Terrifié

[TW Sang]

Le jeune homme se dirigeait vers l'orphelinat de Kate, il fallait qu'il la voie, qu'il lui parle. Peter avait tenté plusieurs fois de lui expliquer, mais elle n'avait pas compris. Il se mordit le poing à cette pensée, pourquoi tout était toujours si compliqué avec elle ? Lorsque le garçon entra dans sa chambre, il trouva un Matt à l'air inquiet.

— Ça va ? questionna Peter, rapidement.

— Je ne sais pas, bredouilla l'autre.

— Comment ça ? demanda le garçon, l'inquiétude le gagnant petit à petit.

— Kate.

Son sang ne fit qu'un tour, son poing se serra.

— Que s'est-il passé ? Il lui est arrivé quelque chose ?

— Elle a disparu.

Une seconde défila comme une minute.

— Depuis quand ?

— Deux ou trois jours. Je suis venu la voir plusieurs fois, mais elle n'était pas là. J'ai pensé que c'était parce - qu'elle se baladait ou qu'elle était allée voir Christie, mais après plusieurs recherches, je ne l'ai trouvée nulle part, s'enquit Matt, blême.

Peter réfléchit.

— Kate est peut-être partie ? Elle voulait quitter notre village depuis le début, dit le brun, ailleurs.

— J'ai vérifié son armoire, elle est pleine et toutes ses affaires sont là. Elle aurait prévenu Ninon au moins.

— Elle est courant ?

— Non, elles étaient en froid et je ne voulais pas l'inquiéter.

Le garçon passa la main sur son front.

— Bien, on y va, annonça Peter.

— Mais où ça ? bégaya le petit ami.

— La chercher ! Il lui est forcément arrivé quelque chose et je vais la retrouver. Tu viens avec moi ?

— Oui, conclut Matt, d'une voix faible.

Les deux garçons décidèrent de se retrouver à dix-huit heures sur la place, le temps qu'ils préparent leurs affaires. Peter tremblait de rage, il n'arrivait pas à se contrôler. Son sac sur le dos, il se pressa pour rejoindre Matt, le garçon aux yeux clairs priait pour qu'il ne soit rien arrivé de grave à Kate.

Matt semblait fatigué à son arrivée.

— Tu te sens bien ? lui demanda Peter.

— Moyen.

Le brun envoya un regard noir à Matt.

— Si tu n'es pas bien, tu seras inutile, alors dis-moi clairement ce qui a, gronda l'autre.

— Je.

Sa manière de douter commençait à l'agacer.

— Tu as peur ?

— Oui, et si c'était le chaman qui était derrière tout ça ?

L'incompréhension gagna définitivement Peter.

— Attends, quoi ? Pourquoi tu dis ça ?

— Tu n'es pas au courant ? demanda Matt, perplexe.

La colère commençait à l'envahir, tout comme la peur.

— Au courant de quoi ?

— Le Grand Chaman s'est échappé.

La peur emportât la victoire.

— Je ne peux pas l'affronter, je sais que je devrais, mais il m'a enfermé dans une cage pendant des jours.

Il regarda l'infirmier, son teint pâle en disait long sur ce que lui avait fait endurer le chaman.

— Je comprends. Reste à l'orphelinat, préviens Ninon et appelle-moi si tu as des nouvelles de Kate.

— Je croyais que tu ne voulais pas inquiéter Ninon ?

Peter regarda sa montre.

— C'était avant que je sache que le chaman était dans le coup. Il faut qu'elle soit au courant, Kate est en danger.

— De mort ? déclara Matt, l'air terrorisé.

Le brun hocha la tête, n'osant pas imaginer le pire.

— Il faut que j'y aille, annonça Peter, en prenant ses affaires et en se mettant à courir.

Le temps pressait. Quelques jours étaient passés, elle pouvait très bien être morte. Le jeune homme savait que le chaman était un homme sadique et il se doutait qu'il la torturerait avant. Son cœur se pinça en l'imaginant souffrir entre ses mains, sans défense. Peter courut vers le tunnel, empruntant le même chemin qu'ils avaient fait ensemble la première fois.

Cette fois-ci, il arriva en deux heures à la première cascade. Sans réfléchir, le jeune homme sortit le baudrier et l'attacha. Il mit une minute pour dévaler cette cascade qu'il avait mis tant de temps à passer la première fois, mais là, c'était différent, la haine mêlée à la peur le mettait dans un état second.

Rien ne pouvait l'arrêter, il était déterminé. Kate, Kate, Kate, son prénom ne cessait de tourner en boucle dans sa tête, entrecoupée des images de son visage, de ses yeux, de sa bouche. Il frémit. Peter ne s'était pas trompé de rive cette fois-ci. Rapidement, la théorie de Kate se valida : un tunnel. Toujours au pas de course, il pénétra à l'intérieur.

Une porte en verre l'attendait au bout. Le jeune homme savait qu'il y avait des caméras de surveillance dans ces pièces. Il sortit une bombe aérosol colorée, d'un geste vif, il ouvrit la porte comme il l'avait fait précédemment avec une carte. En quelques secondes, il repéra une première caméra et l'aspergea.

Le chaman risquait de s'en rendre compte, mais au moins il ne pouvait pas le suivre. Peter traversa les couloirs sans faire attention à diminuer les bruits de ses pas, mettant K.O chaque caméra qu'il rencontrait sur son passage. Ce n'étaient pas les mêmes couloirs, ni les mêmes pièces étant donné que ce n'était pas le même tunnel.

