Chapitre 23 : Un soir dans son bureau




- Alors, voyons voir..., marmonna Cat, plantée dans un couloir, différent de celui qu'elle avait fait trembler une semaine plus tôt avec sa guitare, quoique aussi désert et proche de la salle de Défense contre les forces du mal. J'ai bien tout ce qu'il me faut... Mon livre de Métamorphose, mon livre d'Histoire de la magie, mon cahier de Divination, mon cahier de Botanique, mon livre de Sortilèges, ma trousse de crayons de couleur, mon journal des rêves, mon réveille-matin, ma gomme... Ok, c'est bon, il ne me reste plus qu'à attendre...

Chargée de cette quantité impressionnante de bouquins et d'objets en tous genres qu'elle tenait dans ses bras, la brunette patienta dans le corridor. Au bout de cinq minutes, à peine, les premiers échos de talons de chaussures frappant le sol parvinrent jusqu'à ses oreilles (qui, au cours des sept jours précédents, avaient progressivement recouvré leur fonctionnalité), et la jeune fille jeta un coup d'oeil alarmé à son réveil : seize heures et quart ! Ce pouvait-il que ce soit lui ? Déjà ? Il était en avance d'au moins une demi-heure par rapport à la semaine dernière ! Cela signifiait sans doute que cette fois-ci ça allait marcher... Fichtre ! Cat aurait préféré lui jouer un air de guitare, plutôt que de lui balancer ses affaires à la figure...

Elle se mit cependant en marche, et il ne fallut pas longtemps pour que le professeur Lupin apparaisse au bout du couloir, face à elle, la tête baissée, l'allure sérieuse, portant de sa main droite sa valise en cuir. Le problème, pour Cat, c'était de réussir à avancer sans faire tomber le moindre objet avant le moment prévu ; ce qui n'était pas chose facile, vu la hauteur de la pile d'affaires qu'elle transportait et qui lui masquait partiellement la vue, et vu les secousses que provoquaient ses pas. Bientôt, la distance entre elle et lui s'amenuisa, et l'homme releva la tête, pour voir qui arrivait vers lui. Une lueur d'étonnement, mêlée d'amusement, passa sur son visage, et notre amie commença déjà à s'en vouloir pour ce qu'elle allait faire lorsqu'il répondit à son « Bonjour » par un autre « Bonjour », accompagné d'un sourire diverti.

Parvenue à un mètre de lui, la brunette calcula rapidement la meilleure façon pour elle de renverser ses bouquins sur Mr Lupin sans le blesser, puis se jeta à brûle-pourpoint à droite de l'enseignant, déploya ses bras vers la gauche pour catapulter sur lui tous ses effets (elle vit, l'espace d'une fraction de seconde, ses ouvrages se cogner contre son torse, dans un choc affreux, et sa gomme voltiger au-dessus de ses cheveux), sentit la manche de sa veste frôler son bras gauche, et s'écrasa enfin le nez par terre.

- Est-ce que ça va ? Vous n'êtes pas blessé ? s'écria Cat, en se relevant aussitôt avec affolement, les narines suintantes de sang.

- C'est plutôt moi qui devrais vous poser la question..., constata le sorcier, en fronçant quelque peu les sourcils.

- Oui, oui, moi ça va, mais vous ? Je ne vous ai pas fait mal ?

- Ca peut aller... Vous m'avez surtout fait peur..., répondit le prof, en posant finalement sa mallette à ses pieds (là où jonchaient toutes les fournitures scolaires de Cat) et en passant sa main à l'intérieur de sa veste.

- Je suis vraiment désolée..., se lamenta la jeune fille. Je ne voulais pas vous...

Mais le professeur Lupin l'écouta à peine : il sortit sa baguette magique, et la leva vers son élève, si bien que celle-ci se dit qu'en fait l'enseignant avait menti, qu'il avait été gravement offensé, et qu'il allait à présent la punir pour lui avoir jeté ses livres à la figure.

- Ne bougez pas..., lui dit-il, en pointant le bout de sa baguette sur son visage.

Cat ferma les yeux et respira par la bouche une pleine bouffée d'air, prête à recevoir le supplice qu'elle avait mérité.

- Tergeo ! ... Voilà. C'est mieux comme ça, non ?

- Que..., balbutia la brunette, en passant ses doigts sur sa lèvre supérieure, sur laquelle elle venait de ressentir un étrange souffle frais.

- Vous saigniez du nez..., expliqua Mr Lupin, en rangeant sa baguette et en reprenant sa valise.

- Ah bon ? s'étonna Cat, car maintenant ni son nez ni sa lèvre n'étaient maculés de sang. Eh bien merci !

- Ce n'est rien. Par contre, pour votre réveil, je ne sais pas si je pourrai faire grand-chose...

La Serdaigle baissa la tête pour voir ce qu'avait son réveil, et le découvrit éparpillé en plusieurs morceaux, devant les chaussures de Mr Lupin.

- Oh, ce n'est pas grave ! assura-t-elle. Laissez, je trouverai bien un moyen de le réparer !

