Chapitre 27 : Le début des B.U.S.E
Cat et Axelle ne furent pas très fraîches, le lendemain matin, lorsqu'elles firent leur entrée dans la Grande Salle pour le petit déjeuner. Leurs amies crurent voir arriver des zombies. La blonde titubait et était obligée de se tenir à chaque élève assis dans le réfectoire, pour pouvoir progresser à travers la salle. Ses mollets, de surcroît, avaient gonflé en deux grosses boursouflures, résultats horrifiants des coups de soleil qu'elle avait attrapés la veille. Les cernes noirs de sa camarade étaient quant à eux gravés sous ses yeux, indélébiles. Elles s'effondrèrent toutes les deux sur le banc des Serdaigle, et se servirent en café.
La Grande Salle était plongée dans l'atmosphère la plus studieuse et la plus nerveuse qu'elles aient jamais vue. Partout autour d'elles, des cinquième et des septième années s'entêtaient dans des révisions de dernière minute, leur livre posé à côté - ou même à la place - de leurs couverts. Une bataille de fourchettes éclata à l'une des extrémités de la table des Poufsouffle, pour un motif inconnu. Le temps, dehors, était à l'orage. Des éclairs lumineux rayaient le plafond magique, obstrué par de terrifiants nuages noirs, et leur détonation se faisait entendre à l'extérieur des murs.
- Cette nuit, ch'ai rêfé que le professeur McGonagall me parlait en sortilèches ! lança Axelle, après sa troisième tasse de café - elle semblait se requinquer peu à peu. Elle bouchait ses lèfres, comme ça (la jeune fille imita un poisson rouge), et au lieu que ce soient des paroles cohérentes qui sortent de sa bouche, c'étaient des incantations ! Du coup, che n'y comprenais rien !
- Et tu sais que c'est une épreuve de Sortilèges qui nous attend, tout à l'heure ? s'inquiéta Cerise - car si sa copine n'y comprenait toujours rien aux incantations, elle était mal barrée...
Cat se souvenait elle-même s'être endormie, hier soir, vers les minuits, avec des formules magiques et des ingrédients de potions tourbillonnant dans sa tête. Et elle s'était réveillée huit heures plus tard, en train de résoudre une équation différentielle d'ordre deux, destinée à connaître la position relative de Mars et de Saturne, trois jours après l'origine des temps arbitrairement fixée.
- Oh, regardez, là-bas ! s'écria l'Allemande, en pointant du doigt les portes de la Grande Salle, ouvertes sur le hall d'entrée. Ce sont les examinateurs machiques de l'Académie !
- Quoi ? Ces vieux croûtons ? se stupéfia Cat.
Elle n'en revenait pas ! C'était ce petit groupe de retraités qui allait surveiller ses B.U.S.E. ? La plupart s'accrochaient à leur canne et écoutaient, avec un sourire édenté, le professeur Dumbledore qui s'adressait à eux pour les accueillir. Une des sorcières, bien que minuscule par sa taille - Cat craignait que ses collègues ne la voient pas et l'écrasent -, se distinguait du lot par sa voix perçante, dont le niveau d'intensité acoustique frisait le seuil de douleur.
- On dirait ma grand-mère, plaisanta Anna.
- Elle ressemble à une fieille pomme fripée ! en rajouta Axelle.
- Eh ! Mais c'est elle ! Mamiiiiie ! s'écria la chevelure argentée, en se précipitant vers les vieillards.
A neuf heures, tous les candidats furent rassemblés dans le hall d'entrée, en attendant que la Grande Salle soit aménagée en salle d'examen. Les cinquième année se retrouvèrent agglutinés avec les septième année, et Cat se mit à chercher Vince en sautant sur place pour dépasser ces têtes d'élèves qui lui barraient la vue. Tous partageaient à présent leur stress avec une certaine forme de gaieté, jugeant qu'il valait mieux en rire qu'en pleurer pour se détendre : « Oh, de toute manière, mon père m'a dit que ce n'était pas si grave que ça, si je n'obtenais pas mes A.S.P.I.C. ! », « Eh, les filles ! Sous mon lit, ch'ai mis au frais quatre canettes de Bièraubeurre pour ce soir ! Comme ça, elles nous serfiront d'antidépresseur, si chamais on foire l'épreufe de Sortilèches d'auchourd'hui ! », « Finalement, la vieille dame n'était pas ma grand-mère ! ». Cat commençait à sentir l'excitation monter en elle. Bientôt, elle vit un châtain reproduire ses gestes, en se rehaussant sur la pointe des pieds pour se détacher de la foule ; elle reconnut son meilleur ami avec joie, et l'interpella de vive voix :
- Viiiiince ! Youhouuuuu !!!
Plusieurs étudiants se retournèrent sur cette folle qui agitait ses bras en l'air, étonnés par une telle allégresse. (« Qui c'est, cette tarée ? », « Tu sais, c'est celle qui imitait le hibou, hier soir, dans le parc ! »).
- Alors, comment te sens-tu ? s'enquit Vince, qui était parvenu, tant bien que mal, à se frayer un chemin parmi cette masse compacte de sorciers.
- Très bien, et toi ? Prêt à décrocher l'ultime diplôme de Poudlard ?
- C'est comme s'il était déjà dans ma poche !
- Oui, moi aussi ! Les B.U.S.E. : une simple formalité ! affirma Cat, en balayant les examens d'un revers de la main.
Aussitôt après, elle se jeta sur son livre de Sortilèges, pour des révisions de dernière seconde, paniquée.
- Au fait, j'ai vu Lupin entrer dans la Grande Salle, tout à l'heure, dit le garçon. Il doit sûrement être en train d'astiquer les tables, et s'apprêter à surveiller l'épreuve...
- NON, NE ME DIS PAS QUE C'EST VRAI ??? s'horrifia la jeune fille.
