Chapitre 10 : Tristes vacances d'automne



La tête de Cat était comme la salle commune des Serdaigle, après une victoire de l'équipe de Quidditch : en totale ébullition de joie. Il lui semblait même que ses neurones dansaient et sautaient dans tous les sens, que sa boîte crânienne était une véritable salle des fêtes. Mr Lupin n'était pas marié ! Mr Lupin n'avait pas d'alliance ! Mr Lupin était libre ! Mr Lupin était célibataire ! C'était comme une vague d'espoir qui la submergeait à nouveau. C'était comme une porte qui s'ouvrait en grand : elle pouvait franchir son seuil ! Elle avait ses chances ! Il n'était pas pris, elle pouvait le saisir ! Il était pour elle ! Dieu ! Elle pouvait essayer ! Si le destin avait fait qu'il soit célibataire, c'était peut-être parce qu'il lui était destiné ! Il fallait qu'elle essaye ! La proposition que lui avait faite Vince lui faisait moins peur, maintenant. Au contraire, elle lui laissait entrevoir une possibilité. Et si jamais Mr Lupin refusait, eh bien ce n'était pas grave. Au moins, elle lui aurait témoigné ce qu'elle ressentait pour lui, et il serait ainsi au courant qu'il était aimé, adulé, et cela lui ferait peut-être plaisir...

Mais si, par le plus grand des hasards, il acceptait... Alors Cat serait aux anges. Ce serait le paradis, vraiment ! Elle l'aimerait ! Elle l'aimerait encore plus ! Elle se baladerait avec lui, à Pré-au-lard, elle viendrait lui rendre visite dans sa salle de cours, peut-être même dans sa chambre, elle discuterait intimement avec lui, elle ne lui sourirait plus de la même façon : lorsqu'elle le ferait, ce serait avec une réelle vibration dans son coeur, ce serait pour lui dire : « Je t'aime, et j'ai de la chance de t'avoir à mes côtés, rien que pour moi ». Elle se blottirait contre lui, elle l'embrasserait. Elle l'aimerait... encore plus...

Il fallait absolument qu'elle retrouve Vince. Non pas pour lui faire sa fête, à cause du piège qu'il lui avait tendu la veille (elle était persuadée que c'était lui), mais pour lui dire que c'était bon : Mr Lupin n'avait pas d'alliance, il pouvait aller lui parler, lui faire la demande.

¤~

- Et tu as pensé à regarder son autre main ? questionna Vince, que Cat avait retrouvé dans un couloir du deuxième étage.

- Bien sûr ! assura la brunette, d'un air convaincant. Je n'ai vu qu'elle ! Et elle n'avait aucune bague.

- Hmmm... Peut-être qu'il garde son alliance dans sa poche, supposa le Serdaigle, perplexe. Ou bien dans son portefeuille... Qui sait ?

- Tu veux à tout prix me faire douter ! se fâcha Cat. Me faire croire que je ne suis sûre de rien. Mais je suis certaine, moi, qu'il est célibataire ! C'est mon coeur qui me le dit !

- Si tu insistes..., admit le garçon. Mais dis-moi, à quelle occasion as-tu pu aussi bien voir ses mains ?

La jeune fille dévisagea son ami d'un terrible regard accusateur.

- Il est vrai que si un crétin ne m'avait pas fait tomber, je n'aurais jamais pu observer ses mains d'aussi près, rétorqua-t-elle.

- Tu n'avais qu'à regarder où tu allais, quand tu marchais ! lança Vince, avec un clin d'oeil.

- Espèce de petit manipulateur ! Comment as-tu fait pour me faire trébucher ?

- Eh bien c'est simple : de suite que j'ai réussi à te semer, en disparaissant dans un nouveau couloir, je me suis transformé en canard. Je me suis ensuite caché derrière un renfoncement de porte, et j'ai patiemment attendu que les deux protagonistes fassent leur entrée dans le couloir. Et comme mademoiselle marchait les yeux rivés sur les, oh, si jolies mains du prince charmant, j'en ai profité pour sortir de ma cachette, et me glisser entre tes pieds !

- Ah ! fit Cat, avec le sourire victorieux d'avoir résolu une énigme. Je comprends maintenant pourquoi tu as une bosse sur le front !

- Evidemment, je me suis pris ton pied en pleine face... Mais ça fait partie des risques du métier, je fais avec...

- Et dire que j'ai cru que tu allais vraiment parler au professeur Lupin ! sourit la jeune sorcière.

- Oh oui ! Comment tu as paniqué ! se moqua Vince, en riant de bon coeur. Mais ne t'inquiète pas, je n'allais rien lui dire ! Et je ne lui dirai rien, de toute manière, rassure-toi. Je ne suis pas fou à ce point !

Sur ce, il y eut un gros silence, et Cat dévisagea son ami avec des yeux surpris.

- A... Alors tu ne vas pas aller lui parler ? balbutia-t-elle, abasourdie.