Peter réfléchit, le souffle court et chercha une solution. Il la gardait sûrement dans un endroit caché, isolé. Pas dans les autres cages ou la pièce où ils avaient été entreposés. Le jeune homme aux yeux bleu continuait sa course, lorsqu'une porte lui remémora quelque chose. Il s'y dirigea et poursuivit le couloir qui la succédait, avant qu'une seconde porte n'attire son attention.

Peter entra dans une pièce vide, sans réfléchir, il y chercha la pédale et appuya dessus. La capsule descendit rapidement, bouton bleu, puis vert. Le garçon sourit en repensant au moment qu'ils avaient partagé ici. Peter sortit rapidement, les ascenseurs étaient toujours à leur place, il prit celui que Kate lui avait incombé de prendre la première fois.

Au dernier étage, l'escalier lui fit face. Il allait l'escalader, lorsqu'il se souvint où elle s'était arrêtée, avant de se faire prendre par le chaman. La vieille porte grinça, il agrippa la poignée violemment. Les toiles d'araignée n'étaient plus présentes. Il faisait sombre, Peter avança quelques mètres avant qu'un petit escalier descendant ne lui fasse face.

Il le prit et essaya d'être le plus silencieux possible. Un bruit le fit sursauter, il y avait quelqu'un dans la pièce. Une respiration haletante, entrecoupée de quinte de toux enveloppait l'endroit où il s'était engouffré.

Son corps entier était en proie aux convulsions, Kate se vidait de son sang, elle n'avait plus de force. Elle n'était même pas sûre de pouvoir changer d'univers. De toute façon, la jeune femme n'en avait plus l'envie, elle était fatiguée de se battre sans cesse. Elle attendait le retour du chaman, la vie qu'elle voulait se terminait avec sa vie à Saumura.

Sa respiration était difficile, la blonde était habituée à l'odeur, la saleté ne la gênait plus. La porte se rouvrit, plus violemment que la fois précédente et la fit sursauter. C'était la fin, son petit jeu devait avoir atteint la ligne d'arrivée. La peur s'infiltra malgré elle dans chacun de ses pores. Les pas dans l'escalier résonnèrent dans la pièce, son cœur s'accéléra.

La jeune femme sentit qu'on l'observait, elle se recroquevilla et se prépara à un nouveau coup.

— Kate, lâcha une voix, qui lui était familière.

Elle devait rêver, il ne pouvait pas être là. Kate haleta, l'air n'entrait que par petites portions dans ses poumons. La personne se jeta au sol, avant de se placer devant elle. Ses yeux flous arrivaient à distinguer les traits de son visage.

— Peter, réussit-elle, à souffler.

Kate était là, gisante sur le sol. Peter s'approcha rapidement, elle trempait dans du sang et d'autres liquides. La panique la prit, il se jeta devant elle. Kate était blanche, son corps tremblait et laissait échapper une quantité importante de sang de ses anciennes plaies.

— Mon dieu, Kate, qu'est-ce qui t'est arrivé ? murmura-t-il, horrifié.

— Ir... Irina, dit-elle.

Il observa sa mine décomposée, elle avait une telle obsession pour la rousse.

— Elle est en sécurité, ne t'inquiète pas. Je vais te ramener à la maison.

Inquiet, le garçon l'attrapa. Il fallait qu'ils sortent rapidement de cet endroit, sinon elle ne survivrait pas.

Kate n'avait pas la force de lui expliquer, Peter la souleva avec une facilité déconcertante. Elle était gênée, elle était dans un état tellement pitoyable qu'elle risquait de le salir. Peter passa devant la table, une éponge était placée dessus.

La jeune femme tendit la main vers elle, dans un grognement. Peter ne comprit pas tout de suite sa requête, pensant que c'étaient des cris de douleur, puis il remarqua l'éponge. Il finit par l'attraper et la lui passa sur le visage, du sang coulait de ses lèvres enflées. La sensation de l'eau fraîche et ses mouvements tendre la soulagèrent.

Elle sourit avant de passer ses mains autour du cou du garçon et cacha son visage contre son torse, elle se sentait protégée. Peter courut, elle entendait son cœur battre la chamade. Dans ses bras, la jeune femme n'avait plus peur, elle lui faisait totalement confiance. Le sang continuait de couler abondamment de ses différentes plaies.

Kate se concentrait sur la respiration de Peter afin de rester consciente, il lui parlait d'une voix douce, l'encourageait, la soutenait. Peter avait repris le même chemin qu'à l'aller et espérait ne croiser personne. La blessée ne savait pas combien de temps s'était écoulé, lorsqu'elle sentit le souffle de Peter se stopper.

Elle tourna avec une extrême lenteur sa tête, vers ce qui avait interrompu la course de son coureur. Une tignasse rougeoyante leur faisait face, une arme pointée vers leurs deux corps, dont devait émaner une odeur mêlant sang et sueur. Ses doigts ressentirent le sursaut du palpitant de Peter. Ses bras s'affaiblirent face à cette vision.

— Irina ? questionna-t-il, d'une voix faible.

— Salut, mon cœur, envoya-t-elle, avec son plus beau sourire.

Son air avait changé, elle qui semblait toujours calme, aimante, était devenue haineuse, menaçante. Le choc le stoppa dans son élan.

— Qu'est-ce que tu fais là ? C'est quoi ce flingue ? interrogea Peter.

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