Déclaration
Les jours passèrent, Peter venait régulièrement lui rendre visite pour voir l'évolution de sa guérison. Les deux tourtereaux se redécouvraient, l'amitié qui devenait amour, il n'y avait rien de plus étrange et pourtant, il n'y avait rien de plus cohérent. Leur complicité évidente faisait même sourire le chat, l'un des rares, de Saumura. Beaucoup se moquaient gentiment de leur niaiserie, tandis que d'autres se réjouissaient de les voir enfin ensemble, depuis le temps qu'ils se couraient après.
Un mois passa et Mélanie autorisa la jeune femme à se lever et à reprendre une activité physique. Kate allait se balader quelques heures chaque jour, accompagnée de Peter ou de Ninon. Sa vie commençait à avoir un semblant de normalité, même si elle devait souvent se rendre à Tiradi.
Puis, un matin, alors qu'ils se baladaient près de la colline de l'arbre sacré, Peter se stoppa et se tourna vers elle.
Le jeune homme ouvrit plusieurs fois la bouche avant que les mots n'arrivent à sortir :
— Kate, je t'aime.
La jeune femme se tut, stupéfaite et laissa les mots se répéter dans sa tête. Elle voulait répondre, mais elle bégayait bien trop pour que sa phrase soit compréhensible. Face à son désarroi, Peter s'approcha doucement d'elle dans un sourire et balança sa tête de gauche à droite, lui signifiant qu'elle n'avait rien à répondre.
Puis après quelques minutes de silence, Peter pinça son index sur son pouce, la blonde l'enlaça dans un rire sans se donner la peine de répondre à son signe. Elle n'était pas la Kate du passé et elle ne le serait jamais.
— Est-ce que ça signifie qu'on a en quelque sorte, une relation ?
Peter lâcha un rire léger.
— T'es obligé de mettre des mots sur tout, n'est-ce pas ?
— Pour éviter de me paumer encore ou de faire des erreurs de compréhension, oui.
Le jeune homme hocha la tête et après plusieurs secondes lâcha :
— On a une relation, mais il faut un adjectif pour que cette phrase ait un sens.
— Tu veux jouer avec mes nerfs, c'est ça ?
Narquois, il se tourna vers la jeune fille.
— Parce que ça te stresse cette histoire ?
— Arrête, lâcha-t-elle, en lui frappant le torse.
Il ria et attrapa ses mains, qu'il ne lâcha pas, les posant sur son torse.
— Je t'aime Kate, pas comme un ami, pas comme un frère, je t'aime comme je n'ai jamais aimé personne et comme je n'aimerai jamais quelqu'un d'autre.
La demoiselle fixa les mains de Peter, enserrant les siennes.
— Besoin d'un adjectif qualificatif ou d'une étiquette de plus ?
Elle ouvrit la bouche, sans qu'un mot ne sorte.
— T'es pas obligée de dire quoi que ce soit, je te dis ce que je ressens, t'es pas obligée de ressentir la même chose que moi.
— Mais c'est que.
Il caressa sa joue, délivrant une de ses mains.
— C'est bon, Kate.
— Tais-toi un peu, tu veux ? s'énerva la blonde.
Il arrêta sa caresse, surpris.
— Je vais sûrement bégayer, mais laisse-moi terminer ma phrase.
Il prit un léger recul et sa main rejoignit sa cuisse.
— Je suis nulle en matière de communication, surtout lorsqu'il s'agit de sentiment, que ce soit amical ou...
Elle se coupa et secoua la tête.
— Enfin bref, moi aussi je, je ressens des choses pour toi. Enfin ce que je veux dire, c'est que, énonça-t-elle, en observant les boutons de sa chemise.
La jeune femme ferma les yeux et inspira un grand coup.
— Je t'aime Peter Carrington, déclara Kate, en venant figer ses yeux dans les siens.
Le silence la fit frissonner.
— Bon ça fait un peu officiel, mais c'est la seule façon que j'ai trouvée pour réussir à le dire.
Kate commença à trouver le temps long.
— Tu ne réponds rien ?
— J'attendais que tu m'autorises à parler, lâcha-t-il, dans un rire.
La blonde le frappa de nouveau avant qu'il ne l'embrasse, les papillons firent de nouveau leur apparition. Elle voulait que le temps ne s'arrête jamais, qu'il dure à l'infini.
Alors qu'un couple profitait des instants magiques des premiers mois de relation, un autre, celui de Ninon et Matt, visitait régulièrement la petite Christie à l'hôpital, son état s'était stabilisé. Kate passait elle aussi, quand elle trouvait le temps, mais chaque nuit, elle devait attendre que Peter soit endormi pour rejoindre son clone enceinte et tous ces secrets commençaient à la peser.