- Vous allez vous en sortir, avec toutes vos affaires ? demanda l'enseignant, en jetant un regard circulaire sur le sol, parsemé de livres ouverts, cabossés, aux pages écornées, et de crayons en bois aux multiples couleurs.

- Oui, oui, ne vous inquiétez pas ! Je me débrouillerai ! dit l'adolescente, en s'accroupissant pour commencer à ramasser ses objets.

Sur ce, le professeur Lupin reprit sa marche et disparut du couloir, tandis que Cat plissa les yeux, se mordit la joue pour s'empêcher de pleurer, et regretta amèrement de lui avoir fait ce qu'elle lui avait fait, car par sa faute il avait sûrement dû être endolori, ou, du moins, agacé.

Le lendemain, à huit heures, Cathie Mist entra dans la salle de Défense contre les forces du mal la tête baissée, dans un état de repentir pitoyable, qui ressemblait presque à un état de deuil. Elle avait passé toute sa nuit à se tourmenter, à se demander si Mr Lupin lui avait vraiment pardonné son crime, et à larmoyer sous le poids des remords. Durant le cours, elle osa à peine le regarder, trop accablée pour estimer en avoir le droit. A la fin de l'heure, elle songea même à aller lui parler, pour lui présenter à nouveau toutes ses excuses, mais elle se dit que cela n'allait que l'énerver un peu plus, et elle y renonça finalement.

Par chance, le week-end arriva, et sa douce atmosphère printanière l'aida à chasser quelques-uns de ses regrets. Ainsi se sentit-elle capable, le lundi après-midi, de retour en classe, de poser ses yeux sur lui comme avant. Mais ce fut alors pour remarquer que lui ne posait plus les siens sur elle. C'était comme s'il l'évitait désormais du regard. A chaque fois qu'il s'adressait aux élèves, il observait tout le monde sauf elle. Ou peut-être ne le faisait-il pas exprès ? Peut-être l'avait-il oubliée pour de bon ? Pas possible ! Après tout ce qu'ils avaient vécu ensemble ? Après leurs heures passées dans la salle d'Histoire de la magie, en cours particuliers ? Après ces moments si agréables ? Mais cela ne représentait probablement rien pour lui... Il avait tourné la page depuis bien longtemps. Il était passé à autre chose. Peut-être même avait-il été encouragé à le faire, lorsque Cat avait balancé ses bouquins sur lui. Tout était de sa faute... C'était de sa faute s'il ne la regardait plus.

¤~

A présent, elle en était arrivée là : mercredi après-midi, en plein contrôle de Défense contre les forces du mal, alors que la salle entière était plongée dans un silence tendu, et que elle-même peinait à rédiger sa synthèse, qui était censée résumer les réponses aux cinq questions précédentes et apporter des connaissances personnelles sur la meilleure façon de tuer un dragon, Cat en était arrivée à se déconcentrer de sa copie, et à guigner le professeur Lupin, assis devant elle, derrière son bureau. Au lieu de trouver une solution au problème de l'épaisseur, bien trop importante, des écailles du dragon, qui faisaient ricocher la plupart des sortilèges lancés contre lui, la jeune fille pensait très fort : « Regarde-moi ! Regarde-moi ! », sans quitter des yeux l'homme à la cravate noire et aux cicatrices, comme si elle comptait sur lui pour qu'il entende ses ferventes supplications, et qu'il relève la tête. Mais cela se révélait être presque aussi dur que d'élaborer une synthèse.

L'enseignant était clairement occupé à déchiffrer un rouleau de parchemin et à écrire dessus de temps en temps. Sans doute corrigeait-il le devoir d'une autre classe ? La pile de copies qui était posée à côté de lui sur sa table conforta Cat dans cette idée. Quelle drôle de situation ! Elèves et professeur travaillaient en parallèle, mais dans un sens opposé ! Celui-ci corrigeait le contrôle que ses étudiants étaient actuellement en train de faire ; et ceux-là rédigeaient le devoir que leur prof allait bientôt corriger. A en juger par ses sourcils légèrement froncés, la correction des copies n'était pas une vraie partie de plaisir...

« Quel jeu sadomasochiste ! » se dit la brunette, en prenant soudainement conscience que tout le monde souffrait et se faisait souffrir, dans ce monde des études : les élèves, parce qu'ils étaient victimes de la difficulté des sujets d'examen, parce qu'ils passaient des heures de leur temps libre à réviser, et parce qu'eux-mêmes condamnaient les moments de repos de leur professeur ; celui-ci parce qu'il était obligé de se coltiner des dizaines de copies remplies de fautes désagréables à rectifier, parce qu'il devait apprendre ses cours sur le bout des doigts pour le lendemain, et parce qu'il torturait à son tour ses élèves, en leur flanquant de nouveaux devoirs, tout en sachant qu'ils n'allaient pas tarder à le faire souffrir à nouveau, et ainsi de suite... C'était un cercle vicieux. Une spirale de la souffrance. Mais alors que Cat était proie à de telles réflexions philosophiques, elle n'avançait en rien dans sa synthèse (peut-être allait-elle perturber l'équilibre du système de la douleur scolaire, en épargnant à Mr Lupin la peine de corriger un parchemin de plus ?).

