Papillons Dans Le Coeur
Kate hocha négativement de la tête et essaya de comprendre où la vieille femme voulait en venir.
— Ils sont morts peu de temps après ta naissance à Pitisburg.
— À Saumura, j'avais treize ans, la moucha-t-elle.
— Tes clones ne vivent pas les choses en même temps que toi. Ils n'ont pas exactement le même passé, mais s'en rapproche.
Kate fronça les sourcils.
— Ça signifie que dans vos autres univers, mes parents sont toujours vivants ?
— Non, ils ne sont simplement pas morts de la même manière ou à la même période. Tu ne peux pas voir quelqu'un de mort dans un univers, vivant dans un autre. Puis tes parents à Saumura ne sont pas les mêmes qu'à Pitisburg.
La jeune femme secoua la tête.
— C'est n'importe quoi, souffla Kate.
La guide reprit son discours.
— Il n'y a que toi qui existes dans plusieurs univers, tu es la fille de l'univers, c'est ton don et peu de gens l'ont. C'est d'ailleurs pour cela que tu n'as pas de proches parents.
— Vous voulez dire que c'est fait exprès ?
La vieille femme mesura ses paroles.
— Je dirais juste que l'univers est bien fait.
— Ça ne prouve rien, souffla Kate.
— Et si je te montre cela.
La vieille femme s'arrêta et se retourna pour lui montrer une peluche abîmée bleu, qui avait dû être en forme de lapin à sa belle époque. Le cœur de Kate se souleva, des images lui parvinrent. Le lapin avait le parfum de sa mère, elle retint sa respiration à ce souvenir.
— Comment ça se fait ? dit Kate, bouleversée.
— Tu es née à Pitisburg, tu as eu une enfance et une vie normale jusqu'au jour de tes dix-huit ans. Puis tu as fait ton premier voyage à Saumura. L'amnésie, c'est un effet secondaire de ce premier voyage pour que tu apprennes toute seule à contrôler ton don. Mais cela n'a pas fonctionné, tu étais trop préoccupée par ta quête et puis tu t'es pris ces balles.
— Et ça m'a ramenée à Pitisburg.
— Tu me crois maintenant ?
— Hélas, je crois bien que oui.
La femme aux cheveux grisonnants eut une mine soulagée, puis disparut.
— Vous ne pouvez pas me laisser là comme ça, je vous crois, aidez-moi !
Un nouveau trou noir emporta la blonde et la dirigea vers les deux portes qu'elle avait déjà aperçues. Une blanche et une rouge, la jeune fille reprit la même que précédemment et fut aspirée avant de se relever dans un sursaut.
— Je ne voulais pas te réveiller, dit doucement Matt.
— Ce n'est pas de ta faute, s'enquit-elle.
Kate cligna des yeux et reprit son souffle, le trou noir ce n'était pas ce qui avait de plus reposant.
— Cauchemar ? intervint Matt.
La blonde réfléchit à cette question.
— Je ne le sais pas encore, énonça Kate.
Le garçon fut surpris par cette réponse.
— Et quand est-ce que tu vas le décider ? questionna le garçon, en riant.
— On pourrait parler d'autre chose, s'il te plaît ? supplia-t-elle.
Kate se sentait perdue, elle n'avait pas envie d'en parler avec lui. Matt comprit et continua.
— Tu veux qu'on change tes pansements maintenant ?
— Plus vite ce sera fait.
Le jeune homme attrapa rapidement l'éponge et les bandages avant de se mettre à l'ouvrage. Après avoir recouvert la dernière plaie, Matt resserra son étreinte. Il rapprocha doucement ses lèvres, Kate sourit et combla l'espace qui les séparait. Le garçon caressa sa joue et elle se colla un peu plus contre son torse. Des petits papillons firent leur apparition dans son ventre.
Sa main se faisait plus pressante dans son dos, elle répondit en s'agrippant à sa nuque. La jeune femme recula la tête et reprit sa respiration. Ses lèvres étaient rosies et gonflées par ce baiser. Elle rougit en les palpant du bout des doigts, Matt attrapa sa main et embrassa sa paume, puis ses phalanges.
— Tu es magnifique, souffla-t-il.
Kate sourit gênée, elle ne voulait pas attiser cette envie de mot doux. La jeune femme tenta de l'embrasser de nouveau, mais il la repoussa.
— Ça va ? demanda-t-il.
— Bien sûr, pourquoi ?
— Tu me sembles bizarre. J'ai dit un truc ou fait quelque chose qu'il ne fallait pas ?
— Non, pas du tout, mentit la blonde.
— Si, je vois bien qu'il y a quelque chose qui te contrarie.
S'il te plaît, tais-toi et embrasse-moi, pensa la jeune femme. Elle n'avait jamais aimé exprimer ses sentiments ou ses émotions, alors devoir expliquer ce genre de détail. Matt était inquiet, ce qui le rendait encore plus agaçant. La fille aux cheveux fins se détacha de lui et se remit sous les couvertures.
Sa réaction surprit le garçon, mais il ne dit rien de plus.
— Je vais te laisser, tu dois être fatiguée.
Le jeune homme déposa un léger baiser sur ses lèvres et s'en alla. Kate souffla et repensa à la vieille femme qui disait être sa guide. Elle ne savait pas bien si elle l'avait rêvé ou non, même si son for intérieur lui confirmait que c'était arrivé.
Ce serait dingue si elle pouvait vraiment aller dans des univers différents. Elle ferma les yeux et fronça les sourcils avec force, mais rien. Tout cela n'était pas logique, comment rejoignait-elle la vieille femme ? Est-ce qu'elle délirait ?
Non, Kate était sûre d'elle. Elle n'avait pas pu rêver Pitisburg ou tous ses anciens souvenirs. Elle devrait peut-être parler de tout ça à quelqu'un ? Matt ? Ninon ? Elle ne savait pas s'ils la croiraient. Il lui restait bien une personne, mais ce n'était pas forcément celle qu'elle avait envie de voir en ce moment.
Kate patienterait avant de lui parler, au fond d'elle, elle savait qu'il la croirait. La blonde s'endormit, son rêve fut entrecoupé de différents visages : Ninon, Christie, Matt, Peter, Irina. Ils tournaient en boucle dans sa tête. La blonde se tournait et se retournait sans cesse dans son lit, mais cela appuyait sur ses plaies. La jeune femme n'arrivait pas à trouver un sommeil profond.
À bout, épuisée, Kate tenta de se lever, mais n'y parvint pas. Elle appela quelqu'un, mais personne ne vint. Ils devaient tous dormir. Ses yeux fixèrent l'appareil sur sa table de chevet : son téléphone portable. Ce ne serait pas correct d'appeler quelqu'un à cette heure-là.
Les nerfs de la jeune femme allaient craquer si elle ne sortait pas ou ne respirait pas de l'air frais. Son système nerveux était en veille à cause de la fatigue, sa conscience ne lui faisait ressentir aucune culpabilité. Kate scruta chacun de ses contacts, qui devrait-elle appeler ?
Ninon devait être crevée et la blonde s'en voulait beaucoup trop pour Christie. Matt allait trouver ça bizarre et puis elle n'avait pas envie d'être mielleuse à cette heure-ci. Elle tenta d'appeler Mélanie dans un acte désespéré, mais la jeune femme ne décrocha pas. Il ne restait plus qu'une seule personne.
Kate risquait de revoir Peter plus tôt qu'elle ne l'avait prévu.
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