Prologue
Bienvenue sur "Chirurgicalement Vôtre"!
En vidéo ci-dessus, je vous laisse découvrir le Trailer de mon histoire, en espérant qu'il vous donne l'envie de lire les pages qui vont suivre.
Mais chut, place aux mots...
Emma.
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Lorsqu'on est adolescente et que l'on imagine notre vie de future adulte, on y voit que le meilleur : Un boulot de rêve, peut être un ou deux gosses, mais alors dans un avenir très lointain ; une vie sans encombre, pleine de rebondissements et dans laquelle on conserve du temps pour soi, pour les copines et les sorties. Et bien sûr, « Le Grand Amour ». Celui qui vous retourne, vous fait renaître, vous fait passer de un à deux, puis de nouveau à un, tant vous ne formez plus qu'une seule et même âme ... Bref, l'opposé de nos parents.
Plutôt mourir que de leur ressembler !
Et moi, j'étais bien sûr persuadée que j'aurais la vie parfaite, celle où se réaliseraient toutes ces rêveries que j'avais mis tant de nuits à élaborer depuis mon enfance.
Comme toutes les petites filles, mon Ken avait succombé aux courbes parfaites et aux fringues de malade de cette pétasse de Barbie.
Sissi avait continué de se marrier à Frantz à chaque Noël.
Scarlett O'Hara à obtenir ce qu'elle voulait avec son « Taratata ».
Jane Austen, Emily Brontë, William Shakespeare m'avaient convaincue à coups de milliers de pages, que l'amour, même dans la mort est triomphant !
Et pourtant, je suis là, à me demander si la vraie fin de toute histoire n'est pas celle d'Emma Bovary...
Jane, Emily, William, ils n'ont pas rencontré Terence Cesare.
Peut être que s'ils l'avaient connu, s'ils avaient raconté Qui Il était dans leurs bouquins, ce qu'il allait me faire vivre...
Peut être que j'aurais alors arraché la tête de Ken, éteint ma télé à Noël, et lu... je ne sais pas tiens, des bouquins sur la guerre ou l'effet de serre...
Sûrement que j'aurais envisagé d'autres études, loin des hôpitaux, loin des blouses blanches, loin de lui...
* * * * * * *
Et si j'étais la poissarde de l'année ?
Et si je laissais le pire réveil que j'ai eu à affronter depuis un bail donner le sens à ma journée ? En gros, une journée de merde.
D'abord, j'ai rêvé que ma prof, la vieille Mogliani, chantait du Zara Larson pendant mon examen, micro en main sur l'estrade. Rêve qui m'a value de me réveiller en retard - très en retard. Cela dit, ça m'apprendra à mettre mes musiques comme réveil et à me laisser bercer par elles.
Après, vous savez ce que ce genre de réveil est susceptible d'engendrer ! J'ai enchainé le bon vieux et bien douloureux coup du petit orteil sur le pied de chaise, et j'ai renversé mon café bien chaud sur mes vêtements. Et pour couronner le tout, j'ai une tête abominablement abominable.
Sérieux ! Je pourrais presque me servir des valises que j'ai sous les yeux pour partir en vacances.
Mouais, sauf que cet été, il n'y aura pas de vacances. Cette année, je dois travailler pour aider mon père à payer mes frais de scolarité. J'ai d'ailleurs rendez-vous aujourd'hui même pour un boulot d'aide-soignante dans une clinique privée.
Mais avant ça, je dois passer ce matin mon dernier examen pour le passage en troisième et dernière année d'école d'infirmière.
Examen. Entretien. Wahoo ! Une vraie vie de working girl ! Mais quand je vois comment ma journée a commencé, je redoute le pire...
Bon sang, je vais crever de chaud dans ce jean aussi épais qu'élimé, et tant pis pour le maquillage, je n'ai pas le temps. Ma vieille paire de converses enfilée, mon sac sur l'épaule, une brioche à la bouche, et me voilà enfin en voiture.
Dans trente cinq minutes, ils ferment les portes et si je n'accélère pas, je ne pourrai pas passer mon examen. Heureusement, à cette période de l'année, les vacances ont déjà commencé pour les plus chanceux, et je parviens sans encombre et surtout à l'heure en salle d'examen.
Cette école je l'ai voulue, vraiment, mais après deux ans passés à bosser comme une malade, à étudier l'humain dans toutes ses dimensions, c'est ma propre humanité que j'ai l'impression de perdre.
