Chapitre 16 : Déprime de janvier


A son retour à Poudlard, début janvier, plus qu'une chose était sûre, dans la tête de Cat : Mr Lupin était un loup-garou.

Durant ses vacances de Noël, la jeune fille avait tenté d'approfondir son exposé sur ces créatures maléfiques, et avait, en conséquence, passé certaines de ses nuits à s'interroger sur la question : quelle était la véritable nature du professeur Lupin ? Tous les soupçons qu'elle avait eus fin novembre et qu'elle avait essayé d'oublier étaient soudainement remontés à la surface, et l'avaient presque empêchée de trouver le sommeil. Toujours ces mêmes phrases, ces mêmes indices, incroyables de coïncidence, avaient tourbillonné dans sa tête sans relâche : Le loup-garou présente de multiples signes de fatigue... des cernes sous les yeux... un vieillissement légèrement prématuré de la personne... l'homme garde les traces des blessures qu'il a reçues pendant la nuit... Entre ces mots entêtants que Cat avait voulu chasser de son esprit, étaient venues se coller certaines visions du professeur Lupin, marchant de dos dans un long couloir sombre, s'éloignant vers des escaliers souterrains. De nouveau Mr Lupin, cette fois-ci de face, avec une expression mauvaise sur le visage, une longue pupille verticale tailladant son iris ambrée... La fièvre l'avait emportée. La jeune fille avait commencé à délirer. Et toujours, à chaque fois qu'elle avait cherché à refouler ces phrases incessantes, d'autres phrases étaient venues se loger à leur tour dans sa cervelle, dont une prononcée dans la bouche même de son cher professeur : « Moi aussi, j'ai parfois bon appétit ! ». Ca n'avait pas été de la folie. Mr Lupin avait réellement dit ces mots à Cat, le jour où il l'avait surprise en train de crier après Coincoin. Elle s'en souvenait clairement. Ces mots, la brunette y avait repensé, dans son lit : ils étaient la preuve d'une voracité particulière, chez l'enseignant. Et que disaient les livres que Cat avait parcourus pour faire son devoir sur les loups-garous ? Ils disaient que ces êtres, sous leur forme humaine, étaient très voraces, présentaient un gros appétit, surtout de viande. Sans le vouloir, ni même s'en rendre compte, le professeur Lupin s'était vendu. Cette phrase anodine, qu'il avait sortie en toute naïveté, avait désormais creusé son emplacement dans le crâne de la jeune sorcière et ne l'avait plus quitté. C'était un signe de plus, qui s'était ajouté aux autres et avait ainsi rendu le poids des soupçons de Cat encore plus lourd.

Une nuit, enfin, alors que la Serdaigle s'était réveillée en sursaut d'un cauchemar qu'elle avait fait et dans lequel Mr Lupin lui était apparu avec des dents pointues et des griffes à la place des ongles, une idée avait brusquement jailli dans sa tête. Il était écrit, dans les bouquins qu'elle avait lus à la bibliothèque, que les loups-garous montraient de nombreux signes de fatigue, particulièrement visibles à l'approche de la pleine lune. A quels moments le professeur Lupin avait-il présenté des symptômes maladifs ? Si ces moments se révélaient avoir été réguliers, et si, de plus, ils s'avéraient être survenus pile en même temps que les phases de pleine lune... Alors la réponse était trouvée. Alors il n'y avait plus de doutes. Mr Lupin était un loup-garou.

