Choi Yeonjun.

Choi Yeonjun était un jeune garçon presque banal, presque normal, presque insignifiant. Mais il ne l'était pas, il faisait juste un peu semblant de l'être, voilà tout. Choi Yeonjun n'avait pas grandi dans une famille aimante ou stricte. Il était venu au monde et avait compris que cela suffisait amplement pour que ses parents ne lui portent aucune attention. Il avait longtemps songé que lui non plus, n'avait pas demandé à venir au monde, et que si ses parents étaient à ce point alourdis par son existence, lui n'était pas en reste. Mais il avait décidé de changer. Changer sa façon de voir les choses. Parce que continuer de voir la vie ainsi allait la lui pourrir, c'était certain, et ce n'était pas ce qu'il voulait. Et pour changer sa vision des choses, il avait commencé par se changer lui, car si ceux qui lui servaient de géniteurs ne le considéraient pas comme leur fils, il ne les considérait pas non plus comme ses parents. Alors il avait changé sa couleur de cheveux, il portait des lentilles, des vêtements colorés ; tout ce qui pouvait l'éloigner physiquement ou moralement de Choi Nami et Choi Taeyoon était à prendre. Ils ne souriaient jamais, alors il s'était mis à sourire plus souvent, ils n'aimaient pas leur travail, alors il s'était promis de vivre de sa passion, et c'était en vivant en opposition avec ce qui était souvent un modèle pour les jeunes de son âge qu'il s'était construit. Lui, Choi Yeonjun.

Choi Yeonjun était à ses dix-huit ans un lycéen ouvert d'esprit, souriant, apprécié de bien des façons et décidé à faire carrière dans le cosmétique. Choi Yeonjun avait beaucoup d'amis, enfin, en apparence. Il n'avait jamais parlé à qui que ce soit des quelques troubles qui lui avaient parfois rendus la vie dure, et qui continuaient de le malmener de temps à autres. Et au fond, malgré tous les efforts qu'il faisait pour se sentir bien et heureux, un grand sentiment de solitude le prenait chaque fois qu'il rentrait chez lui. Personne ne l'y attendait et il n'y attendait personne. Il se sentait terriblement creux. Puis un jour, sans raison aucune, son regard se posa sur un jeune homme de son lycée, sans cesse accompagné d'une lycéenne blonde. Il avait une expression faciale qui intriguait Yeonjun. Il semblait perdu, ou endormi, il ne savait pas trop, mais il trouvait cela mignon, si bien qu'il se retrouva à très souvent perdre ses yeux sur ce personnage intriguant.

Soobin – c'était le nom qu'il avait aperçu sur son badge en le croisant dans un couloir – avait des habitudes bien étranges : il accompagnait toujours ses plats de biscuits, mélangeant des aliments d'une façon qui ne lui serait jamais venue à l'esprit mais qu'il trouvait amusante ; il avait une façon de s'assoir étrange aussi, ses grandes jambes n'y étaient certainement pas pour rien ; il semblait sans cesse dans son monde et il avait l'air de bien s'y sentir. Yeonjun l'enviait peut-être, au fond de lui. Ce jeune homme était lui-même et n'avait pas l'air de faire d'effort pour se sentir heureux. Mais ce néfaste sentiment n'était pas prédominant, non ; ce que ressentait Yeonjun en voyant Soobin, c'était de l'attirance. Il ne parvenait pas à mettre de mots dessus, il était simplement pris d'une envie d'aller le voir, de discuter avec lui, il avait envie qu'il le regarde et lui offre son plus beau sourire comme il lui arrivait quelque fois de le faire à sa grande amie. Il avait l'étrange impression que Soobin – alors même qu'il ne lui avait jamais adressé la parole – pouvait l'aider à se sentir mieux, un peu moins seul, un peu plus lui.

