Revenue
Peter était penché au-dessus de son lit et l'observait, la mine inquiète. Kate battit des cils, vérifiant qu'elle était bien réveillée. La main du garçon tenait si fort la sienne, qu'elle n'était pas sûre que le sang continue bien de circuler. La jeune femme ouvrit la bouche et reprit son souffle pour parler.
— Ta main...
— Pardon, s'excusa-t-il, gêné, en la relâchant brusquement.
La pression diminua et la chaleur de sa main lui manqua immédiatement.
— Tu la serrais trop fort.
Le jeune homme rit et s'excusa une seconde fois avant d'attraper de nouveau l'extrémité de son bras, en caressant doucement sa paume.
— Comment tu te sens ?
La blonde haussa les épaules, plusieurs plaies la faisaient souffrir, mais elle était toujours vivante. Kate ne pensait pas pouvoir revenir à Saumura un jour, elle lâcha un soupir de soulagement.
— T'as besoin de quelque chose ?
La jeune femme hocha négativement la tête et le fixa avec douceur. Il était tellement adorable, lorsqu'il était inquiet.
— Je suis vivante Peter, tu peux te détendre, expliqua Kate, avec tendresse.
— Je sais, mais tu m'as fait peur, encore une fois.
Son cœur se pinça.
— Je suis désolé.
Peter secoua la tête.
— C'est pas ta faute, mais t'as vraiment le don pour te mettre dans des situations périlleuses.
— Je sais, il en faut bien une.
Sa phrase piqua le garçon.
— J'aurais préféré que ce soit pas toi.
— Pourquoi ça ?
Peter relâcha sa main et la laissa en supination sur la couette. Le garçon se recroquevilla sur lui-même, se toucha le bras, gesticula. Quelque chose le tracassait.
— Qu'est-ce qui a ? demanda la jeune femme, toujours faible.
— Rien, laisse tomber, il faut que tu te reposes.
Le garçon avait le regard fuyant.
— Je vois bien que quelque chose ne va pas, alors dis-moi.
Il replongea ses yeux dans les siens.
— Tu es blessée.
— Oui, comme on dit, jamais deux sans trois.
Peter ne répondit pas.
— Tu es triste à cause d'Irina ? Parce que tu as le droit, tu sais.
— Elle est morte, affirma-t-il sur un ton neutre.
Kate se raidit, elle ne s'attendait pas à ce genre de nouvelle. Elle était partagée et ne dit rien, préférant ne pas avoir de réaction qui pourrait le brusquer.
— Mais, ce n'est pas à cause de ça.
Elle imagina Irina étendue sur le sol, froide et jeune éternellement.
— T'en as marre de devoir réparer mes erreurs ?
— Ne dis pas de sottises.
Beaucoup de choses sont emmêlées dans son esprit.
— Alors qu'y a-t-il ?
Sans prévenir, les lèvres de Peter s'abattirent sur les siennes, son cœur fit un bond dans sa poitrine. Ses yeux grands ouverts observèrent sa face déterminée, ses mains qui étaient au-dessus de ses épaules se posèrent instinctivement sur son cou. Elle ferma les yeux et laissa la chaleur s'emparer de ses entrailles.
Le garçon aux lèvres de velours soutint son dos avec son avant-bras, puis s'allongea à côté d'elle, pour éviter de la fatiguer. Kate perdit la notion du temps et se noya dans le goût de sa bouche, ça n'avait rien avoir avec les baisers de Matt. La jeune femme ne voulait plus respirer, juste pour pouvoir prolonger à l'infini ce baiser.
Peter ne devait pas être du même avis, puisqu'il se stoppa quelques instants, après plusieurs minutes de purs délices. Il l'observa avec ses grands yeux bleu vissés dans ses iris, ils inspiraient doucement tous les deux. Il allait dire quelque chose, mais Kate l'en empêcha en replongeant dans sa bouche et mordilla sa lèvre inférieure au passage. Peter rit, mais reprit son baiser, tout en parcourant de ses doigts tous les recoins de son dos. Une de ses mains caressait ses cheveux, avant de descendre dans sa nuque.
