TIME TO LET GO

Children of Fire
chp8 - Time to let go.

Shikadai prit une longue inspiration. Pourquoi était-ce si dur ? Il était entré dans cet hôpital un nombre incalculable de fois et pourtant, là, tout de suite, il appréhendait. Le lendemain de sa crise d'angoisse, il avait appelé pour prendre quelques jours de repos, le temps de mettre ses pensées en ordre, mais les jours étaient passés et maintenant, il n'avait plus aucun moyen de prendre la fuite. Il était là, prêt à faire part de sa décision à la femme qui lui avait prit tant de choses et il était effrayé. Que dirait-elle ? Que penserait-elle de lui ? Il se souvenait si bien de cet instant sur le toit de l'hôpital de Suna, cet instant où il s'était penché en avant et qu'il l'avait supplié de faire de lui son élève.

- "je veux être quelqu'un de bien, quelqu'un sur qui les autres peuvent compter. quelqu'un d'aussi bienveillant et fort que le septième hokage, que mon père, ou encore, que.. votre époux, ou.. vous."
- "je veux être quelqu'un qui sera capable de prendre soin des personnes qu'il aime.. que j'aime. ma soeur.. mon frère.. ma mère.. Sarada."
- "s'il vous plaît. faites de moi, votre élève."

Sakura lui avait tendue la main et avait forgé l'homme qu'il serait un jour. Elle avait pris de son temps pour lui apprendre ce qu'elle savait, pour lui faire comprendre la complexité de la médecine, pour prendre soin de lui et au final, elle n'avait jamais été qu'un simple professeur à ses yeux. Elle avait toujours été tellement plus. Et l'idée de la décevoir lui brisait le coeur. Il n'était pas dupe. Elle renvoyait l'image d'une femme si forte, si.. étonnante, mais il l'avait vu parfois dans son bureau en train de fixer une photo de ses anciens coéquipiers, les larmes au bord des paupières. Elle était humaine et elle faisait partie des personnes dont il souhaitait prendre soin. Alors ça n'aidait pas, là tout de suite.

D'un pas traînant, il s'enfonça dans l'hôpital, salua poliment la dame derrière le comptoir de l'accueil et emprunta le chemin qu'il le conduirait rapidement au bureau de la rose. Il connaissait ce chemin par coeur, combien de fois l'avait-il emprunté ? La porte du bureau se glissa un peu trop rapidement dans son champ de vision et il prit sur lui pour ne pas tout annuler, pour simplement retourner chez lui et faire comme si de rien était, pour juste revenir travailler demain. Mais il ne pouvait pas faire ça. Il ne pouvait plus. Son poing s'écrasa tout doucement contre le bois de la porte et très vite, la voix de la rose flotta dans les airs. Elle intima à la personne derrière la porte d'entrer dans la pièce et il la trouva, penchée au-dessus d'un dossier, une paire de lunettes sur le nez et ses mèches roses réunis en un chignon désordonné. C'était une image apaisante. Elle lui semblait presque invincible là tout de suite, et pourtant elle ne faisait que remplir des dossiers.

- "oh, Shikadai." lâcha-t-elle, un grand sourire sur les lèvres. "tu n'es censé reprendre que demain, qu'est-ce que tu fais là ? t'as envie de discuter ?"

Elle prenait soin de lui. Encore une fois. Par un sourire, par des mots, par sa présence. Il referma la porte derrière lui et s'avança pour se poster face au bureau en bois.

- "il y a quelque chose dont je veux te parler."

La rose n'eût pas besoin de plus pour comprendre que la discussion qui allait suivre serait on ne peut plus sérieuse. Elle acquiesça, repoussa ses dossiers et s'étira doucement.

- "je t'écoute, Shikadai. parle-moi."

Il sentait son coeur en proie à un tremblement maladroit dans sa poitrine. Il s'était répété encore et encore les mots de son discours, mais là il ne se souvenait de rien. Un simple regard de la rose et hop, tous les mots qu'il avait dans la tête étaient balayés.

- "tout va bien ?" demanda-t-elle, une pointe d'inquiétude dans la voix.
- "je m'en vais, Sakura." lâcha-t-il, du bout des lèvres.

La révélation du brun lui arracha un froncement de sourcils.

