Chapitre 13 : Lupus, lupus
Cat ne savait pas trop comment se l'expliquer, mais elle sentait bizarrement que ce vendredi n'allait pas aussi bien se dérouler que ceux des semaines précédentes. Durant la nuit, le temps s'était empiré, et l'averse avait frappé les carreaux du dortoir plus fort que jamais auparavant. A tel point que des Serdaigle s'étaient réveillées en sursaut, et avaient pris peur face au bruit fracassant du déluge, qui s'abattait contre les fenêtres, et qui menaçait même de les faire exploser. Cat n'avait pratiquement pas dormi. Aussi, à son réveil, s'était-elle levée sans l'entrain habituel qu'elle manifestait chaque vendredi matin, à l'idée de revoir le professeur Lupin dans quelques minutes (car c'était avec lui qu'elle passait son premier cours de la journée). Cela la rendait perplexe. Pour dire vrai, cela l'inquiétait. Pourquoi avait-elle le coeur lourd, alors qu'elle se rendait à présent en Défense contre les forces du mal, et qu'elle avait au contraire de quoi se réjouir ? Pourquoi restait-elle anxieuse, alors qu'elle marchait avec ses trois copines dans le couloir qui menait à la salle de Mr Lupin ?
Peut-être à cause de cette atmosphère lugubre, qui régnait dans le corridor. Dehors, le temps était si mauvais, qu'il plongeait l'intérieur du château dans une obscurité quasi totale. Il y faisait tellement noir, que des chandelles et des lanternes supplémentaires avaient dû être allumées. A la traversée du couloir qui menait en Défense contre les forces du mal, Axelle trouva même bon de faire appel à un sortilège de Lumos, pour y voir plus clair (ce que ses amies jugèrent, malgré tout, un peu trop excessif). Pour Cat, cette ambiance sinistre et sombre était un mauvais présage...
Lorsque les quatre jeunes filles arrivèrent devant la porte de Défense contre les forces du mal, celle-ci s'ouvrit assez soudainement, et eut alors raison des craintes de la brunette : Rogue se tenait dans l'encadrement de la porte. En le voyant, le coeur de Cat se glaça. Sans laisser le temps aux quatre Serdaigle de s'interroger, le maître des Potions leur jeta un bref regard d'indifférence, et leur dit :
- Rangez-vous sur le côté, en attendant les autres.
Eberluée, Axelle le dévisagea pendant quelques instants, de ses gros yeux bleus écarquillés, et la bouche entrouverte de stupéfaction.
- Excusez-moi, professeur, lança-t-elle, mais che crois que fous faites erreur. Fous êtes defant la salle de Défense contre les forces du mal. Pas de Potions. Fous afez dû fous tromper de quelques étaches...
A ces mots, Rogue posa sur la blonde des yeux noirs meurtriers, qui firent pâlir l'Allemande et presque regretter ce qu'elle venait de dire.
- Je sais pertinemment ce que j'ai à faire ici, Miss Kraft, rétorqua-t-il, d'une voix implacable. Et je crois vous avoir dit de vous ranger sur le côté.
Désormais sans réplique, Axelle rejoignit Cat, pour se poser contre le mur et attendre. Rogue patientait lui aussi à côté de la porte d'entrée, sans jamais jeter un seul regard aux quatre jeunes filles, qui étaient peu à peu rejointes par d'autres élèves de leur classe. Pendant ce temps, le coeur de Cat battait la chamade. Elle n'arrivait plus à le contrôler. Son inquiétude était à son comble. Où était le professeur Lupin ? Pourquoi ne l'avait-elle pas encore vu ? Restait-il à l'intérieur de la salle ? Mais alors, pourquoi Rogue ? Pourquoi lui était-il là ? Les Serdaigle qui se glissaient entre les rangs se posaient vraisemblablement les mêmes questions, à voix plus au moins fortes, le plus souvent en murmures, ce qui ne calmait en rien l'appréhension de Cat. Lorsque la file d'élèves fut à peu près complète, notre amie imagina alors le pire : le professeur Rogue allait remplacer le professeur Lupin. A cette affreuse pensée, la jeune fille sentit son coeur cogner plus violemment que jamais contre sa poitrine, et elle commença alors à se lancer dans une prière éperdue, à implorer le ciel pour qu'il fasse que ses craintes ne se réalisent pas, et à se dire que non, non, non, tout cela était impossible, le professeur Lupin ne pouvait pas être remplacé, tout simplement parce qu'il était irremplaçable. Les supplications intérieures de la désespérée furent malheureusement interrompues par deux syllabes sinistres, prononcées par Rogue, et qui signaient l'arrêt de mort de Cat :
- Entrez.
La brunette fut ainsi entraînée dans un mouvement de foule incompréhensible, poussée en avant par ceux qui étaient derrière elle, et ne cessant de regarder ses camarades de classe, d'un air désemparé. Pourquoi se rendaient-ils en cours ? Pourquoi pénétraient-ils dans cette salle ? Bon sang ! N'avaient-ils pas vu que c'était Rogue qui leur avait dit d'entrer ? Pourquoi lui obéissaient-ils à lui qui n'avait rien à faire ici, encore moins à donner des ordres à la place de Remus Lupin ? Mais Cat franchit malgré tout la porte, et se retrouva, comme les autres, à l'intérieur de la pièce.
