Une Porte S'Ouvre
La jeune femme se stoppa et observa la plaque. Quelque chose était inscrit dessus.
« A la mémoire d'innocents, sacrifiés par un gouvernement peu soigneux. »
La blonde se demanda qui avait écrit cette plaque, ce qui par la même occasion la questionna sur l'identité de la personne qui avait pris en charge ce village. L'arbre avait été repeint, les racines rouges avaient pris une teinte plus naturelle. Kate s'assit et colla son dos contre le tronc de l'arbre. Elle observa le village endormi, calme et tranquille.
— Qu'est-ce que tu fais là ?
La voix la fit sursauter, elle se tourna et remarqua une Mélanie aux yeux rougis.
— Je suis venue prendre l'air.
— Tu es vraiment une tête brûlée, s'enquit la rousse lasse, tu n'écoutes pas les conseils que l'on te donne.
— Et heureusement, lâcha la blonde, vexée.
Mélanie tenta une réponse, mais se reprit avant de secouer simplement la tête.
— Tu dois te croire plus maligne que les autres, maintenant.
La demoiselle laissa un temps passer.
— Non, pourquoi tu dis ça ? questionna Kate, surprise.
— Tu as découvert le traquenard du chaman et nous n'avons pas voulu te croire.
— Ça ne veut rien dire.
Mélanie se racla la gorge, émue.
— Si, ça signifie que j'ai tué ma mère.
— Ce n'est pas de ta faute.
La rousse tapa son poing contre l'herbe.
— Bien sûr que si, je ne me suis même pas battue, je ne me suis même pas détestée.
Des larmes commencèrent à couler sur les joues de Mélanie, par instinct, Kate se releva et la prit dans ses bras. La femme rousse sanglota, la blonde la rassura autant qu'elle le pouvait. Après quelques minutes, les soubresauts se calmèrent, ses muscles se relaxèrent. Les yeux humides et les joues rosées retiraient à Mélanie tout air strict.
Elle n'était pas si méchante au fond, la rousse hocha lentement la tête et la jeune femme relâcha son étreinte. Mélanie tremblait, le flot de larmes s'était calmé, elle la remercia dans un sourire avant de se dégager pour dévaler la colline. Quand elle eut fait quelques pas, elle se retourna vers la blonde.
— Hé, Kate.
— Oui ?
— Je ne pensais pas ce que j'ai dit. Tu es une personne extrêmement courageuse et on te doit beaucoup.
— Non, j.
— S'il te plaît, prends simplement le compliment, l'interrompit-elle.
— D'accord, merci.
La femme médecin sourit, avant de disparaître. Kate s'assit et ferma les yeux, la température chutait et elle commença à grelotter. Elle se renfonça dans son écharpe en laine rouge. Les mains engoncées dans les poches de son jean, la demoiselle reprit le chemin du retour pour l'orphelinat. Elle était en train d'accélérer le pas, quand quelque chose l'interpella.
On la suivait, elle le sentait. La blonde hésita à se retourner, les pas derrière elle étaient particuliers, presque effrayants : ils trottaient. Sa cadence se fit plus rapide. Harassée, Kate se retourna brusquement, il n'y avait rien. Elle fit un tour sur elle-même, avant de baisser son regard.
Un animal à trois pattes lui faisait face, ses yeux l'observaient et sa tête était légèrement inclinée, elle s'abaissa et tendit sa main. Sa truffe s'en approcha doucement et la renifla, avant de la lécher. La jeune femme sourit et essuya sa main sur la tête du gentil animal. La blonde se redressa et se tendit sur ses deux jambes.
La bête assise se mit sur ses trois pattes suite à son changement de position. L'orphelinat n'était plus qu'à quelques mètres, elle les traversa en quelques secondes, mais le chien continuait de la suivre.
— Je suis désolé, mais tu ne vas pas pouvoir venir avec moi, lui dit-elle, doucement.
Le chien la fixa, sans bouger et agrandit son regard. Kate ne put résister.
— Très bien, tu peux venir cette nuit, mais après, tu devras partir.
Le sac à puce sortit sa langue rouge et rugueuse pour haleter l'air. La jeune femme ouvrit la porte et traversa le seuil. Le chien la suivit et ils gravirent ensemble l'escalier, avant d'arriver dans sa chambre. Kate se coucha, la brave bête, elle, s'allongea et s'endormit sur le tapis au bout de son lit.
La fille fut réveillée par de l'eau baveuse, elle grogna et retira la boule de poil de sa couverture. La blonde essuya d'un coup de manche la bave de son visage.
— Ok le chien, ça c'est non par contre.
La boule de poil se retira, ses poils courts étaient tricolores : noir, blanc et marron. Ses grands yeux noirs n'arrêtaient pas de la fixer.
— Non, je ne peux pas te garder.
Un peu de bave coulait légèrement de ses babines.
— C'est dégoûtant, dit-elle en riant, un vrai crado.
La jeune femme se stoppa quelques secondes, avant de lui dire avec un grand sourire :
— Crado, mais ce serait un super nom pour toi.
Non, il ne fallait pas qu'elle s'attache. Kate ne comptait plus partir, mais elle avait beaucoup trop de trucs à régler pour le moment. Elle se leva doucement de son lit et se dirigea vers la sortie, il la suivit, obéissant. Au seuil de la porte, la jeune femme renvoya le chien d'un sournois : ouste.