Le lendemain matin de cette nuit troublée, Cat s'était empressée de se rappeler les jours où Mr Lupin lui avait paru malade... D'abord, il y avait eu ce mercredi de fin septembre, où il avait semblé tellement épuisé, qu'il n'avait même pas pu rendre à la classe le premier contrôle de Défense contre les forces du mal de l'année. Et puis, il y avait eu ce funeste vendredi de novembre - fin du mois, également -, au cours duquel il avait été remplacé par le professeur Rogue, pour cause, soit disant, d'un rhume, et où il n'avait fait sa réapparition qu'à partir du lundi suivant, encore en fort mauvais état. Il avait été facile, pour Cat, de retrouver sur son calendrier le dernier mercredi de septembre, et le dernier vendredi de novembre. Il s'agissait, respectivement, du mercredi 30 septembre, et du vendredi 27 novembre. Cependant, il avait été mois facile pour elle de se faire à l'idée que ce petit rond blanc, dessiné à côté des deux jours qui l'intéressaient, représentait bel et bien une pleine lune. Le calendrier lunaire était formel : Mr Lupin était, par deux fois, tombé malade durant la pleine lune.

Cette fois-ci, il n'y avait plus eu à refouler cette certitude. Refuser d'y croire, cela aurait été nier l'évidence. La brunette avait donc dû prendre sur elle, pour faire face à cette horrible, affreuse vérité : Mr Lupin était un loup-garou. Oh, bien sûr, ses yeux s'étaient remplis de larmes, quelques unes avaient coulé le long de ses joues, elle s'était dit qu'elle avait découvert là un terrible secret, qu'elle n'allait répéter à personne, mais qui n'empêchait pas de la terrifier. Elle n'avait plus su que penser de cet homme (ou de cette bête)... Elle s'était avoué que, à la rentrée, elle n'allait plus le voir comme avant.

Et à présent, dimanche 3 janvier, alors que Cathie Mist était de nouveau à Poudlard, prête pour la rentrée du lendemain, ses copines lui demandaient : « Alors ? Tu as passé de bonnes vacances ? », et elle pensait ironiquement, avec un sourire amer sur les lèvres : « Merveilleuses ! J'ai découvert que l'homme que j'aime est un monstre ! ». A ses amies venaient s'ajouter d'autres camarades de classe, qui lui souhaitaient joyeusement une bonne année. Mais parti comme c'était mal parti, cette année s'annonçait loin d'être bonne... Mr Lupin était un loup-garou...

¤~

Le lendemain, Cat passa toute sa matinée à broyer du noir. Les deux heures d'Histoire de la magie lui parurent encore plus maussades que d'habitude. Le cours de Sortilèges ne fit pas exception. En se rendant dans la salle du professeur Flitwick (qui était en face de celle de Défense contre les forces du mal), la jeune fille ne tourna même pas la tête pour tenter d'apercevoir le professeur Lupin. De même, à midi, elle n'avait plus vraiment le goût à le regarder au loin, assis à la table des profs. Enfin, après une heure de Métamorphose plus qu'harassante (Cat avait eu beaucoup de mal à appliquer le sortilège de disparition sur une grenouille), le cours fatidique arriva. Le cours de Défense contre les forces du mal.

La jeune fille se rangea, avec ses copines, au tout début de la file des Serdaigle cinquième année, et attendit juste à côté de la porte ouverte, de laquelle sortaient des Gryffondor troisième année. Cat était anxieuse. Elle était dans le doute, aussi. Elle ne savait plus quelle allait être sa réaction lorsqu'elle verrait à nouveau Mr Lupin. Elle avait à la fois envie et pas envie de le voir. Une sensation étrange, effectivement... Allait-elle lui remettre toute sa confiance, comme elle l'avait fait avant, ou bien allait-elle désormais avoir peur de lui ? Allait-elle continuer à l'observer avec admiration et désir, ou bien allait-elle maintenant éprouver du dégoût à son égard ?

Alors que toute la classe des Gryffondor venait se passer devant ses yeux, en quittant la salle de Défense contre les forces du mal, Cat entendit la voix d'un élève, vraisemblablement à la traîne, qui s'adressait au professeur Lupin, à l'intérieur de la pièce :

- Professeur, dit le garçon, vous vous souvenez de la promesse que vous m'avez faite, avant les vacances de Noël ?

Interpellée, Cat écarquilla des yeux ronds, et prêta plus attentivement ses oreilles.