Voyait-elle sa pire phobie se réaliser ? Car si son chéri venait à surveiller un examen, alors jamais elle ne réussirait à se concentrer, elle ne ferait que le regarder, et au final, ce serait une copie blanche qu'elle rendrait ! Ou plutôt... une copie baveuse ! Affublée de la mention « Troll » ! Après tous ses efforts, méritait-elle pareille malchance ?
- Mais non, ne t'inquiète pas, je plaisante ! la rassura Vince. C'est la vieille McGonagall qui est de corvée, ce matin ! Je l'ai vue ramener un plein sac de haricots qu'elle compte équeuter pendant les deux heures, pour faire passer le temps. Ah là là, c'est dur, la surveillance... Tiens, tu as vu que ton pansement sur le bras commence à se décoller ?
- Oui, je sais, répondit Cat, en jetant un coup d'oeil attendri à son pansement, qui ne tenait plus sur sa peau que d'un côté. Je pense que ma blessure est guérie, maintenant. Je vais pouvoir l'enlever...
Elle le retira tout lentement, avec la même douceur que Mr Lupin avait manifestée lorsqu'il le lui avait appliqué sur le bras.
- Et tu vas le garder ? questionna Vince, en se penchant sur la bandelette que Cat tenait désormais dans les mains et dont elle admirait le coton imprégné d'un liquide jaune-rouge visqueux. Baaah ! C'est dégueulasse ! fit le Serdaigle, en voyant son amie ranger le pansement dans sa poche, d'un air ravi.
A neuf heures et demi, les premiers mouvements de foule apparurent. Les portes de la Grande Salle s'étaient à nouveau ouvertes, et les élèves étaient appelés à y entrer, classe par classe. Tout cela paraissait si irréel, pour Cat... Voir tous ces étudiants se diriger d'un air apeuré vers la salle d'examen, marchant serrés les uns contre les autres, comme des pingouins avançant vers un précipice... Elle y était ! C'était aujourd'hui, les B.U.S.E., et elle y était ! Les choses s'étaient passées si vite ! Comment cela se faisait-il qu'elle ne les ait pas vues arriver plus tôt ? Pourquoi peinait-elle à prendre conscience de la solennité de la situation ?
Lorsqu'elle pénétra enfin avec les Serdaigle cinquième année dans la Grande Salle, elle découvrit avec un émerveillement manifeste - qui se solda par un « Waaaouh ! » - le nouvel arrangement des lieux : plus d'une centaine de petites tables individuelles s'alignaient à perte de vue, toutes tournées dans la même direction. Ordre et rigueur. Cela eut beaucoup d'effet sur la brunette. Elle était fascinée. D'autres, autour d'elle, tremblaient en revanche, bien trop impressionnés.
Il se révéla que le nom des candidats était gravé sur le bois de leur table, et que chacun devait chercher sa place. Cat et Axelle s'attaquèrent aux premiers rangs qui étaient à leur portée, s'inclinant sur chacune des tables pour lire si le nom inscrit dessus correspondait au leur.
- Ah, ces boeufs ! maugréa l'Allemande. En plus, ils ne les ont même pas ranchées par ordre alphabétique ! On en a pour toute la chournée, à troufer notre emplacement ! gémit-elle, en observant les dizaines de tables libres qu'il leur restait à examiner.
- Ne nous décourageons pas ! raisonna Cat. On a quoi ? Deux heures d'examen devant nous ! Sachant qu'il nous faut au moins compter une heure pour dégoter notre table, il nous restera quand même une heure pour nous atteler au sujet !
- Aaahrr ! Ca fait donc partie de l'épreufe, la recherche de notre place ? se passionna Axelle, en se prêtant finalement au jeu. Et c'est sur combien de points ?
- De toute manière, au bout d'un moment, il ne restera plus que deux tables, et ce seront les nôtres ; nous n'aurons plus trop de mal à les trouver !
- SI CHAMAIS QUELQU'UN FOIT LA TABLE D'AXELLE KRAFT ET DE CATHIE MIST, QU'IL SE MANIFESTE !!! hurla l'Allemande, à l'adresse de tous les candidats.
Les deux filles se dispersèrent pour des investigations plus prolifiques, et chacune trouva finalement, au bout de dix minutes, sa place attitrée : la blonde était condamnée à demeurer au tout premier rang, à deux centimètres du bureau de McGonagall, et la brune se retrouvait au beau milieu de la salle, environnée par d'innombrables tables d'élèves, de quoi la mettre bien mal à l'aise - elle qui préférait rester tranquille dans un coin, au fond ou tout devant, de façon à voir le moins de personnes possible autour d'elle.
- Grrraaah, ils l'ont fait exprès, de me placer ici ! ronchonna-t-elle, en posant son chaudron sur la table, avec mauvaise humeur.
Elle sortit sa trousse du récipient en cuivre, puis se joignit aux autres pour aller déposer le restant de ses affaires aux pieds du bureau de McGonagall. Elle en profita pour adresser une grimace burlesque à Axelle, qui était cependant bien trop occupée à décider si oui ou non elle sortait ses plumes à réponses intégrées, sachant que sa prof de Métamorphose l'avait en pleine ligne de mire. A neuf heures cinquante, Cat était revenue à sa place et faisait craquer ses doigts pour les échauffer. Elle tournait le dos à Anna ; Cerise se tenait à trois rangs derrière, un peu sur sa droite ; Vince était introuvable. Loin devant, Axelle pivota sur sa chaise pour appeler Cat et former sur ses lèvres les mots : « S moins une ».
- Silence, s'il vous plaît, ordonna McGonagall d'une voix tonitruante. Je vais maintenant distribuer les sujets.
- Ah ah aaah ! s'enflamma Cat, avec un sourire carnassier qu'elle destina à l'ensemble de ses camarades. A nous de jouer !
