Une Ouverture
Les yeux de Peter étaient balayés par le sommeil.
— T'arrêtes pas de trembler de froid et t'es en train d'attraper la crève, chuchota-t-il, alors...
Le garçon ne finit pas sa phrase et enroula ses bras autour du manteau de laine que Kate portait. Le pardessus collé contre sa peau était froid et la faisait trembler d'autant plus. L'étreinte du brun se fit plus importante, mais la chaleur avait des difficultés à traverser la matière du caban.
Désespérée de ne pas pouvoir se réchauffer suffisamment et de ne pas trouver le sommeil, Kate desserra l'étreinte de Peter et se tourna de manière à ce que leurs abdomens se fassent face. La sensation de chaleur se fit sentir instantanément, la blonde ferma les yeux et attendit de sombrer dans un sommeil lourd en entourant ses bras autour du cou de son ami.
Il resserra ses avant-bras autour de ses hanches et de son dos. Les deux rescapés s'endormirent tous deux avec comme arrière-fond, le bruit glaçant de la cascade. La jeune femme fut réveillée par le chant des oiseaux et la chaleur du soleil dans son dos. Le caban noir avait imbibé les rayons ultra-violets et chauffait l'épiderme de ses omoplates.
Kate ne sentait plus ses mains, elle ouvrit grand les yeux pour les trouver, devant elle se dévoila un visage endormi. La jeune fille longea du regard ses bras et remarqua leur disparition derrière la tête de Peter, elle les retira rapidement. La tête du jeune homme percuta brutalement le sol et un cri s'échappa de sa gorge.
— Désolé, s'excusa-t-elle, surprise.
— Mais ça va pas ? s'énerva-t-il.
— Je suis désolé, c'est mes mains, marmonna la fille.
Peter reprit contact avec son environnement et s'écarta doucement d'elle. Il battit plusieurs fois des cils, tandis que la jeune femme glissait doucement de son torse. La situation était embarrassante, le garçon se racla la gorge et Kate en profita pour se relever et s'empressa de rejoindre l'arbre où pendait ses vêtements. Ils étaient enfin secs, la jeune femme les enfila rapidement.
Quand elle eut fini et se retourna, Peter la fixait bizarrement. La fille était tellement pressée d'enfiler des vêtements qu'elle n'avait pas pris le temps de le prévenir. Le rouge lui monta aux joues.
— Tu n'as pas regardé quand même, déclara Kate, avec un ton embarrassé et irrité.
— C'est que, bégaya-t-il.
La fille aux yeux foncés lui envoya son regard le plus noir.
— C'est pas ma faute ! J'allais te demander ce que tu comptais faire et sans crier gare, t'as retiré le manteau, cria-t-il.
— Oh pauvre garçon, souffla la blonde, et c'était trop compliqué de te retourner ?
— Je suis désolé, ok ? Je voulais pas, affirma-t-il.
Kate lâcha un grognement, avant de ramasser le manteau à ses pieds et de le lui tendre :
— Merci, dit-elle, énervée.
— Garde le, répondit l'embarrassé, t'en as besoin et c'est ma manière à moi de me faire pardonner.
— Je ne veux rien de toi, annonça-t-elle irritée, alors s'il te plaît, reprends-le.
Son ton était menaçant, Peter reprit son manteau et le cintra sur ses épaules. Il lui allait beaucoup mieux à lui qu'à elle de toute façon, Kate détourna le regard.
Il fallait qu'ils établissent un plan, ça ne servait à rien de s'éloigner de la sortie de la grotte, car l'endroit qu'ils cherchaient était dans la montagne qui leur faisait face. Kate s'approcha de la cascade et fut interpellée par quelque chose. Une lueur étrange s'échappait de la cascade.
La jeune femme se rapprocha petit à petit et fit face à la paroi grisâtre et humide, un espace était présent entre le déversant de la cascade et la roche. Une brèche était située plus loin, il fallait qu'elle aille voir, la blonde dirigea doucement son pied sur la corniche, accrochée à la paroi rocheuse, quand une main l'attrapa violemment par le bras.
— Mais qu'est-ce que tu fous ? clama Peter, en la tirant vers l'arrière et en lui bloquant l'accès à la brèche.
— Je dois aller voir, expliqua la jeune femme, obsédée par cette traversée.
— T'es folle, t'as envie de retourner au fond de la rivière ? questionna-t-il, terrifié.
— Écoute, si je suis ici, c'est pour sauver Irina, d'accord ? Je t'ai dit que l'on n'était pas sûr de survivre, j'ai fait un choix et je l'assume. Alors maintenant, laisse-moi passer.
— Très bien, fais ce que tu veux, mais ne compte pas sur moi pour te sauver la vie une seconde fois, cracha-t-il.
— Je n'y comptais pas, annonça Kate, avec dédain.