La réaction du canidé lui fendit le cœur, il baissa la tête et s'écarta de l'orphelinat. Les remords la prirent rapidement, Kate se mit à courir avant de s'arrêter à bout de souffle, au bout de cinq mètres, pliée en deux de douleur. Durant une longue expiration, elle vérifia ses blessures, heureusement elles ne s'étaient pas rouvertes.
Crado l'avait rejointe et lui léchait le bras, pendant qu'elle se redressait difficilement. La jeune femme avança et contrôla comme elle le pouvait, la brûlure qui transperçait son cœur et lui interdisait tout mouvement, puis elle s'écroula sur le sol. La tête de la jeune femme rebondit sur le perron en bois. Une fois encore, elle était transportée sur de gros nuages blancs.
La demoiselle pensait revoir sa guide, mais le trou noir l'aspira. Ses yeux s'ouvrirent péniblement, quelque chose était collé contre elle, elle s'en écarta rapidement avant d'analyser la pièce où elle s'était réveillée. L'air était lourd et chaud, une toile tendue au-dessus de sa tête laissait transparaître les rayons du soleil.
La chaleur était agréable, Kate se figea et laissa ses récepteurs se gorger des rayons ultra-violets. Puis la blonde réalisa qu'un homme était présent à ses côtés. L'homme en question était bronzé, les cheveux assez longs, des cils noirs fournis. Son menton carré s'enfouissait dans les draps qui recouvraient leurs corps presque nus.
La fille chercha du regard une couverture ou quelque chose pour la couvrir, sa simple culotte en lin ne lui suffisait pas. Une robe en soie était suspendue sur un porte-serviette en bois, la demoiselle se releva rapidement et se dirigea d'un pas léger vers son issue de secours. Kate rebondissait avec légèreté sur ses doigts de pied, lorsque son ventre attira son attention.
Il était rond, un peu trop rond. Un miroir suspendu sur deux barres latérales était situé au fond de la tente. Torse nu, elle s'en approcha prestement. Kate fit face à une blonde qui ressemblait à celle de Saumura, excepté que sa peau était couleur caramel et que ses cheveux tombaient en tresses peu entretenues.
Quelques grains de sable étaient dispersés sur l'ensemble de son corps. Enfin, la jeune fille remarqua son ventre qui pointait vers l'avant. Sous le choc, la demoiselle posa ses mains sur la proéminence et caressant son abdomen. De profil, la vérité était encore plus criante, elle était enceinte. Enfin plutôt son clone, mais maintenant qu'elle était arrivée dans ce monde, c'était son corps, donc en quelque sorte, son bébé.
Le clone ne s'activerait plus automatiquement après son départ. Son souffle se coupa, la Terre tournait rapidement autour d'elle et la jeune femme décida de s'asseoir sur le petit tabouret en peau de chèvre. Lorsque le sol arrêta de défiler, Kate se mit à réfléchir à la situation, elle était piégée. La blonde ne savait pas où elle était encore arrivée, elle connaissait encore moins leurs règles ou leurs traditions.
Sachant qu'elle ne contrôlait pas non plus ses voyages, la jeune femme devait agir le plus discrètement possible. Sois naturelle, Kate, essaya-t-elle de se convaincre. Il fallait qu'elle réussisse à se fondre dans le paysage. L'homme dans le lit se réveilla, par un réflexe ridicule la blonde se couvrit de la robe en soie orange et rose.
Un sourire aux dents imposantes apparut sur le visage du brun.
— Salut mon amour, annonça-t-il, de sa voix grave.
— Salut mon cœur, s'enquit la timide, en tentant de dissimuler son trouble.
— Ça va ? Tu as besoin de quelque chose ? lui demanda-t-il, en fixant son ventre rebondi.
— Non, j'avais juste un peu chaud.
— Tu veux que j'appelle Céthy, pour t'apporter de l'eau ?
— Non, ne la dérange pas, je vais bien.
— D'accord, mais tu n'hésites pas. Je ne voudrais pas que la future maman de mon fils, soit malade.
— C'est un garçon ? questionna Kate, surprise.
L'homme fronça les sourcils, tandis que la demoiselle essayait de comprendre la situation.
— Chérie, t'es sûre que tout va bien ?
— Oui, c'est juste que je ne me rappelais pas qu'on connaissait le sexe du bébé. Je suis désolé, moi et mon cerveau de femme enceinte, tenta-t-elle, de rattraper.
— C'est parce qu'on ne le connaît pas, c'est simplement que pour la tribu, ce serait préférable que ce soit un garçon.
L'homme brun conclua sa phrase et retira son drap avant de se relever, hélas pour Kate, lui ne portait aucun sous-vêtement. Il s'approcha d'elle, déterminé, elle ne bougea pas. Il ne fallait surtout pas qu'il remarque son embarras, la jeune femme aux tresses blondes rougit si fort, que la température de son visage devait être supérieure à la température ambiante.
L'amoureux de son clone était si grand, que la tête de la blonde arrivait à peine au niveau de sa clavicule. L'homme passa ses doigts sous son menton et le fit pivoter pour qu'il puisse poser ses lèvres chaudes sur les siennes.
La pression ne dura que quelques secondes avant qu'il ne s'écarte, n'attrape un pantalon gris et ne sorte de la tente, sans aucun mot de plus.
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