Une centaine de questionnaires volèrent dans les airs avant de retomber gracieusement sur chaque table individuelle. Cat s'empara du sien avec empressement. Un peu trop d'empressement... Elle commença par lire le sujet à l'envers, répondant d'emblée aux questions 45 et 46, et ne prit conscience de sa bêtise que lorsqu'elle fut arrivée en bas de page, et qu'elle se demanda pourquoi le sujet avait été si court... La panique la submergea totalement lorsqu'elle découvrit que le formulaire débutait en fait par une page de garde :
SORTILEGES
BREVET UNIVERSEL DE SORCELLERIE ELEMENTAIRE
Durée de l'épreuve : deux heures
Les plumes à réponses intégrées, les rapeltouts, les manchettes copieuses
et l'encre autocorrectrice sont interdits de présence sur les tables.
« Ah bon ? » se surprit Cat. « Donc on peut les utiliser sous les tables ? ».
Puis elle se lança corps et âme dans la question 1, et écrivit tout ce qu'elle savait.
¤~
A sa sortie de la salle, à midi, le hall d'entrée était en effervescence. Les questions fusaient de toutes parts - toujours les mêmes : « Alors ? Alors ? Comment ça s'est passé ? ». Elle entendait des cris, des rires, des pleurs. C'était la cohue, et il lui tardait de passer les portes du hall, pour sortir dans le parc. Mais elle vit bientôt qu'il pleuvait à verse, et elle fut contrainte de s'arrêter sur le seuil, au moment même où un garçon se jeta sur elle pour lui crier :
- Alors ? Alors ? Comment ça s'est passé ?
Vince était si surexcité, qu'il donnait l'impression que les examens étaient déjà finis.
- Pas mal ! répondit Cat, d'un air modeste, avec néanmoins un sourire satisfait qui jurait qu'elle obtiendrait au minimum un « Effort exceptionnel » à cette épreuve théorique de Sortilèges. J'ai beaucoup aimé le gros sablier de McGonagall ! Tu l'as vu ?
- Non, j'étais tout au fond de la salle, je n'apercevais même pas la prof ! expliqua le Serdaigle. Pourquoi ? Il était comment ?
- Enorme ! s'exclama la brunette. Digne de mesurer le temps de cuisson d'un oeuf d'hippogriffe ! Deux heures, en fait !
- Tu veux que je te l'achète, pour ton anniversaire ? proposa le garçon, tandis que son amie lui indiquait un couloir tranquille, avoisinant le hall, et dans lequel ils pourraient discuter plus au calme. Si je ne m'abuse, c'est bien dimanche que tu fêtes tes seize ans ?
- Ah mais ouiii ! C'est vraiii ! C'est le 30 mai ! s'écria la jeune fille, en se souvenant tout juste qu'elle était née ce jour-là.
- Quoi ? Ne me dis pas que tu l'avais oublié ? sursauta Vince, stupéfait.
- Ben tu sais... Avec toutes ces révisions... Alors, pour mon anniversaire, je veux : la baguette de Mr Lupin, toutes les cravates de Mr Lupin, un poil de la moustache de Mr Lupin, une dédicace de Mr Lupin sur la couverture de mon livre de Défense contre les forces du mal... Oh, et puis tant qu'à faire, la mention « Optimal » à toutes mes B.U.S.E. - mais ça, c'est vraiment optionnel...
- Non, attends, essaye de me demander quelque chose de possible !
- Mais je t'assure que c'est tout à fait possible ! s'emporta Cat, en secouant frénétiquement sa tête par l'affirmative. Rien n'est impossible ! D'ailleurs, crois-tu que m'offrir le sablier géant de McGonagall soit moins impossible que m'apporter une des cravates de Mr Lupin ?
- Je vais te le chercher tout de suite pour t'en convaincre..., dit le châtain, en amorçant un pas vers la Grande Salle.
- Arrête ! fit Cat, en retenant son compagnon par le bras. Je n'ai jamais dit que j'en voulais ! C'est bien trop encombrant !
- Ce n'est pas grave, je l'offrirai à Lupin, dans ce cas ! Je dirai qu'il vient de toi ! Tu n'as pas sa date d'anniversaire, par hasard ?
- Malheureusement non...
- Il faudrait peut-être la chercher...
- Tu ne crois pas que c'est un peu tard, maintenant ? Il reste moins de deux semaines avant les grandes vacances...
- Ben, ça te servira pour l'année prochaine !
- Et comment je fais pour connaître sa date d'anniversaire ?
- Tu la lui demandes, tout simplement !
- Hors de question ! Un élève ne demande pas un prof à quand est-ce qu'il est né ! Ca ne se fait pas !
- Ecoute, si vous êtes suffisamment proches au point de vous coller des pansements un peu partout sur le corps, je pense qu'il acceptera sans problème de te révéler sa date d'anniversaire, voire même son âge.
- Mais si je le questionne à ce sujet, il se doutera que c'est pour lui souhaiter son anniversaire, et il finira par comprendre que je suis amoureuse de lui ! Non, il vaut mieux s'y prendre autrement... Interroger un de ses collègues !
- Gaaah, c'est encore pire ! s'étrangla Vince. Il voudra savoir pourquoi tu t'intéresses au professeur Lupin, et il risquera de répandre une rumeur ! Pourquoi vas-tu toujours au plus compliqué ?
- Mais c'est pour réussir à obtenir la date d'anniversaire de Mr Lupin sans qu'il le sache ! Aaah..., soupira la jeune fille avec abattement. Si seulement j'avais développé le moindre don en Divination... Sans doute aurais-je pu lire dans une boule de cristal le jour où Remus Lupin est né... Eh ! Mais je sais ! Je n'ai qu'à demander au professeur Trelawney de me faire une prédiction !
- Tu plaisantes ? s'interloqua Coincoin, en avalant à nouveau de travers.
- Pas du tout ! Demain après-midi, j'ai mon épreuve de Divination, ça ne peut pas mieux tomber !
