Là-Haut
— Christie !
La blondinette se tenait debout près de Véra, elle se précipita sur elle et se jeta dans ses bras. Des larmes de bonheur s'écoulèrent doucement sur ses joues, c'était si agréable de l'entendre respirer de nouveau, même si elles étaient dans un autre espace-temps et pas dans la réalité, encore moins à Saumura.
— Tu m'as tellement manquée Christie.
— Toi aussi, Kate.
— Je suis tellement, tellement désolé.
Christie se recula rapidement, dévisageant son amie, les sourcils froncés.
— Kate, c'est pas ta faute, tu le sais.
— Tu n'aurais pas dû faire ça.
— Te sauver la vie ?
Kate hocha la tête, le regard fuyant. Ses muscles tremblaient, Christie l'enlaça une nouvelle fois. La petite blonde calma ses tressautements en caressant doucement ses cheveux.
— Kate, t'as ramené mes parents, il n'y a plus de cérémonies. Heureusement que je t'ai sauvé la vie et j'en suis fière.
La jeune femme n'ajouta rien de plus. La petite Christie au pyjama vert avait mûri durant son coma.
— Les filles, je suis désolé de vous interrompre, mais vous n'avez pas beaucoup de temps.
La blonde inclina de la tête, prenant en compte la remarque de sa guide. L'Univers ne devait pas trop apprécier qu'elles utilisent ses faiblesses pour emmener Christie, ici.
— Bien, il faut impérativement que tu règles les choses à Pitisburg avant de pouvoir échanger vos places.
— Et comment on va faire ?
— Je vais vous aider, annonça une voix, dans le dos de la jeune fille aux cheveux blonds.
Kate se tourna, surprise et se retrouva nez à nez avec Peter.
— Qu'est-ce que tu fais-là ?
— Je pouvais pas vous laisser partir sans moi dans ce passage cassé. Et puis je voulais savoir où t'allais quand t'étais pas avec moi.
— La porte blanche est à votre portée, déclara Véra, en leur désignant les trois portes.
Le jeune homme attrapa la main de Kate et ils traversèrent ensemble la porte qui menait à Pitisburg, la petite Christie marchait à leurs côtés.
La blonde se réveilla, elle était frigorifiée.
— Qu'est-ce... où je suis ?
— Dans ma cachette secrète, lâcha la voix, au fond de la pièce.
Kate peinait à situer la propriétaire de la voix, sachant pertinemment que c'était la même folle que la dernière fois.
— Vous n'en avez pas assez de me retenir prisonnière ?
— Je savais que tu reviendrais.
— Foutez-moi la paix, grogna-t-elle.
Un ultrason résonna dans sa tête.
— Il se passe quoi, ici ? s'énerva une voix, dans la tête de la jeune femme.
— T'es dans ma tête ?
Elle reconnût la voix de Peter. On aurait dit qu'on tambourinait dans son crâne.
— Faut croire, c'est très particulier comme impression.
La voix était féminine cette fois-ci.
— Christie ?
La demoiselle répondit par l'affirmative.
— Je pensais que vous alliez apparaître quelque part, comme des fantômes ou prendre possession du corps de cette folle. Au moins ça aurait été pratique.
— Faut croire que l'Univers à un certain sens de l'humour.
Kate fixait un point immobile devant elle.
— Kristine, tu m'écoutes ? questionna la voix malfaisante.
La jeune femme sursauta, c'était compliqué de gérer les voix de Peter et Christie dans sa tête en plus de cette folle qui voulait la torturer.
— Vous voulez quoi exactement ?
— Ton don.
Kate grogna.
— Je n'ai pas de don, je vous l'ai déjà dit.
La brune ne broncha pas et répéta :
— Si, tu l'as.
La jeune femme fronça des sourcils.
— Pourquoi vous en êtes si sûre ?
— Parce-que tu n'es pas la première que je rencontre qui l'a.
Le silence déclencha quelque chose en Kate, puis elle comprit.
— Ma mère.
La brune sourit, satisfaite. La petite était aussi rapide de réflexion que sa mère. Sophia repensa à Thaïs, les mêmes yeux que Kate, le même sourire. Il y avait fort longtemps qu'elle n'avait pas pensé à cette amie, cette ancienne amie. Elles s'étaient rencontrées près du bureau de tabac. Un garçon était venu embêter la brune et Thaïs était intervenue.
Elle avait seulement quatorze ans, mais elle était déjà grande et avait lâché un grognement qui avait effrayé le garçonnet. Cela avait fait rire Sophia durant des jours. À chaque fois qu'elle rentrait dans sa cabane vide et froide, elle y repensait, puis un jour elle avait revu la fille aux grognements et elles ne s'étaient plus quittées.
Les deux filles se racontaient tout, leurs vies, leurs espoirs, leurs peurs. Elles savaient tout l'une de l'autre. Plusieurs années après, Thaïs était venue trouver Sophia, elle semblait terrifiée. Elle venait d'avoir dix-huit ans. Sophia l'avait traînée jusque dans sa cabane, où elle vivait seule depuis ses dix ans et l'avait forcée à raconter ce qui lui était arrivé.
Après plusieurs heures d'accolades rassurantes et de paroles apaisantes, Thaïs lui avait enfin révélé son don. Il y avait eu plusieurs étapes à cette révélation, en premier lieu, Sophia avait ri, puis face au minois déconfit de son amie, elle avait eu peur, avant de réaliser à quel point, ce don pourrait changer une vie comme la sienne.
À chacun des retours de voyages de Thaïs, Sophia lui offrait une tasse de thé et écoutait ses périples. Elle connaissait chacun des univers de son amie, ses prénoms, ses proches. Elle savait tout, elle était avide d'histoires à travers les univers.
Puis Thaïs avait rencontré Lucas et leur séance Tea Time avait fini par ne plus avoir lieu. Les deux amoureux étaient constamment accrochés l'un à l'autre, au bout de six mois, ils se marièrent. Sophia fut invitée, mais elle n'y alla pas, prétextant une maladie quelconque. Elle avait été abandonnée par sa seule amie, sa seule famille. Comment avait-elle pu lui faire ça ?
Elles, qui se connaissaient depuis toujours. Elle, qui savait qu'elle était si seule. Puis un jour de pluie, Thaïs avait tambouriné à la cabane de Sophia, elle lui avait ouvert. La fille était en pleurs et sous son gros pull, un ventre rond se prononçait. La brune l'avait faite entrer et elles avaient discuté pendant des heures.
Thaïs lui avait fait part de ses craintes et elles avaient cherché des solutions. Lorsque Kristine était venue au monde, Sophia était venue à l'hôpital et avait regardé la petite dans sa couverture en laine. Elle avait un petit nez et de grands yeux. Elle avait regardé l'enfant et ne pensait qu'au don, cette petite qui avait tout, allait peut - être avoir un jour, le fameux don. Celui dont elle avait rêvé, celui qu'elle voulait, qu'elle désirait plus que tout.
Sophia avait eu la haine, une haine pure et dure, et avait quitté l'hôpital sans rien dire.
Thaïs avait mis trois ans avant de revenir chercher celle qui avait été tout pour elle dans le passé, mais son amie avait changé et ses ambitions s'étaient démultipliées.
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