- Non, non ! Reste tranquille ! la soulagea le châtain.

- Mais... Mais pourtant tu m'as dit que...

Cat ne finit pas sa phrase. Elle baissa la tête et se rendit compte de toute son erreur. Ce qu'elle pouvait être bête... Vince, lui, commença à comprendre, et fronça les sourcils, soucieux de voir son amie dans un tel état d'abattement.

- Tu... Tu m'avais promis que..., fit-elle d'une petite voix, sentant déjà sa gorge se serrer.

- Ecoute, je plaisantais... C'était une blague... C'était juste pour te faire aller... Je ne pensais pas que tu allais me prendre aux mots..., expliqua le châtain d'un ton navré. Et dis-moi, qu'est-ce que tu espérais, au juste, si j'avais été lui parler ?

Cat releva lentement la tête, et ce ne fut que pour présenter à Vince ses yeux brillants, remplis de larmes et d'amertume. Un serrement horrible lui tenaillait la gorge, et elle faisait tous ses efforts pour se contenir et ne pas verser un pleur devant son ami. Elle ne voulait pas le faire se sentir coupable ; car, après tout, c'était elle la seule fautive : elle y avait cru.

- Je vois..., dit Vince, d'un air à la fois désolé et embarrassé. Je dois avouer que ça me trouble un peu, que tu aies placé autant d'espérance dans cette éventuelle déclaration que j'aurais pu faire à ton prof... Quelque part, ça m'inquiète que tu veuilles autant sortir avec lui... Tu devrais plutôt chercher quelqu'un de ton âge, tu serais beaucoup mieux avec lui qu'avec... un vieux !

- Il... Il n'est pas vieux ! contesta faiblement Cat, en tentant d'évacuer les larmes dans lesquelles baignaient ses yeux par de petits battements de paupières.

- Il a quoi ? Vingt ans de plus que toi...

- Ce... Ce n'est pas vieux.

- Attends ! Vingt ans d'écart, ce n'est pas vieux ?

- Je n'ai pas dit ça ! Je... Je dis que trente-cinq ans, pour un homme, ce n'est pas vieux.

- Peut-être, mais toi tu en as quinze. Ca fait quand même une sacrée différence. Je doute que tu sois prête à sortir avec un homme qui a vingt ans de plus, et qui, à cet âge, ne cherche plus qu'une chose : se caser.

- Eh bien, justement... Moi, je...

- Non, ne raconte pas de bêtises ! Toi, tu as encore à profiter de ta jeunesse ! Et puis, après tout, l'un n'empêche pas l'autre : ce n'est pas parce qu'il n'a pas d'alliance qu'il n'a pas une petite amie, ou même une fiancée ! Tu n'en sais rien...

A la vue du regard toujours embué de Cat, Vince ne sut que rajouter. Il regarda un des tableaux accrochés dans le couloir, comme pour y chercher de l'inspiration.

- En fait, je ne pensais pas que tu allais basculer de ce côté-là... Je croyais que, comme tu me le disais, tu n'étais pas sérieuse, tu faisais tout ça pour t'amuser, c'était un jeu... Finalement, tu vois que l'amour peut aussi devenir un jeu dangereux... Tout cela peut très vite se transformer, et très mal se finir... Il faut faire attention... C'est pour ça que je souhaiterais que ça redevienne un simple jeu... Pour éviter que tu sois trop déçue, comme tu l'es aujourd'hui... Aaah, soupira alors le Serdaigle, d'une façon théâtrale qui surprit Cat. Je ne pensais pas que Mr Lupin allait autant te turlupiner !

Et, à ce jeu de mots, la triste jeune fille esquissa un petit sourire et renifla légèrement, ce qui soulagea quelque peu son ami.

Heureusement que, cet après-midi, le dortoir était à nouveau inoccupé, et que tous les Serdaigle étaient, soit dans la salle commune, soit dans la Grande Salle. Heureusement, car Cat ne tenait absolument pas à ce que quelqu'un la voie dans cet état. Elle était assise, recroquevillée sur son lit, ses jambes repliées et ses genoux entourés par ses bras. Son visage était humide, elle avait pleuré. Dans ses yeux embués flottaient encore quelques restes de larmes. Son regard était noyé, elle ne pouvait pas distinctement voir les gouttelettes de pluie qui ruisselaient sur les carreaux de la fenêtre. Elle gardait cependant la tête tournée vers celle-ci, regardant l'averse marteler les vitres, la regardant sans la distinguer. Devant ses yeux, le ciel pleurait... Il se lamentait à ses côtés...

