Une Fin

Kate releva ses yeux de la lettre.

— Elle vous avait bien cernée.

— Sûrement, c'était une mademoiselle je sais tout, comme toi. Tu lui ressembles beaucoup.

— J'espère.

Sophia eut un rictus sarcastique.

— Bien, les électrodes t'attendent avec impatience, affirma la brune, en faisant clinquer les morceaux de métal entre eux.

Sophia s'approcha rapidement de Kate, elle la menotta une nouvelle fois au support glacé, avant d'ouvrir son chemisier et de lui coller les électrodes. La femme brune accrocha les fils, qu'elle brancha à une étrange machine. Elle aussi était recouverte d'électrodes.

— Je vais commencer dans quelques secondes.

La blonde inspira, ses pensées se dirigèrent vers sa mère. Kate allait la rejoindre, cette pensée la réjouissait. Un bruit résonna dans le couloir, derrière la porte. C'étaient des cris, quelqu'un s'approchait rapidement de la pièce sans aucune discrétion. Sophia écoutait également, surprise. La brune se dirigea vers la porte pour la fermer à double tour.

Après seulement quelques pas, la porte vola, laissant un homme aux joues rougies apparaître.

— Kyle ? lâcha la fille, surprise.

Le jeune homme ne la regarda même pas, se dirigeant rapidement vers la machine.

— Non, cria Sophia, avant de se jeter sur lui.

Le garçon envoya le corps de la femme contre le mur, la tête de la brune tapa violemment contre le plâtre. Elle gémit de douleur.

— Comment tu savais que j'étais là ?

— Katiti ferme la, je suis bien trop en colère pour le moment.

L'expression sauta au visage de Kate.

— Peter ? Mais com.

— Tu m'as pas vraiment laissé le choix, et t'aurait pu me prévenir que t'étais sortie avec ce gars, j'ai vos souvenirs dans la tête.

Le jeune homme décrocha d'un geste sec les électrodes de la peau de la jeune fille, elle couina légèrement.

— Ne me fais plus jamais un coup pareil, compris ? Ça suffit de risquer ta vie à tous les coins de rue.

La fille resta béate de surprise.

— T'es pas toute seule, je crois que tu l'oublies un peu trop vite.

Ses sourcils froncés donnaient un air sombre et taciturne à la bouille de Kyle, qui avait les mêmes mimiques que l'amoureux de Kate.

— Tu m'enlèves ces menottes, maintenant ?

Le garçon prit un temps de réponse.

— Je dois faire quelque chose, si tu les gardes, je suis sûr que tu n'iras pas te jeter en haut d'un pont durant mon absence.

— Tu ne vas pas me laisser là.

Le garçon haussa les sourcils et sourit, narquois.

— Ça te fera réfléchir.

— Peter !

Le garçon aux cheveux blonds souleva Sophia et sortit de la pièce, avec la femme inconsciente dans les bras.

— Mais où tu vas ?

Le jeune homme ne répondit pas, la blonde pesta. Kate devait attendre son retour, toujours attachée dans cette pièce froide et sombre.

Après de longues minutes, Kyle, enfin Peter, refit apparition dans la pièce. Le blond semblait plus calme.

— T'es gonflé quand même.

Il haussa un sourcil.

— Ok, je l'ai cherché.

Le garçon eut un sourire satisfait, avant d'approcher son visage du sien.

— J'ai envie de t'embrasser.

— Moi aussi.

Leurs lèvres restaient en suspens.

— Mais ce serait bizarre, vu que t'es pas dans le corps de Kate et moi, pas dans le mien.

— Kyle me convient très bien aussi... il a un de ces corps, le taquina-t-elle.

Peter se racla la gorge.

— C'est pas sympa, surtout que lui est vraiment amoureux de toi.

— Comment tu peux le savoir ?

Il se frotta le front.

— J'ai ses souvenirs, ses émotions et sentiments qui tournent en rond au fond de ma tête.

— Ça ne me fait pas ça avec mes clones.

— Parce que ce sont des parties de toi.

Cette phrase la fit réfléchir.

— Tu me détaches maintenant ?

Kyle attrapa les clés placées sur une table près de la porte, puis il les inséra dans les menottes avant de détacher la jeune femme et de l'aider à se relever.

