Cloisonnée
Un drap vert recouvrait son poitrail, ses poignets endoloris étaient collés à ses hanches. Kate tenta de les décoller, mais quelque chose de froid les maintenait fermement contre le support où elle était allongée. La blonde releva ses jambes, mais la même sensation lui bloqua les chevilles, elle était menottée.
L'impatience prit place dans ses entrailles, la fille ne supportait pas de ne plus être libre de ses mouvements. On devait la libérer, à bout, elle cria. La jeune femme ne savait pas ce qui la retenait ici, ni pourquoi, mais il allait devoir lui rendre des comptes. La pièce était blanche, il n'y avait aucune trace de décoration ou une quelconque babiole à admirer.
La blonde était dans une pièce vide, avec comme seule distraction, ses pensées. Elle continua de hurler et refusait de s'arrêter tant que la personne responsable de tout ça ne sera pas venu la voir. Kate était en train de s'épuiser, hurlant de toutes ses forces, quand le grincement de porte la fit se retourner.
Une grande femme brune aux yeux verts la fixa d'un air glacial.
— Qu'est-ce que je fous là ? s'énerva Kate.
La brune ne répondit rien et continua de la fixer d'un air méprisant.
— Pourquoi est-ce que vous m'avez menottée ? continua la blonde.
La femme aux yeux clairs continua sa ronde, puis s'adossa en face de l'allongé.
— Vous allez me répondre ? s'impatienta Kate.
— Tu devrais te calmer, Kristine.
— Pourquoi je ferais ça ? Je ne peux pas bouger.
— Chaque chose en son temps.
— Bien, il est temps, déclara la jeune fille, en la fixant avec insolence.
— Tu es très impatiente et capricieuse pour une gamine. Tu ne devrais pas être aussi fière, ça ne te causera que des ennuis.
— Ça m'est totalement égale, ce que je veux, c'est redevenir libre de mes mouvements.
Une fois de plus, la femme d'âge mûr ne répondit pas, puis après l'avoir dévisagée quelques secondes, elle quitta la pièce.
— Vous n'êtes pas sérieuse, libérez-moi ! hurla Kate, encore une fois.
La porte se rouvrit et laissa place à Jane.
— Jane ? Mais qu'est-ce que tu fais là ? questionna la jeune fille, confuse.
— Kris, je vais t'expliquer, mais d'abord, je t'en prie calme-toi, la supplia son amie.
— Je suis calme, affirma la fille, un peu trop promptement.
— Très bien, abandonna t-elle, il faut que tu saches que nous étions très inquiets pour toi.
— Oui, quel est le rapport avec les menottes ? demanda Kate, ironique.
— C'est que tu as un caractère impulsif.
— C'est pour ça que vous m'attachez dans une pièce vide ?
— Non. Écoute Kristine, disons que tu nous as semblé vraiment étrange hier. Alors nous avons décidé de t'amener ici.
— Mais où est-ce que l'on est au juste ?
Jane sembla gênée par sa question et devint rouge, avant de baisser les yeux.
— Jane, qu'est-ce qu'il y a ?
Une seconde passa.
— Jane, réponds-moi, s'emportât la jeune femme.
— Nous t'avons internée dans un asile psychiatrique.
— Pardon ? s'écria la blonde.
— Kris, ne te fâche pas, nous voulons juste t'aider.
— M'aider en m'enfermant ? Faudra que tu m'expliques, détache-moi maintenant.
— Je peux pas désolé, mais lorsque tu iras mieux, tu sortiras, t'en fais pas.
— Lorsque j'irais mieux ? Je vais déjà bien.
— Kris, tu as dit à tout le monde que tu venais d'un autre endroit.
— Oui et c'est vrai.
— Arrête, s'il te plaît. Si tu veux sortir, il va falloir te raisonner.
— Ce qui est sûr, c'est que si je reste cloîtrée comme ça, attachée à un lit, je vais vraiment devenir folle.
— Je suis désolé Kristine, s'excusa Jane, avant de sortir de la pièce.
Il fallait que Kate s'échappe de cet asile de fous, la jeune femme se débattit autant que possible, mais les menottes ne cédèrent pas. Il n'y avait même pas de fenêtre par laquelle observer le ciel. La blonde ferma les yeux et tenta de se réveiller d'un mauvais rêve ou de quoi que ce soit d'autre.
Il fallait qu'elle trouve une solution pour s'échapper. La jeune femme plissa les yeux avec force, comme lorsqu'elle était petite et qu'elle priait son étoile de réaliser son souhait. Soudain, une sensation familière s'emparât d'elle. La même que celle qui l'avait emportée après avoir reçu la balle. Kate était comme enveloppée dans des nuages, mais cette fois-ci, elle en avait pleinement conscience. Que se passait-il dans sa tête ? Avait-elle une maladie mentale qui lui provoquait des hallucinations ?
La jeune femme put se relever dans son mirage, il n'y avait rien autour d'elle, excepté une petite porte en bois. Kate avança vers elle et à peine eut-elle fait un pas, que la porte s'ouvrit. Elle décida d'entrer et fit face à un bureau.
— Salut Kate, lui dit une voix, à sa gauche.
La blonde se tourna face à la voix, elle appartenait à une femme d'un certain âge aux cheveux grisonnants, mais bien attachés. Cette dernière la regardait d'un air paisible.
— Vous êtes qui ? demanda Kate.
— Je suis ta guide, annonça-t-elle, avec un sourire.
— Ma guide routière ? lança la fille, avec ironie.
