Discussions
Kate attendit quelques secondes avant que la poignée ne commence à tourner et la porte à s'ouvrir. Son cœur était prêt à s'échapper de sa poitrine, la fille aux yeux noirs inspira profondément pour diminuer son rythme cardiaque, jusqu'à ce que la tête de Peter ou plutôt son torse, lui fasse face.
— Qu'est-ce que tu fous là ?!
La rage était toujours aussi présente dans sa voix.
— Je... Je... Kate expira un long moment, il fallait que je te parle, réussit-elle à lui dire.
— Je me fous totalement de tes excuses, gronda-t-il, à cause de toi j'ai perdu mon père et maintenant Irina. Rentre chez-toi avec ton cerveau percé, je veux rien de toi !
C'était cru et blessant, mais la blonde ne lui en voulut pas, c'était justifié. Peter allait refermer la porte, quand la jeune femme inséra son pied dans l'entrebâillement et l'empêcha de se fermer.
— Attends, je ne viens pas pour des excuses, elle se reprit, enfin, je suis désolé, mais c'est pas pour ça que je suis là.
Le garçon s'arrêta et la regarda de la tête au pied, méfiant :
— Alors c'est pour quoi ?
— J'ai une idée. Une idée complètement folle, mais qui pourrait sauver Irina.
Le jeune homme pâlit à l'entente de ce prénom, Kate sentit sa confusion. Il était en colère, mais la curiosité était plus forte.
— Tu sais où sont conduits ceux qui tombent dans la trappe ? le questionna-t-elle.
Le brun secoua la tête et attendit que la blonde poursuive sa pensée.
— Avec mon cerveau percé, commença Kate ironique, je ne le sais pas non plus, mais je pense pas qu'ils soient menés à la mort directement.
Peter sursauta, en comprenant où Kate voulait en venir et enchaîna :
— Tu veux dire qu'on peut encore la sauver ?
— Je n'en suis pas sûre, mais il y a une possibilité oui. Je comprends pas pourquoi personne n'y a pensé jusqu'ici.
La blonde allait enchaîner sur des remarques contestataires à propos de leurs traditions et de leur mode de vie, mais elle réussit à se retenir.
— Y a beaucoup de choses que tu sais pas et que tu pourrais pas comprendre, déclara-t-il froidement, mais t'as pas tort. Il doit y avoir un endroit dans ce village où ils sont retenus.
Peter s'arrêta de parler, avant de reprendre :
— Et où que ce soit, je vais le trouver.
Il s'apprêtait à rentrer une nouvelle fois chez lui, quand Kate l'arrêta en lui attrapant le bras :
— Je viens avec toi.
Peter tourna doucement sur lui-même et la fixa avec un sourire moqueur :
— Toi ? ria-t-il, même pas en rêve !
— Je ne te laisse pas le choix.
— Moi non plus, tu viendras pas.
— Tu vas mettre plus de temps à m'empêcher de venir, que simplement m'emmener avec toi, annonça Kate sûre d'elle, et du temps on n'en a peu, tu le sais très bien.
La réponse de la jeune femme surprit le garçon en rogne, il souffla longuement, puis hocha la tête avant de l'inviter à entrer. La blonde avança dans un petit vestibule où un manteau était accroché, seul. Puis les deux jeunes gens entrèrent dans un salon chauffé par un feu de cheminé, où le propriétaire des lieux l'invita à s'asseoir sur un canapé en vinyle noir.
— Alors on fait quoi ? questionna-t-il.
Pour une fois, la voix de Peter était calme, le garçon possédait des yeux bleu azur que Kate n'avait pas remarqué auparavant.
— Je ne sais pas, je sais même pas si j'ai déjà eu la varicelle...
Perplexe, le brun continua :
— T'es sérieuse ? Et tu veux venir avec moi dans cet état ? demanda-t-il, un sourire en coin.
— Quoi ? T'es en train d'insinuer que les personnes aux cervelles trouées ne peuvent pas vivre leur vie comme tout le monde ? le titilla-t-elle.
Le garçon lâcha un rire, Kate sourit, satisfaite de l'avoir détendu un peu.
— Bien, t'as gagné, annonça-t-il, je pense que la meilleure chose à faire dans un premier temps, c'est d'étudier les plans de la ville et j'ai de quoi nous aider.
Peter se releva du canapé avant de courir vers un petit escalier, dont il escalada les marches deux à deux. La jeune femme entendait ses pas rapides sur le plancher au-dessus de sa tête, puis le garçon réapparut toujours au pas de course et dévala la rampe pour mieux sauter sur le canapé.
Son souffle était court, mais aucune trace de transpiration n'avait fait apparition sur son T-shirt blanc ou sur son front. Peter tenait dans ses mains un papier de taille A3, qu'il tendit à la jeune femme.
— C'est le plan de la ville, dit-il en reprenant son souffle, mon père, comme tu le savais avant, travaillait dans la plomberie et s'est occupé de la tuyauterie de presque tout le village avec son équipe.
La blonde lui prit le plan des mains et commença à l'étudier attentivement. Le village n'était pas très grand et les écoulements d'eau menaient toujours au même endroit.
— L'eau s'écoule dans les souterrains de la grotte, expliqua-t-il.
— Les souterrains ? demanda Kate, attendant plus d'explications.
— Oui, on est à l'endroit le plus haut de la grotte, mais si on s'y engouffre l'altitude chute assez rapidement et y a de l'eau. Personne n'est allé plus loin que la première cascade.
Ça ne l'étonnait pas, la jeune fille avait l'impression que dans ce village, personne n'osait remettre en question les traditions et l'autorité du Grand Chaman.
— Bien, je pense que c'est par là qu'on devrait commencer. La trappe doit mener à un étage inférieur.
— T'as un bon sens de la déduction, ironisa-t-il.
— Au moins, j'essaye, lâcha-t-elle, un brin vexée.
— Faut pas le prendre mal !
Peter lui prit les joues et les pinça. La réaction de la jeune femme fut extrêmement rapide. Sans réfléchir, sa main s'écrasa lourdement sur la joue du jeune homme. Le brun recula avant de la dévisager avec un regard plein d'incompréhension.
— Je suis désolé, rougit-elle, ça fait partie des trucs qui viennent avec mon cerveau percé, s'enquit-elle, penaude, je ne supporte pas le contact physique et je réagis assez violemment.
Le jeune homme rit.
— Je peux pas t'en vouloir pour ça Kate, il détourna les yeux, j'ai pas été très sympa avec toi non plus. Je peux comprendre que tout ça soit pas facile, dit-il.
La jeune femme resta muette, ne sachant pas quoi répondre.
— On devrait se préparer à partir, on ne sait pas combien de temps il nous reste avant, elle laissa volontairement sa phrase en suspens, on va avoir besoin de nourriture, de vêtements chauds et du matériel de montagne ou de spéléologie, si t'as.
— Très bien, je vais voir ça. Par contre pour tes vêtements chauds, faudra que tu passes à l'orphelinat.
Le brun avait raison, pourtant Kate ne savait même pas où étaient ses affaires. Peter la laissa dans ses réflexions et descendit à la cave. La jeune femme devait y aller tout de suite, sinon ils n'arriveraient jamais à temps.
— Je vais à l'orphelinat, si je ne suis pas là dans un quart d'heure, rejoins-moi et sors-moi de gré ou de force de cet endroit, ok ? ordonna Kate à Peter, alors que le garçon descendait les escaliers.
Il répondit d'accord et la jeune fille traversa la porte, oublia de la fermer et se mit à courir à travers le village.
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