Une décharge électrique la stoppa dans son élan, Peter la dévisagea inquiet.
— Ça va ? Je t'ai pas fait mal, j'espère.
Elle cligna des yeux.
— Toi ? Non, dit Kate avec un petit sourire, ce sont mes plaies.
Le garçon recula sa face de la sienne.
— Je savais que c'était pas une bonne idée, dit-il, en se relevant et en s'écartant beaucoup trop d'elle à son goût.
— De m'embrasser ?
Il croisa les bras.
— Tu n'es pas en état.
Vexée, la blonde se releva, mais elle se mordit rapidement la langue, lorsqu'une seconde décharge parcourut son corps. Elle n'aurait pas dû essayer de se lever aussi brusquement. Peter s'approcha immédiatement et lui demanda encore une fois si elle allait bien. Kate passa une nouvelle fois ses bras autour de son cou et l'embrassa, elle était blessée, pas mourante. Il la repoussa doucement, mais elle s'accrocha.
— Arrête, Kate, bougonna-t-il.
La jeune femme se retourna.
— Tu me traites comme si j'étais un oisillon fragile.
— Mais tu l'es !
Elle se retourna.
— Ne te cache pas derrière des excuses stupides, si tu regrettes, dis-le, on est assez mature.
Le garçon haussa les sourcils.
— Tu crois que c'est à cause de ça, que je veux pas t'embrasser ?
— Je ne crois pas, je suis sûre.
Peter attrapa son menton, reposant ses lèvres chaudes et douces sur les siennes. Cette fois-ci, elle ne bougea pas, même si elle en avait réellement envie, elle ne voulait pas se faire repousser une nouvelle fois, elle n'était pas maso. Le jeune homme s'assit sur le lit et enlaça sa taille, la colla tout contre lui, ses grandes mains caressèrent ses joues. Kate s'agrippa à la couverture pour contrôler l'envie de le toucher.
Puis entre deux souffles, il lâcha :
— Tu crois toujours que j'ai pas envie de t'embrasser ?
— Je ne suis pas encore convaincue.
Peter posa une dernière fois ses lèvres sur les siennes, avant de se relever.
— Il faut que tu te reposes, je repasserai plus tard, voir si tout va bien.
— Histoire de savoir si l'oisillon n'est pas tombé du nid ?
Sa voix était devenue de nouveau plus légère.
— Question idiote, t'es déjà tombée, émit-il malicieux, faut attendre de voir comment évolue ta guérison, avant que tu puisses voler de tes propres ailes.
— Jolie métaphore.
Il esquissa un sourire.
— J'ai la meilleure des profs, affirma-t-il en s'écartant définitivement et en s'exilant de sa petite chambre.
Une brûlure s'empara de son estomac, ce devait être à ça que ressemblait le manque. Elle ne pouvait pas être devenue aussi rapidement accro, si ? Ça ne lui ressemblait pas, pourtant son corps trahissait cette faiblesse, la jeune femme devenait dépendante de lui. Elle qui aimait se sentir libre, sans attache. Se protéger seule des moindres dangers et remettre en question tout ce qui lui était imposé.
Ninon entra, la jeune femme devait avoir une expression inhabituelle, puisque la brune eut un petit sourire.
— Comment vas-tu, Kate ?
La jeune femme regarda son amie avec surprise.
— T'es plus en colère contre moi ?
L'amie répondit d'un grand sourire.
— Comment le pourrais-je ? C'est la deuxième fois en quelques mois que tu manques de te faire tuer.
— Vu comme ça.
Ninon s'arrêta un instant sur un détail de son visage.
— Tes lèvres sont bien enflées, annonça-t-elle, avec de la malice dans le regard.
