Chapitre 11 : Vive la rentrée
Le lundi 2 novembre - date que Cat avait passionnément entourée sur son calendrier -, le réveil de notre amie retentit avec vitalité dans tout le dortoir, tirant brutalement de leur sommeil toutes les dormeuses. La brunette ne prêta cependant aucune attention à leurs bougonnements ni à leurs plaintes, et bondit énergiquement hors de son lit, comme si elle avait été propulsée par un ressort. Le sourire jusqu'aux oreilles, la mine resplendissante, elle étira longuement ses bras en l'air, puis courut jusqu'à la salle de bains, pour aller s'y laver et s'y habiller. Il était cinq heures du matin.
Dans trois heures, les cours reprenaient. Car, aujourd'hui, c'était enfin la rentrée ! Dehors, le temps était atroce. Les carreaux de la salle de bains, donnant sur la nuit noire, étaient constamment frappés par la pluie. Cat n'en avait que faire. Deux longues heures soporifiques d'Histoire de la magie, suivies d'une heure de Sortilèges l'attendaient. Que faire ! Aujourd'hui, elle allait revoir le professeur Lupin ! Aujourd'hui, elle allait goûter à nouveau à ses cours, et en jouir mieux que jamais.
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La matinée passa relativement vite. A midi, la joie de Cat était à son comble. Son sourire avait dépassé le niveau de ses oreilles, son coeur battait fort. Certes, en pénétrant dans la Grande Salle pour le déjeuner, elle allait le voir assis à la table des profs, exactement comme les autres jours. Mais, ce midi, la sensation allait être légèrement différente. Car elle savait que, cet après-midi, après l'heure de Métamorphose, elle allait enfin avoir cours avec lui. Cette simple idée allait enchanter son repas, et elle allait certainement avoir du mal à détacher son regard de Mr Lupin, et à se concentrer sur son assiette.
Pourtant, lorsqu'elle fit son entrée tant attendue dans la Grande Salle, en compagnie de ses trois copines, elle fut immédiatement détrompée. Dès le premier coup d'oeil qu'elle jeta à la lointaine table des enseignants, tout au fond de la salle, elle remarqua qu'il n'y était pas, que sa place était vide. Comment cela se faisait-il ? Elle était peut-être arrivée trop tôt pour le déjeuner, après tout... Il allait sûrement arriver dans peu de temps... Regagnant espoir, elle poursuivit sa marche parmi les rangées d'élèves attablés, se dirigeant vers les places attitrées des quatre filles, à la table des Serdaigle. Axelle et Anna marchaient devant elle, et Cerise était juste à ses côtés, engagée dans un monologue qui relatait tous les potins de l'école, les couples formés durant les vacances, et que Cat n'écoutait même pas. Elle restait les yeux fixés sur la chaise inoccupée du professeur Lupin, comme si l'insistance de son regard allait pouvoir l'y faire apparaître, comme par magie. Comme par magie... Si seulement elle pouvait se servir de sa baguette magique, pour prononcer un sort qui fasse apparaître Mr Lupin devant elle, quand bon lui semblait... Et quelles stupidités elle pouvait imaginer, aussi...
- Et toi, sinon, personne en vue ? demanda alors Cerise.
Cette question inattendue fit sursauter la brunette, et, alarmée, elle se retourna immédiatement vers sa camarade. Diable ! Comment avait-elle fait pour savoir qu'elle ne voyait pas le professeur Lupin, qu'il n'était pas dans son champ de vision ? Reprenant rapidement ses esprits, elle se dit que ce n'était pas possible, que Cerise n'avait pas pu lire dans ses pensées, et qu'elle voulait simplement savoir si Cat ne voulait pas sortir avec quelqu'un.
« Ben, si... » pensa la nommée, avec une moue intérieure dépitée. « Notre prof de Défense contre les forces du mal ».
Jugeant que ce n'était absolument pas la bonne réponse à fournir, elle se contenta de dire son « Non, non » habituel, modeste et souriant, qu'elle plaçait à chaque fois que quelqu'un lui posait une question de ce style.
- Oh, allez ! Je suis sûre que si ! insista Cerise. Sauf que tu ne veux pas me le dire !
Légèrement agacée, Cat sentit une goutte de sueur couler sur sa tempe, et ses yeux marron se rétrécirent. La persistance de son amie l'énervait, mais le mensonge qu'elle était obligée de formuler la gênait plus que tout. Elle opta donc pour un soupçon de vérité.
- Hmmm..., fit-elle, en imitant un air perplexe. C'est surtout qu'il ne vaut mieux pas que je te le dise...
« Ca risquerait de te faire un choc... » voulut-elle ajouter, mais elle n'en eut pas le temps, car Cerise explosa instantanément en cris d'hystérie.
- C'est vrai, alors ? s'écria-t-elle, avec des yeux exorbités. T'es amoureuse ? Oh, allez ! Dis-moi qui c'est !
- Non, je te dis ! riposta fermement Cat, avec une pointe d'énervement.
- Je le connais, au moins ? Il est dans notre classe ?
- Ca dépend..., répondit évasivement la brunette. Parfois oui, parfois non...
- Quoi ? s'interloqua Cerise, en haussant un sourcil d'incompréhension. Mais c'est pas possible ! Soit il est dans notre classe, soit il ne l'est pas !
- Tu comprendras mieux quand tu sauras qui c'est..., la rassura Cat, avec des yeux blasés.
Sur ce, elle enjamba le banc en bois, pour s'installer à sa place habituelle, et toutes les questions qui fusaient de la bouche de Cerise restèrent sans réponse. Cat s'était définitivement embarquée trop loin, et son amie, qui en savait déjà suffisamment, ne devait certainement pas en apprendre davantage. Le simple fait que Cerise soit au courant que le coeur de Cat battait pour quelqu'un en particulier paraissait dangereux. Alors, même si ce jeu de devinettes lui semblait amusant, la brunette devait l'arrêter tout de suite, avant qu'il ne tourne mal, et que Cerise ne parvienne à en trouver la solution.
- Allez ! Dis-moi qui c'est ! persistait cette dernière, qui s'était assise en face de celle qu'elle harcelait. Comment il s'appelle ? C'est quoi son prénom ?