Son premier regard fut pour le bureau du professeur Lupin. Hélas, tous ses espoirs s'effondrèrent lorsqu'elle vit qu'il était inoccupé. Désormais perdue dans le gouffre de la désolation, elle se permit de jeter quelques coups d'oeil autour d'elle, et ceci termina de l'achever. La salle de Défense contre les forces du mal, qui jadis était si gaie et si ensoleillée, si vaste et si claire, était maintenant plongée dans une obscurité effrayante, ces ténèbres provenant des grands rideaux noirs qui avaient été tirés sur les fenêtres. Seules quelques misérables bougies, disposées ça et là, aux quatre coins de la pièce, éclairaient faiblement les lieux.
Avec une moue dépitée, Cat se laissa tomber sur sa chaise et sortit ses affaires sans grande conviction. Les autres Serdaigle firent de même, avec cependant des visages plus inquiets. Rogue referma la porte derrière lui, dans un violent claquement, mais il eut à peine le temps de traverser la salle pour rejoindre le bureau de Mr Lupin, que, déjà, la question fatidique lui fut posée :
- Excusez-moi, monsieur, mais où est le professeur Lupin ?
Comme il fallait s'en douter, c'était Cerise qui venait de parler. Cerise, la grande oratrice de service. Rogue la dévisagea avec des yeux perçants, dans lesquels semblaient crépiter de petites étincelles machiavéliques, qui ne présageaient rien de bon.
- Le professeur Lupin m'a informé qu'il ne pourrait pas assurer son cours aujourd'hui, déclara le maître des Potions d'une voix froide. Il m'a donc chargé de le remplacer.
A ces mots s'ensuivit aussitôt une forte vague de mécontentement et de protestations, dans laquelle on put entendre quelqu'un s'exclamer : « Quelle mauvaise idée ! », et qui, du reste, traversa la salle entière dans un brouhaha indistinct.
- Pas que cela me réjouisse plus que vous..., susurra Rogue.
En attendant, Cat venait de sortir de sa torpeur, et était maintenant proie aux pires craintes. Le professeur Lupin n'avait pas pu venir faire cours aujourd'hui ? Que lui était-il arrivé ? Quelque chose de grave ? Un accident ? Etait-il blessé ? Etait-il mort ? Tandis que la brunette cédait à la panique et à la paranoïa, un Serdaigle se décida justement à poser la question qui tracassait tant notre amie.
- Pourquoi ne peut-il pas assurer son cours aujourd'hui ? Est-ce qu'il est malade ?
Cat arrêta subitement de se ronger les ongles, et fixa Rogue avec des yeux apeurés (après tout, l'enseignant allait peut-être annoncer une nouvelle qui allait provoquer un arrêt cardiaque chez la jeune fille).
- Malade, ça, j'ai toujours pensé qu'il l'était, dit le professeur Rogue, avec un sourire sarcastique. Mais disons qu'il l'est un peu plus aujourd'hui.
La brunette observa l'enseignant avec des yeux éberlués. Avait-elle bien entendu ? Le professeur Rogue venait de traiter ouvertement Mr Lupin de fou ? Ou, du moins, il l'avait très clairement insinué dans sa phrase... Cat n'était pas la seule à s'interroger quant à la signification de ce que venait de dire Rogue. Ses mots avaient un double sens, après tout. Peut-être les avait-il prononcés sans sous-entendu aucun, sans injure portée à l'encontre de Mr Lupin, ne faisant simplement référence qu'au réel état fatigué et mal en point de ce dernier. Mais alors, dans ce cas, cela voulait bel et bien dire que le professeur Lupin était souffrant... Qu'il était cloué au lit, probablement avec quarante de fièvre, un sachet de glaçons sur le front et un thermomètre dans la bouche... Etendu à l'infirmerie, ou bien agonisant à l'hôpital Ste Mangouste... L'image des traits maladifs de l'homme qu'elle aimait, de sa figure pâle comme la mort, et de ses yeux définitivement clos, traversa furtivement l'esprit de Cat et la fit frémir. Ciel ! Elle n'espérait vraiment pas que Mr Lupin se trouve dans cet état-là...
Le professeur Rogue, cependant, ne sembla pas disposé à en dire plus sur la santé de son collègue, et attaqua directement le cours, en annonçant aux élèves qu'ils allaient, ce matin, étudier une leçon particulière. Mais alors qu'il s'apprêtait à révéler le nom du chapitre à l'honneur, Axelle brandit la main en l'air, et lui coupa la parole pour lui demander :
- Il a de la fièfre ? Il a la grippe ? Dans ce cas, nous pourrions peut-être lui apporter de la Pimentine, que nous afons préparée la semaine dernière en Potions.
Visiblement, l'Allemande était restée bloquée sur le tout début de la conversation, qui concernait le professeur Lupin. Rogue parut irrité de voir que la blonde s'intéressait plus à l'état de santé de Mr Lupin qu'à son cours.
- C'est une très bonne idée, ironisa-t-il, avec un rictus. Vous n'hésiterez donc pas à demander à Miss Mist qu'elle vous prête quelques gouttes de sa Pimentine, pour aller la porter au professeur Lupin.
Tous les regards convergèrent vers Cat. Celle-ci rougit jusqu'à la racine des cheveux. Tout le monde savait qu'elle avait raté sa potion de Pimentine, la semaine dernière. Elle avait été tellement stressée à l'idée de pénétrer clandestinement dans un cours de Mr Lupin et de l'observer secrètement, que la préparation de sa potion avait été catastrophique. Rogue la ridiculisait donc, devant toute la classe. Mais, en même temps, il venait implicitement d'exprimer son désir d'empoisonner le professeur Lupin. S'il acceptait de lui faire boire quelques gouttes d'une potion ratée, le message était clair : il voulait le tuer. Prenant compte de cette évidence, la brunette fronça les sourcils. Elle ne savait pas que le rapport entre Rogue et son chéri était si tendu...