Devant ses yeux... Le visage de cet homme... Pourquoi ? Pourquoi restait-il ? Alors qu'il n'y avait désormais plus d'espoir... Cette image avait dû être tatouée au fer blanc sur sa rétine, pour la hanter ainsi, pour l'aveugler au point de la faire larmoyer... La jeune fille tenta de la chasser, en fermant les paupières, mais cela n'y fit rien. Seule une goutte de tristesse glissa sur sa joue, après s'être échappée de ses yeux clos. Lorsqu'elle les rouvrit, la vision était toujours là. La larme qui s'était enfuie atteignit le coin de sa bouche, et elle pressa amèrement les lèvres pour pouvoir la goûter. Si seulement... elle avait pu effleurer celles de Mr Lupin... Une nouvelle vague de désespoir submergea ses yeux, et sa gorge se serra alors qu'elle fit tous ses efforts pour ne rien laisser s'écouler. Mais cela était dur. La pluie qui s'abattait contre la fenêtre l'invitait justement à faire le contraire. La mélancolie l'emportait. Tout était gris, tout était morose. Elle était seule, elle était perdue... Perdue, noyée dans une trop grande tristesse, un vague à l'âme trop pesant.

Mais il fallait qu'elle sèche ses larmes... Car elle était bête de pleurer pour si peu. Ce n'était rien. Elle pleurait juste à cause du professeur Lupin. A cause ! C'était un bien grand mot ! Comme si c'était de sa faute, si elle se lamentait ainsi. Non, ce n'était pas à cause de lui, encore moins à cause de Vince, qui lui avait simplement fait une plaisanterie. Tout cela, c'était de sa faute, à elle. Elle était à la fois victime et coupable. Fautive, car elle y avait cru. Elle y avait cru... Comment avait-elle pu être aussi bête ? Comment avait-elle pu prendre Vince au sérieux ? Sortir avec le professeur Lupin ! Evidemment que ce n'était pas possible ! Une élève, sortir avec un prof de vingt ans de plus, à l'intérieur même d'une école ! On n'avait jamais vu ça ! Avait-elle songé que cela pouvait, à coup sûr, faire perdre son poste à Mr Lupin ? Y avait-elle vraiment songé, sans chercher à contrer cette éventualité avec de stupides excuses ? Car il ne fallait pas se faire d'illusions : c'était impossible. Il lui était inaccessible. Il était beaucoup, beaucoup trop vieux...

Avec un bouillonnement de remords qui s'agitait au fond de son coeur, Cat se demanda, plus fort que jamais, comment elle avait pu être aussi idiote pour croire que Vince allait lui arranger un coup avec le professeur Lupin, comment elle avait pu être aussi sotte pour s'imaginer déjà vivant aux côtés de cet enseignant. Elle s'en voulait d'avoir sérieusement envisagé quelque chose, qui lui paraissait maintenant insensé. Elle regrettait âprement d'avoir été aussi dupe, aussi naïve. Mais avec un reniflement, et une nouvelle montée de liquide lacrymal dans ses yeux, elle se dit que c'était injuste. Pourquoi était-ce si facile pour les autres, et si impossible pour elle ? Pourquoi ses amies s'arrangeaient-elles des coups entre elles, si simplement, et pourquoi pouvaient-elles sortir avec des ribambelles de garçons, sans vraiment en être éprises ? Pourquoi, elle, n'avait-elle pas le droit de faire indirectement sa demande à l'homme qu'elle aimait ?

Déprimée, elle se retourna lentement vers son chevet, et attrapa le bouquin qui était posé dessus. Son bouquin de Défense contre les forces du mal : Les forces du mal surpassées. Si seulement elle pouvait surpasser sa tristesse... Ce livre était-il la bonne solution ? Lui qui lui faisait irrémédiablement penser au professeur Lupin ? Cat l'ouvrit cependant. Dès les premières pages, des gouttes de larmes tombèrent sur le papier jauni, agrandissant comme des loupes les lettres qu'elles recouvraient.

¤~

Le reste des vacances se passa bien tristement pour notre amie. Incapable de sortir dehors, à cause du mauvais temps, elle restait bloquée à l'intérieur du château, à se morfondre toute seule, ou à s'ennuyer en compagnie de ses copines. La seule distraction qui parvenait à lui redonner le sourire était ses discussions avec Vince. Mais elle n'osait plus lui parler du professeur Lupin, et, lorsqu'elle s'exprimait, c'était avec beaucoup moins d'entrain qu'avant. Tous les soirs, enfin, elle se plongeait dans son lit, et ouvrait son livre de Défense contre les forces du mal. Elle le parcourait à la fois avec avidité et mélancolie, découvrait en avance les prochains chapitres que Mr Lupin allait aborder, ne faisait que penser à lui.

Le 31 octobre apporta cependant l'occasion de tirer Cat de sa torpeur. C'était, en effet, le jour de Halloween, et le premier jour de sortie à Pré-au-lard. Par chance, le temps s'était accordé avec les élèves pour leur permettre de sortir : il s'était arrêté de pleuvoir, et les nuages, bien que toujours omniprésents, étaient devenus moins opaques, leur légère clarté laissant ainsi passer quelques rayons de soleil. Ce fut par cette inhabituelle luminosité dans le dortoir que Cat se réveilla. Ou plutôt, pas tout à fait ainsi. Non, car elle ouvrit les yeux en poussant un cri d'effroi, face à cette énorme et horrible citrouille collée contre son nez.