Alors un jour, alors qu'ils étaient tous les deux seuls dans les toilettes, il lui avait dit ces mots qui lui brûlaient les lèvres. Tu m'intrigues. Ça pour l'intriguer, il l'intriguait. Puis il l'avait vu se torturer les lèvres, il s'était demandé pourquoi ce jeune homme si heureux se tourmentait ainsi. Peut-être parce qu'elles ont bon goût, lui avait-il dit. Jamais il n'aurait imaginé qu'on puisse lui donner une telle réponse, mais il l'avait sérieusement considéré, peut-être même bien plus sérieusement qu'il n'aurait dû. Si elles avaient bon goût, il voulait y gouter ; c'était tentant après tout, Soobin était un être captivant du bout des cils jusqu'aux chaussettes. Il lui avait laissé du temps pour réfléchir, bien évidemment. Il ne voulait en aucun cas le brusquer, et il s'en était déjà voulu à plusieurs reprises de lui avoir demandé un baiser alors même qu'il s'agissait de leur tout premier échange. Pourtant il n'avait pas clairement refusé, il avait même eu l'air confus, perdu, ses joues virant au rouge d'une façon qu'il avait trouvé adorable. Tout n'était pas perdu, s'était-il dit en y repensant.

Et il avait eu raison, puisque quelque jour plus tard, il lui avait lui-même demandé de l'embrasser. Il avait cru sentir son cœur bondir hors de sa cage thoracique tant à cet instant le noiraud lui semblait doux, adorable et terriblement désirable. Il avait répondu à sa requête le plus tendrement possible. À lui aussi c'était son premier baiser, et il avait été comme soulagé de l'offrir à Soobin plutôt qu'à quelqu'un d'autre. Parce qu'il avait senti toute la tendresse qu'ils s'étaient échangés, toute la douceur dont ils avaient fait preuve, et il était rassuré de constater que Soobin ne l'embrassait pas parce qu'il était Choi Yeonjun, un lycéen très apprécié pour des choses souvent artificielles. Il avait été sincère en l'embrassant, et Soobin l'avait lui aussi été, il l'avait senti, ça l'avait touché. Puis ils avaient récidivé, parce que ni l'un ni l'autre n'avaient su se passer de cette étreinte unique et des sensations qu'elle éveillait en eux.

Ils le faisaient toujours à l'abri des regards, Soobin ne lui avait jamais demandé pourquoi, lui non plus ne semblait pas ressentir le besoin de montrer au monde qu'ils s'aimaient. La vérité c'était que Yeonjun ne voulait pas qu'on blesse ce garçon qui lui était si précieux. Il savait comment pouvaient être certaines personnes qui l'appréciaient un peu trop, et si elles avaient découvert leur relation, elles s'en seraient très certainement prises à Soobin. Or le terminal ne voulait certainement pas être la raison d'une quelconque souffrance chez son petit rayon de soleil. Car c'était ce qu'il était devenu au fil des jours, un rayon de soleil qui illuminait à chaque instant le jardin délaissé qu'était son cœur, jardin dont les portes lui étaient définitivement ouvertes depuis ce jour où ils s'étaient avoués des sentiments réciproques. Yeonjun ne s'était jamais senti aussi aimé qu'à cet instant, et il n'avait rien fallut de plus pour qu'il tombe encore plus sincèrement amoureux de Soobin.

Et plus le temps passait, plus il se sentait bien. Soobin le rendait heureux en un sourire, il avait constaté que lui avait beau avoir fait beaucoup d'efforts pendant des années pour se sentir heureux, il avait suffi que le plus jeune arrive dans sa vie, lui offre ses sourires, ses baisers et son amour pour qu'enfin il se sente bien. Il avait compris qu'en réalité, rien n'avait jamais été aussi simple qu'aux côtés de Soobin. Il n'était plus seul, il existait pour quelqu'un, il était aimé et il aimait. Plus qu'à s'aimer, Soobin l'avait aidé à se trouver. Sûrement était-ce parce qu'il adorait lui poser des tas questions plus ou moins insignifiantes, mais plus ils passaient du temps ensemble, plus Yeonjun se retrouvait, à supposer qu'il s'était déjà connu un jour. Alors il avait peu à peu laissé tomber ses lentilles, il ne se forçait pas à sourire lorsqu'il était triste, se laissait rire aux éclats lorsqu'il en avait envie et pouvait avouer haut et fort qu'il aimait un autre garçon tout en ne se privant pas de dire à quel point il ne se sentait pas bien lorsque ses troubles refaisaient surface. Et ce parce qu'il savait que Soobin serait là pour l'aimer, le faire rire, sourire, lui donner une épaule sur laquelle pleurer et une âme avec qui partager sa vie.