« Regarde-moi, s'il te plaît, regarde-moi ! » continua-t-elle de supplier, en ne cessant de scruter le visage concentré de son professeur. « Remus ! Regarde-moi ! Je t'aime ! ». A cet instant, la tête du sorcier se releva d'elle-même, et ses yeux ambrés se posèrent sur Cat. Effarée, la jeune fille sentit une vague de joie remonter de son coeur jusqu'à ses joues, et celles-ci se gonflèrent en un sourire éloquent, qui manqua de peu de se transformer en un gloussement.

Pour ne pas laisser Mr Lupin en voir davantage (il allait se demander pourquoi elle lui souriait), elle se jeta sur sa copie, et fit un effort considérable pour poursuivre sa synthèse. « Naturellement, si l'on veut s'attaquer à un dragon, il faut le faire en prenant le moins de risques possible, en étant sûr d'être protégé par quelque chose. Si le terrain d'affrontement revêt des points d'eau, il est judicieux d'aller s'y immerger : ainsi, le lance-flamme de la créature ne pourra pas nous atteindre ». Ayant noté cette idée dans la première partie de sa composition, la Serdaigle se redressa et s'enquit de Mr Lupin. Comme par hasard, ce dernier leva la tête au même moment, et leurs yeux se rencontrèrent derechef.

Cette fois, Cat se dit qu'elle était grillée. Elle rougit en un temps record de cinq microsecondes, et se précipita sur son parchemin pour y marquer n'importe quoi, son coeur tambourinant dans sa poitrine. Cette fois, elle avait vraiment dépassé la limite : Mr Lupin devait vraiment se demander pourquoi elle ne faisait que le regarder, même pendant son devoir.

Il faut aussi faire attention à la queue du dragon : celle-ci est souvent pourvue de pics, ce qui la rend très dangereuse. Mais tout dépend aussi de la race du dragon...

Fouillant dans sa mémoire les noms des différentes familles de dragons que le professeur Lupin leur avait appris, Cat leva timidement les yeux vers lui, tout en gardant la tête penchée, et le vit alors croquer dans une pomme, dont elle n'avait jusqu'alors point remarqué la présence. C'était une belle pomme, rouge, brillante, qui révélait, aux endroits où elle avait été mordue, un intérieur jaune et juteux. Ecartant doucement le fruit de ses lèvres et continuant de mâcher, le châtain griffonna quelques mots sur la copie qu'il corrigeait. Ainsi donc, Mr Lupin aimait les pommes !

- Il a de très bons goûts, tu ne trouves pas ? s'exclama Cat, en franchissant les grandes portes de chêne de l'école, et en descendant dans le parc, en compagnie de son ami Vince. Mieux je le connais, mieux je m'en aperçois... En plus, c'est très bon pour la santé, les pommes ! C'est bourré de vitamines !

En disant cela, elle mordit dans la part de pizza aux trois fromages qu'elle tenait dans sa main, et foula les premières herbes verdoyantes de la cour. C'était le tout premier jour d'avril, et midi venait de sonner. La brunette s'était dépêchée de retrouver son compagnon et de le convier à la suivre dehors, car elle avait quelque chose à faire qui nécessitait son assistance, et car elle ne devait pas trop tarder, son prochain cours reprenant dans à peine une heure. Dehors, le temps était splendide : le soleil trônait dans un ciel bleu limpide, la tiédeur de ses rayons rendait l'air très agréable. Juste de quoi se balader en manches retroussées ! Le parc tout entier avait retrouvé sa verdure chatoyante. Les arbres semblaient crouler sous le poids de leur ramure, garnie à profusion de feuilles et de fleurs, de papillons virevoltants, et de petits moineaux dont les gazouillements ravissaient l'atmosphère.

- Tout à l'heure, en cours de Soins aux créatures magiques, j'ai repéré un pommier planté près de la cabane de Hagrid, expliqua Cat, en marchant avec énergie. Avec un peu de chance, ses pommes seront comestibles, et je pourrai en offrir une à Mr Lupin, pour me faire pardonner...

- Tu sais, il y avait des pommes, au réfectoire... Tu pouvais te servir..., signala Vince, avant de goûter à son propre morceau de pizza, que lui aussi était parti chercher à la Grande Salle, et que son canard, perché sur son épaule, lorgnait avidement.

- Oui, mais rien ne vaut une belle pomme sauvage ! rétorqua la jeune fille, pleine de conviction.

Les deux apprentis sorciers atteignirent enfin l'arbre fruitier, et levèrent la tête pour observer ses branches, ornées de pommes vertes, Cat avec une sorte de recueillement admiratif, Vince d'une façon beaucoup plus nonchalante, mâchouillant sa pizza et en proposant quelques miettes à son palmipède.

- Elles n'ont pas l'air très mûres, tes pommes..., commenta le garçon.