- Comme je le disais à l'instant, reprit l'enseignant, en marchant lentement entre les rangs, et avant que Miss Kraft ne m'interrompe, nous allons étudier aujourd'hui un chapitre particulier. Une leçon que vous avez en fait déjà vue en fin de troisième année, et dont le rappel, ce matin, vous servira de révisions.
Sur ce, Rogue s'arrêta de marcher, et jeta un bref regard circulaire sur l'ensemble de la classe silencieuse, dans le but de donner plus d'impact et de suspense à ses paroles.
- Les loups-garous..., annonça-t-il enfin, avec un sourire quelque peu diabolique.
- KYYYAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHH !!!
Axelle venait de faire un bond immense sur sa chaise, et son hurlement avait fait se retourner vers elle toutes les personnes présentes dans la salle. A présent, elle était parcourue de tressaillements d'angoisse, et regardait dans tous les sens avec des yeux horrifiés, dans l'espoir de trouver une issue par laquelle s'échapper. Les loups-garous... Naturellement, c'était là sa pire phobie. Depuis sa plus petite enfance, elle était terrorisée par les loups-garous. Rien que le fait d'entendre le nom de ces créatures maléfiques, et elle restait choquée pour toute la journée. Cat se souvint justement du cours sur les loups-garous qu'elle avait eu en troisième année, à l'époque avec le professeur Quirrell. Axelle n'avait pu y participer. Ses parents avaient dû écrire une lettre au professeur de Défense contre les forces du mal, lui expliquant que leur fille ne pourrait exceptionnellement pas suivre les cours qui abordaient l'étude des loups-garous, ceci à cause d'une peur particulièrement profonde, portée à l'égard de ces créatures, et priant l'enseignant de bien vouloir accepter ces raisons. Ce que Quirrell avait fait, épargnant ainsi à Axelle le supplice de vivre les heures de cours les plus affreuses de sa vie. Il était donc évident que l'idée de revenir sur cette leçon des loups-garous - que la blonde avait miraculeusement réussi à éviter en troisième année - ne pouvait que susciter son épouvante. Et si quelques rares personnes connaissaient le mal dont souffrait l'Allemande et le motif de son cri, le professeur Rogue, lui, n'en savait rien.
- J'enlève dix points à Serdaigle pour avoir, à nouveau, perturbé mon cours, trancha-t-il d'une voix sévère.
- Mais monsieur, s'exclama Cerise, en levant son doigt en l'air et en venant à la rescousse de son amie, Axelle a la phobie des loups-garous. D'ailleurs, en troisième année, elle n'a pas pu assister aux cours qui les concernaient. Je ne pense pas qu'elle y arrive aujourd'hui.
- Elle tâchera pourtant de faire exception, répliqua Rogue, d'un air catégorique. Et j'enlève encore cinq points à Serdaigle pour insubordination dans mon cours. La prochaine prise de parole sans mon autorisation vaudra cinquante points.
Sur ce, le professeur commença sa leçon, et Axelle se boucha les oreilles et commença à sangloter. Si Rogue fit d'abord semblant de ne pas être réceptif aux pleurs saccadés de l'Allemande, il s'énerva pourtant au bout de quelques minutes, et menaça d'enlever cinq points à Serdaigle, à chaque sanglot entendu. Cet avertissement très cruel (après tout, Axelle n'y était pour rien si elle se mettait à pleurer d'effroi, en entendant parler de sa pire phobie) obligea la blonde à se calmer, car déjà la moitié de la classe lui en voulait de faire baisser le nombre de points des Serdaigle, et de compromettre ainsi leurs chances de remporter la Coupe des maisons.
- Comme ce cours doit n'être pour vous qu'un simple rappel, dit Rogue, sortez un morceau de parchemin et écrivez-moi tout ce que vous savez déjà sur les loups-garous. Je ramasse les copies dans dix minutes, elles seront notées.
Prise au dépourvu, Cat commença déjà à paniquer. Elle tira fébrilement un morceau de parchemin de son sac, et saisit sa plume avec des doigts tremblants, tentant malgré tout de se calmer, pour pouvoir écrire correctement. Un bref regard autour d'elle lui indiqua qu'elle n'était pas la seule à avoir été saisie à l'improviste : la plupart des Serdaigle paraissaient bouleversés. Que diable avait Rogue pour leur mettre un contrôle surprise ? Non content de remplacer le beau professeur Lupin, et de rendre ainsi la journée de Cat déplorable, il lui fallait aussi persécuter ses élèves en leur provoquant des mauvaises notes ?
Le pire était que la leçon sur les loups-garous datait de deux ans. Comment se rappeler d'une leçon aussi lointaine ? Et cela en dix minutes, seulement ! Agitée, nerveuse, Cat triturait sa plume, tout en creusant au plus profond de sa mémoire, pour se souvenir de certains passages des cours du professeur Quirrell. Avec les connaissances de base qui lui restaient encore en tête, elle parvint à rassembler un certain nombre d'informations sur les loups-garous, et se dépêcha de les écrire sur son parchemin :
Les loups-garous sont des créatures maléfiques, principalement répandues en Europe de l'est (et en particulier dans le sud de l'Allemagne et en Autriche), qui affectionnent les forêts sombres et épaisses, ainsi que les montagnes, et autres endroits reclus. Il s'agit en fait d'êtres humains, capables de se transformer en loups lors de la pleine lune. Les principales caractéristiques du loup-garou sous sa forme bestiale sont : une queue touffue, des oreilles pointues, des yeux jaunes, fendus d'une pupille verticale, un large museau noir, et des crocs acérés. Le loup-garou fait également preuve d'une violence extrême, et passe ses nuits à l'affût de proies, à la fois humaines et animales.