- Tu sais que ce ne sont pas nos profs, mais les examinateurs magiques de l'Académie qui nous font passer la pratique ? l'informa le garçon. Tu risques de ne pas voir Trelawney... Avec un peu de chance, elle sera à l'entrée de la pièce, pour vous appeler un par un, mais c'est tout.
- Avec un peu de chance, oui ! répéta Cat, qui s'y voyait déjà. Et je lui demanderai alors : « Excusez-moi, professeur, mais pourriez-vous me prédire à quand est-ce que votre collègue, Remus Lupin, fêtera son prochain anniversaire ? ». Cette prof est tellement sonnée qu'il n'y a rien à craindre d'elle : elle ne répétera à personne ma requête ! Au contraire, elle se fera une joie de me montrer ses facultés de voyante !
- A supposer qu'elle en ait...
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L'après-midi, l'épreuve pratique de notre amie se passa plutôt bien. Mise à part son envie de fou rire lorsqu'elle se retrouva face à son examinateur : un centenaire racorni, dont la barbe longue d'au moins cinq mètres entourait son cou comme un des châles du professeur Trelawney, et mis à part le fait qu'elle fut déconcentrée à de nombreuses reprises par des événements indépendants de sa volonté :
- Très bien, jeune fille. Vous voyez cette corde ? avait questionné le vieillard.
- Oui, avait répondu Cat, se demandant au passage si le grand-père la voyait lui-même, car il venait de réajuster ses lunettes et de cligner plusieurs fois des yeux.
- Pourriez-vous, avec votre baguette, lui faire un noeud ?
- Euh... Ca dépend : un noeud de huit, ou un noeud de chaise ?
« Commence pas à jouer sur les mots » s'était réprimandé Cat, et à cet instant même, un élève de Serdaigle était passé au-dessus de sa tête, flottant de manière instable dans les airs et criant « Au secouuuuurs !!! », victime d'un sortilège de Lévitation mal dirigé. Puis, la Serdaigle s'était vu confier la tâche de faire pousser de l'herbe contenue dans un pot de terre, et tandis que les brins verts montaient haut jusqu'au plafond et qu'elle attendait que le vieux sorcier lui dise de stopper son sortilège de Croissance, elle avait entendu un gros BANG ! provenant de l'autre bout de la Grande Salle, et s'était retournée pour voir élèves, examinateurs, tables et murs entièrement recouverts de sauce tomate, le tout dans un vaste périmètre. Elle apprit plus tard qu'un élève de Gryffondor avait dû lancer un sortilège de Gonflement sur son rat et n'avait pas su l'arrêter à temps.
Le soir, elle ne révisa ni ses Soins aux créatures magiques, ni sa Divination - même si ces deux disciplines constituaient les épreuves du lendemain -, mais préféra s'adonner à sa Métamorphose, qui lui faisait bien plus peur.
Ce n'était pas que l'épreuve pratique de Soins aux créatures magiques s'annonçait particulièrement facile, mais plutôt que Cat ne trouvait rien à revoir dans cette matière. Depuis le mois de septembre, les Serdaigle cinquième année n'avaient fait qu'étudier les Véracrasses avec Hagrid. Aussi Cat se demandait-elle bien pourquoi ce dernier leur avait fait acheter le Monstrueux livre des monstres... Pour le peu de monstres qu'ils avaient rencontrés au cours des trois trimestres...
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La brunette descendait tranquillement le dénivelé naturel menant à la lisière de la Forêt Interdite, là où elle devait passer son examen de Soins aux créatures magiques dans quelques minutes. Le beau temps était revenu. Un soleil radieux scintillait au milieu du ciel bleu. Tout en marchant, elle parcourait les lignes de son bouquin - qu'elle avait, depuis le temps, réussi à dresser (même s'il émettait parfois des grognements d'insatisfaction à être touché). Mais cela ne l'aidait guère, car elle ne savait même pas si les créatures figurant dans le livre étaient au programme des B.U.S.E...
En vérité, elle découvrit celui-ci au moment même de l'épreuve (« Mieux vaut tard que jamais »). On lui demanda de trouver le Botruc qui se cachait parmi les branches d'un chêne, et Cat, qui n'avait aucune idée de ce qu'était cette bestiole, s'efforça de claquer des mains et d'appeler : « Botruc ! Botruc ! Petit petit petit petiiiiit ! », sans aucun résultat. Au bout de dix minutes, l'examinatrice prit pitié d'elle et lui indiqua que l'astuce consistait à offrir à la créature quelques cloportes, ce qui la ferait apparaître d'entre les branchages. Mais notre amie eut beaucoup de mal à se résoudre à plonger la main dans cette jarre pleine de petits animaux grouillants dont elle devait se servir, et son hésitation contribua sans doute à lui faire perdre des points. Après quoi, il lui fallut sélectionner, dans un panier à provisions, l'aliment le plus apte à soigner une licorne malade, et elle éprouva là aussi des difficultés.
- Euh... Une pomme ? proposa-t-elle, en présentant le fruit à la vieille sorcière qui la notait. C'est très bon, une pomme !
Elle eut beau croquer dedans pour illustrer ses paroles, l'examinatrice parut désespérée, fit un « Non » de la tête, et l'autorisa à partir, sans que la brunette ne sache jamais ce qui convenait ou pas pour guérir une licorne.
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- Ca a été catastrophique, proclama Axelle, en redescendant l'échelle argentée, avec des yeux dégoûtés. Ch'ai tout raté... Sauf à la fin, où ch'ai eu une illumination !
- Une illumination ? répéta Cat, qui attendait sur le palier, debout sous la trappe.
- Oui ! Che t'assure ! C'est la première fois de ma fie que che fois quelque chose dans cette satanée boule de cristal ! Ch'ai fu un « P » ! « P » comme « Piètre » ! Alors ch'ai prédit à l'examinateur que ch'obtiendrai un « Piètre » à mon épreufe de Difination, et là il m'a crue sur parole !