- KYAAAAAAAAAHHH !!! AU SECOURS !!! hurla-t-elle, en réveillant toutes celles qui étaient encore plongées dans leur sommeil.

- Ah ah ah ! rigola une voix métallique, qui semblait être celle de la citrouille. Che t'ai bien eue !

Sur ce, Axelle retira de sa tête son casque en forme de potiron, et continua de rire à l'air libre, de bon coeur.

- Où as-tu eu ce machin ? s'exclama Cat, encore sous le choc.

- Tu ne le reconnais pas ? fit la blonde, étonnée. C'est mon chaudron ! Che l'ai peint en oranche, et che lui ai dessiné des yeux, là, en noir, afec un nez, et une bouche édentée, là, tu fois ? expliqua-t-elle, en faisant tourner le récipient métallique entre ses mains.

- C'est le professeur Rogue qui va être content, ironisa Anna, qui était déjà prête, habillée dans son uniforme (qu'elle revêtait même pendant les vacances, tant sa fierté maisonale était forte).

- Allez, Cat ! Debout ! ordonna Axelle, en tirant son amie par le bras. On est déchà toutes prêtes pour aller à Pré-au-lard !

Dehors, le temps était humide et froid. Un petit vent piquant soulevait les cheveux des quatre jeunes filles et rosissait leurs joues, tandis qu'elles avançaient sur le pont de Pré-au-lard, en compagnie de tous les autres élèves qui comptaient aller visiter le petit village.

- Humez l'air de l'automne ! proclama l'Allemande, en écartant les bras comme pour s'offrir à la nature. Respirez à pleins poumons, car c'est peut-être la dernière fois que fous aurez l'occasion de mettre un pied dehors ! Oh ! Regardez comme ces feuilles d'érable sont cholies ! s'écria-t-elle, en sautillant sur place, pour essayer d'attraper les feuilles mortes qui volaient au-dessus de sa tête.

- Ca se voit que rester dix jours enfermée ne lui a pas réussi, commenta Anna.

- Tu as pris un parapluie, au moins ? Car je crains le pire, dit Cerise, à l'adresse de sa camarade aux cheveux argentés, tout en regardant les nuages d'un air anxieux.

Quelques minutes plus tard, lorsqu'elles arrivèrent dans la rue principale de Pré-au-lard, les premières disputes commencèrent.

- Je t'avais dit de prendre un parapluie ! Tu ne m'écoutes jamais !

- Che feux aller aux Trois Balais ! Ch'ai soif !

- Non ! D'abord Honeydukes !

- Tu ne me l'as jamais dit ! Je n'ai jamais rien entendu !

- Trois Balais !

- Honeydukes !

- Tant pis, si on se fait tremper, ce sera de ta faute ! Bon, allons à Derviche & Bang !

- Nooonnn !!!

- Pourquoi Derviche & Bang ? protesta Anna, qui, comme Cat et Axelle, n'était pas d'accord. Tu vas encore t'acheter des babioles magiques inutiles et encombrantes... Un peu comme ce Géranium dentu, dont on n'entend même plus parler.

- C'est vrai, ça ! Qu'est-il devenu, ton Géranium dentu ? s'enquit Cat.

- Hélas..., soupira Cerise, avec un visage soudainement grave. Le pauvre m'a quittée, il est mort.

- C'est pas frai ? Comment ça se fait ? s'écria Axelle, d'une manière un peu trop enthousiaste.

- C'était il y a quelques semaines. Je l'avais mis sur le rebord de la fenêtre du dortoir, histoire qu'il prenne un peu l'air. Et puis, quand j'ai commencé à avoir froid, j'ai refermé la fenêtre, en oubliant que j'avais laissé mon Géranium dentu sur le rebord. Ce n'est que le lendemain matin que je m'en suis souvenue, mais, quand j'ai rouvert la fenêtre, il n'y était plus. Je... Je crois que le vent l'a emporté, et qu'il est tombé du haut de la tour...

Axelle explosa de rire, et Cat se mit devant elle pour la cacher et la protéger de Cerise, qui risquait de le prendre très mal.

Les quatre Serdaigle résolurent finalement d'aller chez Zonko, la boutique de farces et attrapes, et se mirent en marche. Les rues étaient déjà bien remplies en élèves et autres promeneurs, même à cette heure de la matinée. Inexorablement, et sans vraiment s'en rendre compte, Cat se mit alors à chercher le professeur Lupin. Cela dura tout au long de leur balade : elle le cherchait dans chaque nouvelle rue qu'elles prenaient ; dans chaque nouveau tournant, elle s'attendait à le rencontrer ; dans chaque boutique devant laquelle elles passaient, elle regardait s'il n'était pas à l'intérieur. Elle fouillait des yeux tous les passants, scrutait chaque individu. Il lui arrivait même quelques fois de croire l'apercevoir, puis de se rendre compte qu'en fait ce n'était pas lui. Pour résumer son étrange situation, Cathie Mist avait des hallucinations, et n'écoutait que distraitement le bavardage de ses copines, préférant de loin chercher, dans les rues de Pré-au-lard, quelqu'un qu'elle savait être à Poudlard.