Mais Cat restait de marbre, et n'ouvrait la bouche que pour manger ses coquillettes ou boire sa Bièraubeurre. De toute façon, que pouvait-elle répondre à la question de Cerise ? Rien ! Elle-même ne connaissait pas le prénom de celui qu'elle aimait ! C'était vrai ! Aussi absurde que cela pouvait paraître, c'était vrai ! Mr Lupin, elle ne le connaissait que sous son nom de famille ! Elle ne savait rien d'autre. Tout comme Cerise, tout comme les autres élèves de sa classe. Leur professeur de Défense contre les forces du mal ne leur avait jamais dit son nom complet. Alors comment Cat pouvait-elle savoir comment il s'appelait ? En faisant des recherches, dans les archives de Poudlard, en fouillant son bureau ? Ou bien en se ramenant à côté de lui, avec un calendrier dans les mains, et en énumérant tous les noms de saints ayant leur fête dans l'année, jusqu'à ce qu'il tourne la tête vers elle, à l'entente d'un prénom qui serait le sien ? Ou encore en lui demandant clairement : « Excusez-moi, Mr Lupin, mais c'est quoi votre petit nom ? ». Oh, et après tout, cela lui importait-il vraiment de savoir le prénom de cet homme ? Qu'est-ce que cela lui faisait de le savoir ? Elle n'en avait que faire ! N'est-ce pas ? « Aaaaarg ! Je veux savoir comment il s'appelle !!! » rugit sa voix intérieure hystérique, qui tambourina dans sa tête. « Mais non, mais non ! C'est pour rire ! Je m'en fiche, de son prénom... ». Mais quand même...
Alors qu'elle reprit ses bouchées de pâtes et sa mastication, elle tourna la tête en direction de la table des profs, pour voir si Mr Lupin était arrivé. Mais sa place était toujours vide, et Cat se demanda avec dépit s'il n'allait finalement pas arriver au moment même où elle allait partir. Dans un mouvement théâtral de désappointement, elle pivota sa tête dans la direction opposée, vers la porte d'entrée de la Grande Salle, poussa un profond soupir, fit un sourire en coin désabusé, et afficha des yeux dégoûtés.
Et ce fut alors qu'elle le vit ! Il franchissait justement la porte, faisant son entrée dans le réfectoire, en compagnie de trois ou quatre autres professeurs, parmi eux le professeur McGonagall, avec qui il semblait pris dans une agréable conversation. Le coeur de Cat battit tout de suite plus fort, et elle reposa sa fourchette, comme pour observer plus attentivement l'enseignant qui lui avait tant manqué. Il marchait avec entrain au milieu des rangées d'élèves attablés, précisément dans l'allée qui séparait la table des Poufsouffle de celle des Serdaigle (ciel ! Il allait donc passer juste à côté de Cat, juste derrière elle !), et discutait en même temps avec la directrice de Gryffondor, le tout en souriant et en riant d'une bonne humeur apparente, qui faisait tellement plaisir à voir. Cet homme avait décidément toujours le sourire ! C'était bien ! Cat était heureuse de le voir ainsi. Il semblait aussi être très apprécié par ses collègues, car très souvent la brunette le voyait entouré de nombreux autres professeurs, qui parlaient avec lui avec sympathie, et qui riaient aux plaisanteries qu'il pouvait lancer. Tant mieux, s'il était aussi bien estimé ! Cela voulait certainement dire qu'il était un exemple pour ses collègues, que tous le respectaient, parce qu'ils voyaient en lui un modèle à suivre, un enseignant excellent et extrêmement doué, probablement le meilleur.
Alors que l'objet de toute son attention se rapprochait progressivement d'elle, Cat crut bon de boire une gorgée de Bièraubeurre, pour arrêter de le fixer avec trop d'insistance et d'éveiller les soupçons chez ses amies. Mais lorsqu'il ne fut plus qu'à deux mètres d'elle, et qu'elle entendit le doux son de sa voix, elle ne put s'en empêcher, et se retourna pour de bon.
Il avait pris la tête du troupeau de profs, et avait laissé derrière lui le professeur McGonagall, qui avait finalement rejoint les deux autres à la traîne. Peut-être avait-il finalement plus faim que ses trois collègues, et marchait ainsi devant eux, d'une allure légèrement empressée, le bras droit se balançant d'avant en arrière. Il passa enfin derrière elle, et elle dut rapidement pivoter dans l'autre sens, pour pouvoir poursuivre sa progression. Alors qu'elle le voyait maintenant de dos, et qu'elle l'étudiait sous toutes les coutures, elle entendit la voix du professeur McGonagall appeler :
- Remus !
Et le professeur Lupin se retourna.
Le coeur de Cat fit un énorme bond, et la jeune fille ouvrit de grands yeux écarquillés. La surprise, l'incompréhension, la joie et l'étonnement se mélangèrent en une seule émotion intense, qui la paralysa totalement, et qui lui fit entrouvrir la bouche d'ébahissement. Elle ne le croyait pas ! Elle ne le croyait pas ! Remus ! C'était son prénom ! C'était comme ça qu'il s'appelait ! C'était incroyable ! Alors qu'à peine quelques secondes plus tôt, Cat s'affligeait de ne pas connaître le prénom de celui qu'elle aimait, et qu'elle se donnait presque pour mission de le trouver, voilà qu'elle l'apprenait par le plus grand des hasards, par le plus beau concours de circonstances, voilà qu'il lui était donné, sans qu'elle ait eu besoin de le chercher ! C'était à ne pas en croire ses oreilles, à ne pas en croire ses yeux ! Elle avait décidément trop de boool !
Il s'était retourné, il s'était arrêté, et avait attendu que McGonagall le rejoigne, car c'était bien lui qu'elle avait appelé, c'était bien lui, Remus. Remus ! C'était si joli, si mignon, si beau ! A la fois simple, charmant et jeune ! Cela lui allait si bien ! Cat n'était pas déçue, elle était même un peu soulagée qu'il porte un prénom qu'elle puisse prendre plaisir à prononcer. Elle-même n'aurait pas pu imaginer mieux. Il s'appelait Remus. Remus Lupin. Ne contrôlant plus rien de son expression faciale, la brunette sentit ses joues se rosirent de bonheur, et son sourire monter, grimper, se hisser, haut, haut, haut, jusqu'à ses oreilles, jusqu'à son front, même ! Elle devait avoir une sacrée tête ! Un sacré sourire débile ! « Bave pas, quand même ! » lui dit sa petite voix inquiète.
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Remus Lupin... Elle se trouvait dans la classe de Remus Lupin, dans sa salle, à respirer le même air que lui, à regarder Remus Lupin avec passion, à écouter le son de sa voix, sans vraiment comprendre ce qu'il disait. Il se tenait debout, devant elle, qui était assise. Remus Lupin lui faisait cours. Ce cours de Défense contre les forces du mal, qui lui avait tant manqué, et auquel elle avait tant rêvé durant les vacances. Le cours de Remus Lupin... Remus Lupin et Cathie Mist...
