Fitz se tenait en haut de l'escalier, un air surpris sur le visage. Comme à son habitude, il était très élégant, mais d'une élégance plus décontractée que lorsqu'il sortait.

Cependant, son visage étonné fut vite remplacé par un froncement de sourcil et une grimace peu amène.

Il descendit à grand pas l'escalier et se rapprocha de sa soeur, jusqu'à faire barrière de son bras entre elle est moi.

S'il l'avait pu, je suis sûre qu'il aurait fait barrage de son corps, mais il n'y a pas la place.

- Allons discuter autre part, grinça-t-il. Biana, tu restes ici.

La brune se leva à son tour.

- Non, Fitz ! Je vais mieux maintenant, je peux écouter ! Je peux en parler. Ne m'exclue plus...

Son frère nous lança un regard irrité et nous fit un signe de main, avant de s'éloigner.

- Par là, on sera tranquille.

Si Keefe et moi restâmes sans bouger, Biana lui emboîta le pas.

- Fitz, écoute-moi ! Fitz !!

- Biana, va dans ta chambre te reposer. Je me charge de leur parler.

- Ne dis pas ça comme si c'était une corvée. Ce sont nos amis.

Il se retourna enfin.

Le regard froid qu'il lui lança ne semblait pas la viser. A travers elle, c'était nous qu'il regardait.

- Non Biana, ce ne sont plus nos amis. Sophie n'est plus ton amie. Après tout, voilà deux ans qu'on n'entend parler d'elle que pour ses exploits dans son combat contre les Invisibles. Cette conquête du camp ennemi semblait plus la préoccuper que la santé de Dex, qu'elle n'est jamais allé voir, ou la nôtre, ou celle de Tam et Linh. Et Keefe... Keefe semble avoir choisi son camp. Deux ans qu'on ne l'avait pas vu lui non plus. Ce n'est pas la première fois, on s'en doutait. On est habitués maintenant. Mais il ne s'est pas exclu tout seul apparemment puisque sa chère Foster est à ses côtés.

Il fit une pause. Sa voix prenait des intonations douloureuses, pleines de regrets et il avait préféré s'arrêter pour ne pas risquer de se laisser déborder par ses émotions, comme il en avait l'habitude.

Mais ce n'est pas comme d'habitude. D'habitude, il est énervé, très énervé. Là aussi, mais je sens qu'il est profondément blessé. Il semble se retenir de pleurer.

Ça me fend le coeur.

Je baissai la tête.

Tout comme Biana, il semblait avoir trop longtemps retenu ses émotions et celles-ci se mélangeaient dans un flot ininterrompu d'explications douloureuses, parfois confuses.

- Je ne sais pas pourquoi ils sont revenus, mais je doute que cela soit pour nous. Sûrement une nouvelle requête du Cygne Noir qui a besoin de nous.

Cette fois-ci, il me regarda droit dans les yeux.

- Désolé Sophie, mais on a arrêté de jouer aux gentilles marionnettes. Je pense que tu n'as pas besoin de nous pour faire ce merveilleux rôle.

Je fus secouée par la dureté de ses mots.

C'est blessant.

C'est méchant.

Mais il n'a pas tort, j'ai été le pantin du Cygne Noir toutes ces années. Si cela fait si mal, c'est parce que tout ce qu'il dit est vrai.

- Allez-vous-en et ne revenez pas.

Sur ces paroles, le brun prit la main de sa soeur et sortit.