- "tu t'en vas ? de quoi tu parles ?"
- "j'ai.. j'ai beaucoup réfléchi, ces derniers jours. je n'ai fais que ça, d'ailleurs." dit-il, le coeur tremblant. "je ne peux plus. c'est.. c'est trop dur d'être ici. les études, le clan, le livre.. je crois que j'ai besoin de faire une pause."

Shikadai lui ouvrait son coeur, difficilement, mais il le faisait. Depuis combien de temps attendait-elle ça ? Qu'il lui parle de ces tourments ? Parce qu'elle n'était pas dupe. Le jeune homme était quelqu'un d'incroyable, mais toute cette pression, ça faisait beaucoup. Elle n'osa rien dire, effrayée à l'idée qu'il se taise à jamais s'il entendait sa voix.

- "je ne sais pas pourquoi je me sens si.. mal. constamment." avoua-t-il. "mais je ne peux plus continuer comme ça. c'est en train de.. de me bouffer. alors je m'en vais. je pars. je vais faire le tour du monde, je veux découvrir d'autres endroits que Konoha. je reviendrai dans un an, quand j'irai mieux. je ne veux pas être un poids pour les gens que j'aime."

Il partait. Qu'était-elle censée dire ? Tant d'autres l'avaient fait avant lui et ça avait été bénéfique. Tsunade et Shizune. Naruto. Sasuke. Jiraiya. Les voyages faisaient parti intégrante de la vie. Et dans son cas à lui, peut-être que ça l'aiderait à comprendre les maux qui le tourmentaient.

- "je suis vraiment désolé." s'excusa-t-il, tristement. "tu as pris du temps pour faire de moi ton élève et je.. j'ai l'impression de te trahir et je déteste ça. je suis déso-."
- "Shikadai." appela-t-elle.

La voix de la rose lui arracha un petit sursaut et il se confronta un instant au vert de ses prunelles. Il s'était senti si bien la première fois que ses yeux s'étaient couverts de fierté par sa faute. Et là, il la trahissait. Il trahissait son enseignement et-.

- "c'est une excellente idée."
- "quoi?"
- "c'est une excellente idée. tu ne trahis personne en prenant du temps pour toi. c'est une très bonne chose. et j'espère sincèrement que ça te fera du bien."
- "tu.. ne m'en veux pas ?"
- "bien sûr que non, Shikadai." répliqua-t-elle, un sourire doux sur les lèvres. "tout ce que je veux, c'est que tu ailles mieux. si ce voyage peut t'aider, alors je te soutiens totalement. tu ne cesseras pas d'être mon élève pour autant. quand tu reviendras, ta place au sein de cet hôpital et ta formation avec moi t'attendront. alors tu as intérêt de revenir, mon gars."

Le poids sur les épaules du garçon s'évapora d'un coup. Il était tellement soulagé qu'il était effrayé à l'idée que ses jambes le lâchent d'une minute à l'autre. Il réprima le sanglot dans sa gorge et attrapa une inspiration.

- "continue de t'entraîner pendant ton voyage." dit-elle, en attrapant son bloc-note et un stylo.

Elle nota quelques mots et déchira la feuille d'un mouvement sec. Elle lui tendit, un sourire au coin des lèvres.

- "qu'est-ce que c'est ?" demanda-t-il, en récupérant le bout de papier.
- "des noms." expliqua-t-elle. "des personnes à travers le monde qui t'accueilleront et t'aideront si tu en as besoin. dis leur simplement que tu es mon élève et ils seront là pour toi."

Shikadai fixa un instant les noms sur la feuille. Il y en avait des tas. Il glissa la feuille dans son porte feuille et le fourra dans sa poche. Sans s'en rendre compte, elle venait d'apaiser un peu ses craintes à propos de ce voyage effrayant, mais nécessaire. La rose lui offrit son plus beau sourire et il étouffa la tristesse qui submergeait sa cage thoracique.

- "je suis fier de toi, Shikadai." souffla-t-elle. "et j'ai vraiment hâte que tu reviennes."

