Chapitre 25-1


— Chris...Christina ! Vous faites quoi là ?! C'est moi...Worth !

Je voyais et j'entendais bien que le truc grand et appétissant tapît dans le coin de la pièce parlait...mais dans quel intérêt, ça...mystère ?! Je continuai mon approche furtive, même si dans cet étroit réduit, la discrétion ne me servait pas à grand-chose. Après tout, pourquoi perdre du temps ?! J'avais faim, je mourrais de faim même et ce dindon ne demandait qu'à se faire plumer ! Alors qu'est-ce-que j'attendais, me dis-je soudain en me ramassant sur mes pattes arrières...prête à bondir sur ce délicieux...truc, certainement plein de protéines ! Je sentis mon énergie se rassembler dans mes membres inférieurs et la force qui me propulsa en avant me sembla naturelle et...grisante. Alors que j'effectuai mon bond, toutes griffes en avant, une sensation étrange me traversa et un mot retentit dans ma tête.

« Non ! »

Bien que je trouve cet ordre stupide, une force inconnue m'obligeait à lui obéir et c'est donc dans un mouvement acrobatique et désespéré que je déviai ma trajectoire à la dernière seconde et allais me fracasser contre un mur transparent, qui explosa sous l'impact en un millier d'échardes tranchantes qui lacérèrent mon beau pelage.

« Ma sœur...j'ai besoin de ton aide ! »

Cette voix...mais d'où venait-elle à la fin ? m'agaçai-je en remuant la tête de tous côtés, alors que j'essayai de me remettre sur mes pattes, mes gestes gênés par tous les murs qui m'entouraient. Alors que j'étais presque parvenu à mes fins, je vis mon casse-croûte tenter de se carapater discrètement ! Hors de question qu'il m'échappe ! feulai-je en me précipitant vers lui. Mais mes coussinets patinèrent sur le sol blanc, bizarre et mouillé, me faisant perdre un temps précieux, tandis que simultanément, la porte s'ouvrit, laissant entrer un autre de ces étranges bipèdes.

« Ces bipèdes-là, ils sont avec nous ma sœur ! Il faut que tu te rappels qui tu es... »

Un rugissement de frustration sortit de ma gorge, alors que cette voix résonnait à nouveau dans ma tête.

— Qu'est-ce-qui s'est passé ? demanda le bipède aux long cheveux noirs, en scrutant la scène d'un regard acéré et inquiet.

Pourquoi je comprenais ce qu'il disait ? me demandai-je soudain, alors que quelque chose cherchait à faire surface dans ma conscience. Ce bipède-là, sentait le poulet...réalisai-je soudain ! Miam, beaucoup plus appétissant que l'autre, constatai-je en changeant aussitôt de cible principale.

« Je sais qu'il sent bon...mais tu ne peux pas le manger ! Tu t'en voudrais après... »

Hein ?! Mais qu'est-ce-quelle m'agaçait cette voix ! Comme une mouche bourdonnante par une journée de canicule ! Je décidai de ne pas en tenir compte et d'avancer sur mon nouvel objectif.

— Worth ! Que se passe-t-il ?

— Il se passe, qu'elle est en train d'essayer de me bouffer ! répondit ma précédente proie, d'un ton pas assez effrayé à mon goût.

— Je pense qu'elle vient de changer de cible à l'instant ! répondit monsieur poulet, ses yeux bruns plantés dans les miens. Sortez, tout de suite...et fermez la porte !

— Hein ?! Mais...

— Ne discutez pas et faites ce que je vous dis !

Comme ça, la volaille voulait s'enfermer seule avec moi ! Ce n'était certainement pas moi et mon estomac qui allions nous en plaindre, me dis-je en me pourléchant les babines à l'avance.

— Hé toi ! m'interpela le bipède, tandis qu'il me fixait toujours et commençait à se déplacer vers le côté de la pièce.

Je le suivis du regard, comme hypnotisée par ses mouvements. Il s'arrêta soudain, dos plaqué contre le mur et bras droit tourné vers l'arrière, la main tenant une espèce de truc brillant.