Il avait été touché en rencontrant véritablement pour la première fois Seo Soojin. Il savait que Soobin avait son monde, qu'il était heureux dedans, et il avait été saisi d'un bonheur immense en comprenant qu'il en faisait à présent partie à part entière. Soojin l'avait visiblement accepté elle aussi, ils avaient fini par même très bien s'entendre, nullement surprenant lorsqu'on avait comme point commun un amour inconsidérable pour l'être qu'était Choi Soobin. Puis il avait rencontré Choi Namjoon et Choi Byeolyi, tout s'était enchaîné à une vitesse folle, mais il avait été bouleversé par tant d'allégresse. Choi Namjoon était un homme aussi doux que Soobin, légèrement maladroit mais sincèrement bienveillant. Choi Byoelyi aussi était douce et bienveillante, un peu plus droite et délicate que son mari mais tout aussi ouverte et accueillante que les deux hommes de sa vie.

Puis était venu le triste temps de fin d'année. Enfin, triste pour lui. À l'heure où la plupart des gens passaient les vacances en célébrant Noël et le nouvel an autour de grands repas de famille plus ou moins barbants ou joyeux, lui passait toujours cette période seul car ses parents se gardaient bien de partager les festivités. Ils se payaient toujours un voyage en amoureux pour fêter noël entre eux jusqu'au changement d'année. Alors lorsque Soobin lui avait proposé de passer le réveillon chez lui, il s'était figé. C'était simple, à l'instant, rien ne lui avait semblé plus beau que de passer ce moment usuellement triste en compagnie de Soobin et de sa famille. Bien sûr, il avait accepté. Et il avait eu raison, cette soirée avait été la plus belle de toute son existence, entouré d'âmes agréables et surtout de la plus belle qui lui était donné de connaître, celle du garçon qu'il aimait.

Il lui avait offert un baume à lèvres confectionné de ses mains, parce qu'il voulait partager sa passion avec Soobin et qu'il savait à quel point ses lèvres souffraient du froid et de ses attaques, bien qu'elles soient moins fréquentes. Le tout avec un petit mot, il n'avait pas une très jolie plume, mais il n'en fallait pas plus. Quelques mots d'amour, c'était amplement suffisant, le reste se faisait dans leurs regards, leurs attentions, leurs sourires. De son côté, Soobin lui avait confectionné un bracelet, des fils de laine et des perles de couleurs, c'était simple, très coloré, et tout bonnement adorable, à l'image de son créateur.

Ils s'étaient étreints, et quelques larmes avaient perlé de ses yeux bruns, rien de bien méchant, de la joie liquide, tout simplement.

Choi Yeonjun était serein à présent, parce qu'il aimait Choi Soobin, et qu'il le rendait heureux.

Fin

☞ ☜

et voilà, c'est la fin de 'Choi Soobin'

ne partez pas !

je tiens à vous remercier, à vrai dire en postant cette histoire j'espérait pas grand-chose de nouveau, je savais qu'elle était différente pour moi, c'est la première fois qu'une histoire a autant sonné comme une évidence pour moi, je n'ai jamais écris aussi facilement et aussi bien de ma vie, et ça m'a fait beaucoup de bien d'écrire cette histoire.

mais je n'imaginais pas recevoir de commentaires aussi doux et gentils que les vôtres ! je serai à jamais reconnaissante de l'amour que vous avez vous aussi porté à 'Choi Soobin'

maintenant, je vous le dis, j'ai un petit bonus citronné en brouillon, alors si ça vous intéresse, gardez l'histoire dans votre bibliothèque ;)

et autre nouvelle : je poste ce soir l'avant-propos d'un Taegyu ! Il s'agit d'une traduction d'une histoire anglaise, alors si les ff TXT vous intéressent, je vous conseil un tour sur mon compte ! je stan depuis peu de temps mais je compte bien écrire beaucoup de choses sur eux ^^

voilà, c'est terminé pour la petite pub haha

encore une fois, merci beaucoup d'avoir lu 'Choi Soobin' !