Il décida à cet instant qu'il était temps pour lui de retourner à la demeure de ses parents. Parce que si ça continuait, il allait perdre le contrôle de ses émotions et fondre en larmes. A l'instar de l'instant où il l'avait supplié de faire de lui son élève, il se pencha en avant, camouflant ses yeux brillants à cause des larmes qui menaçaient de prendre la fuite.

- "merci pour tout, Sakura." déclara-t-il, d'une voix plus émue qu'il ne l'aurait voulu. "merci d'avoir fait de moi ton élève. j'espère continuer à te rendre fière."
- "je compte sur toi, alors." répondit-elle, simplement.

La rose s'attarda un instant sur la silhouette du garçon qui se relevait. Il lui lançait un regard qu'elle connaissait plutôt bien, Shikamaru possédait le même dès qu'il se sentait un peu trop émotif. Un sourire se glissa sur ses lèvres et elle lui offrit un petit signe de la main, juste avant qu'il ne s'extirpe de la pièce, en refermant la porte derrière lui.

Il partait. L'adolescent qu'elle avait pris sous son aile prenait son envol et ça.. ça lui faisait plaisir autant que ça lui brisait le coeur. Une larme roula sur sa joue et elle s'empressa de l'effacer, se tapotant doucement le visage. Il reviendrait, elle comptait sur lui.

*

Un an. Il s'était donné un an pour aller mieux et revenir auprès des gens qu'il aimait. Prendre cette décision n'avait pas été facile, il était terrorisé, mais une partie de lui était excité à l'idée de voir le reste du monde de ses propres yeux. Il serait constamment en mouvement et il avait décidé de faire ça à l'ancienne, rien que lui et ses pieds. Pas de train, ou quoi que ce soit d'autre. Il avait besoin de prendre le temps de vivre, loin de la technologie ou toutes les récentes inventions. Il n'emmènerait même pas son téléphone, juste du papier, quelques affaires, un peu d'argent et un appareil photo.

Son regard s'attarda sur les différents vêtements qui traînaient dans l'armoire et il attrapa plusieurs hauts à manches courtes qu'il fourra dans le sac sur son lit. Shikamaru lui avait acheté spécialement pour ce voyage, il avait cherché le meilleur sac possible pour que ça ne soit pas trop contraignant, mais assez grand pour qu'il puisse prendre plusieurs trucs. Temari et lui avaient réagis de la même façon que Sakura ; si c'était nécessaire à son bien-être, alors d'accord, ils acceptaient l'idée qu'il ait besoin de prendre du temps rien que pour lui. Il avait eu du mal à convaincre sa mère du fait qu'il ne prendrait pas son téléphone, mais lui avait promis de lui envoyer un tas de lettres.

La porte de sa chambre s'ouvrit doucement et Inojin s'engouffra dans la pièce, refermant derrière lui. Le blond lui donna un petit coup d'épaule et s'étala sur le lit du garçon, jetant un coup d'oeil au contenu du sac.

- "tu es sûr de toi ?"

Shikadai acquiesça.

- "je peux venir avec toi ?"

Un petit soupir s'échappa des lèvres du brun. Il s'était attendu à cette question. Il décida de prendre une pause dans la confection de son bagage et s'installa sur le fauteuil de son bureau, le regard perdu sur le plafond.

- "tu ne peux pas." lâcha-t-il, en déposant son regard sur son meilleur ami. "j'ai besoin de toi, ici. si je peux faire ce voyage, c'est uniquement parce que je sais que tu seras là pour prendre soin des personnes auxquelles je tiens."
- "je me doutais que ça serait non, mais j'avais besoin d'être sûr de ça." avoua le blond.
- "j'aurais aimé dire oui. j'aurais vraiment beaucoup aimé, partir en voyage rien qu'avec toi. mais celui-ci, j'ai besoin d'être seul." dit-il. "je reviendrai, et là, on s'organisera un petit voyage rien que toi et moi."
- "j'ai hâte, alors." souffla Inojin, un petit sourire au coin des lèvres.

Le brun acquiesça. Il n'était même pas encore parti que lui aussi avait hâte de revenir.

- "je prendrai soin de Mitsuha, je te le promets."