- Mais voyons, bien sûr que si, qu'elles sont mûres ! Ce n'est pas parce qu'elles sont vertes qu'elles ne sont pas mûres ! Toutes les pommes ne sont pas forcément rouges ou jaunes ! Il en existe différentes variétés : des rouges, des jaunes, et des vertes, aussi !

- Très bien. Alors pourquoi j'en vois une jaune, sur cette branche-là ?

- Euh..., fit Cat, en se grattant la tête, soudain perturbée. Elle est sûrement pourrie ! trancha-t-elle, puis elle s'avança vers le tronc.

Mais Vince remarqua que sa camarade était bien trop petite pour pouvoir attraper ne serait-ce que le fruit le plus proche du sol, et même lui, en se mettant sur la pointe des pieds ou en sautant, n'arriverait qu'à l'effleurer des doigts. Il fit part de son scepticisme à son amie.

- Et tu as une idée de comment tu vas réussir à décrocher une pomme ?

- C'est très simple, certifia Cat. Il suffit de penser à ce que je ferais subir à celui qui porterait quelconque atteinte à Mr Lupin... Ouuuuuh, miséraaaaable !!! s'écria-t-elle alors, en empoignant le pommier à pleines mains et en le secouant comme une hystérique, avec une hargne phénoménale qui faillit presque déraciner l'arbre.

Tout autour de la Serdaigle, des pommes vertes dégringolèrent en cascade, jusqu'à former un tapis.

- Et ben..., fit Vince, ébahi par un tel déchaînement de violence.

- Jamais je ne laisserais quelqu'un toucher à un cheveux de Mr Lupin ! renchérit Cat, comme pour se justifier. Pas même un cheveux blanc !

A présent, la jeune fille n'avait plus que l'embarras du choix : elle se pencha et ramassa un fruit au hasard, qu'elle examina ensuite à la lumière du soleil, avec le plus grand soin. Comme cela semblait lui prendre du temps, Vince entama la discussion, pour ne pas s'ennuyer.

- Tu sais que j'aurais pu envoyer Coincoin dans l'arbre, pour qu'il y cueille une pomme avec son bec...

- Coincoin... Tu oublies que je lui ai trouvé un autre nom, précisa la brunette, en faisant tourner la pomme dans ses mains.

- Ah oui, c'est vrai ! « Coincoincoin » ! Une sacrée différence, je dois dire ! Tu n'as pas été chercher bien loin !

Mais le garçon s'arrêta là dans les compliments ironiques, car il prit conscience que son amie était susceptible, qu'elle avait une pomme (c'est-à-dire un objet potentiellement dangereux) dans les mains, et il se rappela la surprenante brutalité qu'elle venait de manifester quelques secondes plus tôt.

- Au moins, avec ce nouveau nom, on ne peut plus te confondre avec ton canard, raisonna Cat, en collant la pomme contre son nez, pour en renifler l'odeur. Toi, c'est Coincoin : deux syllabes. Et lui, c'est Coincoincoin : trois syllabes. Ca se ressemble et ça se distingue à la fois. C'est simple et efficace.

- Tu veux un peu de sucre, pour ta pomme ? Ca pourrait faire une pomme d'amour...

- Tu en as ? s'enquit notre amie, véritablement intéressée.

- Non... Mais qu'est-ce que tu fais ? s'alarma le châtain, en voyant la brunette croquer à pleines dents dans la pomme.

- Ben... Je la goûte ! Pour voir si elle est bonne et si Mr Lupin ne risque pas de tomber malade en la mangeant ! Ah mais... Merde..., s'abattit la jeune fille, en réalisant que si cette pomme était déjà à moitié rongée, le professeur Lupin n'allait certainement pas en vouloir.

Vince se plaqua une main sur le front, comme assommé par tant d'étourderie. Cat alla chercher une autre pomme, tout aussi verte.

- Regarde bien s'il n'y a pas un ver dedans, conseilla l'Animagus.

Soucieuse de la santé de son prof chéri, la brunette prit son ami au mot et cogna légèrement son index replié contre la peau du fruit.

- Toc toc toc ! Y'a quelqu'un, là dedans ?

Puis elle lui annonça que, RAS, ça n'avait pas l'air de sonner creux.

- Bon, eh bien cette pomme me paraît tout à fait convenir ! déclara-t-elle enfin.

- Il t'a quand même fallu vingt minutes pour te décider...

- J'espère au moins qu'elle a bon goût...

- Ca, tu ne le sauras qu'en regardant la tête que fera Mr Lupin en la mangeant...

