant qu'on y est ?

En tout cas, à force de le fréquenter, je le connaissais vraiment. Je le savais incapable de me faire un coup de Trafalgar.

Stan faisait en sorte que je reprenne mes études, tout en continuant la musique. Il me rendait meilleurs jours après jours. Nous nous entendions à merveille et j'avais confiance en lui et étrangement je n'éprouvai aucune jalousie. Lui non plus d'ailleurs. Je ne voyais pas ce qui pouvait entraver notre relation.

La seule chose qu'il ne parvint pas à faire, était de me réconcilier avec Tanesha. Elle refusait de me compter à nouveau parmi ses amis. Je n'avais jamais vu le bébé qu'elle avait eu avec Nils. Je n'avais plus son numéro. Je ne savais plus grand chose de sa vie.

Tanesha, ou quand la jalousie vous rend médiocre !

Franchement, peu importait. Je n'allais certainement pas lui courir après tout ce temps. Je lui avais tendu la main à plusieurs reprises et elle n'en voulait pas. Il n'y avait pas de quoi en faire un scandale ! Heureusement, l'amitié de ma Nisrine me suffisait.

Le plus important pour moi, était de savoir que l'homme avec qui j'étais en couple m'aimais, et que je l'aimais en retour, rien d'autre n'avait plus d'importance !

Alors les caprices de Tanny étaient loin d'être ma préoccupation. Avec Stan, j'étais sur un petit nuage. Je relativisais et j'appréciais la vie et pour rien au monde, je ne voulais en redescendre de mon nuage !

***

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top