- Ah oui, fit la voix de Mr Lupin, qui se rapprochait. Voyons... Huit heures du soir, jeudi, ça vous convient ? La salle d'Histoire de la magie devrait être suffisamment grande... Il faut que je réfléchisse à la façon dont nous allons nous y prendre... Nous ne pouvons pas faire venir un vrai Détraqueur au château pour nous entraîner...

Sur ce, Harry Potter émergea de l'encadrement de la porte, se retourna quelques instants pour dire au revoir à l'enseignant, puis, le sourire aux lèvres, partit en courant à toutes vitesses dans le couloir, sans doute pour rattraper ses camarades Gryffondor. Abasourdie, Cat resta figée sur place, continuant d'observer, avec une bouche béante d'incompréhension, l'angle du mur où Harry Potter avait disparu, ne faisant nullement cas des Serdaigle de sa classe qui la dépassaient tous pour entrer dans la salle, suite à l'invitation du professeur Lupin. Lorsqu'elle se rendit compte qu'elle était la dernière de la file (alors qu'elle s'était initialement placée tout devant), elle pénétra presque de manière forcée dans la classe.

Immédiatement, son regard rencontra le visage de Mr Lupin, qui retenait la porte, pour lui permettre de passer. Elle qui s'était attendue à le dévisager, soit avec émerveillement, soit avec répulsion, jamais elle n'aurait imaginé qu'elle allait le regarder... avec indignation. Elle le fit pourtant. En passant à côté de lui, elle lui jeta un regard éloquent : à la fois outré, et meurtrier. Puis elle détourna la tête, et ne le regarda plus jamais pendant le cours. S'il avait même pu se taire, arrêter de parler pour expliquer ce qu'étaient les Sombrals, Cat s'en serait trouvée fort aise. Sa voix commençait à l'écoeurer... Sa voix... qui s'était adressée à Harry Potter pour lui donner un rendez-vous jeudi prochain... Cat en était malade.

Elle gardait ses deux coudes plantés sur la table, et sa tête coincée entre ses deux poings serrés, suffisamment inclinée pour ne pas voir une parcelle du professeur Lupin, et pour scruter son cahier à la place. Un rendez-vous avec Mr Lupin, le jeudi, à vingt heures... Oh, bien sûr, le célèbre Harry Potter avait droit à tous les privilèges ! Il n'avait qu'à claquer des doigts pour obtenir l'accord de Remus Lupin de le retrouver à telle heure, à tel endroit. Pour Cat, par contre, cela lui aurait pris des mois, avant d'oser lui proposer un rencard avec elle. C'était injuste ! D'accord, ça ne semblait pas être un rendez-vous romantique entre Potter et Mr Lupin (encore heureux), compte tenu de la dernière phrase de celui-ci : « Nous ne pouvons pas faire venir un vrai Détraqueur au château pour nous entraîner ». Cela paraissait être un exercice particulier, à pratiquer sur un Détraqueur, en vue de progresser dans la Défense contre les forces du mal. Mais tout de même ! Un cours particulier ! Qui dans ce château rêvait chaque nuit d'avoir un cours particulier avec Remus Lupin ? Qui désirait plus que tout passer une heure rien qu'avec lui, enfermée dans la même salle que lui, respirant le même air, buvant ses paroles et captant son attention tout entière ? Pourquoi Harry Potter pouvait-il y avoir droit ? Etait-ce parce qu'il était célèbre ? Pourquoi lui et pas elle ?

Elle était jalouse à en mourir. Et il n'y avait pas qu'à ce Gryffondor qu'elle en voulait. Elle en voulait aussi au prof. Car c'était lui qui avait donné son accord. Alors qu'il le voyait bien, que Cathie Mist, assise en face de lui, en crevait d'envie, d'avoir un rendez-vous avec lui ! Il le voyait bien, non ? Pourquoi lui faisait-il ça ? Il la narguait, sans doute... Pour la première fois de sa vie, Cat lui en voulait sincèrement.