- Au fait ! s'écria la brunette, avant que sa copine ne disparaisse dans l'escalier en spirale. Le professeur Trelawney est là-haut ?
- Oui, oui, ne t'inquiète pas ! la rassura l'Allemande. Tu pourras lui redire au refoir !
Avec un soupir de soulagement, Cat retourna s'asseoir avec les autres candidats contre un mur du palier. Bien sûr, ce n'était pas pour faire à nouveau ses adieux à sa prof de Divination qu'elle s'était enquise d'elle, mais pour lui demander une prédiction sur la date d'anniversaire de Remus Lupin. Tandis que les élèves patientaient autour d'elle, nerveux à l'idée d'être bientôt appelés à monter dans la salle d'examen, notre amie avait bien d'autres choses en tête, et se délectait des rayons du soleil qui chauffaient doucement les lieux lambrissés. Dans quelques instants, elle allait connaître le jour où Mr Lupin était né !
Mais quel paradoxe, tout de même ! Elle qui avait toujours pris Trelawney pour un charlatan, qui s'était tant de fois moqué de cette vieille mante religieuse, elle était prête, aujourd'hui, à croire à la moindre de ses affirmations ? Simplement parce que celle-ci concernait l'homme qu'elle aimait ? C'était risqué... Si Trelawney n'était pas une vraie voyante, sa prévision avait une chance sur trois cent soixante-cinq de se révéler exacte. Autant prendre un calendrier et choisir un jour au hasard, cela reviendrait au même... Mais Cat avait tout aussi bien une chance sur deux de s'adresser à une mystificatrice... Au bout du compte (et d'après de savants calculs), cela lui faisait environ une chance sur deux de découvrir la bonne date de naissance de son chéri... « Qui ne tente rien n'a rien ! » se dit-elle avec un sourire, et après tout, le professeur Trelawney ne lui avait-elle pas annoncé, dès le premier jour de la rentrée de septembre, que son cours de Défense contre les forces du mal lui changerait la vie, et qu'elle sombrerait dans les yeux de Remus Lupin ? Cette révélation lui avait fait un choc, mais maintenant, Cat se rendait vraiment compte que Trelawney ne s'était pas trompée...
A quinze heures, une voix mystérieuse, provenant de la trappe, appela Cathie Mist, et celle-ci fut heureuse de retrouver sa prof de Divination qui l'accueillit à son entrée dans la pièce. Les rideaux écarlates avaient été repoussés de chaque côté des fenêtres, qui s'ouvraient gaiement sur le ciel bleu limpide, pour permettre à l'endroit, d'habitude si confiné, de s'aérer et de se rafraîchir. Jamais Cat n'avait vu une classe de Divination aussi lumineuse et aussi vivifiante. Les examinateurs y étaient sans doute pour quelque chose... Trelawney, en revanche, grelottait et resserrait ses châles autour d'elle, pour se prémunir d'une grippe.
- Le professeur Marchebank est libre, ma chérie, dit-elle, en claquant des dents et en indiquant de son doigt tremblant la vieille dame qu'Anna avait confondue avec sa grand-mère.
Cat hésita. Devait-elle tout de suite rejoindre l'examinatrice, ou pouvait-elle soumettre sa requête au professeur Trelawney, tant qu'elle l'avait sous la main ? Finalement, elle se dit qu'il valait mieux d'abord passer son épreuve pratique, après quoi elle aurait tout le temps de retrouver sa prof et d'écouter sa prédiction.
La brunette avait tout prévu. Elle savait qu'elle ne distinguerait rien dans la boule de cristal ; aussi avait-elle déjà inventé ce qu'elle allait y voir. A peine assise devant sa sphère, qu'elle déclara d'un ton assuré :
- Je vois une guitare.
- Une guitare ? reprit la minuscule sorcière, d'une voix stridente de scepticisme.
- Oui. Une guitare électrique, noire, avec les lettres « AK », gravées en haut du manche. Il ne peut s'agir que des musiciens de Avada Kedavra. Je vois aussi une date... Le 23 juillet !
La Serdaigle prédit ainsi que son groupe de hard rock préféré donnerait un concert en Irlande le 23 juillet - événement majeur, dont elle était au courant depuis le mois d'avril. Hélas, il ne fallait pas compter sur une centenaire pour connaître un tel groupe de musique, et le professeur Marchebank, en entendant le nom du sortilège de mort prononcé dans la bouche d'une élève si jeune, crut déceler chez cette pauvre enfant les germes d'un attachement à la Magie Noire. Elle griffonna avec inquiétude sur son carnet des mots qui ne sentaient rien de bon.
- Ben quoi ? rouspéta Cat. C'est quand même mieux que de professer le retour de Lord Voldemort !
- Oooooooooooooh !
Tous les occupants de la salle se retournèrent sur elle, scandalisés. Cette fois, la brunette venait elle-même de se coller l'étiquette de Mangemort sur le front, et elle lut la mention « Troll » dans le regard de chacun. Désespérée, elle ne fit aucun effort pour réussir la suite de l'épreuve, convaincue qu'elle ne parviendrait jamais à rattraper le tir. Dans un jeu de tarot, le professeur Marchebank retourna l'as de pique, et Cat lui annonça bêtement qu'il fallait se méfier du dard de l'abeille qui virevoltait dans la pièce. Enfin, elle passa dix minutes à se demander où se situait la ligne de vie de l'examinatrice, parmi toutes les rides qui striaient sa main.
- Ca ira comme ça, vous pouvez vous en aller, fit la vieille pomme fripée, à la seconde même où Cat se leva de sa chaise, légère à la pensée qu'elle était enfin débarrassée de cette matière pourrie et incompréhensible qu'était la Divination.