Kate se pinça les lèvres et fronça les sourcils.
— N'importe quoi, s'indigna-t-elle, en passant le bout de ses doigts sur ses lèvres.
Sa réaction fit rire la fille aux taches de rousseur.
— J'en conclus que Matt est passé te voir.
Le rouge piqua son teint. Kate était tellement bien dans sa bulle, qu'elle avait oublié qu'elle sortait déjà avec quelqu'un.
Ninon fronça des sourcils, face à sa mine déconfite. Elle lisait tellement bien en elle, qu'elle devait déjà être en train de rassembler les informations dans sa tête, afin de percer son secret d'ici quelques secondes. La blonde baissa les yeux, honteuse.
— Kate, tu n'as pas fait ça.
Kate couvrit son visage de ses deux mains.
— Ce n'était pas calculé.
Ninon ne tarda pas à réagir.
— Tu sais le sang d'encre que s'est fait Matt, ces derniers jours ? Il s'en voulait terriblement de ne pas avoir accompagné Peter. Il culpabilisait parce qu'il n'avait pas agi comme un petit ami digne de ce nom.
La blonde avait le ventre en bouilli, à cause des remords.
— Je ne veux pas le blesser.
— C'est trop tard, quoi que tu décides de faire, tu vas le blesser. Et c'est moi qui vais devoir réparer les petits morceaux.
La phrase fit arrêter Kate, un instant.
— Comment ça ? Vous êtes devenus amis ?
Les sourcils de la brune se relevèrent, comme si elle avait été prise en flagrant délit.
— Ton état nous inquiétant tous les deux, je l'ai aidé à faire face à sa culpabilité.
— Tu me caches quelque chose, je le sens, énonça Kate, suspicieuse.
Ninon se tritura la face et regarda par la fenêtre, avant de rapidement fixer son amie.
— N'importe quoi, sinon raconte-moi comment ça s'est passé avec Peter ?
— Comment tu sais que c'est Peter ?
La jeune femme avait les sourcils en haut du front.
— S'il te plaît, Kate. Vous vous bouffez des yeux depuis le début, depuis toujours.
— Pourquoi tu me l'as pas dit ?
— Tu ne voulais pas m'écouter, comme d'habitude, déclara-t-elle, avec son ton moralisateur.
La jeune femme rit, elle adorait lorsque Ninon utilisait ce ton-là.
— Tu m'as manquée, Ninon.
— Toi aussi, Kate.
La brune l'enlaça doucement.
— T'as fait des progrès, dit-elle, en riant, aucune réaction disproportionnée.
— Je progresse de jour en jour.
— J'espère que tu n'embrasses pas tous les gens qui passent dans cette chambre, quand même.
Kate lui tira la langue.
— Je ne sais pas quoi faire.
— Tu le sais, tu as juste peur des conséquences.
Kate esquissa un sourire ironique.
— Pourquoi t'es toujours aussi raisonnable ?
— Chacun ses dons.
Sa phrase la fit sourire, elle n'aurait pas dit mieux. Un homme entra dans la chambre, sans toquer.
— Peter vient de me prévenir que tu t'étais réveillée.
— Salut, Matt.
Le jeune homme traversa la pièce et s'assit sur son lit sans jeter un regard à Ninon. Cette dernière sembla vexée par son comportement, il posa ses deux mains sur ses joues et la regarda dans les yeux.
— Ça va ?
Elle hocha la tête, embarrassée par le contact de ses mains gelées sur ses joues. L'infirmier l'embrassa, elle se crispa, n'osant rien dire. La jeune femme aperçut Ninon détourner le regard. Elle avait l'air en colère. Le garçon malaxait ses lèvres avec sa bouche, mais elle ne ressentait rien d'autre que de la gêne. Au bout de quelques minutes, elle le repoussa doucement.
— Matt, il faut que je te dise quelque chose.
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