Le seul résultat de ses vaines recherches fut qu'elle se heurta de trop nombreuses fois à la vue effrayante de ces Détraqueurs, qui survolaient boutiques et trottoirs, qui étaient postés à chaque coin de rue, et qui lui glaçaient le sang. A chaque fois que, de ses yeux, elle rencontrait leur cagoule, ou bien les lambeaux de leur vêtement noir qui flottaient autour d'eux, ou encore leurs mains visqueuses et putréfiées, Cat détournait rapidement le regard. Et alors, c'était pour mieux voir la raison de la présence de ces horribles créatures : les affiches du criminel évadé d'Azkaban, Sirius Black, étaient placardées un peu partout sur les murs. L'atmosphère particulièrement glacée qui régnait à Pré-au-lard, en cette période où un tueur circulait en liberté, était donc un petit point négatif à cette sortie dans le village sorcier, comparée aux sorties des années précédentes. A cela s'ajoutait aussi le fait que, cette fois-ci, Cat parcourait les rues de Pré-au-lard en tant que fille amoureuse en secret, c'est-à-dire avec le coeur dans un drôle d'état.

Ces légères contrariétés ne réussirent cependant pas à gâcher la journée de promenade de nos amies. Toutes les quatre s'amusèrent beaucoup, et Cat, Cerise et Anna récidivèrent notamment la petite blague qu'elles réservaient à Axelle, chaque fois qu'elles venaient à Pré-au-lard. A force, c'était devenu une coutume : sans s'en apercevoir, l'Allemande était petit à petit emmenée par ses camarades vers la Cabane hurlante, et, lorsqu'elle se rendait enfin compte qu'elle se trouvait devant cette effroyable demeure, c'était trop tard. Cat, Cerise et Anna jouaient à lui faire peur, la poussaient gentiment pour qu'elle franchisse, malgré elle, la clôture, et qu'elle se retrouve ainsi un peu plus près de la cabane. N'écoutant même pas les cris d'horreur et d'effroi de la blonde, elles continuaient de lui faire croire qu'elles avaient vu un fantôme, là-bas, près de la porte de la maison hantée, ou bien qu'elles avaient aperçu une fenêtre s'ouvrir toute seule. C'était un jeu sadique, certes, une plaisanterie très mauvaise que d'abuser ainsi de la naïveté d'Axelle, mais tout cela restait diablement amusant. Celle qui y prenait même le plus de plaisir était, sans conteste, Cat, qui restait constamment pliée en deux de rire. Elle aimait beaucoup terroriser son amie en se servant de cette vieille bâtisse, qui lui inspirait à elle-même la peur, la fascination et le respect mélangés.

¤~

Le soir venu, les quatre Serdaigle furent au rendez-vous, dans la Grande Salle, pour le fameux banquet de Halloween. Lorsqu'elles firent leur entrée, la vaste pièce était surpeuplée en élèves excités, et assez bruyante. Mais tout ce capharnaüm était pour une fois supportable aux oreilles de Cat, car la jeune fille était plutôt occupée à admirer les centaines de citrouilles évidées qui flottaient au-dessus des tables géantes.

- Tu vois, Axelle, dit Cerise, en regardant elle aussi les légumes volants, ces citrouilles sont beaucoup plus jolies que celle que tu as essayée de reproduire avec ton chaudron.

Pas très convaincue, Axelle jeta un coup d'oeil à son chaudron-citrouille, qu'elle tenait sous son bras. Elle avait initialement compté le mettre sur sa tête, pour faire une entrée originale dans la Grande Salle, et célébrer encore mieux Halloween, mais ses copines avaient réussi à l'en dissuader. Elles lui avaient expliqué qu'elles ne tenaient absolument pas à lui servir de guides tout au long de la soirée, à lui dire dans quelle direction marcher, et dans quel sens ne pas tourner, sous prétexte que Fräulein Kraft avait un récipient sur la tête et était complètement aveugle. L'Allemande avait donc renoncé à son déguisement, mais avait tout de même pris son chaudron avec elle.

- Quelle idée d'avoir amené des chauves-souris dans la Grande Salle..., commenta Anna, d'un air blasé. Si jamais l'une d'elles se prend dans les cheveux de quelqu'un...

- Des... Des chaufes-souris ? Oh mon Dieu ! s'exclama Axelle, soudainement terrorisée. Comme si che n'afais pas eu assez de frayeurs comme ça dans la chournée !