- Quelqu'un peut-il me rappeler ce que nous avons étudié la fois dernière ? demanda l'enseignant, en faisant le tour de la classe de son regard ambré. Cela remonte à avant les vacances, si quelqu'un s'en souvient...
Cerise, assise derrière Cat, leva alors précipitamment la main, et l'agita dans tous les sens.
- Cerise ?
- Nous avons vu quelles étaient les créatures maléfiques qui vivaient dans les marais, et quels étaient les sortilèges qui permettaient de les neutraliser.
- C'est très bien, Cerise, complimenta Mr Lupin, avec un sourire bienveillant.
Sortant brusquement de ses songes et, par la même occasion, de ses gonds, Cat se retourna brutalement vers Cerise, pour la dévisager d'un regard révolté. Mais quoi ? Pourquoi semblait-elle soudainement si furieuse envers sa camarade, alors que celle-ci n'avait fait qu'écouter le cours et répondre correctement à une question du professeur ? Si elle, au moins, avait fait ça, les choses auraient été différentes. Mais non, c'était de sa faute si elle avait laissé passer l'occasion de sortir une bonne réponse, et si elle avait ainsi permis à Cerise d'obtenir un compliment de la part de l'enseignant. Au lieu d'être attentive, Cat se berçait dans des illusions amoureuses, rêvait et se laissait attendrir par les traits du visage de Mr Lupin, par sa moustache, par ses lèvres, par ses yeux, par ses fines cicatrices, par ses mèches de cheveux châtains, qui tombaient sur son front pâle, par ses mains, blanches et douces, que Cat avait eu l'honneur de toucher, et dont la gauche ne possédait pas d'alliance, par son costume qui, quoiqu'en assez piteux état - car beaucoup raccommodé -, n'en restait pas moins propre et soigné, sa veste et son pantalon gris clair, assortis à sa cravate gris foncé, ses chaussures en cuir noir, témoignant d'une grande...
- Cat, t'es sûre que ça fa ? s'inquiéta Axelle. Tu fais une drôle de tête, depuis tout à l'heure. T'es sûre que t'as pas enfie d'aller à l'infirmerie ?
- Mais, euh... Non ! sursauta la brunette, en se réinstallant un peu plus convenablement sur sa chaise. Non, non ! Je t'assure que ça va !
- Et quelqu'un a-t-il une petite idée de ce que nous allons étudier, maintenant ? Oui ? Cerise ?
Quoi ? Non ! Ce n'était pas possible ! Ce n'était pas possible ! Cat n'avait quand même pas pu laisser passer une occasion comme celle-là ! Affolée, paniquée, elle n'arrêta pas de regarder alternativement le professeur Lupin et Cerise, priant pour que cette dernière ne sorte pas la bonne réponse, car, elle, elle savait ! Oui, elle, elle la connaissait, la bonne réponse, puisque, durant toutes ses vacances, elle n'avait cessé de parcourir sans relâche son livre de Défense contre les forces du mal, gardant le nez plongé dedans à longueur de journée, découvrant ainsi les prochains sujets qu'elle allait aborder en cours. Elle les connaissait tous par coeur, elle aurait tous pu les énumérer ! Elle savait que, dès à présent, ce qu'ils allaient étudier, c'étaient...
- Les Sombrals ! répondit Cerise, avec le grand sourire de l'élève sûre d'elle.
- C'est exact ! s'exclama Remus Lupin, d'un air bonnement surpris. Bravo ! Vous avez sûrement eu la curiosité de tourner les pages de votre livre, pour voir la suite du programme...
- Oui, en effet, confirma Cerise, d'un ton flatteur, et en plissant les yeux de contentement. J'ai un peu parcouru mon livre, durant les vacances !
Cette fois-ci, c'était trop ! Cat se retourna plus sauvagement que jamais vers son ex-camarade, dans un grand raclement de sa chaise qui ne passa point inaperçu, et elle se serait volontiers jetée sur Cerise pour lui serrer le cou, si elle ne s'était pas sentie enfermée dans une salle de cours. Le regard qu'elle lança à l'autre brune compensa la violence physique qu'elle ne pouvait faire éclater : il était flamboyant de rage. Mais Cerise, trop plongée dans l'échange flatteries-compliments qu'elle commençait à avoir avec le professeur Lupin, ne remarqua même pas ce regard meurtrier, et bientôt, Cat eut encore plus de raisons de vouloir commettre un crime.
- Cela me fait plaisir de voir que des élèves portent autant d'intérêt à la Défense contre les forces du mal, même pendant les vacances, et au point de vouloir connaître le thème du cours à venir ! avoua le châtain, d'un air sincère. J'accorde dix points à Serdaigle, pour avoir eu cette curiosité !
Cathie Mist fut la seule et unique élève de sa maison à dévisager Cerise Flint avec une flamme de haine brûlant dans ses yeux. Tous les autres la regardaient avec gratitude, la remerciaient jovialement et la complimentaient même avec énergie. Mais le pire de tous les compliments que Cat puisse entendre, celui qu'elle avait le plus de mal à supporter, c'était celui du professeur Lupin. Pas qu'elle lui en voulait personnellement, ni qu'elle avait quelque chose contre lui (tout au contraire), mais le fait que ce soit lui, l'homme qu'elle aimait, qui flatte Cerise, cette intello, cette première de la classe, et cette indubitable lèche-bottes de profs, dont le seul but était de devenir la favorite, sans pour autant avoir une sincère admiration pour l'enseignant qu'elle amadouait, ce fait simple et pourtant si cruel était insupportable pour Cat. De plus, elle était saisie par l'injustice qui la frappait. S'il y avait bien une Serdaigle dans la classe qui avait passé toutes ses vacances à bouquiner son livre de Défense contre les forces du mal, c'était elle. Elle l'avait fait avec un intérêt hors du commun pour la matière, avec une passion très certainement inégalable, et avec un véritable manque de ne pouvoir assister encore aux cours de Mr Lupin. Elle méritait plus que quiconque les louanges de ce dernier. Or elle n'avait pas levé la main pour les obtenir, trop absorbée par ses contemplations. Alors, s'il y avait bien quelqu'un à blâmer, et après qui s'en prendre, ce n'était ni Cerise, encore moins Mr Lupin : c'était elle.
