❋ XVIII. Apologize ❋
{musique : Good Enough - Jussie Smolett}
" I just want you to look at me "
Cassie Jefferson
Le temps s'était arrêté, totalement mis sur pause. Pourtant, j'entendais toujours cette voix à travers le combiné, sa voix. La main de Stiles vint prendre la mienne tandis que son regard tentais de lire en moi. Ses prunelles marrons me détaillaient, cherchant la moindre faille pouvant lui révéler l'identité de cette personne.
- c..c'est mon père... Dis-je, les yeux toujours fixés sur le mur en face de moi
Je n'avais jamais parlé de mon père, à personne. Seul Daniel était réellement au courant de cette histoire. Mais mon silence à son sujet devait bien montrer que c'était une partie de ma vie difficile. C'est vrai, aux yeux des autres je suis la "fille sans père depuis ses six ans" ou bien je suis vue comme la demie-sœur de Daniel Grey, donc la "fille" de George Grey. Personne n'a jamais su la raison du départ de mon père à mes 6 ans, personne sauf ma mère. Et moi bien évidemment.
Je l'ai revu après son départ, je lui ai pardonné pour ses horreurs, je l'ai aidé, mais il n'a jamais été présent pour moi. Là il m'appelle, comme si de rien était. Il a besoin de combien cette fois ? 100$? 500$?
Il a toujours su que j'aurais été prête à n'importe quoi pour lui sauver la mise, et il en a profité. Il a retrouvé quelqu'un il y a trois ans et il est parti, comme un lâche. Quand moi j'ai eu besoin d'un père, quand j'ai eu besoin de lui, il n'a jamais répondu à mes coups de fils, soit disant qu'il avait beaucoup plus important à faire.
Il m'a blessée, je n'ai pas eu cette présence masculine, ce père pendant des années, malgré le fait que George soit arrivé dans la vie de ma mère. A vrai dire, ma mère, après le départ de mon père, était devenue une épave. Sans ma grand mère, on aurait pas survécu. C'est elle qui s'est occupée de moi pendant que ma mère passait ses journées à pleurer sur son sort. C'est un connard, il ne l'a jamais méritée. Sauf que j'en suis venue à cette conclusion il y a trois ans, quand moi il m'a abandonné comme un putain de lâche. Après son départ, j'avais toujours de ses nouvelles, enfin deux ans après qu'il soit parti. Il m'avait expliqué qu'il avait eu du mal à trouver un endroit, et un mode de vie stable, c'était la raison pour laquelle il ne m'avait pas écrit pendant deux ans.
On parlait, par lettres, et même si physiquement il n'était pas là, le manque de lui que je ressentais était atténué par ses mots couchés sur le papier. Puis il y a eu le jour où ma mère m'a acheté mon téléphone, à mes onze ans parce qu'elle partait souvent pour le boulot et qu'elle voulait que je l'appelle sans avoir à demander à qui que ce soit. On a donc continué nos échanges par textos. Tout ça ma mère le savait, et elle ne disait rien, pour moi. C'est vrai, elle aurait pu m'interdire de lui parler, mais elle ne voulait pas m'empêcher de communiquer avec lui parce qu'il l'avait faite souffrir elle. Ça aurait été égoïste de sa part, selon elle. Quelques mois plus tard, ma mère avait vraiment travaillé, et donc nous vivions une vie bien plus qu'aisée, c'est là qu'elle m'a ouvert mon premier compte.
J'ai eu le malheur d'en parler à mon père. Il s'est directement rapproché de moi en me demandant de le voir au café, parce que soit disant il était en ville pour le boulot. Naïve, j'y suis allée. Et c'est là que ses demandes ont commencées. " ma chérie pourrais tu prêter 50$ à papa ? je te les rendrai bientôt !" ou bien " je dois 100$ à un ami, tu peux m'avancer ?" J'étais bien trop naïve, ce qui fait qu'aujourd'hui, il me doit environ 1000$. Mais à vrai dire, je ne compte pas revoir cet argent.
Après ça, à mes quatorze ans, il est parti. Une nouvelle vie, une nouvelle femme, et surtout un nouveau numéro de téléphone. Imaginez la réaction d'une gamine de 14 ans lorsqu'elle apprend que le numéro de son père n'est plus attribué. J'ai d'abord cru à une erreur, puis j'ai cru qu'il lui était arrivé quelque chose, avant de me rendre à l'évidence. Enfin non, il a fallu que Daniel me le dise un an plus tard pour que je vois enfin la réalité en face : il m'avait abandonnée.
Je l'ai haïs, j'en ai souffert, puis j'ai compris. J'ai tiré une croix sur lui et tout ce que j'avais " partagé " avec lui. Même si j'ai plus souvent partagé mon compte en banque que des moments avec lui.
J'ai réalisé ma naïveté et mon inconscience face à cet homme que je ne connaissais pas, en réalité. C'est dur de se dire qu'il a fallut un regard extérieur pour que j'ouvre les yeux sur tout ce qui était en train de se tramer autour de moi. J'ai été aveugle, et je le regrette.
