vert & motifs de croissant de lune




Choi Soobin aimait bien la pluie.

Choi Soobin préférait la pluie à ses cours d'anglais.
Son Junghyuk n'était pas un mauvais professeur : Soobin était persuadé que s'il avait été son élève quelques années plus tôt, ses cours l'auraient passionné. Seulement ce n'était pas le cas, et à présent Son Junghyuk était un être d'une morosité presque étouffante. Soobin n'avait aucune idée de ce qu'avait pu vivre son professeur. Il l'avait aperçu quelques années auparavant rayonnant et souriant, il avait alors des échos de cours d'anglais mouvementés et ludiques, tous les élèves étaient ravis de l'avoir comme instituteur. Lors de son premier cours, Soobin avait été étonné de retrouver un jeune homme dont le visage était peint d'une tristesse profonde. Cette expression ne quittait pas son faciès et collait sa douce voix qui en faisait basculer plus d'un dans les bras de Morphée. Au début de l'année, Soobin avait trouvé des points positifs à cette mélancolie ; elle l'intriguait, il la trouvait jolie. Son professeur était joli. Et la beauté de cet humain ainsi que de son bagage sentimental l'avaient initialement séduit ; il avait envie d'apprendre l'anglais, chaque cours semblait fait d'une poésie que Soobin appréciait. Seulement avec le temps, le lycéen fut lassé par la facilité de la matière et la tristesse de son professeur semblait avoir perdu de son éclat tout comme la beauté de ce dernier. Le fait était qu'à présent, Soobin préférait passer son heure de cours à observer et surtout écouter le ciel se lamenter à la place de Son Junghyuk.
Un soupir traduisit son soulagement à l'entente de la sonnerie et il put apercevoir les épaules de Soojin s'affaisser, signe qu'elle pouvait enfin se détendre ; l'anglais était l'une des rares matières à laquelle elle accordait de l'importance en vue de son futur. Soobin lui jeta un regard, légèrement curieux de savoir pourquoi son amie semblait soudainement si exténuée.

— Ça a l'air contagieux, ce qu'il a, fit-elle avant de poser sa tête dans ses bras, se préparant à dormir pendant le cours de littérature.

Soobin sourit faiblement à la remarque de la blonde et profita de la petite pause pour sortir de la classe. Il croisa d'ailleurs son professeur de lettre dans les couloirs, Jung Yunho, qui lui demanda la raison de sa sortie alors que le cours allait bientôt commencer. Il répondit simplement qu'il avait le cigare au bout des lèvres et Jung Yunho se contenta de sourire avant de le laisser passer. Il songea que Choi Soobin n'était pas un élève commun. Une fois dans les toilettes, Soobin fit ce qu'il avait à y faire en restant peut-être plus que nécessaire dans la cabine. Cet instant d'intimité le satisfaisait, la sensation d'expulser les déchets de son corps lui faisait du bien, et ses pensées l'emmenaient souvent un peu trop loin. En sortant, il fut surpris de voir qu'un jeune homme qu'il ne connaissait que trop bien – physiquement tout du moins – était en train de se laver les mains. Leur regard se croisèrent et Soobin crut ressentir une sorte de choc électrique, la sensation lui était étrangère et le rendit complètement confus, là, au milieu des toilettes du deuxième étage. Il se reprit rapidement et s'empressa de quitter la pièce, ayant l'intention de plutôt se laver les mains avec le gel que Soojin avait toujours avec elle, quand une pression se fit sentir sur son poignet.

— Attends, avait dit le décoloré en bleu.

La voix de Choi Yeonjun sembla le faire frissonner, mais il ignora royalement ce sentiment qui souhaitait le rendre tout chose et se retourna pour faire face à son aîné. Les yeux de Choi Yeonjun étaient d'un saphir étrange, assurément factice, mais inévitablement hypnotisant.

— Tu m'intrigues, avait finalement poursuivi le terminal en regardant fixement Soobin.

— Ah, avait-il simplement répondu sans rompre le contact visuel.

Soobin n'avait peut-être pas l'habitude qu'on lui dise clairement qu'il était intriguant – adjectif bien trop souvent remplacé par « étrange », « bizarre » ou « chelou » par ses camarades – mais tous les regards et chuchotements à son égard lui avaient fait comprendre qu'il n'était pas comme les autres. On le dévisageait comme s'il avait commis quelque chose de grave, or tremper ses frites dans son Orangina ou mélanger ses Pocky à la myrtille avec son bibimbap ne faisait pas de lui un criminel. Juste quelqu'un de singulier, intriguant oui, Choi Yeonjun avait trouvé le bon mot.

— Tu n'as rien d'autre à dire ? avait dit le décoloré en souriant face à la réponse simpliste du noiraud.

— Eh bien, c'est que..., commença-t-il en fixant le bout de ses converses abîmées, observant aujourd'hui sa chaussette verte et l'autre noire avec des croissants de lune. J'ai l'habitude qu'on me trouve bizarre, finit-il tout de même par dire, n'espérant pas que Choi Yeonjun puisse penser différemment que la plupart des autres lycéens.

En relevant son regard il vit pourtant un rictus franc imprimé sur les belles lèvres du plus âgé tandis que lui dévorait les siennes comme à son habitude.

— Tu n'es pas bizarre, fit Yeonjun. Tu es intriguant, étonnant..., Soobin aperçu les deux saphirs se poser sur ses lèvres torturées. Tu es charmant, termina-t-il en fixant toujours les commissures du noiraud.

Soobin sentait une chaleur grandir dans son ventre, Choi Yeonjun venait de le qualifier de « charmant », et aussi futile pouvait-il paraître, le sentiment qui le traversait le faisait fondre. Ses joues prenaient sûrement la couleur des biscuits à la fraise qu'il dégustait avec ses plats, il ne pouvait pas vérifier, mais cette fièvre qui lui prenait le visage ne pouvait être autre chose.

— Pourquoi tourmentes-tu tes lèvres ainsi ? avait finalement demandé le bleuté en relevant ses yeux dans ceux de Soobin.

Prit de court, il ne sut que répondre.

— Je ne sais pas, peut-être parce qu'elles ont bon goût, fit-il sans réfléchir à ce qu'il disait.

Yeonjun regarda à nouveau ses croissants de chaire malmenés.

— Je peux y gouter ? 

Le palpitant de Soobin fut comme électrisé, prit de quelque chose de violent, puis finalement engourdit, il se laissait dépérir dans sa misérable cage d'os. Le jeune lycéen ne comprenait pas. Enfin, il comprenait parfaitement que Choi Yeonjun venait indirectement de lui demander un baiser ; il n'arrivait tout simplement plus à réfléchir correctement. Pourquoi diable Choi Yeonjun souhaitait gouter à ses lèvres ? Il l'avait dit charmant, certes, mais tout de même. Soobin était dans un état de léthargie, comme débranché de la vie, ne remarquant pas que le décoloré devant lui attendait patiemment une réponse.

La seconde sonnerie, signe qu'il était temps de regagner sa classe, fut ce qui le relia à la réalité. Désarçonné, il ne savait que regarder, puis le visage calme de Yeonjun sembla apaiser son âme affolée.

— Je... je peux réfléchir ? avait-il dit subitement.

Yeonjun avait souri.

— Oui, bien sûr. 





☞ ☜

hey, comment allez vous ?

moi je suis toujours aussi contente de vous partager cette histoire, et j'espère qu'elle vous plaît ^^

prenez soin de vous mes chocolats 💙❤️💙💗💕❤️💞❣️💝💜

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