Je sais, je m'apprête à exercer le plus beau métier du monde, mais il n'empêche que pour y arriver, cela demande beaucoup d'endurance et de remise en question. Et à ce stade, je ne sais plus si j'ai fait le bon choix.
Lorsque je pénètre dans la salle d'examen, l'amphithéâtre est blindé. Je ris toute seule quand j'aperçois la vieille Mogliani sur l'estrade, et je me mets à espérer avoir le don de faire des rêves prémonitoires.
Quoi ? Ce serait drôle non, si elle se mettait à se taper un petit concert ? Imaginez deux secondes : une toute petite femme qui, si on la passait au carbone 14, afficherait probablement : 175 ans ; vêtue de son éternelle jupe plissée verte et de son épouvantable chemisier blanc col Claudine, et une tête qui laisse penser qu'elle a plus un passé de religieuse que d'auteure de Lemon. Et maintenant, visualisez-la entrain de chanter un bon vieux rap des ghettos ! Mouais, chacun ses délires face au stress...
Mais bien sûr, après quelques minutes passées dans l'immense salle d'examen, je me rends à l'évidence qu'il n'y aura pas de concert. On y est. Il est temps de passer aux choses sérieuses.
Je prends une grande bouffée d'air qui malheureusement est déjà bien emplie des émanations de l'hypersudation liée au stress de mes camarades, et je plonge dans les affres de mon examen...
Après avoir passé quatre heures à disserter sur les dégénérescences cognitives et fonctionnelles post AVC, et sur tout un tas de pathologies neurologiques, mon propre cerveau est en compote, mais je suis contente d'en avoir terminé avec toute ça.
Pour l'instant même si elles sont courtes, je suis en vacances et compte bien en profiter pendant les cinq jours à venir.
— Hé, Selena ! Alors, ça a été ? On va se boire un verre pour fêter tout ça ?
L'excitée du bocal, c'est mon amie Lena. Avec elle, tous les moyens sont bons pour aller boire un verre.
Je n'ai pas des tonnes d'amies, mais Lena est de loin celle que je préfère et qui remporte le titre si convoité de « meilleure amie ». On est toutes les deux diamétralement opposées, elle est petite et je suis grande, elle est blonde et moi brune, elle vient d'une famille riche et moi sans sous.
Même son arrogance et sa désinvolture sont à l'antipode de ma personnalité, mais personne ne me fait rire comme elle le fait depuis deux ans, depuis que nous avons commencé cette fichue école !
— OK , juste un verre. J'ai rendez-vous dans deux heures pour du boulot, je lui réponds vaincue, mais heureuse à la fois.
J'ai envie de lui dire qu'il y en a qui ont besoin de travailler parce que tout le monde n'est pas fille de médecins. Mais je trouve ça franchement déplacé, et Lena n'y est pour rien si ses parents sont friqués, d'autant qu'elle n'est pas du genre à afficher quoi que ce soit.
Oui, Lena elle est simple et rigolote, et amoureuse aussi...
Un an qu'elle est avec « Henry avec un Y à la fin », ce petit con d'étudiant en médecine qui me fait apprécier mon statut de célibataire.
— Deux heures ! Oh, mais c'est large. Tu y seras, ma belle. Allez viens, les autres nous y rejoignent, s'égosille-t-elle, en me tirant vigoureusement par le bras.
Vraiment, c'est la fille la plus pétillante que j'ai jamais connue, et je ne sais jamais lui dire non.
Lorsque je pense qu'il ne nous reste plus qu'un an d'école, mon coeur se pince parfois à l'idée que nous ne nous verrons plus après, enfin, pas autant que maintenant.
Lena a envie de partir quelques mois à l'étranger après la fin de nos études, et moi... Et bien moi j'en sais fichtrement rien. Il faudra que je me trouve une place dans un hôpital ou une clinique privée dans le coin, parce que j'aimerais vraiment rester à Bordeaux, même si mes soeurs et papa me manquent.
En attendant, pas de larmoiement et profitons de cette belle journée de juin.
Après avoir bu le fameux verre, il faudra que je repasse chez moi me changer, car même si c'est quasi sûr que la directrice de la clinique me prend, je ne peux pas me présenter à mon entretien d'embauche dans cette tenue !
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Passer une heure avec les filles à ce troquet, qui nous sert de QG, a été bien plus sympa et relaxant que je ne l'aurais cru.
Le verre s'est finalement transformé en déjeuner, et nous avons ri comme nous le faisons chaque fois que nous sommes ensemble.