Le jour suivant, à l'heure de midi, alors que la jeune fille sortait justement de Défense contre les forces du mal (cours qu'elle avait à nouveau passé sans s'attarder une seule fois sur Mr Lupin), et qu'elle se dirigeait vers la Grande Salle pour aller déjeuner, elle rencontra Vince sur son chemin.

- Alors ? Heureuses retrouvailles avec ton professeur adoré ? s'enquit-il, pour plaisanter.

- Oh... Moui..., répondit Cat, pas très convaincue.

Fallait-il lui dire que son « professeur adoré », comme il disait, était un loup-garou ? Non... Elle s'était jurée de garder le secret. D'abord, parce qu'il s'agissait là d'un fait grave, qui pouvait se répandre dans toute l'école comme une traînée de poudre, engendrant la panique chez les élèves. Ensuite, parce qu'il restait encore un faible espoir pour qu'elle se soit trompée. Ainsi, même à son meilleur ami, même à celui à qui elle confiait ses moindres pensées, elle n'allait rien dire. Elle allait se montrer forte, et tout garder pour elle.

- Tu as eu le temps de t'entraîner, pendant les vacances, pour une nouvelle tentative dans les couloirs du septième étage, jeudi prochain ? lança Coincoin.

- Ah, c'est vrai..., fit Cat, qui avait totalement oublié qu'elle avait passé ses trois derniers jeudis, avant les vacances de Noël, à chercher l'endroit où logeait le professeur Lupin. Je ne sais pas..., répondit-elle honnêtement. Je ne sais pas si je vais le faire, ce jeudi...

Jeudi... Le jour même où Mr Lupin avait rendez-vous avec Harry Potter, à vingt heures, dans la salle d'Histoire de la magie. Non. Elle n'irait certainement pas faire ses recherches au septième étage, jeudi prochain. Pour poireauter pendant des heures, dans le froid, pour un homme qui allait passer devant elle sans lui accorder un regard, et qui s'apprêtait, de surcroît, à avoir un rendez-vous avec un autre élève qu'elle, le soir même ? Non. Par vengeance et par colère, elle n'irait pas.

- Non, reprit-elle plus durement. Non, je suis fatiguée, je préfère passer mon jeudi matin au lit.

- Ah..., dit Vince, légèrement surpris. Tu ne l'aimes plus ?

- Qu... Quoi ? balbutia Cat, qui ne s'était pas du tout attendue à une telle question. Mais non, je... je l'aime toujours...

Mais elle-même ne savait plus si elle disait la vérité... Depuis qu'elle avait appris qu'il était un loup-garou, elle avait l'impression que ses sentiments avaient changé.

Plusieurs fois, à la table des Serdaigle, Vince jeta des coups d'oeil à Cat et remarqua qu'elle ne regardait plus la table des profs, à l'autre bout de la salle. La jeune fille se contentait de manger ses gnocchis, la tête baissée sur son plat, et restait silencieuse. Autour d'elle, ses trois copines s'animaient dans une conversation qui ne l'intéressait guère, pour ne pas dire pas du tout. Depuis la veille, Cerise venait de se trouver un petit copain, chez les Gryffondor cinquième année (ce n'était ni Fred ni George Weasley), et criait, à qui voulait l'entendre, les joies de sortir enfin du célibat. La façon dont elle avait fait sa connaissance restait un mystère pour Cat, de même que la manière dont elle avait réussi à sortir avec lui. Sans doute Cerise l'avait-elle raconté une dizaine de fois, mais il fallait croire qu'à toutes fois-là Cat s'était bouchée les oreilles. Et c'était ce qu'elle tentait de faire aussi, à présent, mais c'était dur. Les trois filles parlaient fort, la brunette n'entendait qu'elles, et quelque chose, au fond d'elle (la curiosité, peut-être...), la forçait à écouter la conversation, comme pour mieux la faire souffrir...