Lorsqu'elle eut écrit ceci, la brunette s'arrêta et reposa sa plume dans son encrier. C'était tout ce qu'elle savait et ce dont elle se rappelait. Plus rien d'autre ne lui venait à l'esprit... Sentant qu'elle en avait déjà terminé avec cette interrogation surprise, elle jeta alors un coup d'oeil distrait à sa voisine Axelle, pour voir si celle-ci s'était malgré tout décidée à déboucher ses oreilles et à participer au contrôle de Rogue. Avec beaucoup de courage, la blonde avait sorti un morceau de parchemin, mais, naturellement, celui-ci était vierge, puisque la pauvre n'avait jamais suivi de cours sur les loups-garous et ne savait donc rien sur ces créatures. Elle avait pourtant marqué une phrase, une seule, sur sa copie, que Cat se permit de lire, et qui se résumait à ceci : Je n'aime pas les loups-garous.
Trois minutes plus tard, Rogue ramassa les parchemins, et le cours reprit pendant la demi-heure restante. Axelle plaqua à nouveau ses mains contre ses oreilles, et fixa sa table des yeux, pour ne pas voir les images de loups-garous que l'enseignant diffusait au rétroprojecteur. Rogue expliqua ainsi l'origine du mot loup-garou, et une série d'autres détails que Cat n'avait bien sûr pas mis sur son morceau de parchemin, ce dont elle se mordait à présent les doigts. Il posa également aux élèves un certain nombre de questions qui furent sans réponses (c'était, de toute manière, l'effet souhaité) et qui lui permirent de s'acharner sur Mr Lupin, en déclarant que c'était un professeur incompétent, qui n'avait jamais eu la bonne idée de faire réviser à ses élèves les bases de la Défense contre les forces du mal. Ces mots firent évidemment bouillonner Cat de rage, et sa fureur la poussa presque à se lever de sa chaise pour quitter la salle (ne supportant pas d'entendre davantage de calomnies) ou pour sauter à la gorge de Rogue et mettre fin à ses diffamations. Ce fut cependant Cerise qui prit tout haut la défense de Mr Lupin, et qui fit ainsi perdre à Serdaigle une dizaine de points.
A la fin du cours, les élèves rangèrent leurs affaires avec un soulagement manifeste, et Cat indiqua à Axelle qu'elle pouvait retirer ses mains de ses oreilles, c'était fini. Elle permit ainsi à la blondinette d'entendre les devoirs que le professeur Rogue donnait pour le lundi suivant.
- Vous me rédigerez deux rouleaux de parchemin sur les loups-garous, et vous insisterez tout particulièrement sur la façon de les reconnaître et de les tuer.
Tandis que tous ronchonnaient à l'idée de passer leur week-end sur un travail aussi long, plutôt que d'aller assister au match de Quidditch opposant Gryffondor à Poufsouffle, Axelle se leva de sa chaise et se dirigea vers le professeur Rogue pour aller lui parler. Cat observa la scène non sans une lueur d'inquiétude dans les yeux, craignant que l'Allemande n'aille s'échauffer contre l'enseignant et le traiter de tous les noms pour lui avoir fait passer une heure aussi désagréable. Elle fut pourtant bien détrompée par les propos complètement inattendus de la blonde :
- Excusez-moi, monsieur, mais, étant donné que nous afons eu cours de Défense contre les forces du mal afec fous, sommes-nous oblichés de refenir fous foir une deuxième fois, en cours de Potions ?
Rogue sembla assez mal prendre cette question inopinée, et fusilla Axelle d'un regard meurtrier, jusqu'à ce que la jeune fille se sente gênée et s'en aille rejoindre Cat, déçue de n'avoir obtenu aucune réponse satisfaisante. Enfin, la brunette prit congé de cette salle de Défense contre les forces du mal, et ce fut pour la première fois de cette année scolaire qu'elle la quitta sans regret.
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Le reste de sa journée se passa aussi mal que le commencement : Cat ne cessa de se tourmenter quant à l'état de santé de son cher professeur Lupin, et ces craintes entêtantes qui tourbillonnaient dans son esprit l'empêchèrent de suivre la moitié du cours dans lequel elle était. Le soir, lorsqu'elle vit que Mr Lupin n'était toujours pas à la table des profs pour le dîner, son inquiétude atteignit son comble, et elle décida finalement de remonter à la Tour des Serdaigle pour aller se coucher et oublier ses soucis. Mais comme il fallait s'y attendre, son agitation était telle qu'elle eut bien du mal à trouver le sommeil.
Et lorsqu'elle se réveilla, le lendemain matin, son anxiété refit automatiquement surface, cette fois-ci accompagnée de désespoir, qui fit que Cat se leva d'une humeur horriblement morne. La perspective de laisser tomber son exposé sur les loups-garous pour aller s'aérer un peu dehors avec ses copines et assister au tant attendu match de Gryffondor contre Poufsouffle n'y fit rien. Axelle, Cerise et Anna avaient beau danser dans le dortoir, faire une ronde autour de leur amie et lui chanter gaiement : « Cet après-midi on va voir le beau Cédric Diggory ! Cet après-midi on va voir le beau Cédric Diggory ! », la brunette refusa de les accompagner.
- Vous avez vu le temps qu'il fait ? dit-elle. Moi, je préfère rester à l'intérieur et travailler.
- Tu vas faire ton exposé sur les loups-garous ? demanda Anna.