Il décide de réapparaître dans ma vie comme ça, comme si de rien était, et même si je le hais au plus profond de moi, j'ai envie de le voir pour savoir si je me trompe sur son compte. J'essaie toujours de me dire qu'il à changé, même si malheureusement je ne croirais pas cela possible.
Pendant ce temps, ma tête est tombée sur le torse de Stiles tandis que mes larmes ont coulées, sans que je le veuilles réellement. Ses mains caressent mes cheveux doucement. Je tremble, je renifle, tout ce qu'il y a de plus sexy.
Plus les minutes passent, plus mon rythme cardiaque ralentit, revient à la normale. J'ai besoin de parler, de savoir si oui ou non je dois aller le voir.
- Il veut que j'ailles le voir, murmurais-je contre le torse de Stiles
- Bah c'est bien non ? tenta maladroitement Stiles
- Pas après ce qu'il m'a fait, répondis-je froidement à Stiles, comme si c'était évident
Je réalisai qu'il n'était pas au courant de ce qu'il s'était passé, et donc que ma réponse était vraiment inappropriée. Je regrettais instantanément mes paroles.
- Excuse moi Stiles, je.. je suis juste perdue dans tout ce bordel.. m'excusai-je
- C'est pas grave, dit il doucement.
Sans même le voir, je l'imaginais sourire doucement contre ma tête.
- si ton père t'avais abandonné puis serait revenu dans ta vie pour ensuite repartir sans te donner de nouvelles pendant 3 ans et qu'il repointait son nez dans ta vie, qu'est-ce que tu ferais ? demandais-je en me redressant, mes yeux plongés dans les siens
Il sembla réfléchir quelques instants
- J'irais le voir, dit il, puis je lui ferais bien savoir que c'est un con
Je souriais. Dans cette situation, avec un sujet aussi délicat à mes yeux, ce garçon avait ce pouvoir sur moi, il pouvait me faire rire et même si j'étais détruite, il me donnait l'impression d'être heureuse à ses côtés.
Son pouce caressait ma joue doucement, s'arrêtant sur mes lèvres.
-t'es tellement plus belle quand tu souris, chuchota t-il en caressant ma lèvre
Je me penchai et déposai mes lèvres sur les siennes. Après tout c'est ce qu'il voulait non ?
Il passa son bras derrière mon dos avant de m'entraîner avec lui dans le lit, me faisant basculer sur lui.
Il était la seule chose dont j'avais besoin à cet instant.
~~~
Je me tenais là, serrant mon manteau contre moi pour me réchauffer dans ce petit café où, visiblement, le chauffage est une option. Ma jambe bouge frénétiquement, montrant le degré de stress et d'appréhension se trouvant en moi.
Stiles m'a déposée il y a seulement 10 minutes et j'ai l'impression que j'attends depuis trois heures. Sans lui, je ne serais pas allée à ce foutu rendez vous, je n'aurais pas envoyé de message à cet homme qui est mon père pour lui demander où se rencontrer et enfin sans lui je n'aurais pas eu le courage de l'affronter.
Les minutes passent, et toujours rien. Malgré ces trois ans où nous ne nous sommes pas vus, je saurais le reconnaître parmi tous.
~~~
Une heure que je suis là, une heure que j'attends. Notre rendez vous était à 16h, il est 17h passées et pour couronner le tout, la nuit commence à tomber. Je hais l'hiver.
Je me lève, lassée d'attendre. Il n'est même pas foutu de se pointer à l'heure à un rendez vous que lui même à donné.
Le bruit de mes talons résonne sur le carrelage du café. Après avoir réglé, je sors pour me retrouver dans les rues bondées de la ville.
Je reste quelques instant devant l'enseigne, vérifiant mes textos et profitant de l'air frais malgré que je crève de froid. Je marche en direction du parc en composant le numéro de Stiles quand j'entends une voix m'appeler
- Cassie ! Cassie ! Crie cette voix
Je me retourne pour faire face à "mon père", qui cours en évitant les passants.
Il n'a pas changé de visage. Seulement au niveau vestimentaire et capillaire. Les vêtements troués et tâchés ont laissé place à un costume assez taillé, et ses cheveux auparavant gris et mal coupés sont désormais organisés, lui donnant un côté très professionnel.
Il arrive auprès de moi, essoufflé
- Je suis désolé du retard, j'ai eu un...
- Je suis plus à une heure près, dis-je sarcastiquement en souriant faussement
Ouai, je préfère annoncer la couleur tout de suite. Qu'il ne croit pas qu'il va m'avoir en battant des cils et en m'achetant. Il sait à quoi s'attendre avec moi, et c'est pour cela qu'il ne dit rien.
- on va au parc ? demande t-il simplement
Je hoche la tête et lui emboîte le pas, sans dire un mot. C'est lui qui a voulu me voir, c'est lui qui doit parler, point.
- Je suppose que je te dois des explications, commence t-il
Mais quel génie! Qui aurait deviné ?