¤~

A quinze heures cinq et des poussières, revoilà Cat qui se trouvait illégalement dans la salle de Défense contre les forces du mal, invisible, à l'abri dans son recoin favori, patientant sagement avec le professeur Lupin, pour que les Poufsouffle première année s'installent, et qu'il puisse commencer son cours. Elle connaissait la technique, maintenant, pour s'infiltrer dans la pièce sans encombre ; et même si cela commençait à devenir une habitude, c'était à chaque fois un réel plaisir : l'adrénaline était toujours au rendez-vous ! Et quel régal que de pouvoir observer son homme adoré pendant une heure entière, sans se soucier de rien ! Cat avait sa pomme verte, cachée sous sa cape d'invisibilité rafistolée, et attendait que le professeur Lupin - qui venait de débuter sa leçon - quitte la proximité de son bureau, pour qu'elle puisse y déposer le fruit sans qu'il s'en aperçoive.

Lorsqu'enfin le sorcier contourna sa table et se plaça à l'avant de celle-ci (de façon à l'avoir dans le dos), la brunette y vit le signal pour elle de se mettre en action, et se dirigea, sur la pointe des pieds, vers le bureau du professeur. Elle arriva au niveau de sa chaise inoccupée, et étudia avec curiosité les objets posés sur le meuble qui la séparait de lui : un cahier ouvert et sur lequel figuraient quelques notes (élèves absents, moyennes de classes, devoirs), une trousse beige dont la forme faisait ridiculement penser à un boudin, une belle plume blanche trempant dans son encrier, un crayon en bois, un bouquin de Défense contre les forces du mal niveau un, et bien sûr la valise en cuir noir de l'enseignant.

Cat sourit, puis leva la tête pour s'assurer que Mr Lupin continuait de lui tourner le dos, se plut à contempler quelques instants son petit morceau de nuque visible entre son col blanc et ses cheveux courts, et sortit enfin de sous sa cape la fameuse pomme qui allait servir d'offrande. Elle tâcha de le faire le plus silencieusement possible, en limitant les bruissements de tissu, et en se maintenant dans l'axe de Mr Lupin, afin que ses élèves, assis devant lui, n'aperçoivent en rien ce qui se passait derrière son dos. La Serdaigle se pencha légèrement en avant et tendit sa main vers le rebord opposé de la table. A côté de l'encrier, elle déposa alors très délicatement la grosse pomme verte. Sa couleur vive jurait atrocement avec les objets ternes posés sur le bureau. C'était le jeu des sept erreurs, sauf qu'il n'y avait qu'une seule erreur : c'était cette pomme ! On ne voyait qu'elle !

De retour à sa place initiale, Cat continua de zieuter le fruit avec une moue d'appréhension. « Trouvez l'intrus... ».

- Je pense que vingt minutes seront largement suffisantes pour faire cet exercice ! déclara le professeur Lupin, avant de bouger pour regagner sa chaise.

Le coeur de Cat fit un bond. Ca y était ! Il allait retourner à son bureau ! Il allait voir la pomme ! Qu'allait-il dire ? D'abord il s'assit, avança un peu son siège, tourna la page de son cahier, approcha ensuite sa main de son encrier, pour s'emparer de sa plume blanche, et... La brunette se mordit la lèvre. Le châtain s'immobilisa, la main gardée en suspension au-dessus de sa plume, et afficha un infinitésimal froncement de sourcils. Incompréhension. Qu'est-ce que cette pomme verte faisait là ? Puis son sourcil gauche se haussa - l'autre resta contracté. Mi surprise, mi incertitude. L'enseignant attrapa la pomme, parfaitement intrigué. Voyant la tête qu'il tirait, Cat crut qu'elle allait exploser de rire. Pour s'en empêcher, elle plaqua sa main devant sa bouche et serra bientôt son poing entre ses dents, car son envie de rire était irrésistible.

Mr Lupin devait se demander s'il n'avait pas laissé traîner ici ce fruit sans s'en rappeler... Sa réponse fut probablement oui, car, l'heure du goûter approchant, il renifla la pomme, et croqua dedans. La Serdaigle invisible faillit glousser d'hilarité et de plaisir mélangés ! Mr Lupin avait croqué sa pomme ! Mr Lupin avait croqué sa pomme ! Et visiblement, celle-ci n'avait pas l'air mauvaise, puisqu'il plongea à nouveau ses dents dedans, pour en retirer un autre morceau. Le sourire jusqu'aux oreilles (elle était aux anges), Cat ne put s'empêcher d'admirer la satisfaction avec laquelle Mr Lupin mangeait cette granny, la façon dont sa fine moustache remuait à mesure qu'il mâchait. Pendant qu'il dévorait son fruit, elle le dévorait des yeux. Et, Dieu ! Ce qu'elle aurait aimé être cette pomme, rien que pour le privilège de rentrer dans sa bouche !

Sa chambre était baignée de soleil. Elle était jaune, orange ; elle brillait de chaleur ! Et ce lit deux places, aux draps vermillon, impeccablement bordé, qu'il paraissait moelleux ! Il donnait vraiment envie ! Tout comme Remus ! Il riait de bonheur. Et Cat, debout à ses côtés, dans une intime proximité (se tenaient-ils la main ? Etaient-ils enlacés par la taille ?), riait elle aussi, tant elle était heureuse, à vrai dire totalement folle de joie ! Remus lui faisait découvrir ses appartements car... elle s'installait chez lui ! Il l'avait invitée à venir vivre avec lui, à partager sa vie, à partager sa chambre ! Celle-ci était tellement belle ! Tellement aux goûts de la brunette, qu'elle en jubilait. Et ce lit !