Jalouse, jalouse, évidemment qu'elle était jalouse... Mais elle avait ses raisons, aussi. Cette Cerise était si hypocrite.
- Oh, vraiment, merci, professeur Lupin ! s'exclama la bonne élève, en imitant un air gêné. Mais ce n'était rien, il ne fallait pas !
Sa baguette, sa baguette ! Où était-elle ? Il lui fallait sa baguette ! Cette fois-ci, c'était la fin, Cerise avait dépassé les bornes. Cat allait la provoquer en duel, et elle n'allait pas lui laisser la vie sauve, pas l'ombre d'une chance de s'en sortir et de continuer ses petites cajoleries avec Mr Lupin. Car il était à elle ! A elle seule !
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- Franchement, tu n'as pas à être jalouse que tel ou tel élève reçoive des compliments du professeur Lupin, raisonna Vince.
Celui-ci avait pris sa forme d'Animagus, et c'était donc sous l'apparence d'un petit canard qu'il discutait avec Cat, en ce mardi soir. Le monde inhabituel qui peuplait le dortoir des filles avait obligé les deux amis à se réfugier autre part, et la seule planque convenable qu'ils avaient trouvée était... « Dans un couloir ? » s'était interloqué Vince, lorsque Cat lui avait montré l'endroit. « Je t'assure qu'il n'y a jamais personne qui passe, ici ! » l'avait rassuré la brunette, un peu gênée. « C'est comme un couloir secret. Personne ne le connaît ». « Ca aurait été le couloir qui conduisait à la salle de Défense contre les forces du mal, j'aurais compris » avait avoué Coincoin, perplexe. « Mais là... ». Et, finalement, Cat l'avait emporté, et le lieu avait été adopté comme second QG, ou planque de secours.
La jeune fille, encore habillée dans son uniforme de Serdaigle, était assise au beau milieu du couloir désert et éclairé par quelques flambeaux, le dos appuyé contre un mur et les bras entourant ses genoux repliés. Vince se tenait à côté d'elle, obligé par sa petite taille de lever son bec pour pouvoir observer la tête de son amie.
- Tu n'as pas vu comment Cerise a joué sa lèche-bottes ! gémit Cat. Je ne peux pas supporter qu'elle le fasse avec Mr Lupin, et que lui se laisse attendrir, en ne voyant rien de son hypocrisie.
- Ca, tu n'en es pas sûre ! remarqua sagement Coincoin. Et permets-moi même d'en douter ! Généralement, un bon prof se rend toujours compte de la fausseté placée dans certaines flatteries, et, même s'il ne le montre pas, ou s'il semble montrer l'inverse, il ne se laissera pas atteindre par ces petites caresses. Au contraire, il saura désormais à quoi s'en tenir, et se méfiera légèrement de ces élèves flatteurs. Et puis, le professeur Lupin n'a pas l'air d'être un homme à s'intéresser aux personnes qu'il rencontre. C'est en tout cas l'impression physique qu'il me donne...
- Tu étudies la physionomie, maintenant ? s'étonna la jeune fille. Excuse-moi de ne pas être d'accord avec toi, mais Mr Lupin a clairement l'air de s'attacher aux personnes qu'il côtoie. Avec ses collègues, il discute, il rit de bon coeur. Si ça, ce n'est pas une preuve de l'intérêt qu'il porte à ses confrères, alors qu'est-ce que c'est ?
- Avec ses collègues, d'accord, admit Vince. Mais avec ses élèves, ça m'étonnerait... Ecoute, il doit avoir plus d'une centaine d'élèves à Poudlard, il sait qu'il est là pour leur faire cours, pas pour autre chose, et pas pour s'intéresser à chacun, cas par cas - encore moins aux lèches-bottes...
- Bon, bah dans ce cas, je suis mal barrée..., constata la brunette, avec des yeux effarés.
- Pourquoi ? Tu es une lèche-botte ?
- Non, mais...
- Bon, alors passons ! Ce que je me demande, maintenant, c'est si tu vas vraiment finir un jour ce petit jeu que tu as commencé avec lui... Tu me sembles être de plus en plus accro à lui...
- C'est vrai, consentit Cat, mais c'est pour ça que je veux arrêter. Tu vois, ces vacances d'octobre, c'est la première fois que je les passe avec autant de nostalgie, la première fois que je ressens un réel vide, un réel manque des cours, et une horrible envie d'être à la rentrée ! C'est la première fois que ça me fait ça ! Et j'ai peur que ça recommence ! J'appréhende les vacances de Noël, car, en plus, je rentre chez moi pour les fêtes. Ce qui veut dire que je n'aurai plus l'ombre d'une chance de le revoir, même pas à midi, dans le réfectoire, ni à la bibliothèque, et ce pendant deux semaines !
- Deux semaines ! répéta Vince, comme pour mieux prendre conscience de cette fatalité. C'est vrai que ça fait long...
- Ben oui..., acquiesça Cat, d'une petite voix.
- Ah, toi ! Vraiment ! s'exclama alors le canard. Tous les autres élèves trouvent que deux semaines de vacances ce n'est pas assez, et toi tu affirmes le contraire !
- Mais ce n'est pas de ma faute ! protesta la Serdaigle. Je ne sais pas ce qui m'arrive ! Je deviens bizarre, sans m'en rendre compte !
- Hmmm... L'amour, c'est ça ? Allez, arrête tes bêtises ! Si tu veux oui ou non cesser ce petit jeu avec ce prof, c'est à toi seule d'en décider. Si tu n'es pas décidée à t'en sortir, je ne peux rien faire pour toi.
- Tu pourrais quand même me dire comment faire pour réussir à l'oublier, non ? Aide-moi au moins sur ce point-là ! Car, je te le dis, je n'ai vraiment pas envie de passer mes vacances de Noël à le chercher dans toutes les pièces de ma maison !
- Hmmm... Je sais qu'oublier quelqu'un n'est pas chose facile... Je peux cependant te donner quelques conseils, comme essayer de penser à autre chose qu'aux cours, à t'aérer un peu, en jouant, pourquoi pas, une bonne petite partie de Quidditch avec tes copines, à bavarder avec elles de choses et d'autres, à t'intéresser plus grandement que jamais à tes passions, Avada Kedavra, Pattemplomb... Mais, encore une fois, tout cela dépend de si tu en as l'envie ou pas, de ce que tu penses vraiment de ce prof, et de ce que tu comptes réellement faire...
