Sacrifices

Irina lâcha brusquement la main de Kate, surprise cette dernière se tourna vers la rousse, mais la belle évita son regard. La blonde replaça donc sa main le long de son corps, ne comprenant pas ce brusque changement de comportement.

— Irina Karanova.

Personne ne réagit, l'appel était inutile, tout le monde savait pertinemment qui était mis en choix.

— Kate Davisson.

La demoiselle fit une révérence et afficha un grand sourire ironique. Sa réaction surprit le public et eut le don d'agacer un peu plus le Chaman.

— Bien, vous avez chacun une minute, énonça le Grand Chaman.

Ils devaient encore se vendre ? Kate regarda Irina et lui demanda de commencer, la rousse ne se fit pas prier.

— Salut mon amour, minauda-t-elle, je sais que tout ce qui est arrivé n'est pas de ta faute. Et même si ce n'est pas de la mienne non plus, dit-elle en regardant bizarrement la jeune femme à ses côtés, fais le choix qui te convient. Je ne veux pas que tu te culpabilises, je t'aime et je t'aimerais toujours.

La jeune femme à la peau pâle conclut son plaidoyer en envoyant un baiser de la main à son amoureux, ce qui émut le public. Une impression désagréable s'empara de Kate, quelque chose avait changé en Irina et pas en bien. Elle venait ouvertement de l'accuser. À peine la rousse avait-elle eu le temps d'expirer, que tout le monde se tourna vers Kate, c'était à son tour de plaider sa cause.

— Comme vous le savez, c'est en grande partie à cause de moi que vous êtes tous réunis ici, ce matin.

Le Chaman se crispa, sa main tenait quelque chose dans sa cape et par nervosité, il n'arrêtait pas de la triturer. Sans y prêter attention, la fille au regard noir se tourna vers l'assemblée.

— J'ai découvert quelque chose d'important, affirma-t-elle rapidement, tout ce que vous dit le Chaman depuis le début est un mensonge, une manière à lui d'accéder au pouvoir.

La foule se regarda déconcertée, un grand nombre la connaissait et cela jouait clairement en sa faveur, mais le Chaman n'avait pas apprécié sa prise de liberté.

— Kate Davisson, vous n'êtes qu'une criminelle et je vous demande de vous calmer.

Ses mots firent réagir Peter, qui se retourna médusé vers l'homme à la cape.

— Menteur, Kate a raison depuis le début et c'est pour ça qu'on est ici.

Les murmures se firent de plus en plus importants et un air de rébellion commençait à souffler dans les gradins et emmenait avec lui, les rangées les unes après les autres. Harry sentit que quelque chose changeait et cela ne lui plaisait pas.

— Calmez-vous ou je vais sévir, menaça-t-il.

— Allez-y, hurla-t-elle, montrez-nous votre vrai visage, le provoqua Kate.

Le Grand Chaman fulminait, cette petite idiote provoquait ouvertement son autorité et tentait de mettre à terre des années de travail acharnées. Harry commençait à perdre son sang-froid, mais il se tut avant de se racler la gorge.

— Les plaidoiries sont closes, l'arbre sacré est maintenant prêt à recevoir ta décision, déclara le Grand Chaman à Peter.

— Je ne choisirai pas, dit-il en fixant de ses yeux clairs, le chaman.

— Tu n'as pas le choix ! s'énerva Harry.

— On a toujours le choix.

Peter avait posé son regard sur Kate, il avait enfin compris ce que son amie avait tenté de lui expliquer pendant tout le périple et maintenant, le brun jouait au même jeu qu'elle. La foule commença à perdre sa discipline habituelle, le Chaman ne réalisait pas encore l'ampleur de ce qui était en train de se passer dans la pièce.

— Écoute-moi bien Peter, à moins que tu ne veuilles que je tue tes deux amies sur le champ, tu vas devoir faire un choix.

— Je ne céderai pas, s'enquit-il, d'un ton sec.

— Très bien, tu l'auras voulu, s'impatienta l'homme à la taille limitée.