Contre toute attente, la jeune fille s'élança et se jeta de tout son long sur le matelas. Elle rebondit tendrement sur le flanc droit, de quoi faire gigoter ses cheveux bruns, puis étendit ses bras, ferma les yeux, et étira ses lèvres en un profond sourire de contentement. C'était une vague d'énergie positive ! Une fièvre d'épanouissement ! Une force pour continuer dans l'avenir ! Ce saut, c'était un véritable saut dans le paradis !

¤~

Cat se remémora pour la énième fois ce rêve délicieux qu'elle avait fait dans la matinée, tout en grimpant paisiblement les escaliers de marbre. Aujourd'hui, c'était le vendredi des vacances de Pâques : elle avait fini ses cours à seize heures, et s'était empressée de sortir dans le parc, profiter de ces premières heures de congés, en faisant une balade avec Vince et Coincoincoin. Au coucher du soleil, elle avait finalement laissé les deux canards faire quelques brasses dans l'eau fraîche du grand lac, et était retournée au château pour dîner un peu tard.

A présent, elle remontait vers la tour des Serdaigle. Mais avant de s'enfermer dans la salle commune, il fallait qu'elle aille faire son petit tour coutumier dans le couloir de la Défense contre les forces du mal ! C'était une habitude, maintenant : à chaque fois qu'elle en avait l'occasion, elle passait par ce couloir, pour savourer la vue de la porte, bien que souvent fermée, de la salle de Mr Lupin. Sauf que cette fois-ci... La porte n'était pas fermée !

Cat n'en crut pas ses yeux ! La large bande de lumière qui s'étalait en travers du corridor indiquait pourtant clairement que la porte était grande ouverte. Fébrile, la brunette passa devant, tourna la tête, et eut tout juste le temps de distinguer une classe entièrement vide, et l'éclat d'un feu de cheminée, provenant du bureau privé du professeur Lupin, en haut des petits escaliers du fond de la pièce.

De suite, la promeneuse se plaqua contre un mur et son coeur s'engagea dans des battements frénétiques. Un millier de questions affluèrent dans son cerveau d'un seul coup : que faisait-il dans son bureau à cette heure-ci ? Que faisait-elle ? Avait-il du travail à terminer ? Y allait-elle ? Peut-être était-il en train de corriger des copies ? Etait-ce trop risqué que d'y aller ? Peut-être faisait-il autre chose ? Et si jamais elle se retrouvait enfermée dans sa salle de cours ? Peut-être allait-il bientôt partir ? Etait-ce mesquin que d'aller l'espionner ainsi ? Peut-être en avait-il pour toute la nuit ? Y allait-elle ?

Finalement, la curiosité l'emporta sur le reste, de même que sa terrible envie de voir de près Mr Lupin, au moins une dernière fois avant les vacances, et Cat se mit à courir à toutes vitesses en direction de la salle commune, sans faire attention aux claquements de ses chaussures qui résonnèrent dans le couloir. Avant de sortir de celui-ci, cependant, elle s'arrêta net et réalisa qu'elle pouvait appeler sa cape d'invisibilité à l'aide d'un Accio, ce qui lui évita de répéter l'erreur qu'elle avait déjà produite quelque temps auparavant, dans une situation semblable. Le vêtement magique lui arriva en très peu de temps, et elle fut tout aussi rapide à s'en recouvrir.

Trépidante d'excitation, elle regagna la porte de la salle de Défense contre les forces du mal, respira un bon coup, puis pénétra à l'intérieur sans faire de bruit. Tout était silencieux. Seul le crépitement des flammes, émanant du bureau de Mr Lupin, se laissait entendre. Il était fascinant d'observer toutes ces rangées de tables sombres, inoccupées et muettes, qui s'alignaient les unes derrière les autres, dans une froideur inquiétante. Heureusement, le feu de bois que Cat apercevait à l'étage était là pour la rassurer et pour lui signaler qu'encore un peu de vie subsistait en ces lieux.

Comme un moustique attiré par la lumière, la jeune fille traversa la classe endormie et arriva au niveau des petits escaliers de pierre, qui montaient jusqu'au bureau éclairé. Cat leva la tête. C'était la première fois qu'elle allait s'engager dans ces escaliers. Devait-elle continuer ? Sachant que, une fois parvenue là-haut, elle allait se retrouver seul à seul avec le prof, ce qui allait accroître ses chances de se faire remarquer. Sachant, de plus, que c'était un acte de voyeurisme qu'elle allait commettre là, que le professeur Lupin faisait peut-être des choses... personnelles. Mais encore une fois, la Serdaigle céda à la tentation, et elle escalada les marches à pas feutrés. Le crépitement des flammes se fit de plus en plus distinct à ses oreilles. Enfin, la jeune fille atteignit le sommet de l'escalier, et se tourna lentement vers l'entrée du bureau de Mr Lupin.

