Une Etrange Visite

Irina traînait des pieds devant l'orphelinat, plusieurs jours s'étaient passés depuis que Kate avait eu le droit de sortir de l'hôpital et de recevoir des visites. Les conditions étaient une seule personne à la fois et la ménager. Tout le monde avait toujours été tellement précautionneux avec cette fille de toute manière.

Elle se souvenait que déjà au collège, lorsque ses parents étaient morts, tous les élèves et les profs s'étaient précipités à sa porte pour la réconforter. Ils lui avaient promis de veiller sur elle, lui avaient proposé leurs aides, leurs épaules pour pleurer, mais le pire restait tout de même Peter. Il ne fallait surtout pas toucher à sa précieuse petite Kate.

Aujourd'hui, la jolie rousse était là, à attendre le bon moment pour monter et lui dire de foutues excuses qu'elle n'avait pas envie de lâcher, mais que son petit ami la forçait à faire.

— Elle s'est prise des balles pour toi, lui avait-il encore répété ce matin.

— Mais j'ai rien demandé ! Et puis y a déjà tout un tas de monde autour d'elle, je veux pas être de trop, avait-elle minaudé.

Mais ça n'avait pas fonctionné, son homme ne pouvait pas laisser passer ça, sa « Katiti » avait frôlé la mort pour elle, la jeune femme se devait donc de lui fournir des excuses fournies et pensées. La rousse se décida enfin à gravir les quelques marches et entra dans la chambre de la malade.

La jeune femme allongée était en train de déjeuner tranquillement dans son lit, elle se tourna vers la fille aux yeux verts, les sourcils haussés. Kate pensait voir Matt traverser le seuil pour sa visite matinale et avait passé la main dans ses cheveux, mais la patiente faisait face à la jeune fille svelte qui n'était personne d'autre qu'Irina.

— Salut, Kate, fit cette dernière, en regardant la fenêtre.

La blonde resta muette, elle ne l'avait pas revue depuis qu'elle s'était interposée entre la rousse et les balles. La jeune femme avait demandé de ses nouvelles à Peter, mais c'était simplement par politesse.

— Je sais que je viens assez tardivement te voir, continua la fille debout, toujours aussi embarrassée, mais je ne savais pas quoi te dire. Je me sentais assez mal en fait.

— Tu m'étonnes, grogna la blonde, en coquant dans un morceau de pain.

Les mots étaient partis vite, la silhouette de la rousse lui rappelait son attitude froide et accusatrice lors de la cérémonie.

— Je venais te remercier pour ce que tu as fait, annonça la fille aux cheveux roux, avec une voix neutre et un sourire arraché.

Son attitude superficielle commença à agacer Kate.

— Ce n'est rien, déclara l'intéressée.

Irina souffla.

— Tu sais Peter a passé beaucoup de temps à l'hôpital ces derniers jours.

— Que dois-je comprendre ? s'enquit Kate, irritée par cette conversation plus que désagréable.

— Kate, j'ai conscience de ce que tu as fait pour moi, mais j'ai besoin de mon petit ami. Comprends-moi, ça n'a pas été facile pour moi non plus. Je suis restée plusieurs jours dans cette trappe, moi aussi, je suis mal.

La bouche de la fille percée par les balles resta béante de surprise, elle ne sut pas quoi dire pendant plusieurs secondes.

— T'es en train de me faire une crise de jalousie, là ?

— Moi, jalouse de toi ? Je voulais juste que tu te mettes à ma place.

La nausée narguait l'œsophage de la fille couchée.

— S'il te plaît, va-t'en, déclara Kate, ailleurs.

— Kate.

— Je t'ai dit de sortir, s'énerva-t-elle, un peu plus.

— Mais il faut que tu comprennes que.

— Après tout ce que j'ai fait pour toi. Tout ce que j'ai sacrifié. Tu oses te pointer ici et me dire ça, alors que j'ai encore les traces des balles que je me suis prises, pour te sauver la peau. Une gamine de quinze ans a eu plus de courage que toi. Alors maintenant, s'il te plaît, sors de ma chambre de malade et ne reviens plus.

— Bien. Au revoir, Kate.

— Non, adieu, lança-t-elle furieuse.

La rousse sortit de la pièce, une vague de rage parcourut le corps entier de Kate. La jeune femme avait fait tout ça, tout ce qui s'était passé, pour ELLE. Et au final, Irina n'était qu'une garce insignifiante et Christie était entre la vie et la mort.

Il fallait que la jeune femme se lève, qu'elle sorte, qu'elle hurle. La fille retira ses couvertures et se dirigea vers la porte, mais elle fut arrêtée brutalement par des bras puissants.

— Tu n'iras nulle part, Kate.

— Dégage de mon chemin, Matt.

— Non.

— Ce n'est pas le moment de m'énerver, c'est clair ? clama-t-elle, des larmes de rage commençant à envahir ses joues.

L'infirmier colla son torse au sien et l'empêcha de passer.

— Je ne te laisserai pas sortir. Tu es gravement blessée, tu ne peux pas faire de grands mouvements ou tes plaies vont se rouvrir et nous savons tous les deux que changer tes pansements, n'est pas une mince affaire.

— Je m'en fous, je veux sortir ! J'ai besoin de sortir, prendre l'air et surtout, surtout, voir Christie.

— Je te promets que tu vas la voir.

— Quand ? À son enterrement ?

— Elle n'est pas morte, pour le moment il y a toujours de l'espoir.

— Pousse toi de mon chemin.

Kate tenta de repousser Matt et de frapper son torse, mais chaque mouvement faisait naître une douleur atroce dans son flan. Elle cria de rage, de douleur et de désespoir.

— Je t'en supplie Kate, calme-toi.

— Ce n'est pas Christie qui aurait dû prendre la balle, mais Irina, grommela-t-elle.

— Tu ne penses pas ce que tu dis.

— C'est parce que tu n'étais pas là, il y a cinq minutes.

— J'étais là, j'ai tout entendu.

— Alors, tu sais que j'ai besoin de sortir.

Le garçon la fixa très longuement et alla chercher quelque chose dans le couloir. Kate ne bougea pas, elle ne le pouvait pas, la douleur lui coupait la respiration. Même si elle voulait sortir, elle ne le pouvait pas toute seule. Il réapparut quelques secondes plus tard avec le fauteuil roulant.

Elle ne dit rien et s'assit sans broncher dans l'appareil roulant. Un léger soulagement s'empara d'elle lorsqu'elle ne fut plus debout. L'infirmier la dirigea vers la sortie, avant de la soulever du fauteuil et de lui faire descendre les escaliers. L'odeur du jeune homme était envoûtante, les bercements, réconfortants. Matt la posa quelques secondes contre le mur, avant de redescendre avec le fauteuil.

Enfin, ils franchirent le seuil de la porte d'entrée et une bouffée d'air frais vint caresser son visage et s'engouffra dans ses narines. La jeune femme savourait l'air stagnant de la grotte.

— Tu veux aller où ?

— Voir Christie.

— Si tu insistes. 

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