Sa main sortit de l'embrasure de sa cape, accompagnée d'un revolver. Harry le pointa rapidement vers Irina et sans que Peter n'ait le temps de réagir, la détonation résonna dans la salle. Sans réfléchir, Kate se jeta devant la jolie rousse.

La jeune femme ne savait pas vraiment pourquoi elle avait fait ça, si c'était par instinct, par rage ou par altruisme. La première balle effleura son bras, puis une seconde balle vint se loger dans son épaule gauche, éconduite d'une troisième qui pénétra directement dans son flanc.

La fille aux yeux noirs s'attendit à en recevoir une quatrième lorsqu'elle entendit une nouvelle détonation, mais un bruit sourd lui signifia qu'elle avait été arrêtée par quelque chose d'autre. Le sang ne cessait de couler sur ses vêtements, ses yeux étaient flous et elle ne savait plus très bien où elle se situait dans la pièce.

Quelqu'un la retenait de toutes ses forces derrière elle, mais cette personne peinait et finit par la ramener progressivement vers le sol en murmurant son prénom, puis son corps fût totalement allongé sur le parquet en bois gelé. La personne s'écarta, sûrement dégoûtée par l'odeur du sang.

Kate se sentait comme déconnectée du moment, des bruits de centaines de pas assourdissants prirent le dessus sur le silence qui recouvrait la pièce avant le premier tir. Des cris fusèrent et transpercèrent l'immense espace qui l'entourait.

— Kate, Kate, supplia une nouvelle voix que la jeune femme peinait à reconnaître, je t'en supplie, me refais pas le même coup. Katiti, reste avec moi.

La fille mima un sourire, c'était Peter. Son organisme commençait à ralentir, son sang se vidait trop rapidement et la douleur devenait de plus en plus sourde, ce qui ne présageait rien de bon.

La jeune femme luttait pour garder les yeux ouverts, mais Kate ne distinguait pas bien les formes. De l'eau salée coulait sur ses joues, on aurait dit des larmes, mais ce n'étaient pas les siennes.

— Où... est... le... chaman, arriva-t-elle à formuler, avec difficulté.

— Sûrement dans une des cages, annonça le brun, doucement.

— Qu... Qu... dit-elle, ayant du mal à former des mots.

— Quand il t'a tiré dessus, les gens se sont relevés d'un coup et précipités sur la scène.

— Qui... Qui a arr... arrêté la quatr... ième balle, réussit-elle à formuler.

— Ne pense pas à ça pour le moment, énonça-t-il, gêné.

— Pe... Peter. Dis... le moi, supplia Kate, sentant que ça n'allait pas lui plaire.

— C'est Christie. Elle a surgi de nulle part et elle s'est jetée sur lui. J'ai rien vu venir. Pour le moment, c'est un immense fouillis.

— Elle est mo... morte ? pleura la jeune femme.

— Il faut que tu tiennes, s'il te plaît, qu'elle n'est pas fait ça pour rien.

La tête de la jeune femme tournait violemment, son pouls faible se faisait haletant, elle n'arrivait plus à respirer correctement et son taux d'oxygène dans le sang commençait à être trop faible pour que la fille reste consciente. Les larmes dévalaient inlassablement son visage.

La douleur était trop intense, la blonde ne pouvait pas supporter l'idée que Christie puisse mourir. Peter tenta de la calmer, mais c'était inutile, le garçon ne pouvait rien pour elle. Soudain, la fille renonça, elle ne voulait pas vivre dans un monde sans la petite Christie, puis de toute façon, elle ne retrouverait jamais ses souvenirs, sa mémoire, sa vie.

Elle regarda les contours flous de Peter, lui sourit et laissa tous ses muscles se décontracter un à un. Une vague de soulagement la traversa, la fille aux cheveux blonds n'avait plus à lutter, la douleur physique et mentale était partie. Le même sentiment léger qu'elle avait ressenti au fond de la cascade la souleva. Kate ferma les yeux, elle était en train de mourir.

Un sentiment étranger parcourut chaque parcelle de son corps, avant qu'un nuage cotonneux et blanc ne l'enveloppe.

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