C'était une pièce circulaire, encombrée d'étagères, remplies d'objets maléfiques en tous genres, de crânes humains, de squelettes d'animaux, de pattes visqueuses flottant dans des bocaux poussiéreux, de silex, d'armes médiévales, et débordantes de vieux manuscrits. Au fond, sous la fenêtre grillagée qui donnait sur le ciel étoilé, se trouvait un aquarium, demeure d'un strangulot et d'herbes aquatiques. A gauche, c'était la cheminée, dont la bouche était animée de couleurs chaudes et chatoyantes. Et au centre, le plus important (ou presque) : le bureau du professeur Lupin ! Le bureau du bureau du professeur Lupin ! Un magnifique meuble en chêne verni, large et massif, très rassurant, déjà couvert de bouquins, de crayons, de rouleaux de parchemin, d'un candélabre, et d'une bouilloire fumante. Assis derrière, l'enseignant tenait à la main une tasse qui sentait bon la tisane, et semblait lire quelque chose. Il était toujours vêtu de son costume de la journée, quoique sa cravate se révélait être un peu plus relâchée - il en avait desserré le noeud, pour plus d'aisance.

Séduite, autant par la découverte de ces lieux que par l'atmosphère sereine qui s'en dégageait, Cat avança précautionneusement dans ce bureau accueillant. Elle n'osa trop s'approcher de la table de son chéri, mais tenta malgré tout de voir ce qu'il lisait, et discerna une sorte de plan étalé devant lui.

Soudain, contre toute attente, le sorcier replia cette carte et la rangea dans la poche intérieure de sa veste. Il s'étira en arrière sur son siège, croisa ses jambes, but une gorgée de son infusion, prit une calme inspiration, puis prononça ces deux syllabes, qui glacèrent le sang de notre amie :

- Cathie ?

Cette fois, Cathie Mist ne savait plus où se mettre. Son coeur battait la chamade, comme jamais il ne l'avait battue auparavant - ou peut-être si : exactement comme il l'avait battue lorsqu'elle avait failli se faire manger par le calmar géant. Elle tremblait de partout, que c'en était effroyable : sa main bougeait si vite, qu'elle en apercevait à peine les doigts. Elle était paralysée. Paralysée de peur ! Tétanisée. Elle avait fait ça ? Non ! Elle avait vraiment fait ça ? Elle s'était fait griller ? Elle ne voulait pas y croire, ce n'était pas possible. Elle était en train de rêver, un peu comme ce matin - sauf que ce matin, c'était un rêve, qu'elle avait fait, et que ce soir, c'était un cauchemar. Mr Lupin n'avait pas détecté sa présence illicite dans son bureau ; il ne pouvait pas l'avoir détectée ! Or, à moins qu'il ne s'amuse à parler tout seul et à articuler à voix haute le prénom de son élève, pour mieux le retenir ou pour en admirer l'esthétique sonore, c'était bel et bien elle qu'il avait appelée. Elle, qui se trouvait là, dans son bureau.

Cathie dut se rendre à l'évidence qu'elle était démasquée. Qu'à trop vouloir jouer avec le feu, la voilà qui finissait par se brûler. C'était comme ça que cela devait se terminer, après tout. Elle l'avait cherché. La jeune fille prit sur elle, fit un profond effort pour se calmer, passa en revue toutes les conséquences fâcheuses que cette catastrophe pouvait amener (des heures de retenue à passer avec quelqu'un d'autre que Mr Lupin et jusqu'à la fin de l'année, des explications hasardeuses sur le pourquoi du comment elle était là, qui allaient inexorablement déboucher sur des aveux, voire une déclaration d'amour prématurée), puis retira sa cape d'invisibilité, qu'elle laissa glisser à ses pieds, et déclara, d'un ton bon perdant :

- Bonsoir, professeur...

L'homme aux cheveux châtains se tourna vers l'étudiante qui venait d'apparaître à sa gauche, et arbora un sourire en coin, presque désabusé.

- Bonsoir, Cathie... Vous avez vu l'heure ?

- Je... Euh... Non... Il est quelle heure ? balbutia la questionnée, d'un air bête.

- Bientôt neuf heures... Vous ne devriez pas être dans votre dortoir ?

- Si..., répondit Cat, en baissant la tête, car elle savait qu'elle allait maintenant devoir se justifier.

- Que faites-vous ici ? demanda l'enseignant, un brin soucieux, en inclinant sa propre tête pour voir sur le visage de son élève si tout allait bien.

Celle-ci releva son menton et se résolut à regarder Mr Lupin droit dans les yeux. Ses iris ambrées reflétaient la couleur ardente du feu de cheminée : elles étaient magnifiques. Ce que Cat admirait, chez lui, c'était sa patience. Sa douceur dans sa voix. Aucune pointe d'énervement, ni de colère. Il était paisible. Ouvert à tout.

- Je... Je vous assure que je ne faisais aucun mal, dit-elle. Je n'avais... nullement l'intention de vous voler quoi que ce soit... ou de...