Alors un soir, après une longue journée, la jeune femme prit son courage à deux mains et déclara:
— Il faut que je t'avoue quelque chose, expliqua Kate à Peter.
Le garçon leva le nez du bouquin qu'il était en train de lire.
— Tu m'inquiètes, là.
Kate approcha son visage du sien.
— C'est que, ce n'est pas facile à dire en fait et je ne sais pas comment m'y prendre.
— Je peux tout entendre, t'en fais pas.
Elle souffla et baissa le menton
— Tu as remarqué que je perdais souvent connaissance.
— C'est effrayant, à chaque fois.
Elle releva son regard, la lumière se reflétait dans le noir de ses yeux.
— Il y a une raison à ça.
— Ne me dis pas que t'es malade, lâcha-t-il, inquiet.
— Non, non, c'est plus étrange.
Sa poitrine la brûlait, elle était terrifiée.
— Dis-moi, s'impatienta-t-il.
— J'ai une sorte de don.
Le long silence qui suivit fit trembler Kate.
— C'est-à-dire ? demanda Peter, perplexe.
Son visage était impassible.
— Je peux voyager entre les univers.
Ne détectant toujours aucune réaction sur le faciès de son petit ami, la jeune femme décida de continuer de parler :
— Ça paraît fou, mais ça explique mon amnésie. Je ne suis pas née à Saumura, en vérité, je viens de Pitisburg, sous le nom de Kristine. Le jour de mes dix-huit ans, j'ai fait mon premier voyage et j'ai atterri dans le corps de Kate, un de mes clones.
Un déclic passa dans le regard du jeune homme.
— Alors, tu n'es pas Kate ?
Kate ne put réprimer un sourire.
— Si, enfin, une partie de moi est cette fille, mais c'était un genre d'automate.
— Elle est où Kate, dans ce cas ?
Soudain l'amusement de la demoiselle devant la question devint de la peur.
— Je suis Kate, enfin je n'ai pas vécu son passé, mais cette fille, c'est moi, elle est une partie de moi comme je suis une partie d'elle.
Peter se releva, les mains dans les cheveux. Sa face était confuse, il ne la regardait plus comme avant, comme si elle était devenue un monstre.
— Peter, dis quelque chose, s'il te plaît.
Elle tremblait de peur.
— Je suis amoureux de Kate, pas de Kristine, dit-il froid, je veux qu'elle revienne.
— Mais je suis Kate, hurla-t-elle, effrayée.
La demoiselle s'était relevée, tentant d'attraper son regard.
— Regarde-moi !
Le jeune homme détourna les yeux et fixa la porte. La blonde se mit sur la pointe des pieds, agrippant son cou comme elle le pouvait.
— Peter, regarde-moi, supplia-t-elle, encore.
Le brun céda, bloquant ses yeux dans les siens avec une dureté qu'elle ne leur connaissait pas.
— Mes clones sont des genres de double, ce n'est pas parce que je n'ai pas vécu ces moments de mon passé, que je suis une autre personne. Depuis mon réveil, c'est bien moi et je le resterai toujours. Lorsque j'ai découvert un univers, mes clones restent inertes quand je quitte leur corps.
— Tu n'es pas la petite Kate qui a perdu ses parents.
La jeune fille haletait, tétanisée.
— Depuis quand t'es au courant pour ton amnésie ?
Pourquoi ne la croyait-il pas ? Pourquoi c'était aussi important pour lui qu'elle ne soit pas cette ancienne fille ?
— Kate, réponds !
Elle reprit ses esprits.
— Depuis que je me suis prise les balles d'Irina.
—Tu le sais depuis tout ce temps et t'as rien dit.
Il avait l'air tellement en colère.
— Au début, je ne croyais pas Véra, se défendit-elle.
— Qui est Véra ?
Le visage de son amie s'afficha devant elle, elle n'aimerait pas ça.
— Ma guide.
— T'as une guide ? questionna-t-il, les yeux ronds d'étonnement.
Pourquoi lui avait-elle dit ? Bien sûr qu'il ne comprenait pas. Véra avait raison d'être aussi méfiante.
— C'est assez compliqué, mais s'il te plaît, faut que tu me croies.
Le visage du garçon était totalement fermé.
— C'est trop pour moi.
Les yeux de Kate commencèrent à se faire humide.
— T'avais dit que tu pouvais tout entendre.
Le garçon souffla.
— Faut croire que je me trompais.
Une larme coula le long de la joue de la jeune femme.
— T'as dit que tu m'aimais, affirma Kate.
Peter s'arrêta quelques secondes, puis avec une lenteur extrême, il se tourna vers elle.
— C'est de Kate dont je suis amoureux et tu me l'as prise.
Une douleur forte et inattendue parcourut l'ensemble de son corps, ne lui laissant pas le temps de réagir. En une demi-seconde, l'émotion l'emporta et elle s'écroula parterre.
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