Cat lui jeta un regard amusé.

- Désolée, les filles ! fit alors la blonde, en levant son chaudron. Mais che ne peux pas foir ça ! Che ne peux pas foir toutes ces petites chaufes-souris, ça me dégoûte ! Che mets ma citrouille sur la tête, comme ça che suis sûre de ne plus les foir, et ça me serfira de bouclier, si chamais elles feulent s'accrocher dans mes chefeux !

Sur ce, Axelle enfourna sa tête dans son chaudron, et Cat fut arbitrairement désignée par les deux autres pour être le guide de la citrouille humaine.

- Dis-moi, Axelle, commença la brunette, en tenant la main de sa camarade pour la mener jusqu'à la table des Serdaigle. Tu as peur des chauves-souris, tu as peur des fantômes, tu as peur des maisons hantées, tu as peur des loups-garous... Tu as peur de quoi, encore ?

- Oh, ne me parle pas de loups-garous, Cat, che t'en prie ! s'écria soudainement l'Allemande, dans une voix métallique et résonnante. Tu n'as donc pas fu que, ce soir, c'est la pleine lune ?

- Eh, Axelle ! appela alors Cerise, qui s'était déjà attablée parmi les Serdaigle. Je serais toi, j'enlèverais tout de suite ce chaudron de ma tête ! Je crois que le professeur Rogue t'a repérée, et il te regarde d'un drôle d'oeil !

- C'est... C'est frai ? s'inquiéta la blonde, en tournicotant sur elle-même, bêtement.

Avant de s'asseoir, Cat jeta un coup d'oeil à la table des profs, et vit, en effet, que le maître des Potions observait son amie d'un regard abasourdi et révolté.

- Mais non, ne t'inquiète pas ! dit la brunette à l'Allemande, tout en gardant un oeil sur la table des profs. Tu peux t'asseoir, Cerise raconte des bêtises, elle se moque de toi !

Alors que la citrouille prit place à ses côtés, Cat inspecta plus sérieusement la table des enseignants, et son visage s'illumina alors. Son coeur fit un bond dans sa poitrine, et elle eut l'irrésistible envie de rire. Le professeur Lupin ! Il était là ! Et il riait ! Il riait de bon coeur, ciel ! Qu'est-ce qu'il était beau, lorsqu'il riait ! Et qu'elle était contente de le voir ainsi, heureux ! La joie et la forme dont il semblait faire preuve ne lui firent que regagner instantanément le sourire, et annoncèrent ce banquet de Halloween comme un banquet merveilleux.

- Dis-moi, Axelle, fit Anna, d'un air sceptique. Il y a un truc que je n'arrive pas à comprendre...

- Quoi ? Qu'est-ce que c'est ?

- Comment vas-tu faire pour manger, avec un casque sur la tête ?

- Ah... Ben... Oui, c'est frai...

La soirée se termina avec le même ton joyeux sur lequel elle avait commencé, et, rassasiées des mets délicieux qu'elles avaient dévorés, Cat, Axelle, Cerise et Anna s'apprêtaient à rejoindre la tour des Serdaigle, lorsqu'elles entendirent un brouhaha et des exclamations étranges provenant de la tour Gryffondor. Curieuses, elles se rapprochèrent des lieux, et aperçurent alors une foule d'élèves, de toutes maisons confondues, postés devant l'entrée du dortoir des Gryffondor.

- Qu'est-ce que c'est ? s'alarma Cerise. Qu'est-ce qui se passe ?

- Ca ressemble à une séance dédicace du groupe Avada Kedavra, lança Cat, d'une manière perplexe, comme si elle croyait sérieusement que ce qu'elle disait pouvait être le cas.

- C'est bizarre..., commenta Anna. Allons voir ça de plus près !

Les quatre filles se joignirent ainsi à la cohue, se mêlant à tous ces élèves désorientés, tentant d'avancer toujours un peu plus vers l'entrée de la salle commune.

- Y'a fraiment beaucoup de monde, ici ! s'écria Axelle, d'une voix forte, pour couvrir le bruit qui régnait, tout en essayant de se frayer un passage au milieu de cette marée humaine.

- POGO !!! hurla Cat, complètement hystérique.

- Ca va, on n'est pas dans un concert de Avada Kedavra ! s'exclama Cerise, en poussant du coude un élève de première année qui s'écroula sur le sol.

Sur ce, elle dut éviter de se recevoir sur la tête un garçon porté à bout de bras par la foule, qui le dirigeait maladroitement vers l'entrée des Gryffondor, pour qu'il puisse voir ce qui se passait.

- Oh mon Dieu, c'est horrible ! s'écria-t-il alors, quand il atteignit enfin l'entrée. Le portrait de la grosse dame ! Il a été entièrement lacéré !