— Il faut qu'on emmène ton clone dans un endroit où il sera en sécurité.

— Mais il va mourir... si je perds mon don, Kristine va mourir.

— On en sait rien.

La fille regarda autour d'elle.

— Tu m'emmènes où ?

— Loin de cette ville, Jane est au courant.

Kate essaya de comprendre, mais elle venait de louper une étape.

— Elle veillera sur Kristine.

— Mais je croyais que.

— S'il te plaît Kate, n'essaie pas de tout comprendre.

La jeune femme fit une moue compréhensive, pour une fois qu'elle n'avait pas à s'occuper des détails et que quelqu'un lui simplifier, légèrement, l'une de ses trois vies. La blonde monta dans une voiture qui était garée à quelques mètres, puis ils roulèrent pendant plusieurs heures avant d'arriver devant un petit cabanon, d'où une brunette sortie.

— Kristine, je suis heureuse de te revoir.

— Moi aussi, je ne voulais pas être bizarre ou méchante la dernière fois.

— Je sais, on m'a tout expliqué. Nous avons toutes les deux fait des erreurs.

Les jeunes gens entrèrent dans la cabane, avant de s'installer sur les fauteuils disposés autour d'une petite table basse en hêtre.

— Il va falloir qu'on y aille, lâcha Peter.

— Jane.

— Ne t'embête pas, moi aussi j'ai toujours été nulle pour les adieux.

La grande brune se releva et prit Kate dans ses bras, la fille aux yeux noirs lui rendit son accolade avant de se concentrer. La main de Kyle attrapa la sienne, Kate ferma les yeux et se concentra sur les mots de sa mère. Quelques minutes plus tard, la jeune femme se retrouva face à Peter, Christie et Véra.

— C'était stupide, Kate, lâcha Véra.

— Je sais, Peter m'a déjà fait la leçon.

— Pas suffisamment à mon goût.

La jeune femme souffla.

— Je suis désolé, d'accord ? s'excusa Kate, doucement.

La guide souffla quelques longues secondes avant d'acquiescer. Ils étaient tous dans cette pièce blanche, là où elle avait souvent déambulé. Véra laissa quelques instants les deux amies, tandis que Peter repassait par la brèche cassée en leur envoyant un baiser de la main. Kate guida Christie vers les portes, la jaune, la blanche et la rouge.

— Je crois que le moment est arrivé, lâcha Kate, triste.

Les deux filles se regardèrent dans le blanc des yeux.

— Tu vas tellement me manquer Christie.

— Toi aussi, Kate.

La grande enlaça la plus petite.

— Tiradi est un bel endroit, tu verras. C'est un désert, il y fait vraiment chaud, d'ailleurs utilise bien les babouches à l'entrée de la tente.

— J'oublierai pas.

Kate pensa au campement et à ses habitants.

— Il y a Céthy notre servante, elle est adorable et Nairo, un homme charmant, mais tactile, qui n'est autre que ton futur mari, puis il y a le bébé.

— Le bébé ? répéta-t-elle, abasourdie.

Elle fit une courte pause.

— Il lui ait prédit une grande destinée, c'est le nouvel élu. Céthy t'aidera avec tout ça.

— J'avoue que je m'attendais pas à gérer tout ça.

Kate lâcha un rire nerveux.

— Je ne m'attendais pas non plus à lâcher tout ça et le confier à quelqu'un d'autre, s'enquit Kate.

Christie prit la jeune femme par les épaules, elles restèrent enlacées ainsi pendant plusieurs minutes.

— Il est temps d'y aller, lâcha la petite blonde.

— C'est la porte jaune.

La jeune fille au visage enfantin s'approcha de la couleur or, tournant doucement la poignée, puis elle l'ouvrit et disparut derrière un flash blanc. Kate se tourna vers Véra, c'était la journée des adieux aujourd'hui.

— Tu vas me manquer toi aussi.

— Ne t'inquiète pas, je veillerai sur toi, même si tu ne pourras plus venir ici.

— Je t'imaginerai faire tes petits commentaires, dit Kate en riant.

La jeune femme s'approcha d'elle avant de déposer un baiser sur la joue de la vieille dame. À peine s'était-elle écartée, qu'elle avait déjà disparu, comme à son habitude.

Puis pour la dernière fois, elle empoigna la porte rouge et traversa son seuil. 

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