Face à mon manque de réponse, il reprend
- J'ai été un con, le pire des cons. Je sais que je t'ai blessée Cassis, mais j'ai commencé une nouvelle vie, et je ne voulais pas que tu ais un père alcoolo qui est incapable de se gérer seul.
Cassis. Ce surnom me ramène 4 ans plus tôt. Ce surnom était celui que mon père me donnait, il était le seul à m'appeler comme ça, et je crois qu'au fond ça me fait quelque chose de savoir qu'il s'en rappelle. Mais je ne dois pas céder
- C'est vrai que me prévenir m'aurait nuit, crachai-je sarcastiquement, tu te rends compte de ce que tu as fait ? Du jour au lendemain plus rien ! Volatilisé, disparu. Même pas un message, même pas un au revoir, dis-je la voix remplie d'amertume en repensant au jour où j'ai réalisé qu'il m'avait encore abandonnée
- je sais, j'ai rien pour justifier ça, je regrette mais sans ça je n'aurais pas pu remonter la pente. De te voir ça me rappelait ta mère et c'est ça qui m'a mené à ma perte.. susurre t-il
- Alors déjà ne commence pas à dire que c'est maman la fautive dans l'histoire, m'énervai-je, TU es parti, TU nous as abandonnées! Tu imagines l'état de maman? Avec ce que t'as fait elle à mis du temps à s'en remettre !
- Je sais, mais aujourd'hui elle est heureuse, bien plus qu'elle ne l'a jamais été avec moi, dit il, si je dois réparer quelque chose, c'est avec toi
- Ecoute moi bien, tu ne m'as pas donné de nouvelles pendant 3 ans, 3 putain d'années où je n'ai même pas reçu un " je vais bien" "comment se passent tes études" ou encore un "tu me manques ma fille", pourtant quand tu avais besoin de mon argent, les sms tu savais les écrire ! T'as commencé une nouvelle vie en tirant une croix sur ton ancienne ! Tu m'as brisée, et t'as brisé ma mère, je sais pas comment tu fais pour dormir la nuit avec ça ! crachai-je, tu t'es servi de moi, est-ce que tu m'as déjà aimé un jour ? Ou c'était mon argent pour tes bouteilles et ta drogue ?
- Bien sur que je t'ai aimé Cassie ! Et je t'aime toujours ! Mais tu peux pas savoir ce que j'ai enduré pendant toutes ses années ! Savoir que j'étais accro à tout ça ! J'ai fait ça pour vous protéger, hurle t-il ! Et si tu veux ton argent, je te le rend, dit il en sortant son carnet de chèque
- Là n'est pas la question, garde le ton argent, j'ai pas besoin de ça pour vivre. Ce que t'as brisé tu ne pourras jamais le réparer avec des chèques et des billets, crois moi bien, dis-je sur un ton agressif
Je l'avais touché. Il regardait à présent ses pieds. Au fond je m'en voulais, mais c'est ce qu'il me fallait, je devais lui dire. Je me sens mieux à présent, j'ai l'impression d'avoir fait ce qu'il fallait pour me libérer.
- Je vais y aller, dis-je en sortant mon téléphone, au revoir
Mon ton était toujours froid, je voulais maintenant partir, j'avais besoin d'être un peu seule.
- Je ferais tout pour réparer mes erreurs, cria t-il alors que je continuais d'avancer
J'attendais de voir ça...
Je continuais d'arpenter les rues. Je n'avais pas envie d'appeler Stiles, ne voulant pas discuter de cette après midi plutôt désastreuse.
J'avançai, voulant me rendre à la plage, comme d'habitude quand je ne me sens pas au mieux de ma forme.
Les rues étaient plus désertes. J'empruntai un raccourci que j'ai l'habitude de prendre quand je suis pressée. Il n'y a aucun bruit, la nuit est tombée, et cette rue me donne un peu froid dans le dos. J'accélère le pas, tenant mon manteau collé contre mon corps.
Soudain, je me retrouve plaquée contre le mur
- Alors la miss ? Qu'est ce que tu fais seule à cette heure ci? Besoin de compagnie ? me demande une voix, glaçant mon sang.
Je ne répond pas, espérant au plus profond de moi que c'est un mauvais rêve. Mais non, c'est bien réel.
- répond moi salope, chuchote l'homme en se rapprochant de mon visage.
Je tremble, je vais m'évanouir.
C'est alors que l'homme est vite écarté et projeté au sol, me libérant de son emprise.
Je met du temps à distinguer le visage de mon sauveur, qui ne m'est pas totalement inconnu.
" It's the same old damn song, you call yourself a father "
Chapitre 18 ! ✔️
J'ai eu beaucoup de mal à l'écrire et je ne suis pas méga fière de ce résultat! J'espère qu'il vous plait plus à vous qu'à moi ! J'aimerai savoir ce que vous en avez pensé? Vous vous attendiez à son père ? J'ai longuement hésité avec Benjamin mais voilà le résultat ! Et vous pensez que c'est qui à la fin ? Beaucoup vont surement le deviner :p Voilà bisous n'oubliez pas de voter, commenter, partager.. La suite dans la semaine peut être ! Because je suis en vacances :3
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