— Christina ! Il ne faut pas que tu laisses l'animal te dominer, sinon...tu risques de finir comme Isaac !

Christina ? Isaac ? C'était quoi ça ? Bien que le premier me dise vaguement quelque chose, je ne comprenais vraiment rien à ce qu'il baragouinait !

— La transformation t'a épuisé et tu as besoin d'énergie. C'est pour cela que tu as si faim ! Mais il faut que tu reprennes le contrôle et que tu tiennes la bride à ton animal.

Avant même qu'il ait finit sa phrase, j'étais en l'air, visant directement sa jugulaire où battait une veine tendre et particulièrement appétissante. Alors que je n'étais plu qu'à quelques centimètres de mon but, un vent étrange l'entoura soudain, tandis qu'il m'envoyait valdinguer contre le mur d'un revers de bras puissant et rapide.

— Contrôle-là Christina ! me hurla-t-il d'une voix grondante et autoritaire. Si tu ne le fais pas...c'est moi qui le ferait !

Alors que je me remettais une nouvelle fois sur mes pattes, un éclair fulgurant de douleur me traversa, me faisant retomber sur le flanc en travers du miroir désormais complètement brisé, qui me blessa une patte et une partie de la cuisse.

« Ma sœur...il faut venir...maintenant ! Ils sont trop nombreux... »

Féline ! hurlai-je dans mon esprit. Tandis que ma personnalité me revenait d'un coup, comme si un courant d'air venait de chasser la conscience animale et sauvage qui me parasitait, d'une bourrasque bien sentie.

— Christina, c'est toi ?! Tu as repris le contrôle ?

Ne sachant pas comment lui faire savoir que j'avais (sans savoir comment) repris le contrôle et que c'était bien moi aux commandes. Je plantai à nouveau mon regard transformé dans le sien, espérant que cela lui suffirait. Puis, je tentai de laisser transparaitre l'urgence de plus en plus insistante, qui me poussait à aller aider mon amie.

— Christina ! Tu as enfin repris les rênes, mais ça risque de ne pas durer ! Il faut que tu inverses la métamorphose maintenant. Je vais t'aider si...

Je l'interrompis par un rugissement sonore et venant du plus profond de ma cage thoracique. Je sentis mon alter-égo félin vouloir m'usurper une nouvelle fois la place. Mais mon inquiétude pour Féline et l'urgence de plus en plus pressante que je ressentais, m'aidèrent à tenir bon et à le repousser. Je m'avançai ostensiblement vers la porte, pour lui faire comprendre que je voulais sortir...maintenant !

— Non, tu ne peux pas retourner dans cette pièce. Pas durant ta première transformation. L'odeur et la vue du sang risque de te rendre complètement folle et de t'arracher le peu de contrôle que tu as réussis à obtenir, m'expliqua-t-il d'un ton nerveux et rapide.

Dans ma frustration à ne pas pouvoir m'exprimer, je donnai deux coups de pattes agacés dans l'air devant moi, en me redressant brièvement sur mes membres postérieurs. Dans mon urgence à lui faire comprendre, je projetai mes pensées vers lui instinctivement, sans réfléchir, et le vis se courber en deux de douleur, les mains crispées sur ses tempes.

— Arrêtes ça ! Je ne sais pas comment tu peux faire ça en étant transformée, mais arrêtes ! me supplia-t-il dans un gémissement sourd.

— C'est Féline...c'est ça ? Elle a besoin de ton aide ? me demanda-t-il au bout de quelques secondes, visiblement moins incommodé par la douleur que ma transmission de pensé fortuite venait de lui provoquer.

J'émis un petit miaulement, qui ressemblait plus à un gémissement rauque, en réponse, ce qui eut l'air de lui convenir. Il se redressa et attrapant la poignée métallique et brillante se trouvant derrière lui, fit basculer le battant de la fenêtre rectangulaire qui s'y trouvait.

— Passes par-là, ce sera plus sûr, me dit-il en s'écartant pour me laisser le libre passage.

Je n'attendis pas plus longtemps et d'un bond puissant mais maîtrisé, atterris sur le panneau de verre qui crissa sous mes pattes.

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