- De ce que je compte faire..., répéta Cat, en souriant. Hmmm... Je compte lui faire : du bouche-à-bouche, le noeud de sa cravate, un bisou sur la joue, son lavage-repassage, un bisou dans le cou, son goûter, un bisou sur le coin de sa bouche, ses lacets, un bisou sur ses lèvres, son petit déjeuner, un bisou sur une autre partie de son corps au choix, son lit, hmmm... Et puis, bien d'autres choses encore, mais que je préfère taire, car ça ne te regarde pas !
- Arrête, arrête, arrête ! s'exclama Coincoin, en secouant négativement sa tête. Je ne veux pas en entendre davantage ! Ah là là... Qu'ai-je fait pour attirer une tarée pareille ?
- Oui, oui, oui ! Plains-toi ! Mais tu as de la chance, tu sais ? Mr Lupin, lui, par contre, il n'a pas tellement de bol !
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Cat l'avait dit elle-même : cet amour, cette obsession pour le professeur Lupin la rendaient bizarre, pour ne pas dire folle. Les prémices de toute cette bizarrerie s'étaient très certainement déclenchées juste après la nuit où elle avait rêvé de lui pour la première fois, songe dans lequel elle s'était vue l'enlacer tendrement sur un banc public. Suite à ce rêve, elle n'avait plus été la même. Elle ne l'avait pas remarqué sur le moment, mais maintenant, elle pouvait se l'admettre. Sa raison s'était égarée, elle cherchait Mr Lupin partout, elle avait des hallucinations, elle croyait le voir dans tous les recoins de Poudlard, et, lorsqu'elle le voyait enfin, elle refusait de le quitter des yeux, de peur d'en perdre une seule miette. Elle était devenue totalement démente : les vacances qui, pour elle, avaient toujours été une formidable période de détente, étaient maintenant de longues journées d'ennui à redouter ; et les jours de cours (en particulier de Défense contre les forces du mal) avaient perdu leur côté morne, pour se transformer en une véritable bénédiction. L'amour que Cat portait désormais à ce qu'elle détestait jadis était tel, qu'elle venait parfois à se promener dans le couloir de la Défense contre les forces du mal, et qu'elle se serait même couchée par terre pour embrasser le sol sur lequel avait marché Mr Lupin, si elle avait été sûre de ne pas être vue.
Avec tous ces symptômes manifestes, l'on aurait pu croire que sa folie avait atteint son paroxysme. Hélas, ce n'était pas encore le cas, car bientôt, un nouveau signe d'aliénation se développa en elle. Un petit signe, mais peut-être le pire de tous, car de celui-là tout le monde pouvait s'en rendre compte : Cat se mettait à rire toute seule.
Ce phénomène étrange se produisit pour la première fois dans la nuit du mardi 3 au mercredi 4 novembre, juste après la petite conversation avec Vince, et précisément vers minuit et des poussières. La brunette n'avait pas sommeil. Elle était pourtant bien blottie dans son lit, emmitouflée dans ses couvertures. L'atmosphère du dortoir était calme et paisible, aucun bruit. L'air était bon, tiède, voire chaud. Mais rien à faire : elle n'arrivait pas à s'endormir. Cela faisait maintenant depuis vingt et une heures trente (heure à laquelle elle s'était couchée) qu'elle se tournait et se retournait sans cesse sur son matelas, dans la vaine recherche d'une position plus confortable pour dormir. Presque trois heures que cela durait, et toujours rien : elle était toujours éveillée.
Ses yeux étaient grands ouverts, elle regardait le rebord de son chevet, légèrement éclairé par la lueur blanche du croissant de lune. A vrai dire, elle avait chaud. C'était peut-être cela qui la faisait ne pas trouver le sommeil... Elle était excitée, aussi. Excitée comme une puce ! Elle avait envie de remuer, de bouger, de sauter dans tous les sens. Frétiller dans son lit, faire du trampoline sur son matelas, écouter du Avada Kedavra et secouer la tête. Ses retrouvailles avec les cours du professeur Lupin l'avaient rendue d'une humeur exceptionnellement joyeuse, alors il fallait bien faire éclater toute cette allégresse. C'était un besoin, elle le sentait. Si elle ne le faisait pas, elle allait certainement rester éveillée jusqu'au matin. Et, ciel ! Cela allait-il être la première nuit blanche qu'elle allait passer ? Si ça devenait le cas, bonjour la tête qu'elle allait avoir au petit matin ! Une morte vivante ! Ses amies n'allaient pas la reconnaître ! Avec ses cheveux en pétard, ses paupières à moitié closes, et ses gros cernes noirs sous les yeux... Mais, une minute ! Cela ne ressemblait-il pas un peu au professeur Lupin ?
Cat se mit alors à glousser dans son lit. Non ! Non ! Mr Lupin n'avait quand même pas les cheveux décoiffés ! Au contraire, il se les peignait très bien, avec cette raie sur le côté gauche de sa tête, qui faisait retomber quelques mèches éparses sur le côté droit de son front. Sa coiffure était très soignée. Ses paupières, par contre... Il était vrai qu'elles lui semblaient un peu lourdes, par moments. Tout comme il était vrai que des cernes noirs étaient parfois visibles sous ses yeux. Mais alors cela n'avait rien de drôle, et ce n'était absolument pas une raison de se moquer. Si Mr Lupin avait l'air fatigué, voire malade, c'était probablement parce qu'il ne dormait pas bien la nuit... Cat s'en inquiétait...
Oooh, mais si c'était vraiment ça, elle pourrait volontiers se porter volontaire pour aider le professeur Lupin à s'endormir ! Elle se glisserait dans son lit, se serrerait contre lui, l'entourerait tendrement de ses bras, le réchaufferait de la chaleur de son corps, et le câlinerait jusqu'à ce qu'il trouve le sommeil. Ou bien, s'il s'avérait être réellement insomniaque, peut-être qu'elle ferait quelque chose d'autre, pour qu'il passe une meilleure nuit...
Ah, ça, non ! Cat émit un nouveau cri suraigu d'émotions. Elle n'avait pas le droit ! Vraiment, elle n'avait pas le droit de penser à de telles choses, surtout d'un professeur ! Elle le respectait avec dévotion, et elle devait continuer de le faire. Ne pas se laisser aller, à s'imaginer une éventuelle nuit passée avec lui, dans sa chambre, sous une lumière profondément tamisée...