Il y eut alors une véritable cacophonie de cris et d'exclamations en tous genres, des « Oh-mon-Dieu-mais-c'est-horrible ! », « C'est affreux ! », « On va tous mouriiir ! », tout comme des « Tant mieux ! Il était moche, ce tableau ! », « Elle l'a bien mérité ! Elle chantait comme une casserole ! ». Ceci dura jusqu'au moment où un préfet-en-chef arriva, et que le silence se fit peu à peu, donnant lieu à un malaise général. Le préfet examina quelques instants le portrait, puis s'écria d'une voix choquée qu'il fallait vite aller chercher le professeur Dumbledore. L'affaire semblant soudainement grave, tout le monde essaya de se rapprocher de l'entrée, pour voir si le tableau de la grosse dame était en effet endommagé. Cat fut emportée par ce mouvement de foule, et lorsque, finalement, elle atteignit presque le lieu du drame et aperçut quelques déchirures sur la toile, le Directeur fit son entrée, et tous les élèves s'écartèrent pour le laisser passer. La brunette fut à nouveau poussée par les autres, rangée avec eux à la droite du tableau, serrée, écrabouillée, et ne distingua plus rien du portrait mutilé qu'elle avait à peine entrevu.

Mais bientôt, elle ne chercha même plus à en voir davantage, car la plus belle vue qu'elle puisse avoir se présenta à elle. Des claquements de pas précipités provenant de sa droite la firent tourner la tête, et elle aperçut alors le professeur Lupin, accompagné de McGonagall et de Rogue, qui accouraient tous les trois vers Dumbledore. Celui-ci leur donna des instructions qu'elle n'écouta même pas, tant elle était absorbée par la belle allure de son professeur de Défense contre les forces du mal. Ses mèches de cheveux châtains tombaient en bataille sur son front, ses sourcils froncés lui donnaient un air de sérieuse détermination. Mais il avait un visage terriblement inquiet, bien plus inquiet que la fois où Cat s'était cassée la figure devant lui. Cette angoisse dans son regard la fit plus que s'attendrir : elle la fit s'émouvoir. Par les craintes que semblait manifester l'enseignant, Cat se rendait enfin compte de la gravité de la situation.

Et elle avait raison de craindre soudain le pire. Quelques secondes plus tard, le nom de celui qui avait déchiré le portrait et causé la fuite de la grosse dame fut proclamé devant tout le monde : Sirius Black ! Des mouvements de panique et des cris d'horreur suivirent cette annonce, et Dumbledore envoya immédiatement tous les élèves du château dans la Grande Salle. Pour plus de sécurité, il fut convenu que tous allaient passer la nuit ici, en attendant que les professeurs et le Directeur fassent l'inspection complète de l'école, dans le but de retrouver une trace de Sirius Black. Toutes les portes de la salle géante furent verrouillées, et les tables furent écartées, pour laisser place à des centaines de gros sacs de couchage. Le désordre et la cacophonie étaient à leur comble. Cat, Axelle, Cerise et Anna s'installèrent vers le milieu du réfectoire, prenant déjà place dans leur couchette de fortune. Tandis que ses trois amies ne cessaient de se témoigner leurs inquiétudes et leurs questions (« Comment a-t-il fait pour entrer ? »), Cat s'emmitoufla silencieusement dans sa couverture violette, et, la tête à même le sol, tournée vers les portes géantes de la Grande Salle, regarda d'un air anxieux le professeur Lupin s'éloigner avec ses collègues et quitter le réfectoire.

Les portes se refermèrent sur lui, mais Cat continua de fixer l'endroit où il s'était trouvé quelques secondes plus tôt, un soudain malaise s'emparant de son corps. Vrai, ses copines faisaient plus de bruit qu'elle, et semblaient ainsi plus agitées. Mais elle n'en était pas moins paniquée qu'elles. C'était peut-être même elle la plus bouleversée. Elle avait peur, parce qu'en ce moment un meurtrier se baladait entre les murs du château, et menaçait d'apparaître dans la Grande Salle à tout moment, et de faire de cet endroit une véritable boucherie. Mais elle avait encore plus peur parce que, maintenant, le professeur Lupin était parti. Il ne restait plus que ces deux petits préfets-en-chefs, qui surveillaient tant bien que mal ces centaines d'élèves paniqués, mais qui, visiblement, ne pouvaient pas faire grand chose, si jamais un malheur survenait. Cat n'avait pas tellement confiance en leurs aptitudes. Pour elle, il aurait fallu que ce soit un professeur qui soit là ; elle se serait sentie plus en sécurité. Et le professeur idéal aurait été, sans conteste, Mr Lupin.

Une troisième raison d'avoir peur fut fournie à Cat, lorsque toutes les chandelles de la Grande Salle s'éteignirent, et que tous les élèves, sommés de rentrer dans leur sac de couchage, furent plongés dans le noir. A présent, la seule et faible source de lumière était celle de la pleine lune, dont les doux rayons blancs étaient filtrés à travers les carreaux des fenêtres immenses du réfectoire. D'autres lueurs blanchâtres venaient des fantômes qui survolaient lentement les élèves, et des petites étoiles du plafond magique. Tout était si calme... Juste les légers chuchotements et murmures des élèves se faisaient entendre, et conféraient à la Grande Salle une atmosphère étrange.