- Oui... Sûrement..., répondit vaguement Cat.
Mais elle avait quelque chose d'autre en tête.
A midi, son coup d'oeil à la table des enseignants lui indiqua que Remus Lupin n'était toujours pas de retour. Le résultat en fut qu'elle ne mangea que très peu. Quelques minutes plus tard, ses trois camarades la quittèrent, emmitouflées sous des manteaux imperméables, encapuchonnées, et déjà protégées par des parapluies.
- Travaille bien ! souhaitèrent-elles à Cat, avant de s'engager dehors, sous le déluge, en poussant de petites exclamations d'impatience.
Et, bientôt, notre amie se retrouva toute seule. Tristement, elle remonta les escaliers vers la salle commune des Serdaigle, ne sachant pas vraiment ce qu'elle allait y faire. L'idée de passer son après-midi dehors, dans le froid, sous la pluie et sous des rafales de vent, bêtement assise à une tribune, sur un banc trempé, tout cela ne l'intéressait guère. Surtout si c'était pour voir un soit disant dieu de beauté nommé Cédric Diggory - dont toutes les filles raffolaient, mais qui ne l'attirait pas du tout - chevaucher stupidement un balai. Mais l'idée d'aller travailler toute seule pendant des heures, et de remplir deux rouleaux entiers de parchemin pour le professeur Rogue ne l'enchantait pas tellement non plus.
Tout ce qu'elle voulait, c'était rester tranquille, seule avec ses pensées. Même si celles-ci étaient moroses, même si les deux compagnons qui lui restaient se nommaient Angoisse et Désespoir, Cat voulait passer son temps avec eux. Rien qu'avec eux, s'il le fallait. Ne rien faire d'autre qu'appréhender et pleurer, en se préoccupant seulement de Mr Lupin. Se complaisait-elle dans son malheur ? Peut-être... Car si elle était triste, c'était pour Remus Lupin. Or, tout ce qui était pour lui était beau. Dès lors, elle avait le choix : ou bien aller s'ennuyer dans le dortoir des Serdaigle, ou bien aller se morfondre dans le couloir de la Défense contre les forces du mal, à côté de la porte de Mr Lupin. A ce dilemme, Cat n'hésita pas : au lieu de s'engager dans un nouvel escalier pour rejoindre la Tour Nord, elle vira à droite.
Marcher en direction de son couloir chéri ne rendait pas ses pas plus gais, mais au moins elle savait qu'elle se dirigeait vers un lieu où elle allait se sentir un peu mieux. A son grand soulagement, le couloir était vide. Il fallait dire que la plupart des élèves étaient partis au match de Quidditch : elle devait donc être parmi les seuls à occuper le château, à cette heure-ci. Silencieusement, ses pas un peu hésitants, elle s'approcha de la fameuse porte de chêne, celle de la salle de Défense contre les forces du mal. Une porte en l'apparence banale, mais qu'elle adorait plus que tout. Du bout des doigts, elle en caressa le vernis, comme pour y trouver du réconfort et de l'apaisement. Sa main s'égara vers la poignée dorée, et Cat se dit alors que, si elle appuyait dessus, et si la porte s'ouvrait sur une salle occupée par Mr Lupin, elle serait soudainement la fille la plus heureuse du monde. Elle tenta donc l'expérience, et pressa doucement la poignée, le coeur battant un peu plus fort que prévu... La porte ne s'ouvrit pas. Elle était fermée à clé.
« Il fallait s'y attendre, après tout » se dit Cat, en poussant un profond soupir d'abattement. Comme si elle se sentait trop faible pour continuer à se tenir debout correctement, elle s'appuya contre la porte, la joue droite collée contre son bois, puis, lentement, se laissa glisser, pour se retrouver assise par terre. Elle posa définitivement son dos contre la planche de chêne, replia ses jambes en les entourant de ses bras, et décida de veiller ici jusqu'au retour de Mr Lupin. Et tant pis si elle allait devoir y passer la nuit, ou même tout son week-end : elle monterait la garde jusqu'à ce que son professeur chéri revienne.
- Encore plantée devant cette porte ? fit une voix. Je vais finir par croire qu'elle est ensorcelée par un maléfice qui t'attire à chaque fois jusqu'à elle...
- Au moins, maintenant, tu sais où me trouver, lorsque je ne suis pas dans la Tour des Serdaigle, répondit Cat, en regardant Coincoin s'approcher d'elle et s'asseoir à ses côtés.
- C'est vrai qu'au départ je pensais que tu étais partie voir le match de Quidditch, avec les autres... Mais finalement, je me suis dit que tu allais sûrement profiter de ce vide soudain dans le château pour essayer de forcer la porte de Mr Lupin et tenter, cette fois-ci, de rentrer dans son bureau. Alors ? Pourquoi cette tête si triste ? Ca n'a pas marché ?
Notre amie resta muette, et se contenta d'enfouir sa tête entre ses bras posés sur ses genoux.
- Je vois..., réfléchit Vince. Tu as essayé avec un Alohomora ?
- Idiot ! s'exclama Cat, en faisant à nouveau voir son visage plus désespéré que jamais. Je n'ai aucune envie de forcer cette porte ! Si elle est fermée, elle est fermée. Et ça veut dire que Mr Lupin n'est là.
- Bien sûr qu'il n'est pas là..., dit Vince, avec précaution. Il est malade, paraît-il...
Le garçon rencontra les yeux embués et bien trop significatifs de la fille. Il comprit alors.
- Ah ! fit-il avec un sourire. C'est pour lui que tu t'inquiètes ?
La brunette hocha vigoureusement la tête.