Aaah, elle n'en pouvait plus, elle crevait de chaud, maintenant, elle suffoquait. Dans un brusque mouvement, elle arracha les couvertures de sur elle, et les rejeta sur le côté, pour se libérer de cette fournaise. Le front luisant de sueur, la langue pendante, elle écarta les jambes et les bras, comme si elle se préparait à subir le supplice de la roue, et permit à son corps de retrouver une certaine fraîcheur ambiante.
- Qu'est-ce que tu fais ? Ca fa pas ? chuchota Axelle, que le bruit des couvertures violemment retournées avait réveillée.
- J'ai chaud ! murmura Cat, en guise de réponse, et l'Allemande se rendormit.
Après tout, la brunette n'avait aucune raison d'être en chaleur, car ses pensées concernant son professeur de Défense contre les forces du mal n'avaient rien d'obscène. Coucher avec Mr Lupin, ça ne voulait pas forcément dire avoir un rapport sexuel avec lui. Ca pouvait aussi très bien signifier dormir dans son lit, avec lui, en toute chasteté. C'était d'ailleurs uniquement dans ce sens-là que Cat le voyait ! Tout comme le fait de passer la nuit avec lui, dans sa chambre, mais de ne point dormir. Il n'y avait aucun sous-entendu érotique là-dessous, puisque la seule idée de Cat, pour calmer l'insomnie du professeur Lupin, c'était de jouer au puzzle avec lui (n'est-ce pas ?) !
Sur ce, la Serdaigle éclata à nouveau de rire toute seule, et elle regretta de ne plus avoir de couvertures qui puissent camoufler ses rires. Si elle continuait comme ça en divagations, elle n'allait jamais réussir à s'endormir. Et le lendemain, si elle rencontrait Mr Lupin, cette fois-ci, ce ne serait pas elle qui lui demanderait s'il avait bien dormi. Ce serait lui ! « Oh, je vous avoue que j'aurais beaucoup mieux dormi si j'avais été dans votre lit, avec vous ! » aurait-elle répondu, avec un grand sourire. A cette pensée hilarante, ce fut plus fort qu'elle, et elle explosa littéralement de rire dans le dortoir silencieux. Aussitôt consciente de la bêtise qu'elle venait de faire, elle se plaqua une main sur la bouche, pour étouffer ses gloussements. Mais elle manqua bientôt d'air, et ses bruits de suffocation la firent encore plus rire. C'était parti ! Elle avait attrapé une crise de fou rire en pleine nuit. Désormais, elle ne savait même plus pourquoi elle rigolait ! A cause de ses propres rires, sûrement, et de la situation extravagante dans laquelle elle se trouvait : celle d'éclater de rire, toute seule, dans son lit, à minuit.
- C'est pas bientôt fini ? rugit une voix, qui provenait de l'autre bout du dortoir.
- Hi hi hi !
Suite à cette plainte plutôt agressive, Cat fit alors des efforts pour essayer de se calmer, et elle y arriva finalement, en réajustant ses couvertures sur elle, en s'enroulant fermement dedans, pour s'en servir comme d'une camisole de force, et en mordant férocement son oreiller, pour empêcher le moindre son de sortir de sa bouche. De brefs soubresauts s'emparaient d'elle sans prévenir, faisant vibrer les ressorts du matelas de son lit, mais du reste, la folle était neutralisée.
Pour en revenir, cependant, au professeur Lupin : elle qui voulait à tout prix dormir dans son lit, était-elle sûre, aussi, qu'elle serait arrivée à trouver le sommeil ? A cet instant, elle s'imagina la scène : elle-même, dans un lit deux places, couchée tout à côté de lui, sous des couvertures, et la tête reposée sur un gros oreiller, tournée vers cet homme. Cet homme, un adulte, dormant tranquillement, peut-être torse nu (oooh !), le visage tourné vers la fillette. Elle aurait vu sa figure du plus près qu'elle n'aurait jamais pu, elle aurait étudié chaque trait, chaque détail de son visage, elle aurait senti la chaleur de son corps, sa si proche présence... Oh non, vraiment, elle n'aurait pas pu dormir ! Elle aurait fait une nuit blanche, comme celle-ci !
¤~
- Très bien. Vous aviez donc un travail à me rendre pour aujourd'hui, déclara le professeur McGonagall, en ce mercredi après-midi, devant une classe de Serdaigle cinquième année, qui venait juste de s'installer. Sortez-le et posez-le sur votre table, je vais passer pour le ramasser...
- Excusez-moi, professeur, émit Axelle, en agitant sa main en l'air. Mais de quel trafail parlez-fous ? Che n'en ai pas soufenir...
- Je parle du... protocole-expérimental-de-la-métamorphose-d'un-dé-à-coudre-en-épingle-à-nourrice-que-vous-deviez-me-rédiger-pour-aujourd'hui, répondit brusquement l'enseignante, pour prouver son agacement devant l'ignorance de l'Allemande.
- C'est sûrement le machin que tu as gribouillé hier soir, avant d'aller te coucher, dit Cat, en voulant éclairer son amie. Tu sais, le truc auquel tu m'as dit que tu ne comprenais rien, et que tu allais bâcler en cinq minutes.
Sur ce, le professeur McGonagall posa des yeux scandalisés sur les deux élèves, et Axelle dévisagea Cat avec un regard meurtrier, qui voulait dire : « Tu me le payeras ! ».
- Dépêchez-vous donc de me le sortir, je le ramasse, et il est noté ! rugit McGonagall, blanche de rage, avant de tourner les talons vers l'autre bout de la salle, pour commencer sa collecte des parchemins.
- Et ben... Elle a pas l'air de bonne humeur, la fieille..., constata la blonde, tout en fouillant dans son sac pour chercher sa copie.
- J'espère pour toi que tu as ton compte-rendu, sinon tu vas la voir rappliquer plus vite que prévu..., lança la brunette, en ouvrant elle aussi son cartable.
Les deux jeunes filles remuèrent dans des gestes similaires et synchrones le contenu de leur sac, se demandant où elles avaient bien pu mettre ce fichu parchemin, triant livres et cahiers, passant en revue toutes les feuilles volantes, retrouvant même certains documents qui traînaient au fond de leur cartable depuis la rentrée des classes, dont elles avaient complètement oublié l'existence, et qui étaient réduits à des fragments de papiers froissés, pliés en accordéon, ou bien à des confettis.
- Cat, tu ne fas pas le croire, s'exclama Axelle, en se tournant vers sa camarade, avec des yeux médusés. Che crois que ch'ai oublié mon compte-rendu...