Marie, Alice et bien sûr Lena sont pour moi ce qui se rapproche le plus d'une famille depuis que j'ai aménagé ici il y a deux ans.
Nous alternons cours, séances de révisions et sorties dans une atmosphère quasi familiale sans prise de tête. Bien sûr, il y a toujours un garçon pour se glisser entre nous, mais pas suffisamment pour rompre ce lien qui nous unit toutes les quatre depuis deux ans.
Lorsque je quitte les filles, il est déjà treize heures et il ne me reste plus beaucoup de temps pour rentrer chez moi, me changer et aller à la clinique.
Arrivée à la porte d'entrée de mon immeuble, je grimpe les marches deux par deux pour atteindre les trois étages qui me séparent de mon petit nid.
Petit, c'est bien le terme. Un deux pièces de vingt cinq mètres carrés qui sent le mélange de moisi et de javel, mon produit préféré depuis que j'ai aménagé ici, et dans lequel j'ai eu l'espoir qu'il atténuerait les odeurs de ce vieil appart. Mais bon, au vu de mes ressources financières, il n'est pas si mal et je l'ai décoré à mon goût, à coups de toiles de villes où je n'ai jamais mis les pieds et de vieilles affiches de cinéma.
Je m'empresse de chercher mes clés dans mon sac et j'ai beau fouillé, le retourner, je ne les trouve pas. Oh pas ça...
Je passe un coup de fil à Lena pour savoir si je ne les ai pas oubliées au bar où nous avons déjeuné, mais elle ne les a pas vues.
Ça continue ! Je n'ai pas le temps de repartir les chercher. C'est donc avec cet aspect misérable que je vais me rendre à mon entretien.
Superstitieuse comme je suis, je ne peux m'empêcher de me demander si je dois y voir un signe ! Vous savez, le genre qui dit : « Tu vas tout foirer, passe ton chemin »...
Et tandis que je remonte les boulevards qui me mènent à la clinique, je sens l'anxiété monter en moi, aussi lente que pernicieuse. Et la chaleur étouffante de l'air à laquelle se mélangent les vapeurs brûlantes des voitures ne fait qu'accentuer la tension qui m'habite.
Après vingt minutes de conduite éprouvantes, je profite de ma demi-heure d'avance pour me rafraîchir, autant qu'il est possible de le faire à l'ombre des arbres de la clinique. Bercée par la brise légère, je tente une nouvelle fois de me recentrer en récitant tous les mantras que je connais, et invente ceux qui n'existent pas. Je prie pour que les mésaventures qui se sont immiscées dans ce début de journée prennent fin, et je me mets à imaginer ce que les deux mois à venir vont être : une nouvelle aventure riche en rencontres et en expériences... Enfin, j'espère !
Quand enfin sonne l'heure de mon rendez-vous, je pénètre dans l'établissement qui me fascine toujours autant.
Les murs et les portes du rez-de-chaussée sont de grandes vitres qui laissent rentrer la lumière, rendant l'accueil bien plus chaleureux que les autres structures. Le hall d'entrée est un mélange de bois et de pierres apparentes, donnant plus l'impression d'arriver dans un hôtel chic que dans une structure médicale.
Et les hôtesses d'accueil aux allures de mannequins renforcent ce sentiment.
— Bonjour, Mademoiselle. En quoi puis-je vous aider ? me demande la Gigi Hadid du jour.
Le sourire Email Diamant de l'hôtesse d'accueil me déstabilise un peu, et je ne manque pas de lui rétorquer une réponse on ne peut plus littéraire.
— Euh...
La grande blonde me regarde avec ses yeux interrogateurs et un sourire figé d'employée du mois.
— J'ai rendez-vous avec Madame Darcebot à quatorze heures, finis-je enfin par lui répondre.
— Et vous êtes ?
— Oh ! Euh... Selly, je veux dire Séléna. Séléna Paris.
Elle prend son combiné de ses longs doigts manucurés, pendant que je tente de raccrocher mon cerveau à ma bouche.
— Madame Darcebot, Séléna Paris est à l'accueil. Bien, Madame.
Elle raccroche et reprend sa tête de Miss météo.
— Elle vous attend. C'est au premier étage, couloir de droite, troisième porte sur votre droite.
— Ok. Euh... Merci.