Elle pouvait désormais s'attarder sur son objectif principal : découvrir la date d'anniversaire de Mr Lupin ! Elle s'avança vers Trelawney, faisant mine de vouloir redescendre par la trappe, mais au lieu de poser son pied sur l'échelle, elle s'arrêta devant l'enseignante et lui demanda :
- Excusez-moi, professeur, mais pourrais-je vous parler un instant ?
- A quel sujet, ma petite ?
- C'est...
Cat jeta un coup d'oeil circulaire qui traduisit sa peur d'être écoutée par les élèves et les examinateurs de la pièce.
- ... personnel, termina-t-elle.
Tout d'un coup intéressée, le professeur Trelawney appela le candidat suivant, puis s'éclipsa avec la Serdaigle dans un coin reclus de la salle, derrière la pile de tasses de thé qui montait jusqu'au plafond et qui les cachait partiellement.
- Allez-y, mon enfant, dites-moi ce qui vous tracasse...
La brunette vit l'examinateur le plus proche les observer étrangement. Elle n'était pas tranquille...
- Parlez sans crainte, l'incita Trelawney, ici, les oreilles indiscrètes ne nous entendent pas !
- Voilà, se lança Cat. Pourriez-vous me prédire... à quand est-ce que votre collègue, le professeur Remus Lupin, fêtera son prochain anniversaire ?
L'enseignante se pétrifia. De toute évidence, elle ne s'était pas attendue à une telle question. A présent, c'était elle qui semblait indisposée à parler.
- Je... Je ne sais pas si..., balbutia-t-elle, en se retournant convulsivement pour voir si quelqu'un les épiait. L'atmosphère de la salle est un peu contrariante, aujourd'hui... L'air est frisquet, je ne sais pas si j'arriverai à me concentrer..., ajouta-t-elle, en s'enveloppant dans ses châles, si fébrilement qu'elle s'emmêla les doigts dans ses colliers.
- Vous voulez que je dise aux examinateurs de fermer les fenêtres et d'allumer de l'encens ? proposa Cat.
- Non ! sursauta la mante religieuse. Non, surtout pas ! Je... Je pense que je m'y habituerai, finalement. Voyons voir...
Le professeur Trelawney ferma les paupières et contorsionna ses mains pendant plusieurs secondes. Cat sentait son coeur tambouriner à la fois d'excitation et d'appréhension à ce que quelqu'un vienne interrompre la réflexion apparemment intense de sa prof. Enfin, cette dernière rouvrit les yeux et le verdict tomba.
- Ce sera... dans quatre jours ! proféra-t-elle, avec une voix qu'elle s'efforça de rendre gutturale.
- Dans quatre jours ? répéta Cat, surprise par la soudaine proximité de la date. Vous êtes sûre ?
Le professeur Trelawney parut affligée.
- Ai-je déjà prédit quelque chose qui ne se soit jamais avéré ?
- Euh...
- Oui, ce sera mardi..., reprit l'enseignante, dans un murmure très rauque.
- Mardi ? Mais, dans quatre jours, on sera lundi ! fit Cat, qui n'y comprenait plus rien.
- Ah ! Oui ! Lundi ! rectifia Trelawney. Excusez-moi, mon enfant, une erreur de ma part !
Dans quatre jours... Cela faisait si tôt que c'en était incroyable ! Et dire que Cat avait été persuadée qu'elle aurait dû attendre de longs mois avant de pouvoir souhaiter son anniversaire à Mr Lupin... Elle avait été prise totalement au dépourvu ! Dans quatre jours, cela signifiait... le 31 mai ! Le dernier jour du mois, juste après son anniversaire à elle ! Une nouvelle coïncidence qui rendait Cat stupéfaite, et à vrai dire un peu incrédule... Car les conditions dans lesquelles le professeur Trelawney lui avait fait sa prédiction laissaient à désirer, tout de même... Dans la précipitation et la contrainte... Cette date du 31 mai était bel et bien entourée de mystères...
Aussitôt que la jeune fille eut quitté la tour nord, elle s'empressa d'aller retrouver Vince, pour lui faire part de la nouvelle, et s'enquérir de ses impressions. Le garçon ressortait tout juste de son épreuve d'Arithmancie, et, la tête déjà pleine de chiffres et de calculs, l'évocation du nombre 31 finit par l'achever et lui provoquer une migraine.
- Le mieux, pour moi, aurait été que tu ailles directement demander à Mr Lupin sa date d'anniversaire. Mais bon, comme tu ne veux jamais m'écouter..., ronchonna-t-il.
- Dis-moi plutôt ce que tu penses de la date ! Après je te laisse tranquille, j'ai ma Métamorphose à réviser pour demain...
- Le 31 mai..., réfléchit Vince. Un jour après ton anniversaire ?
- Oui, c'est ça qui me paraît extraordinaire... Peut-être que Trelawney s'est trompée, et a confondu avec ma propre date d'anniversaire...
- Ca te laisse peu de temps pour lui acheter un cadeau... A la limite, tu pourras lui refiler un de ceux que tu auras reçu la veille...
- Ce n'est pas ça le problème ! Je peux toujours m'arranger pour lui trouver quelque chose ! Mais la question est de savoir si je le lui offrirai le bon jour !
- Hmmm, non, cette date du 31 mai me semble plausible... Si Trelawney avait prédit le 31 février, là j'aurais eu des doutes...