- Ecoute, si ça peut te rassurer, le professeur Rogue nous a dit qu'il ne s'agissait de rien de grave - même si je crois qu'il nous a dit ça avec une pointe de regret... Enfin bref. Je pense personnellement que ton chéri n'a rien de plus qu'un petit rhume.
- Tu crois ? demanda Cat, d'une voix fluette.
- J'en suis pratiquement convaincu, assura son ami. Tu sais, les rhumes sont très courants, en novembre.
Sur ce, Vince observa amicalement le visage de Cat, pour voir s'il avait retrouvé quelque lueur d'espoir ou de confiance. Il vit que ses yeux n'étaient plus baignés de larmes, et considéra ceci comme une bonne nouvelle.
- Tu es soulagée ? voulut-il savoir, car il se préoccupait sincèrement du moral de son amie.
- Un peu..., avoua-t-elle. Tu penses qu'il va revenir bientôt ?
- Oh, d'ici lundi, sûrement ! Il gardera peut-être quelques traces de son rhume, mais il ira certainement mieux ! Pourquoi ? Tu comptes l'attendre ici jusqu'à lundi matin ?
A cette question plutôt amusante, Cat retrouva le sourire, preuve qu'elle se sentait véritablement un peu moins triste.
- Pourquoi pas ? lança-t-elle. Je peux dormir ici ! Tu m'apporteras des couvertures et à manger !
- Non merci, je crois que j'ai mieux à faire ! Le professeur Rogue nous a donné deux rouleaux complets de parchemin à rédiger sur les loups-garous, pour lundi prochain.
- Pas possible ? s'écria Cat, avec une surprise à moitié hystérique. A nous aussi !
- C'est vrai ? s'étonna Vince, en écarquillant légèrement les yeux. Voilà qui est bien étrange... J'ai souvent vu des profs donner à leurs élèves exactement les mêmes contrôles qu'ils donnaient il y a dix ans, mais j'ai rarement vu des profs donner le même exposé à faire à toutes classes confondues. Enfin, toujours est-il que je dois passer mon week-end à potasser les loups-garous à la bibliothèque, et qu'il faudrait peut-être que je m'y mette dès maintenant...
- Je n'avais pas tellement envie de travailler, aujourd'hui, reconnut Cat, mais si c'est pour travailler avec toi, alors je veux bien t'accompagner !
- Hmmm... De toute manière, je te voyais mal passer ton week-end fixée contre cette porte, comme une bernique entêtée, lança Coincoin, en se levant en même temps que la brunette.
- J'en étais très capable ! protesta celle-ci.
Et tous les deux se mirent en chemin vers leur salle commune, pour aller chercher de quoi écrire, avant de s'en retourner vers la bibliothèque.
~¤
Naturellement, le lieu d'étude était pratiquement désert, et les deux Serdaigle eurent tout l'embarras du choix pour se trouver une table où s'installer.
- Aaaaah..., soupira Vince, en se laissant tomber sur sa chaise et en sortant ses affaires de son sac. C'est vrai que ça change, de travailler sa Défense contre les forces du mal durant le week-end. Le professeur Lupin ne nous donne pratiquement jamais de devoirs à faire. Ou, du moins, pas d'aussi longs... Ce qui est un peu dommage, d'ailleurs. Je trouve qu'il devrait nous donner un peu plus d'exercices à faire personnellement, histoire de nous exercer davantage...
- Au contraire, riposta Cat, en tirant de son sac une plume et un encrier. S'il ne nous donne pas beaucoup de devoirs à faire, c'est parce que nous travaillons déjà assez en cours.
- Hmmm ? Tu trouves ? Moi, la dernière fois que j'ai eu cours avec ton Lupin, je me suis endormi en plein milieu de l'heure. J'ai d'ailleurs eu droit à un beau savon de sa part, lorsqu'il m'a réveillé.
- N'importe quoi ! s'exclama Cat, en riant. Mr Lupin est la gentillesse incarnée ! Il est incapable de gronder un élève pour si peu ! Arrête de me raconter des bêtises !
- Je t'assure que c'est vrai ! Il m'a crié d'une voix sévère : « Dites donc, Mr Vertilleul, vous vous endormez dans mon cours ? Je ne tolère pas une telle attitude ! Vous me nettoierez tous les aquariums de strangulots de la salle ! ».
- Je ne te crois pas ! rigola la jeune fille. C'est absolument impossible ! Arrête de me mentir et va donc voir s'il y a des livres sur les loups-garous !
A son léger étonnement, Coincoin lui obéit sans broncher, et, quelques minutes plus tard (le temps pour elle de préparer l'en-tête de son premier rouleau de parchemin), le garçon revint avec un gros bouquin dans les mains.
- L'Encyclopédie des créatures maléfiques, nomma-t-il, en le déposant solennellement sur la table. Il doit sûrement y avoir des trucs sur les loups-garous, là dedans...
- Merci ! s'écria la brunette, avec un grand sourire, et en tournant déjà avidement les premières pages du gros dictionnaire.
- Je vais continuer mes recherches pour voir s'il n'y a pas autre chose.
- C'est vraiment gentil ! remercia à nouveau Cat, qui restait agréablement surprise par tant de bonté de la part de Vince. Mais tu n'es pas obligé de tout faire, tu sais. Je peux venir t'aider à chercher, moi aussi...
- T'inquiète ! lui dit Coincoin, en s'en retournant vers un autre rayon de livres. Je compte sur toi pour me recopier tout ce que tu auras marqué sur tes deux rouleaux !
- Quoi ? s'étrangla la jeune fille.