- C'est bizarre, que tu te sois trouvée un copain de ton âge..., fit remarquer Anna. Je me serais plutôt attendue à ce que tu ailles taper chez les quatrième ou troisième année... D'habitude, tu les préfères plus jeunes, non ?

- Oh, c'est vrai, parfois ! rigola Cerise, en rougissant. Mais c'est quand même mieux que de les préférer plus vieux !

Se sentant particulièrement visée par ce commentaire, Cat planta avec violence sa fourchette dans un de ses gnocchis. Ses camarades sursautèrent légèrement, mais elle ne leur adressa pas un regard, et elles continuèrent donc à bavarder.

- Je ne dis pas, sortir avec un sixième année..., reprit Cerise, d'un ton tellement sérieux qu'elle semblait parler d'un sujet grave. Mais déjà, sortir avec un septième année, c'est limite...

Abasourdie, notre amie contempla son assiette avec des yeux écarquillés d'effarement. Ces filles faisaient preuve d'une telle ouverture d'esprit que ça en devenait affolant...

- Moi, pourtant, dit Axelle, che suis déchà sortie afec un gars de dix-huit ans, alors que ch'en afais quatorze... D'ailleurs, mes parents n'étaient pas tellement d'accord, ajouta-t-elle à mi-voix, comme si ce fait n'avait pas trop d'importance.

- Quatre ans de différence ? constata Anna. C'est vrai que ça fait beaucoup...

Cat roula des yeux. Quatre ans ! Qu'est-ce que c'était ? Rien ! De la poussière !

- Pour moi, on ne devrait pas dépasser la barre des cinq ans..., sortit Cerise. A partir de là, ça fait vraiment une trop grosse différence d'âge...

- Moi, che connais un couple qui a dix ans de différence...

- C'est énorme ! s'écria Anna, en ouvrant de grands yeux horrifiés.

- Tu imagines, vingt ans ? lança Cerise. Ca existe ! Là, ça devient vraiment n'importe quoi... Comme si le type choisissait sa petite amie au berceau... Vous imaginez ? Il aurait vingt ans lorsque naîtrait la fille avec laquelle il coucherait plus tard...

- Pédophile ! cria Axelle.

- Et la fille, poursuivit Cerise, lorsqu'elle irait avec lui, il y aurait de grandes chances que ce soit pour son argent... Vous n'allez pas me dire qu'elle pourrait se sentir attirée par un vieux !

Cat, qui au cours de ces quelques échanges avait senti ses nerfs s'enflammer, sa respiration s'accélérer, cette fois-ci n'en put plus. Elle posa bruyamment sa fourchette sur la table, et tant pis s'il restait encore deux gnocchis dans son assiette et si elle n'avait pas pris de dessert : elle se leva du banc et annonça à ses prétendues amies qu'elle n'avait plus faim, et qu'elle préférait remonter à la salle commune pour se reposer un peu. Surprises, les trois filles se lancèrent entre elles des regards, pour savoir ce qui se passait.

- Tu ne restes pas avec nous, cet après-midi ? s'étonna Anna. On va faire un tour dans la salle commune des Gryffondor...

- Allez, viens ! l'encouragea Cerise. Il y aura plein de monde, là-bas ! Je suis sûre que tu pourras te trouver quelqu'un, toi aussi !

- Non merci, rétorqua la brune, d'une voix implacable, limite hargneuse.

Elle aurait voulu ajouter : « J'ai déjà ce qu'il me faut », mais les questions auraient immédiatement fusé : « C'est qui ? C'est qui ? C'est qui ? ». Elle se contenta donc de quitter la table des Serdaigle, d'un pas décidé, le coeur tambourinant encore dans sa poitrine, d'un énervement intense.