Cat n'était pas rassurée. Elle était toujours tournée en direction des portes d'entrée de la pièce, et les observait avec un mélange d'appréhension et d'espoir, souhaitant vainement que le professeur Lupin revienne. Le sac de couchage dans lequel elle était enveloppée avait beau être moelleux et très chaud, elle avait froid. Sa couverture était remontée jusqu'à son menton, mais elle tremblait. Elle grelottait de froid et de peur. Si seulement il avait été là, dans la Grande Salle, ou bien tout près d'elle, dans son son sac de couchage pourquoi pas, pour la tenir dans ses bras, tout contre lui, pour la réconforter, pour la réchauffer... Au moins, elle se serait endormie en toute confiance.

Mais à une heure du matin, elle était toujours éveillée, et elle assista justement à l'ouverture silencieuse d'une des portes. Son coeur fit un bond dans sa poitrine, elle ouvrit plus grands les yeux... Hélas, ses espérances retombèrent d'un seul coup, lorsqu'elle vit le professeur McGonagall pénétrer dans le réfectoire endormi. Son coeur lui joua le même tour lorsque, à deux heures du matin, ce fut le professeur Flitwick qui passa faire un tour, pour vérifier si tout était calme. Le professeur Lupin n'allait-il donc jamais venir ? Etait-il trop occupé à fouiller le château à la recherche de Sirius Black ? Et si jamais il le retrouvait ? Et si jamais il prenait trop de risques ? Que faisait-il ? Où était-il ? Où était-il, en ces instants où Cat avait tant besoin de lui à ses côtés ? A trois heures du matin, c'était fait : pratiquement tout le monde était endormi, et Cat faisait partie des rares et des derniers élèves qui ne trouvaient pas le sommeil. Elle était en train de parier jusqu'à quelle heure de la matinée elle resterait ainsi éveillée et tourmentée, lorsque la porte de la Grande Salle s'ouvrit à nouveau, en un léger claquement.

La brunette ferma alors les yeux, et croisa les doigts sous sa couverture. « Pitié, faites que ce soit Mr Lupin, pitié, faites que ce soit Mr Lupin... ». Elle ouvrit enfin les paupières, et tout ce qu'elle aperçut fut une nouvelle déception, la troisième de la nuit : c'était simplement le professeur Dumbledore. Cette fois-ci, ce fut plus fort qu'elle : à son profond mécontentement succéda immédiatement de la rage, amplifiée par son énervement à ne pas réussir à s'endormir. « Je veux le professeur Lupin !!! » s'écria-t-elle intérieurement, tout en fronçant les sourcils de colère, et en serrant méchamment sa couverture dans ses poings. Pourquoi ne venait-il pas ? Pourquoi tous les autres profs, et pas lui ? Si le destin n'était pas si injuste, il ferait apparaître le professeur Lupin, là, juste devant Cat, pour enfin permettre à la jeune fille de dormir tranquille... Elle dormirait, vraiment ? Non ! Elle passerait plutôt tout son temps à le regarder ! Donc, dans tous les cas, c'était une nuit blanche, qu'elle allait faire...

Tandis que Dumbledore marchait lentement au milieu des rangées d'élèves endormis, en compagnie du préfet avec qui il discutait, le grincement de la porte indiqua que, pour la énième fois, un professeur entrait. Cat était beaucoup trop blasée pour espérer quoi que ce soit, et ceci à juste raison, car elle vit sans surprise que c'était le professeur Rogue qui s'avançait vers Dumbledore. Pour rejoindre le Directeur, le maître des Potions traversa la Grande Salle en se frayant un chemin parmi les sacs de couchage. Il passa juste à côté de la couchette de Cat, qui, les yeux ouverts, put se rendre compte de l'immense hauteur de Rogue, si on le regardait à même le sol. L'espace d'un instant, elle eut une pleine vue sur ses chaussures, et sur les pans noirs de sa robe de sorcier qui traînaient furtivement derrière lui. Elle pensa alors que, si ça avait été Mr Lupin qui était passé juste au niveau de sa tête, elle se serait jetée sur lui en l'attrapant par la jambe et en restant ainsi agrippée à lui comme une sangsue. Cette pensée, bien que ridicule, la fit sourire de satisfaction, et, finalement, de réconfort. Elle ferma les yeux et se décida plus fermement que jamais à ne plus chercher à attendre son retour improbable, mais à essayer de s'endormir pour de bon. Quelques minutes après cette résolution, un lointain hurlement de loup emplit lugubrement les airs nocturnes, sur lesquels régnait la pleine lune.


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