Mais son ami s'était déjà éclipsé derrière une étagère de bouquins.
Rapidement, Cat trouva les pages de l'encyclopédie qui traitaient des loups-garous, et commença à lire la définition que le livre faisait de ces créatures étranges :
Les loups-garous sont connus comme étant des sorciers de sang-mêlé, pouvant volontairement ou involontairement se transformer en loups, le plus souvent lors des nuits de pleine lune.
Puis, les principales caractéristiques :
Sous sa forme animale, le loup-garou se révèle être bien plus gros qu'un loup ordinaire. Il est d'apparence énorme, d'une taille impressionnante, et possède une musculature remarquable. Ses pattes postérieures sont hyper développées, et permettent même à la créature de se tenir debout. Ses pattes antérieures, quant à elles, sont extrêmement habiles, et peuvent ainsi donner des coups mortels, à l'aide des quatre griffes démesurées qui les prolongent. Le loup-garou se distingue également par sa longue queue touffue, parsemée de poils drus et hérissés, tout comme le reste de son corps. Ses grandes oreilles en pointe sont capables d'entendre le hurlement d'un autre loup-garou à une distance de plus de cinq kilomètres, et son long museau à truffe noire et humide lui sert à sentir l'odeur du sang à une portée d'une vingtaine de mètres. Ses dents sont acérées et tranchantes comme des couteaux, et, bien souvent, ses deux canines sont tellement longues qu'elles dépassent de sa gueule. Pour finir, ses yeux...
- Tiens ! Ca y est, Cat ! J'en ai trouvé un autre ! s'exclama Vince, que sa recherche avait mené tout au bout de la bibliothèque.
Ses yeux... se caractérisent par leur pupille en trait vertical, et la couleur particulièrement ambrée de leur iris.
Le regard de la lectrice se figea alors quelques instants sur ces dernières lignes... Mais sa perplexité fut stoppée net par le bruit d'un livre posé sur sa table.
- Les loups-garous et leurs mystères, présenta Coincoin. De quoi t'occuper pendant un bon bout de temps, et en écrire des tonnes au professeur Rogue.
- Ca alors ! s'étonna la brunette, en saisissant l'ouvrage avec émerveillement, comme si elle n'en croyait pas ses yeux. C'est vraiment formidable ! Là aussi, il doit y avoir plein d'informations !
- Compte tenu de l'épaisseur du bouquin, il doit y en avoir pas mal, en effet, admit le garçon. Maintenant, à toi de les trier et de sélectionner les plus importantes ! Moi, je continue les recherches !
Sur ce, Vince disparut à nouveau entre les rayons de la bibliothèque, laissant à son amie la tâche de parcourir les lignes du gros livre qu'il venait de lui ramener. Avant de le faire, Cat prit quelques notes des connaissances que lui avait apportées l'Encyclopédie des créatures maléfiques, puis referma le bouquin, jugeant que le nouveau qu'elle avait sous les yeux allait certainement lui fournir une documentation plus détaillée. Et elle ne se trompa pas. Dès qu'elle l'ouvrit à la première page, elle fut saisie par le nombre de chapitres dont l'index faisait la liste : une vingtaine, environ, et parmi eux : Les différences entre lycanthropes et loups-garous, Les caractéristiques du loup-garou sous sa forme humaine, Les caractéristiques du loup-garou sous sa forme bestiale, Les différentes étapes de la transformation, Les phases de la lune... Immédiatement enjouée à l'idée qu'elle n'allait pas manquer d'informations pour son exposé, elle tourna vivement les pages jusqu'au premier chapitre, et débuta sa lecture, non sans intérêt.
LES DIFFERENCES ENTRE LYCANTHROPES ET LOUPS-GAROUS
Nombreux sont les sorcières et les sorciers qui assimilent encore les lycanthropes aux loups-garous. Cette confusion s'explique certainement par le fait que la lycanthropie reste bien souvent un mystère, voire un tabou. Il existe pourtant de réelles différences entre les lycanthropes et les loups-garous ; des différences qu'il est nécessaire de présenter ici, en introduction, afin d'éviter tout trouble dans la suite de la lecture de cet ouvrage, qui s'intéresse entièrement aux loups-garous.
Etymologiquement, « lycanthrope » signifie « homme loup » : « lycos » étant le Grec de « loup », et « anthros » celui de « homme ». Il ne faut pourtant pas s'y méprendre : un lycanthrope est incapable de se transformer en loup. Ce n'est donc pas un loup-garou. Un lycanthrope est simplement un sorcier délirant, convaincu qu'il peut se métamorphoser en loup, et se comportant ainsi comme tel. Gardant toujours son apparence humaine - mais étant persuadé qu'il est sous sa forme bestiale -, le lycanthrope erre la nuit dans les forêts épaisses, tiraillé par ses appétits voraces mais imaginaires, prêt à se jeter sur n'importe quel homme ou animal qu'il rencontrerait dans son vagabondage, et dont il pourrait goûter la chair. Il hante aussi les cimetières, toujours torturé par ses angoisses illusoires, entraîné dans les souffrances d'une détérioration de ses sens, d'un obscurcissement de sa vue, expliquant ses yeux enfoncés et hagards, parfois blanchâtres. Ses jambes meurtries et sanglantes des multiples égratignures et morsures que lui laissent ses promenades forestières, il profane les tombes, en creusant de ses propres mains pour déterrer les morts, ronger leurs os et grignoter ce qui leur reste de chair. Bien souvent, des cannibales ont justifié leurs actes en déclarant qu'ils étaient atteints de lycanthropie. Car il s'agit bien là d'une maladie, d'une folie, même, qui a amené bon nombre de sorciers à être internés à l'hôpital Ste Mangouste. Les Latins appelèrent d'ailleurs cette maladie « insania lupina », littéralement « folie louvière », ou encore « rage lupine ».