¤~

Cat passa son mardi après-midi entier à déprimer, assise toute seule sur le matelas de son lit, les jambes repliées, entourées par ses bras, le front posé sur ses genoux, unique occupante du dortoir des filles. Le mercredi, elle n'arriva pas bien à retrouver le sourire, et le jeudi fut pire que tout. Dans la soirée, elle quitta très tôt la table des Serdaigle, après avoir pris son dîner le plus rapidement possible (car elle avait senti des flots de larmes monter jusqu'à ses yeux et menacer de se déverser à tout moment). Arrivée au dortoir des Serdaigle, elle se mit directement au lit, remonta sa couverture jusqu'à son nez, se retourna sur le ventre et enfouit sa tête dans son oreiller. Elle éclata alors en sanglots étouffés, pensant et repensant que, ce soir, à vingt heures, Mr Lupin donnait un cours particulier à Harry Potter, et que, elle, elle restait là, à se lamenter.

Le lendemain, vendredi, elle parvint quelque peu à se remettre de ses émotions de la veille au soir, et à retrouver un semblant de goût à vivre. Mais ce ne fut que pour mieux retomber en chute libre durant le week-end, et elle passa un dimanche après-midi en tous points identique à son mardi après-midi.

Toujours les mêmes pensées affluaient dans son esprit et attisaient ses pleurs. Toujours les mêmes paroles, prononcées par ses camarades, à table, durant le déjeuner de mardi. Ces filles... qui s'amusaient à discutailler sur des sujets dont elles n'avaient même pas l'expérience, et qui se permettaient de juger ce qui était bien ou pas, de définir la normalité, de critiquer ouvertement les choses, sans se soucier du mal qu'elles pouvaient faire... Pouvaient-elles au moins se rendre compte du caractère blessant de leurs paroles ? Non, évidemment, car elles ne se doutaient pas que Cat était amoureuse d'un homme de vingt ans de plus qu'elle - de toute manière, elle ne le leur dirait jamais. Et à table, c'était tout juste si elles remarquaient sa présence - elle ne disait jamais rien. Il était donc normal qu'elles la blessent sans en avoir conscience...

Mais l'expression de leurs pensées n'était pas le problème en soi. Après tout, chacun avait le droit de faire part de son opinion. Non, le plus grave, c'était leur point de vue même, leur façon de penser, ce qu'elles avaient dans la tête. Comment pouvait-on être aussi borné, aussi étroit d'esprit ? Quatre ans de différence d'âge chez un couple qui s'aime ? « Ciel ! Ca fait beaucoup, quand même ! ». Dix ans ? « Mon Dieu mais quelle horreur ! ». Vingt ans ? « Par pitié ! N'en rajoutez pas ! Je vais faire une crise cardiaque ! ». Ce comportement pitoyable, cet avis grotesque que partageaient ses copines, tout cela écoeurait Cat au plus haut point. Certainement parce qu'elle se sentait concernée. Mais aussi parce qu'elle savait maintenant ce que c'était qu'aimer, et plus particulièrement aimer quelqu'un de bien plus vieux que soi.

L'amour, c'était quelque chose de terriblement fort, d'irrésistiblement puissant. Et c'était tellement intense, tellement beau, qu'on ne voyait plus que la personne aimée, et peu importaient les obstacles qui se dressaient entre cette personne et soi-même : l'amour, de toute sa puissance, les éradiquait. Alors une différence d'âge... Même de vingt ans, ce n'était pas un problème, du moment que l'amour était là... L'amour se moquait éperdument des âges ! Mais l'amour, Cerise, Axelle et Anna savaient-elles ce que c'était ?