Mais elle ne réussit pas à finir sa phrase. Devant elle, le professeur Lupin continuait de siroter sa tisane, confortablement installé sur sa chaise, comme s'il recevait une invitée, et regardait Cat d'un air tranquille, bienveillant, qui laissait penser qu'il lui faisait entièrement confiance, qu'il n'avait jamais douté de sa sincérité ni de sa droiture. Son regard l'encouragea à poursuivre.

- Tout... Tout ce que je voulais, c'était... vous... voir.

Voilà. Elle l'avait dit. Elle avait dit la vérité. Désormais, à elle d'en affronter les retombées.

- Pourquoi ?

A nouveau, deux petites syllabes qui emplissaient l'air tiède de la pièce, sans réponse immédiate ; comme deux petits sons virevoltant, égarés, dans cet immense espace acoustique. Cat trouva que ces deux petites syllabes sonnaient très bien. Celui qui les avait fait sortir de sa bouche était très beau - il souriait, en plus ! Mais, diable, que cette question était embarrassante ! « Pourquoi ? ». C'était la question de base. Il aurait fallu s'en douter, qu'il allait la lui poser. Pourquoi avait-elle tenu à le voir ? Parce que... elle avait vu de la lumière, dans son bureau, et qu'elle avait voulu savoir ce qu'il était en train de faire... Et pourquoi s'intéressait-elle à ce qu'il faisait ? Parce que... Parce qu'elle l'aimait, parce qu'elle était folle amoureuse de lui ! Mais elle ne pouvait pas lui dire ça, c'était de la folie ! Là, maintenant, dans ces conditions ? Alors que rien n'avait été préparé ? Dans une totale improvisation ? Pourtant, il lui semblait qu'elle n'avait pas le choix. Si Mr Lupin voulait des explications et qu'elle tenait à ne point lui mentir...

- Parce que..., commença la jeune fille, en rougissant terriblement, et en ne pouvant s'empêcher de baisser les yeux sur la ceinture du prof. Parce que je... je vous...

Aime ?

« Non ! ». Cat regarda la cheminée rougeoyante.

- Pa... Parce que je... je...

Je vous aime ?

« C'est trop tôt ! »

- Parce que... je vou... je voulais savoir si vous aviez reçu ma pomme verte ! s'exclama-t-elle alors, d'une voix vive et accélérée, en retournant brusquement sa tête vers le professeur Lupin.

- Ah ! fit ce dernier, surpris - pendant que son élève s'épongeait le front, ruisselant de sueur, avec le dos de sa main. Oui, effectivement, j'ai trouvé une pomme verte sur mon bureau, il y a quelques jours de cela... C'était vous ?

- Exact ! déclara fièrement la brunette (d'autant plus fière qu'elle avait réussi à échapper au supplice de la déclaration d'amour précipitée, par un stratagème bidon, certes, mais au moins ça avait marché). Elle était bonne ?

- Oui ! Un peu acide, mais elle était bonne !

- Oh, je suis désolée..., soupira Cat, confuse. J'en avais testé une autre, du même arbre, et elle était assez sucrée... Malheureusement, je ne pouvais pas m'attendre à ce que toutes aient le même goût... Et je ne pouvais pas non plus goûter la vôtre, puisque j'allais vous l'offrir...

- Vous êtes allée la cueillir dans le parc ? s'intéressa Mr Lupin.

- Oui, il y avait un pommier, là-bas ! Ca m'a été dur d'attraper la première pomme, mais j'y suis finalement arrivée !

L'adulte la remercia, puis lui signala qu'il était neuf heures passées, et qu'elle avait intérêt à retourner dans sa salle commune si elle ne voulait pas avoir d'ennuis. La brunette ramassa donc sa cape, et la mit sous son bras.

- Je crois qu'il y a aussi un cerisier, près du grand lac..., réfléchit Mr Lupin, tandis que Cat se dirigeait vers la sortie.

- Ah ! Dans ce cas, je pourrai peut-être aller le voir, et vous rapporter des cerises ! proposa-t-elle avec un grand sourire.

- Oh, non, ce n'est pas la peine !

- Si, si ! insista-t-elle malicieusement, avant de le quitter pour de bon, en descendant les escaliers d'un pas rapide, et en enfilant sa cape d'invisibilité une fois parvenue au milieu de la classe.

Adorable ! Tout en marchant, le coeur encore tambourinant dans sa poitrine, Cat se dit qu'il était adorable ! Mieux que cela ! Il était... Il n'y avait pas de mot ! Sa gentillesse, sa tolérance semblaient infinies ! Il ne l'avait pas grondée ! Elle s'était infiltrée dans son bureau à la dérobée, sans son autorisation, et pourtant il ne l'avait pas réprimandée ! Même pas une retenue, même pas un air fâché sur le visage ! Avant de s'emporter, il avait simplement cherché à comprendre. Cet homme était un dieu. Il était exceptionnel. Et il avait réussi à percer la présence invisible de la brunette dans son bureau... Comment avait-il fait ?

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