- T'es sûre ? demanda la brune, qui continuait ses recherches parmi ses bouquins. T'as bien fouillé partout dans ton sac ?
- Ben..., fit l'Allemande, en soulevant son sac au-dessus de la table. Oui...
Sur ce, elle renversa son cartable, et le secoua frénétiquement de haut en bas, de façon à ce qu'il soit entièrement vidé de son contenu.
- Y'a rien à faire, che le retroufe pas ! persista Axelle, en enfonçant sa tête dans son sac, pour une enquête plus approfondie. Professeur ! Comment fait-on si on a oublié son compte-rendu ?
- Si vous n'avez pas votre compte-rendu pour aujourd'hui, vous me le rendrez demain matin. Mais ce sera un point en moins, répondit McGonagall, d'un air pincé.
Avec soulagement, Cat retrouva enfin le parchemin de Métamorphose qu'elle avait rédigé pendant le week-end, et qu'elle avait glissé dans son vieux bouquin d'Histoire de la magie. Elle avait bien cru ne jamais le retrouver, et tomber dans le même cas qu'Axelle. Heureusement, pensa-t-elle en saisissant entre ses doigts un bout du parchemin pour le tirer de son sac, elle n'allait pas avoir un point en moins.
- Et comment peut-on fous le rendre demain matin, puisqu'on n'a pas cours afec fous de la matinée ? questionna la blonde.
- Vous viendrez le déposer dans mon casier, à la salle des professeurs...
Ce fut ainsi qu'un déclic se déclencha instantanément dans la tête de Cat. Un déclic instinctif, qui provoqua l'arrêt immédiat du geste de sa main qui allait sortir son compte-rendu de son sac. La jeune fille se paralysa. Mais, dans son esprit, ce fut tout un engrenage qui se mit en marche. La salle des profs, le professeur Lupin, le voir, le lendemain, un jeudi, alors qu'elle n'avait pas cours avec lui, et qu'elle avait très peu de chances de le croiser. L'occasion était trop bonne ! C'était une aubaine ! Même si pour cela elle devait mentir en faisant croire qu'elle n'avait finalement pas son compte-rendu, même si pour cela elle devait ranger frénétiquement celui-ci au fond de son sac - comme elle le faisait maintenant -, afin de le dissimuler, et même si pour cela elle devait perdre un point, elle voulait le revoir. Et puis quoi ? Un misérable point, contre une minute de plus dans sa vie de l'inoubliable vision du professeur Lupin ! Dans la salle des profs, en plus ! Dans son cadre de vie, dans son refuge, dans sa tanière !
- Te moque pas de moi, mais je crois que je n'ai pas mon compte-rendu, annonça la brunette, en refermant son cartable et en le reposant à ses pieds.
- Quoi ? Toi non plus ? se réjouit Axelle, alors que le professeur McGonagall arrivait vers les deux jeunes filles.
- Alors, Miss Kraft ? demanda l'enseignante. C'est définitif ? Pas de compte-rendu ?
- Che l'ai cherché partout, mais hélas..., soupira Axelle, d'une façon théâtrale et tragique.
- Miss Mist ?
- Euh... Non, non, je ne l'ai pas ! assura la brunette, d'une manière un peu trop vive et joyeuse pour sembler vraie.
- Un point en moins, déclara froidement McGonagall.
- M'en fous ! chantonna Cat, avec un sourire ravi.
- Pardon ?
- Euh... Non, rien !
- Dans mon casier, demain matin, à la première heure.
- C'est parfait !
- C'est vous qui voyez..., fit McGonagall, avec des yeux sceptiques.
~¤
Le lendemain matin, le réveil de Cat sonna à sept heures, et la jeune fille sauta hors de son lit dans un bond joyeux, déjà pleine d'entrain et d'énergie. Sa première occupation fut d'aller réveiller Axelle : elle arracha les couvertures dans lesquelles elle était emmitouflée, et la secoua par les épaules d'une manière frénétique, comme s'il s'agissait d'un pommier dont elle voulait faire tomber tous les fruits.
- Debout ! Réveille-toi ! chanta la brunette. On doit aller remettre notre compte-rendu dans le casier de McGonagall, à la salle des profs !
- Hein ? fit la blonde, déboussolée. Mais on commence les cours à dix heures ! On aurait pas pu y aller à dix heures moins cinq ?
- Non ! McGonagall a dit : « Demain matin, à la première heure ». Alors on y va maintenant ! Et estime-toi heureuse si je n'ai pas respecté la consigne de McGonagall à la lettre, et si je ne t'ai pas fait lever à une heure du matin !
- De toute manière, la salle des profs n'aurait pas été ouferte, à cette heure-là, bougonna l'Allemande, en sortant bien malgré elle de sa couchette.
Hmmm... Non... Et le beau professeur Lupin n'aurait pas été là, lui non plus.
¤~
A nouveau, elle y était. Devant cette porte de bois de chêne verni, brillante, invitante... Une belle poignée, faite dans un argent éclatant, un petit écriteau en or, avec, inscrit dessus : « Salle des professeurs ». La dernière fois qu'elle s'était trouvée face à cette porte, c'était lors du tout premier cours avec le professeur Lupin, lorsqu'il avait chargé ses élèves de rechercher un épouvantard. Cette fois-là, Cat n'avait pas pris conscience de combien la porte de la salle des profs pouvait être attirante... Maintenant, elle s'en rendait bien compte... Parce que, maintenant, et depuis la dernière fois, tout avait changé. Alors, qui du bois verni, de la poignée argentée, ou de l'écriteau en or, Cat allait-elle embrasser ? Hmmm... La poignée... Mr Lupin avait sûrement posé sa main dessus...
- Bon alors, tu l'oufres, cette porte ? s'impatienta Axelle, qui stagnait derrière Cat.
- Euh... Oui, oui !
Toc toc toc !
- Ent..., commença une voix à l'intérieur.
Mais Cat n'attendit pas une microseconde de plus, et poussa la porte avec une force incroyable, l'ouvrant en grand et la cognant violemment contre quelque chose ou quelqu'un.
- Et voilà..., soupira l'Allemande d'un air blasé, en voyant le professeur Rogue qui se tenait juste derrière la porte, et qui recouvrait douloureusement son nez de ses deux mains. Un autre point en moins pour avoir cogné un enseignant...
- Ah... Aaah... Dé... Désolée..., balbutia Cat avec effroi, en portant sa main à sa bouche. Je... Je ne savais pas que vous étiez juste derrière...
- Savez-vous au moins attendre qu'on vous dise si pouvez entrer ? rétorqua furieusement Rogue.