A la manière dont Cerise parlait de son petit copain, Cat en doutait. La première chose dont Cerise se félicitait, c'était d'être enfin sortie du célibat. Si c'était simplement pour ça qu'elle avait accepté de fréquenter ce garçon, alors ce n'était pas la peine de chercher l'amour bien loin : il n'y en avait pas. Tout ce que voulait Cerise, c'était faire comme les autres : se caser avec quelqu'un, pour ensuite dire à tout le monde qu'elle avait un petit ami, qu'elle était normale. Naturellement, elle n'était pas la seule à adopter ce comportement : la plupart des élèves de Poudlard faisaient de même. C'était bien ça le plus triste... Le plus affligeant, c'était de voir tous ces couples, qui sortaient ensemble sans un vrai élan du coeur, sans même une sincérité envers leurs sentiments, juste pour le soulagement de ne plus être seul, et le plaisir de câliner et dorloter quelqu'un. Ces couples-là, c'étaient plutôt eux qu'il fallait dénigrer, et non pas ceux qui s'aimaient vraiment d'amour, même malgré une différence d'âge. Ces derniers valaient bien plus que les autres. Cerise, Axelle et Anna ne pouvaient donc pas se permettre de les critiquer. Elles n'avaient rien à dire, elles qui n'y connaissaient rien à l'amour. C'était quelque chose qui les dépassait. Elles feraient donc mieux de s'abstenir de tout commentaire.

Finalement, Cat se rendait compte qu'elle s'était bien trompée : elle qui croyait avant que tout le monde autour d'elle connaissait la vraie signification du mot amour, et qu'elle était la seule inculte, à ne pas savoir ce que c'était, en fait, elle avait eu tort. Personne ne savait plus qu'elle, à l'époque. Et maintenant, elle avait acquis cette connaissance, et pouvait s'apercevoir que ses amies étaient toujours aussi ignorantes. Car l'amour, quand on ne l'avait jamais éprouvé, on n'avait pas idée de ce que c'était. Seulement, lorsqu'on le ressentait, on savait que c'était lui, et alors tout prenait un aspect différent.

Il y avait aussi autre chose qui tracassait la jeune fille. Depuis qu'elle avait su que Mr Lupin était un loup-garou, elle n'avait plus été sûre des sentiments qu'elle éprouvait pour lui... Mais maintenant la réponse était évidente : elle l'aimait toujours. Après cette longue réflexion qu'elle venait de se faire sur l'amour, et la manière dont elle était affectée par ce sentiment, il était clair qu'elle était toujours aussi folle amoureuse de ce prof... Et c'était bien cela qui l'inquiétait. Car Mr Lupin était un loup-garou. Un hybride, en quelque sorte, une créature maléfique durant les nuits de pleine lune. Cat ne pouvait pas nier que tous ces éléments lui faisaient peur. Etait-il possible de sortir avec un loup-garou ? Avec un être potentiellement dangereux et violent ?

Non ! Mr Lupin n'était rien de tout ça. S'il l'était, c'était uniquement contre son gré, sous sa forme animale, alors qu'il ne contrôlait rien. Mr Lupin n'avait rien d'un Mage Noir, il était impossible pour Cat qu'il fasse partie de ces sorciers ayant pactisé avec le diable pour devenir des monstres. Non. Si Mr Lupin était un loup-garou, il appartenait forcément à la seconde catégorie : celle des victimes, des individus mordus accidentellement.

Et puis, Remus Lupin était avant tout un homme. C'était sous cette apparence qu'il se montrait tous les jours, c'était sous cette apparence que Cat l'avait connu et qu'elle en était tombée amoureuse. Elle s'était éprise de ses traits humains. C'était donc là sa vraie nature, telle qu'il fallait le voir, et continuer de le voir : en être humain. Car il avait justement toutes les qualités d'un homme : il était gentil, doux, généreux, attentionné, drôle, il riait beaucoup...

