Lorsque Christie avait traversé le seuil de la porte, son corps entier s'était désintégré dans une poudre étincelante. Elle n'eut pas mal, ni peur, la jeune fille n'était plus une fillette, elle savait que c'était sa dernière chance de vivre. Même si ce n'était pas son corps, ni sa vie. Elle pensa à ses proches, puis ouvrit les yeux, le visage rempli de larmes.

Sa première respiration fut comme une renaissance, elle n'avait pas inspiré de l'air frais depuis des mois. La chaleur était peut-être étouffante, mais elle n'avait jamais aussi bien respiré de toute sa vie. Christie pleura, dans ses larmes, elle disait adieu à sa vie d'avant, à sa famille, à ses amis. Dans ses larmes, elle remerciait l'Univers de lui donner une deuxième chance, d'avoir mis Kate sur son chemin et de l'avoir laissée la sauver.

La réalité vint rapidement la secouer. Son ventre bougea, les mots de Kate firent écho dans son esprit et elle courut presque jusqu'au miroir qu'elle apercevait plus loin, dans la tente.
C'était fou, face à elle, son reflet lui montrait une femme au ventre rond, les cheveux en tresse, son teint caramel rehaussé l'œil bleu et contrastait avec l'œil noir, sa silhouette ressemblait à Kate, mais ses traits étaient bien les siens, c'était bien son sourire qu'elle voyait, son regard.

Un souffle entra sous la toile, elle se tourna et aperçut cet homme dont son amie lui avait parlé, Nairo ? Si elle avait bonne mémoire. Son regard brûlant se posa sur elle et un frisson la parcourut, heureusement, une jeune femme le suivait, une cruche d'eau à la main, sa peau laiteuse fit écho, c'était la servante, Céthy.

Il faut savoir que le coma n'avait pas été une période de repos pour Christie, elle était enfermée dans une bulle qui lui faisait vivre ses pires cauchemars, encore et encore.

Elle devait choisir inlassablement entre des gens qu'elle aimait et il mourait une nouvelle fois, sous ses yeux, dans d'atroces souffrances, que ce soit par noyade, feu, guillotine, fusil, explosion ou tout ce que la créativité de son esprit pouvait créer de monstrueux.

Parfois, elle remontait à la surface et entendait des voix familières, sentait des caresses sur son bras, mais malgré sa lutte pour crier ou pour bouger, personne ne repérait un quelconque signe de conscience de sa part, alors elle se demandait si cela faisait partie du cauchemar, si en réalité, elle n'était pas tout simplement dans les profondeurs de son esprit.

On parle souvent du tunnel de lumière, beaucoup de la bulle de noirceur, de cette salle d'attente qui vous fait patienter indéfiniment sans garantie de paix intérieure ou de départ vers de meilleurs horizons. En repensant à toutes ses sensations, à tous ses cauchemars, la blonde frissonna d'effroi.

— Daya, ça va ? déclara son nouveau mari.

La voix ramena la jeune femme sous le soleil de Tiradi, son cœur ralentit, soulagée, elle sourit.

— Parfaitement mon amour, je profite simplement de l'instant.