Sur ce, il quitta la salle avec colère - sans doute allait-il à l'infirmerie -, dépassant Cat et Axelle qui étaient rentrées à l'intérieur, et faisant claquer la porte derrière elles, dans un choc énorme. La brunette était restée figée sur place, encore paralysée par ce qu'elle avait fait, et par la chance qu'elle avait eue de ne pas se faire retirer de points ou obtenir une punition. L'Allemande, elle, restait plutôt détachée.
- Pas notre faute si son nez dépasse la taille réglementaire et reste plus exposé aux coups que les autres parties de son corps..., lança-t-elle.
Un petit rire amusé, provenant du fond de la salle, lui répondit, et Cat tourna immédiatement la tête dans sa direction. Ce rire, elle l'avait instantanément reconnu. A la fois discret, agréable, sincère, joyeux. C'était lui ! C'était le professeur Lupin ! Déjà parfaitement prêt, à cette heure matinale. Correctement habillé, dans son costume à veste et à pantalon gris, avec sa chemise blanche et sa cravate noire. Il était assis au fond de la pièce, dans un petit fauteuil matelassé, en face d'une table basse sur laquelle reposait une tasse de thé encore fumante. Les jambes croisées, d'une allure décontractée, il observait les deux Serdaigle d'un regard malicieux, partageant la petite moquerie d'Axelle (avec réserve, cependant). Il était le seul enseignant à occuper la salle. C'était quand même un bol incroyable, pour Cat. Sans plus attendre, celle-ci fonça droit sur lui. A vrai dire, elle ne savait même pas pourquoi elle se dirigeait précipitamment vers lui. Elle allait lui sauter dessus, peut-être ? Non, elle n'oserait pas ! Et puis, Axelle était là, elle ne pourrait pas se le permettre. Mais il l'attirait, indubitablement, comme un aimant, elle avait besoin de le voir de plus près, il lui avait tellement manqué, depuis hier après-midi.
- Bonjour ! fit-elle, avec un sourire radieux, lorsqu'elle l'atteignit. Est-ce que vous savez où se trouve le casier du professeur McGonagall ? On doit lui remettre quelque chose...
- Oui, répondit Mr Lupin, en fronçant quelque peu les sourcils, comme pour s'aider à se concentrer et à s'en souvenir. Je crois qu'il est par là-bas..., dit-il, en désignant du doigt l'entrée de la salle des profs.
- Ah... Il était juste à côté de la porte, en fait..., constata Cat.
- Un peu comme le professeur Rogue..., ajouta Axelle, qui avait déjà trouvé le casier en question : une sorte de boîte aux lettres en bois, fixée contre le mur de droite, et alignée avec d'autres casiers du même type.
A sa plus grande tristesse, Cat conclut qu'il était temps pour elle de prendre congé du professeur Lupin, pour aller déposer son compte-rendu dans le casier qu'il lui avait indiqué. Cependant, il lui semblait très dur de se séparer de lui, et elle tenta de faire durer un peu plus le plaisir, en s'adressant à lui par des :
- Bon... Ben... Euh... Merci !
Ces quatre mots ridicules lui valurent un petit sourire charmant de la part du professeur, et lui permirent d'observer encore un peu plus ses chaussures de cuir noir à lacets, ses yeux d'ambre et sa fine moustache. Gardant ses dernières images si agréables dans son esprit, elle lui tourna ensuite le dos, et marcha vers la rangée de casiers, contre le mur de droite. Elle ne rejoignit pas tout de suite l'entrée de la salle, non. Elle resta encore un peu au fond, toujours dans la volonté de ne pas quitter le professeur Lupin. Hélas, il fallait bien qu'elle s'en éloigne, sinon lui et Axelle allaient croire qu'elle était bigleuse ou sourde, pour ne pas avoir compris que le casier de McGonagall ne se trouvait pas là, mais là-bas.
Elle opéra alors sa migration avec douceur, passant devant chaque casier d'un pas lent, lisant le nom de chaque professeur à qui il appartenait, ayant soudainement l'envie de trouver celui de Mr Lupin et d'avoir le plaisir de lire son nom. Elle le rencontra en milieu de chemin, au beau milieu de tous les autres casiers, orné d'une petite plaquette dorée, sur laquelle était gravé : « Mr Lupin ». Elle se serait volontiers arrêtée devant, pour le contempler plus longtemps, elle aurait volontiers fait glisser son doigt dessus, elle aurait, avec joie, déposé un petit mot dans cette ouverture si invitante. Mais elle dut continuer sa progression jusqu'au casier de McGonagall, car, à présent, Mr Lupin et Axelle devaient sûrement l'observer avec inquiétude. En effet, lorsqu'elle arriva enfin devant la boîte aux lettres portant le nom de « McGonagall », l'Allemande stationnait juste à côté, et regardait sa camarade avec des yeux sceptiques.
- Prends ton temps, surtout..., lança-t-elle d'un air ironique, tandis que Cat faisait lentement glisser son parchemin à l'intérieur de la boîte en bois. Che te signale que ch'aimerais bien retourner me coucher, après... Il est sept heures et demi, on a encore deux heures et demi defant nous...
- Ca y est, c'est bon ! On peut y aller ! rassura Cat, avec un sourire gêné.
Au moins, elle avait fait tout ce qu'elle avait pu pour rester le plus longtemps possible dans la même pièce que le professeur Lupin ! Elle avait bien dû réussir à y rester une minute entière ! Une minute de plus avec Remus Lupin, pour un point en moins à son compte-rendu. Si le choix s'était présenté à elle, elle aurait sans hésitations cédé dix points de sa note contre dix minutes en la présence de Mr Lupin. C'était ce qu'elle pensait, lorsqu'elle ouvrit la porte, qu'elle dit au revoir à l'enseignant, et qu'elle quitta la salle, à la suite de sa copine. Et lorsqu'elle referma la porte et qu'elle s'engagea dans le couloir, elle se dit que, si elle avait été invisible, elle aurait pu rester tout le temps qu'elle aurait voulu dans la salle des profs, à regarder le professeur Lupin.
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Ehehe, pour les lecteurs fantôme, un commentaire et un vote ne serais pas de refus, je prend énormément de temps à traduire cette histoire, alors merci ! ^^
*Modifié le 02/04/18*
J'annonce que cette histoire n'est pas Anglaise comme je le pensais mais, française. Tout les mérite reviennent à CatMist, je n'ai rien écris, j'ai juste traduit ^^
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