Maintenant, même si la perspective de sortir avec un loup-garou devenait moins dure pour Cat, compte tenu de la grande humanité de Mr Lupin, il restait toujours les deux mêmes problèmes : le fait que Remus Lupin soit prof, et le fait qu'il ait vingt ans de plus qu'elle. Bien sûr, cela ne représentait pas vraiment un inconvénient pour Cat : qu'il soit enseignant à Poudlard, et qu'il soit beaucoup plus vieux qu'elle ne lui importaient guère, puisqu'elle l'aimait. Mais lorsqu'elle repensait à ce qu'avait dit Axelle, à mi-voix, au déjeuner de mardi dernier, lorsqu'elle avait évoqué sa prétendue fréquentation d'un garçon de quatre ans de plus qu'elle : « D'ailleurs, che crois que mes parents n'étaient pas tellement d'accord », Cat se rendait soudain compte que son entourage n'allait pas voir les choses de la même façon qu'elle. Que diraient ses parents, si jamais, plus tard, elle se mettait à sortir avec un professeur ? Quelle serait leur réaction, s'ils apprenaient qu'elle entamait une liaison avec un homme d'âge mûr, vingt ans plus âgé qu'elle ? Ils le lui interdiraient ! Ils lui interdiraient de le revoir !

Un nouveau flot de larmes accompagna cette horrible pensée. La brunette éclata en de violents sanglots, et bénit le ciel qu'elle soit toute seule dans le dortoir et que personne ne puisse la voir dans cet état pitoyable. Ses gémissements s'intensifiaient, son dos courbé se secouait convulsivement, et son visage était enterré dans ses mains trempées.

C'était injuste ! Terriblement injuste ! Pourquoi des idiots comme il en pullulait partout dans l'école, dépourvus de sincérité envers leurs sentiments, avaient-ils le droit de sortir ensemble, alors qu'ils ne s'aimaient pas, et pourquoi Cat, qui, elle, aimait du fond du coeur un homme, ne pouvait-elle pas sortir avec lui ? Pourquoi ce privilège lui était-il refusé, et offert aux autres ? Pourquoi lui était-ce impossible ?

Accablée par ce sentiment d'impuissance qu'elle ressentait dans le creux de son estomac, Cat sombra dans des lamentations plus intenses. Puis elle retira ses mains de devant ses yeux, tentant malgré elle de se calmer, et tourna la tête vers la fenêtre, à sa droite. Sa vue était totalement embuée. Elle cligna plusieurs fois des paupières, pour chasser ces larmes qui inondaient son regard. Dehors, il neigeait énormément. Des milliers de flocons se précipitaient vers le bas, entraînés avec force par le vent, leur blancheur contrastant légèrement avec l'obscurité des nuages. Il faisait froid... L'air glacé qui régnait dehors semblait s'être infiltré dans le dortoir... Oh oui, il faisait froid... Janvier... Elle avait aussi froid au coeur... Après deux petits sanglots qui la secouèrent sans crier gare, Cat frissonna horriblement... Elle regarda sa peau : elle avait la chair de poule.

S'emparant de son oreiller et le serrant contre elle, elle se dit amèrement qu'elle aurait préféré que ce soit Remus Lupin qui la prenne dans ses bras, pour la réchauffer... Elle aurait tant aimé se blottir contre lui, pour capter la chaleur qu'il lui aurait offerte, en la protégeant du froid... Songeant à cette idylle, Cat libéra de nouvelles larmes, qui ruisselèrent jusqu'à son menton. Puis elle se retourna, se coucha sur son lit, et enfouit sa tête dans son oreiller.

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Eh eh bonjour à toutes ! Comment ça va ? Dites moi, tout, alors ouais je sais je n'écris jamais en fin de chapitre déso déso, là c'est pour vous dire d'allez faire un tour sur le compte de ma meilleur amie

@Emmadragonaux 

Parce qu'elle fait de super truc, même si elle me tape pour vous dire qu'une de ses histoires et en correction donc les premiers chapitre son pas super orthographié; voilà, je voulais aussi vous dire que je ne fais que traduire l'histoire, donc les mots ne sont sûrement pas exacte, voilà ! Je ne sais pas si je vous avais déjà dit que je traduisais cette histoire ? Enfin bref, passer tous une très bonne soirée !

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