¤~
La Grande Salle était inondée de soleil, et abondait de nouveau en petites tables individuelles. L'épreuve de Métamorphose n'allait commencer que dans vingt minutes, mais la plupart des candidats étaient déjà installés, et s'activaient à sortir leurs plumes, leurs crayons, à déposer le reste de leurs affaires à côté du sablier géant, ou à remplir en avance l'en-tête de leurs parchemins. Cat avait révisé jusqu'à une heure du matin. C'était sans doute pourquoi elle ne cessait à présent de bâiller, et de poser ses bras et sa tête contre le bois de sa table, comme pour récupérer sa nuit, bien qu'elle se redressait au bout de quelques secondes, de peur de s'endormir vraiment. La luminosité qui pénétrait la salle à travers les hautes fenêtres la gênait : elle avait le soleil dans les yeux. Le gros réveil que ses parents lui avaient récemment envoyé par hibou, en remplacement de celui qu'elle avait cassé en faisant tomber ses affaires sur Mr Lupin par un bel après-midi de mars, était posé devant elle, et elle avait rassemblé ses feuilles de brouillon en un petit tas, prêt à l'emploi. « Surtout, pas de panique ! Cette fois-ci je commence bien par la première page du sujet ! ».
Autour d'elle, quelques élèves agrémentaient leur table de friandises - de quoi grignoter s'ils venaient à avoir un petit creux au beau milieu de l'épreuve. C'étaient des Chocogrenouilles, des gnomes au poivre, des Couinesouris en sucre. Mais toutes ces victuailles, même rassemblées, ne pouvaient rivaliser avec celles d'Axelle, assise à une bonne dizaine de tables en face de Cat. La blonde avait prévu un véritable repas : elle plongeait sans arrêt sa main dans son chaudron pour en sortir un abricot, un sandwich, un oeuf dur, un chapelet de saucisses, un deuxième abricot, une boîte de sardines, un oignon, une bouteille de Bièraubeurre... A côté d'elle, le professeur Rogue (c'était lui qui surveillait l'épreuve) la regardait d'un oeil suspicieux et s'impatientait.
- Dépêchez-vous de vous installer, l'examen commence dans deux minutes.
L'Allemande s'empressa d'extraire ses deux derniers abricots, ainsi que sa noix de coco. Rogue ordonna enfin aux élèves de se taire, et une centaine de questionnaires volèrent jusqu'aux tables. Celle d'Axelle était désormais entièrement couverte de vivres. Il ne restait aucune place pour qu'elle puisse poser son sujet ; aussi le gardait-elle dans les mains pour le lire... Le maître des Potions s'arrêta à côté d'elle et la fixa de toute sa hauteur, d'un air narquois.
- Dites-moi, Miss Kraft, vous n'avez pas peur de mourir de faim ?
La jeune fille, qui s'apprêtait à tourner une page de son sujet, leva la tête et remarqua tout juste la présence de son enseignant.
- Non, monsieur, dit-elle, ch'ai tout ce qu'il me faut !
Et elle indiqua avec un plaisir mêlé de fierté la montagne de nourriture qui s'étalait devant elle, invitant presque Rogue à se servir. Ce dernier ne broncha pas. Un peu partout dans la salle, des élèves commençaient à épier la scène avec curiosité.
- Et où comptez-vous écrire ? susurra l'enseignant.
- Euuuuuhhh...
Axelle chercha des yeux une parcelle de surface libre sur sa table, et finit par comprendre qu'elle devait débarrasser celle-ci du fouillis qu'elle avait répandu.
¤~
A dix heures dix, Cat était penchée sur son parchemin, et gribouillait dessus à vive allure, heureuse de pouvoir fournir en détails la définition du sortilège de Disparition. Elle entendit à sa droite le froissement d'un papier bonbon, n'y prêta guère attention et continua à écrire, puis sursauta brusquement en arrière lorsqu'elle vit jaillir vers elle une Chocogrenouille, qui par chance s'écrasa sur la copie de sa voisine de gauche.
- Eeeeeh ! tempêta la fille, en se retournant farouchement vers le garçon qui, propriétaire de la Chocogrenouille, levait ses mains en l'air pour s'excuser.
Cat rouspéta elle aussi, car son tressaillement lui avait fait verser deux grosses taches d'encre sur son parchemin. A plusieurs mètres devant, le professeur Rogue s'acharnait toujours sur Axelle : la Serdaigle avait décapsulé sa canette de Bièraubeurre, et la buvait à présent au goulot, bien partie pour la vider d'un trait.
- L'alcool est interdit dans les salles d'examen, gronda l'homme. Rangez-moi ça tout de suite ou j'en appelle à l'Académie des examinateurs magiques pour vous exclure de l'épreuve.
L'Allemande, tout en gardant sa bouteille dans la bouche, regarda le professeur du coin de l'oeil et tapota son index sous la mention « Sans alcool » de l'étiquette. Ils étaient maintenant nombreux, dans le voisinage de Cat, à observer Rogue tournicoter autour de la blonde.
- Ma parole ! Il la drague ! lança un Gryffondor, assis à la gauche de la brunette.
Notre amie ne put alors s'empêcher d'exploser de rire, et son hilarité fut immédiatement entendue par Rogue. L'enseignant bloqua sur elle un regard perçant. Il laissa derrière lui la table d'Axelle, pour s'approcher de celle de Cat. Cette dernière, alarmée, se précipita sur sa copie, et tâcha de ne pas redresser la tête. Rogue marchait silencieusement entre les rangs - chose étrange : chaque élève qu'il dépassait semblait pris dans une passionnante rédaction. Il atteignit bientôt la table de Cat, s'arrêta et toisa son gros réveil avec un rictus moqueur. Mais avant qu'il ne prononce le moindre sarcasme, Cerise brandit le doigt en l'air et appela :
- Professeur, pourrais-je aller aux toilettes ?
Le sorcier leva les yeux au ciel, fronça les sourcils d'agacement, puis se dirigea vers Cerise pour l'escorter à travers la Grande Salle jusqu'aux portes. Après quoi, il se planta sur le seuil, autorisa la brune à continuer le chemin toute seule, et inspecta à la fois la salle d'examen et l'entrée des toilettes qui se trouvait dans le couloir, juste à côté. Cat sentit un nouveau fou rire la démanger. Elle s'imagina le professeur Lupin, surveillant l'épreuve à la place de Rogue. Aucun doute qu'elle aurait levé le doigt pour lui demander : « Mr Lupin, vous m'accompagnez aux toilettes ? ». Sans compter les trop nombreuses fois où elle lui aurait réclamé des feuilles de brouillon et des parchemins supplémentaires, rien que pour le plaisir de le voir accourir vers elle et de caresser le papier qu'il aurait touché.