Il faut vraiment que je me détende si je veux arriver à aligner quelques phrases avec de vrais mots durant mon tête à tête avec la directrice. Mon entretien téléphonique s'était bien passé et le fait que Charline, la mère de Lena, soit une amie de squash de Madame Darcebot avait largement contribué à obtenir cet ultime rendez-vous.
« Couloir de droite, troisième porte à droite ». J'y suis.
Allez, Selena... C'est pas possible d'être aussi timide ! Un « Toc Toc » de mauviette et quelques secondes plus tard, la porte du bureau de la directrice s'ouvre.
La femme qui se tient devant moi est une superbe brune quinquagénaire aux allures de femme d'affaires. Sa jupe cigarette et son chemiser de satin lilas me font vraiment bouillir de me présenter en jean/baskets.
— Mademoiselle Paris, entrez, me dit-elle en me serrant la main.
Je réponds à son sourire plutôt rassurant, et sur son invitation, je prends place dans un confortable fauteuil de velours bleu roi.
Le bureau de Madame Darcebot allie le bois chic des salons anglais et l'acier noir des lounges new-yorkais, et de nombreux tableaux, dont je ne connais sûrement pas les peintres ornent les murs. Pour la énième fois, je me demande si je suis vraiment dans une clinique. Mais Madame Darcebot me tire de ma rêverie.
— Bien. Comme nous l'avons vu ensemble par téléphone, vous occuperez un poste d'aide-soignante remplaçante pour les congés d'été du personnel. Vous serez amenée à intervenir dans nos différents services de chirurgie et de médecine oncologique. Je vous ai préparée un planning pour le mois de juillet. Prête pour lundi ? Des questions ?
— Je... Non... Oui.
Punaise, Séléna, ressaisis-toi !
— Ne vous inquiétez pas, Selena. Tout va bien se passer. Charline m'a fait votre éloge tant en termes scolaire qu'humain. Je suis sûre que vous allez vous intégrer rapidement à mes équipes. Et qui sait ? Peut être que vous prendrez un poste d'infirmière chez nous, une fois votre diplôme obtenu !
Et pourquoi pas ? J'aime déjà cet endroit ! ne puis-je m'abstenir de penser.
— Merci, Madame pour ce travail, et pour la confiance que vous m'accordez, parviens-je enfin à dire.
Seigneur ! Il faudra vraiment que je remercie encore la mère de Lena pour ce qu'elle a fait.
Charline est le genre de femme qui inspire affection et respect. Dynamique épouse au foyer, elle a interrompu son activité de médecin pour prendre soin de ses quatre rejetons pour lesquels l'avenir est tout tracé dans la médecine.
Lena sera infirmière, un de ses frères est déjà chirurgien, le second est en fac de médecine et le dernier Tom, qui n'est encore qu'en première, compte bien emprunter la même voie.
Et voilà, comment depuis plusieurs générations, la famille Auguste fait sa place dans la société à coup de serment d'Hippocrate.
Je n'ai jamais rencontré, le frère ainé de Lena, qui selon elle, est bien trop occupé à chasser les filles et les os. Il est orthopédiste !
— Tenez, voici votre planning avec vos affectations et vos horaires. Venez, je vais vous faire visiter l'établissement, interrompt mes divagations Madame Darcebot.
C'est ainsi que je suis la directrice et m'engouffre « innocemment » dans la clinique...
Oui, « innocemment », car comment pourrais-je envisager un seul instant ce qui m'attend ? Comment pourrais-je imaginer qu'en y pénétrant, ce lieu va donner un tournant irréversible à mon existence ? Ce lieu sur le point de m'offrir « une aventure riche en rencontres et en expériences ». Ce lieu qui s'apprête à mettre sur mon chemin le plus beau de mes rêves mais aussi mon pire cauchemar...
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Bonjour à tous,
Ce petit message apparait quelques mois après l'écriture de ce prologue...
Il fut un temps où j'étais timide ( merci d'y croire ), et où je n'osais pas laisser de petits messages.
Mais ce temps étant largement révolu, je prends maintenant la parole, et me permets de vous souhaiter encore la bienvenue !!!
N'hésitez pas à venir papoter avec moi, j'adore ça ! Certaines m'ont même soumis des anecdotes, des défis à insérer, et je me suis empressée de le faire, alors lâchez vous ! Et je tiens à préciser que certaines idées, de ce que vous vous apprêtez à lire, ont été écrites à partir des commentaires reçus...
Allez, je me tais enfin, et vous souhaite une excellente lecture.
Bisous chirurgicaux,
Emma. ❤
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