La jeune femme se repositionna comme précédemment, son pied tremblait, elle tenta de le maîtriser en reprenant son souffle. Ses doigts cherchaient de quoi s'accrocher et tâtaient prudemment la roche. Kate avançait doucement, un pied devant l'autre. Des gouttelettes d'eau se perdaient dans son cou et commençaient à alourdir son pull.
Chaque inspiration risquait de lui faire perdre son équilibre et la ramener dans le lit du torrent. Ses yeux restaient fixés sur la brèche et chaque mètre était une petite victoire. Il ne lui restait plus qu'un mètre à parcourir, la jeune femme inspira profondément afin de garder son souffle.
Ses jambes étaient en pleine accélération, lorsqu'elle sentit son pied gauche déraper. À cet instant, un cri fusa sous le rideau d'eau. Les doigts de Kate se crispèrent sur la paroi, la jeune femme balança son pied gauche qui pendait dans le vide, vers l'arrière pour lui donner de l'élan et elle sauta.
La jeune fille vola pendant une seconde, son cœur battait la chamade, ses mains se tendirent vers la brèche. À son contact avec le sol humide, ses pieds glissèrent, mais ses doigts se raccrochèrent à l'esplanade et l'empêchèrent de tomber dans le torrent. Kate se releva et se tourna vers l'endroit où elle était située peu de temps avant.
Un Peter pâle la fixait, figé comme une statue. Un sourire apparut progressivement sur le visage de Kate.
— J'ai réussi ! clama-t-elle, en levant le poing.
Le jeune homme ne répondit pas, il ne comprenait toujours pas ce qu'il venait de se passer.
— C'est ton tour, lâcha-t-elle, sur un ton de défi.
— Je, je peux pas,
— Mais si tu peux, affirma Kate dans un rire, si j'ai réussi, tu peux aussi.
— Non, tu comprends pas, je peux pas aller sauver Irina, cria-t-il désemparé.
— Quoi ? Mais qu'est-ce que tu racontes ?
Ses yeux étaient grands ouverts, Peter les détourna et repartit dans la direction opposée. La jeune femme ne pouvait plus le voir, le tunnel d'eau rétrécissait son champ de vision. Un sentiment de panique l'envahit, il l'abandonnait. Kate ne comprenait pas son brusque changement d'attitude, mais elle devait se reconcentrer.
Son but était toujours le même avec ou sans Peter, la fille sans souvenirs devait réparer son erreur, quoi qu'il lui en coûte.
— Très bien, annonça-t-elle, j'irais toute seule, ça n'a aucune importance.
La jeune femme s'enfonça un peu plus dans la brèche, la paroi semblait avoir été creusée. Elle avançait petit à petit, l'embrasure était étroite, mais elle menait quelque part. J'avais raison, pensa Kate, fière.
Il faisait sombre, la blonde avançait à l'aveuglette. Elle n'aimait pas le noir, cela la paralysait, mais la fille était trop déterminée pour y prêter attention à ce moment. Quelque chose la stoppa, elle hurla et se tourna vers l'individu qui venait de l'effleurer, prête à frapper.
Un rire familier enveloppa la brèche.
— Mais t'es totalement dingue ? J'étais à deux doigts de t'envoyer mon poing dans la figure ! s'énerva la jeune femme, les bras toujours en l'air.
— J'avais remarqué, ria-t-il, je te savais pas aussi violente, il marqua une pause, rectification, ma mâchoire s'en souvient encore.
— Je croyais que tu ne voulais pas venir ?
— Non, la coupa-t-il, j'ai pas dit que je voulais pas, il soupira, j'ai dit que je pouvais pas.
— Très bien, alors qu'est-ce que tu fais là ?
— La même chose que toi, s'enquit-il, avec un grand sourire.
— Mais je croyais que.
— S'il te plaît, cherche pas plus loin.
Kate acquiesça, soulagée d'avoir retrouvé son compagnon de route et elle se remit à suivre le tunnel étroit jusqu'à se heurter contre une paroi vitrée.
— Mais qu'est-ce que...
Elle se mit à tâter la paroi.
— Qu'est-ce qu'il y a ? questionna Peter.
— On dirait une vitre, elle se stoppa, non attends, c'est une porte.
La blonde chercha à déverrouiller le loquet dissimulé, mais n'y parvint pas.
— Il faut une clé, souffla-t-elle.
— Laisse-moi faire.
Peter passa devant elle et sortit quelque chose de rectangulaire de sa poche, puis le dirigea sur la glissière en haut à droite de la vitre. Le garçon l'inséra et le fit dévaler la porte avant que la serrure ne cède et qu'un clic ne se fasse entendre.
La fille dans la pénombre mima des applaudissements, avant de lui passer devant et de traverser le seuil de la fameuse porte transparente.
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