La vielle femme eût un petit rire, avant de la corriger :
— Je suis là pour t'aider, répondre à tes questions.
Kate la regarda et essaya de comprendre.
— Quel genre de questions ?
— Ça, il n'y a que toi qui puisse me le dire.
La dame faisait beaucoup de mystère.
— Où est-ce qu'on est ?
— Je ne sais pas si tu es encore prête à l'entendre. Tu n'aurais pas d'autres questions avant, afin que l'on puisse introduire le sujet ?
La vieille femme portait une longue robe blanche, Kate remarqua un bracelet en or qui recouvrait son poignet.
— Très bien, alors c'est quoi le truc avec Saumura ?
— Tu n'as pas choisi les sujets les plus faciles, mais si tu insistes.
La femme aux cheveux gris approcha son buste et se pencha au-dessus de son bureau :
— Vois-tu, il n'y a pas qu'un seul monde.
La jeune femme roula des yeux.
— Oui, je sais, il y a des milliers de planètes.
— Non, ce que je veux dire par là, c'est qu'il n'y a pas qu'un seul univers.
Kate fronça les sourcils.
— Vous êtes en train de me parler d'univers parallèles ?
— Kate, je sais que tu es très réticente à ce genre de croyance.
— Et mon expérience l'a confirmé.
La vieille femme s'arrêta et dévia le regard quelques secondes.
— Je sais, mais il faut que tu m'écoutes, si tu veux comprendre.
La dame inspira et fixa un sourire sur ses lèvres.
— Tu as un don, tu peux visiter plusieurs univers différents.
La blonde ne put s'empêcher de rire.
— Si tu veux t'en sortir, comprendre, il faut vraiment que tu me croies, car je suis la seule personne à même de t'aider.
L'expression de la blonde se figea dans la réflexion.
— C'est quoi Saumura ?
— C'est le premier univers parallèle que tu as visité.
— Visité ?
Kate fouilla dans ses souvenirs pour essayer de tout démêler.
— Lorsque tu as eu dix-huit ans à Pitisburg, tu as fait ton premier voyage la nuit suivante, déclara la femme à la robe blanche.
— À Saumura je n'avais pas encore dix-huit ans et ils prétendaient tous me connaître.
Qu'est-ce que c'était que cette histoire encore ?
— Ton corps est présent dans presque tous les univers parallèles, Kate. Mais ton esprit ne peut-être que dans un seul à la fois.
— Comment ça se fait qu'ils pensent tous me connaître ?
La jeune femme était toujours aussi suspicieuse.
— Parce que ta personnalité est la même et ton clone la reproduit, mais en la mettant dans les conditions de l'univers où il vit.
Kate était vraiment coincée dans un asile de fous, mais comment était-elle arrivée dans la chambre de cette folle ?
— Chaque univers n'a pas le même espace-temps qu'un autre et avec les phénomènes de dilatation du temps, il y a des différences. C'est pour ça qu'à Saumura, tu n'avais pas encore dix-huit ans.
— Mais comment je suis revenue à Pitisburg ?
— Ton corps était en train de mourir et ton esprit l'a voulu aussi pendant quelques instants à cause du chagrin, mais ton inconscient en a décidé autrement et t'as ramenée ici, pour que tu recouvres tes esprits.
Comment savait-elle pour le chagrin ?
— Sinon, je serais restée toute ma vie à Saumura ?
— Non, il y a des étapes, mais il me semble que tu n'es pas très douée pour faire les choses dans les règles.
— Ils m'appellent Kristine, là-bas. Pourquoi ?
La blonde ne comprenait plus rien. Le chloroforme avait dû provoquer des hallucinations.
— Dans chaque univers, tu as un prénom différent. Tu préfères que je t'appelle comment ?
— Kate, énonça la blonde, confuse.
La femme se leva et la regarda encore.
— Maintenant, il va falloir que tu arrives à contrôler ton don.
— Pourquoi ça ? Je veux juste rentrer à Saumura et ne jamais repartir.
— Ce n'est pas aussi simple que cela, Kate. De nouvelles portes vont s'ouvrir et tu seras immédiatement transportée vers elles. Si tu n'apprends pas à le contrôler, tu risques de faire des maladresses et cela pourrait te coûter ta liberté, voir même la vie.
— J'irais dans un autre corps.
La vieille dame baissa les yeux.
— Non, si tu meurs, tu mourras dans tous les univers, tu n'es pas immortelle.
— Comment je peux empêcher d'être transportée dans un autre univers ?
La blonde essayait de la croire, les morceaux du puzzle étaient éparpillés partout dans son crâne.
— Tu ne peux pas, tu dois l'accepter.
— Je ne veux pas.
— On n'a pas toujours ce que l'on veut dans la vie, conclut la vieille femme.
Cette phrase lui rappela Peter. À peine pensa-t-elle à lui que la femme aux cheveux grisonnants disparut. La blonde se retrouva dans le noir. Kate repensa à la conversation, tout ça allait à l'encontre de ses croyances, quand soudain deux portes se présentèrent à elle.
L'une était d'un blanc éclatant, sans aucune imperfection et l'autre, rouge sang. La jeune fille ne sut pas pourquoi, mais elle décida de s'approcher de la deuxième. Quand elle l'ouvrit, elle fut comme engloutie dans un nouveau cortex et aspirée. Kate n'eut pas le temps de crier, ses yeux s'ouvraient déjà dans une nouvelle pièce.
Une douleur dans le flanc et l'épaule la ramenèrent à la réalité, la jeune femme était revenue à Saumura.
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