~¤
Le sujet de Métamorphose se révéla bien plus facile que ce à quoi Cat s'était attendue. Elle qui avait appréhendé toute la nuit, qui s'était même mise à pleurer, désespérant de n'y rien comprendre à ces sortilèges de Transfert et de Transmutation, elle vit finalement la chance lui sourire : à chaque fois qu'elle se trompait dans une réponse, elle remarquait son erreur au bout de trente secondes, et la corrigeait automatiquement. Elle réussit à répondre à toutes les questions, et envisagea ainsi l'épreuve pratique de l'après-midi avec une certaine confiance. Hélas...
Lorsque le professeur McGonagall appela son nom et qu'elle s'engagea à l'intérieur de la Grande Salle, elle découvrit avec effroi l'exercice pratique qui l'attendait : le sortilège du Sectumpierra ! « Non ! Non ! Ce n'est pas possible ! » s'affola-t-elle, en regardant partout dans la salle pour voir ce que les autres candidats avaient, refusant de poser ses yeux effarés sur cette affreuse pierre. « C'est le seul exercice de Métamorphose que je n'ai pas réussi ! Pourquoi faut-il que je tombe dessus ? ».
- Allons, allons ! Pas de raison de paniquer ! la rassura l'examinateur, d'une voix claironnante. Je vais simplement vous demander de transformer cette pierre en deux pierres distinctes.
Le cauchemar recommençait !
- Avec la baguette ? tenta la Serdaigle, dans l'espoir que le vieux sorcier lui réponde non.
Evidemment, il lui répondit oui. La brunette sentit son coeur s'emballer. Si seulement elle avait été attentive au dernier cours de McGonagall ! Elle ne se serait pas retrouvée là, à pointer une baguette tremblante sur un caillou inoffensif, à chercher dans sa mémoire la façon dont ses camarades s'y étaient pris pour sectionner leur pierre. A brûle-pourpoint, elle joua le tout pour le tout et s'écria :
- Sectumpierrrrrrra !
Du premier coup, la roche se fendit en deux, comme foudroyée par l'éclair. Cat fut estomaquée. En repassant devant sa prof de Métamorphose, qui se tenait à l'entrée de la Grande Salle, elle lui adressa un sourire plein d'assurance désinvolte, qui lui clamait à la figure : « Eh, eh ! Vous avez bien vu que j'ai réussi ! ».
¤~
Son week-end fut des plus horribles. En fait, elle ne put même pas appeler ça un week-end : jamais elle ne travailla autant. Elle passa son samedi entier sans quitter le dortoir - à part pour se laver, manger et aller aux toilettes -, révisant son Histoire de la magie jusqu'à s'en rendre folle - et il y avait de quoi, en restant enfermée dans la même pièce, vingt heures d'affilée. Elle carburait au jus de citrouille, boisson énergisante dont les vitamines l'aidaient, selon elle, à alimenter son cerveau et à ne pas tomber en hypoglycémie. Pour se donner du courage, elle pensait au professeur Lupin, se disait, les poings serrés : « Si tu veux rouler une pelle à Mr Lupin, faut que tu te démènes ! ». Des fois, elle songeait un peu trop à lui, se mettait à rêvasser au cadeau qu'elle pourrait bien lui offrir lundi prochain, à la tête qu'il ferait lorsqu'il le découvrirait (devait-elle le lui remettre en mains propres ?). Elle griffonna sur une de ses feuilles de brouillon un dessin de lui, somme toute fort ressemblant, et qui la fit beaucoup rire.
Le dimanche ne ressembla en rien à un jour d'anniversaire. Elle fêta ses seize ans dans la salle commune, penchée sur sa Défense contre les forces du mal, bien décidée à obtenir la mention « Optimale » à cette épreuve, pour qu'à la rentrée de septembre, Remus Lupin la félicite personnellement, peut-être en la prenant dans ses bras... Mais là, elle commençait à être dans la lune, ce n'était pas bon ! Elle se ressaisit en avalant une gorgée de jus de citrouille. Le plus désagréable, dans toute cette histoire, c'était qu'à chaque fois qu'elle s'attardait sur une matière, elle culpabilisait de ne pas pouvoir réviser les autres. Un sentiment absurde, car naturellement elle ne pouvait pas tout revoir en même temps ! Au final, elle resta éveillée jusqu'au fameux 31 mai, et réalisa avec torpeur qu'elle n'avait pas trouvé de cadeau pour son chéri. C'était trop tard, maintenant : il était quatre heures du matin, elle était épuisée, il ne lui tardait que d'une chose, c'était de rejoindre son lit, le seul réconfort en cette dure période de révisions.
Elle et Axelle montèrent silencieusement jusqu'au dortoir, gagnèrent leur couchette respective et l'Allemande régla l'alarme de son réveil pour qu'elle retentisse à huit heures. La jeune fille, dont l'humour n'avait point été altéré par la fatigue, mima un air affolé en s'écriant :
- Attention, ça fa bientôt sonner !
Puis elle s'écroula raide morte sur son matelas.
Quatre heures plus tard, l'alarme résonna dans le dortoir.
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Hey hey ! J'ai traduits deux chapitres donc a tout de suite dans le deux en espérant que vous aimerez ! J'ai aussi des nouvelles sur la nationalité de cette histoire, elle est française, Voilà donc elle appartient à Cat Mist, je n'en sais pas plus, k'espère que vous passez une bonne soirée et que vous passerez un bon week-end
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