- Ca alors ! s'exclama soudainement Cat, levant sa tête du bouquin et dévisageant le vide avec des yeux effarés. Ca alors ! répéta-t-elle. Coincoin, viens voir !
Quelques secondes suffirent à ce que le nommé accoure auprès de la brunette.
- Regarde ! dit-elle, d'une voix rendue aiguë par l'émotion, en pointant son index sur les mots « rage lupine ». T'as vu ?
- Ca alors..., répéta Vince, d'un air troublé. Je ne savais pas que Mr Lupin avait la rage...
- Arrête tes plaisanteries ! se renfrogna Cat, d'une manière un peu trop exagérée pour laisser penser que la bêtise de son ami ne l'avait pas fait rire. Et conviens-en que c'est tout de même étrange de voir apparaître le nom du professeur Lupin dans ce bouquin...
- Hmmm... Je ne sais pas... Après tout, « Lupin » est un nom assez commun. D'ailleurs, je crois même que cela désigne une légumineuse, très appréciée pour ses fleurs ornementales...
- Une légumineuse ?
- Oui. Comme la fève, le haricot, ou le pois... Le petit pois qu'il a dans son crâne !
- Bon, t'as fini de te moquer de lui ? gronda la jeune fille, en tapant Vince sur la tête, à l'aide de l'Encyclopédie des créatures magiques. Il est très intelligent !
- Tu lui demanderas alors s'il connaît la signification de son nom de famille...
¤~
Le soir venu, Cat retrouva la salle commune des Serdaigle avec un grand sourire, heureuse d'avoir passé une aussi bonne après-midi, bien plus bonne que si elle l'avait passée dehors, dans la tempête, à s'ennuyer devant un match de Quidditch, et encore meilleure que si elle était restée toute seule, dans le couloir de la Défense contre les forces du mal, à inonder de larmes la porte du professeur Lupin. Même les commentaires joyeux de ses camarades trempées ne lui firent pas regretter un seul instant les agréables moments qu'elle avait passés à la bibliothèque, en compagnie de Vince.
- C'était incroyable ! s'écria Anna. Je n'ai jamais vu un tel match ! D'ailleurs, je n'ai rien vu du tout, les carreaux de mes lunettes étaient tellement mouillés à cause de la pluie...
- Axelle a failli s'envoler avec son parapluie ! lança Cerise.
- Cédric Diggory était tellement beauuu ! s'exclama l'Allemande. Il folait comme un dieu sur son balai !
- Ensuite son parapluie s'est envolé pour de bon, continua Cerise, Axelle a été obligée de le lâcher pour ne pas partir avec, et il a traversé tout le terrain de Quidditch, emporté dans les airs par les rafales de vent.
- Il est finalement arrivé au niveau de la tribune des profs, et a failli crever un oeil au professeur Rogue.
- Il était blanc de rage ! Je l'ai vu du bout de mes jumelles !
- Fous m'afez entendue, quand ch'ai crié, au moment où Cédric a failli se faire toucher par un éclair ?
- Ah ! Et quand Harry Potter est tombé de son balai ! Ca, c'était vraiment spectaculaire ! Une chute de trente mètres, au moins !
- Hélas, c'est ce qui arrive toujours aux héros tragiques, dit Cat. Ils finissent tous par tomber. C'est là la chute de leur histoire... Il est mort ?
- Non, heureusement, Dumbledore a ralenti sa chute à l'aide d'un sortilèche. Il est retombé au sol sans fracas.
- Ensuite il s'est énervé contre les Détraqueurs. Je n'ai jamais vu Dumbledore aussi en colère.
- Ah ? Parce qu'il y avait des Détraqueurs ? s'étonna Cat.
- Oui, ils ont fait irruption pendant le match. Ce sont eux qui ont fait tomber Harry de son balai.
- Ils étaient affreux ! gémit Axelle.
- J'ai bien fait de ne pas venir..., constata la brunette.
- Tu es restée travailler ? demanda Cerise.
- Oui, je suis allée à la bibliothèque, pour faire mon exposé sur les loups-garous. J'ai bien avancé : j'ai trouvé plein d'informations ! J'y retourne demain après-midi, pour le terminer.
- Ah ! Tu as bien du courage ! s'exclama Anna. Moi, je ne sais même pas si je vais le faire. Il ne me reste plus que demain pour travailloter, et je préfère passer cette journée à confectionner quelques banderoles d'encouragement pour notre équipe de Quidditch, dont le match se profile pour dans une semaine.
- De toute façon, dit Cerise, deux rouleaux de parchemin à remplir en seulement un week-end, c'est beaucoup trop. Eh oui, même pour moi qui suis énormément travailleuse, c'est un travail trop exagéré. Jamais le professeur Lupin n'aurait eu l'idée de nous donner un aussi gros boulot. Lundi, j'essayerai de négocier avec le professeur Rogue, pour qu'il puisse remettre l'échéance de notre devoir à plus tard.
- Quant à moi, fit Axelle, c'est absolument hors de question que che fasse ce trafail sur ces créatures immondes ! Überhaupt nicht !
Lorsque Cat alla se coucher, elle se dit alors qu'elle allait probablement être la seule à avoir fait l'exposé que Rogue avait réclamé, et elle pensa que c'était bien dommage pour ses copines, qu'elles ne savaient pas ce qu'elles rataient, car, après tout, les loups-garous étaient très intéressants.
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