Les dires de son meilleur ami lui arrachèrent un sourire et il lâcha un petit soupir de soulagement. Si ses parents avaient acceptés l'idée qu'il s'en aille, ça avait été différent avec Mitsuha. Elle avait fondu en larmes et s'était mise en colère contre lui. Et depuis ce moment-là, elle ne lui accordait plus la parole. Temari et Shikamaru avaient beau lui expliquer encore et encore les raisons de son départ, elle ne l'acceptait pas.

- "Chôchô sera là pour me dire au revoir tu crois ?"
- "j'en sais rien." avoua le blond. "je n'ai aucune nouvelle d'elle depuis qu'elle est au courant de ton départ."

Une petite grimace déforma les lèvres de l'écrivain. Le dire à Inojin et Chôchô avait été un passage compliqué, parce qu'ils étaient amis depuis le premier jour et que vivre un an sans eux, ça allait être compliqué. Le blond avait été triste, mais avait accepté son départ. Chôchô, elle, elle n'avait pas très bien réagit. Elle les avait planté au restaurant en déclarant que c'était vraiment n'importe quoi. Et ils n'avaient aucun nouvelle depuis ce moment là.

- "j'espère qu'elle sera là."

*

Mais le jour du départ arriva bien trop vite et aux portes du village, l'absence de la rousse se fit douloureusement ressentir. Elle n'était pas là et elle ne viendrait sûrement pas, et ça, ça mettait Inojin en colère. Ils se connaissaient tous les trois depuis si longtemps et pourtant, Chôchô n'était même pas là pour dire au revoir à celui qui était son meilleur ami depuis leurs premiers pas. Le brun déposa doucement une main sur son épaule et secoua la tête, comme s'il était au courant des tourments qui le travaillait à cet instant. Un soupir s'échappa de ses lèvres et il fourra les mains dans ses poches, observant les personnes qui avaient fait le déplacement. La famille Nara et la famille Yamanaka étaient au complet. Karui discutait doucement avec Temari. Et Sayaka écoutait les aventures de Shikae.

Ino fut la première à fondre en larmes. Elle se rapprocha du garçon et le tira dans une étreinte bien trop longue et bien trop forte, qui arracha un rire aux autres. Dans un reniflement bruyant, elle attrapa le visage du brun entre ses mains et lâcha un soupir résolu.

- "comment est-ce que je suis censé te laisser t'en aller." souffla-t-elle, tristement.
- "Ino, tu pleures plus que Temari." lança Sai, un sourire au coin des lèvres.
- "ferme là, toi." répliqua-t-elle immédiatement. "je suis à deux doigts d'enfermer Shikadai dans notre grenier."

Un sourire amusé se glissa au coin des lèvres du concerné et il échangea un regard avec son meilleur ami, qui hésitait entre rire et pleurer lui aussi.

- "tu fais attention à toi, d'accord ?" lâcha la blonde. "et tu donnes des nouvelles. merde, je vais me remettre à pleurer."
- "je fais attention à moi et je donne des nouvelles, je te le promets tante Ino." souffla le garçon, le visage toujours entre les mains de sa tante.
- "Ino, lâche son visage." lança l'époux de la fleuriste.

Elle lança presque immédiatement un regard noir à son époux et relâcha le visage de son neveu, des sillons de larmes sur les joues. Lui dire au revoir, c'était comme dire au revoir à son fils.

- "je ne rigole pas avec toi, d'accord ? si je n'ai pas de nouvelles, je me déplacerai et je te retrouverai, où que tu sois." dit-elle, d'un ton plus triste que menaçant.

D'un geste d'une tendresse extrême, il tira la quarantenaire dans ses bras et la serra contre lui un instant. Ino était dans tous les souvenirs de son enfance et c'était grâce à elle, s'il avait le droit à un meilleur ami aussi génial. Elle lui manquerait pendant ce voyage, elle et son enthousiasme contagieux. Il la relâcha doucement et se tourna vers Sai. L'artiste s'avança à l'aide de sa béquille et posta devant lui, déposant une main sur le crâne du garçon.

- "reviens vite." lâcha-t-il, simplement.

Il ébouriffa les mèches du garçon et retourna auprès de son épouse, lui offrant une épaule sur laquelle fondre en larmes. Ça suffisait à Shikadai. Sai n'avait jamais été l'oncle très bavard, mais malgré ça, il appréciait vraiment passer du temps avec lui. Combien d'heures avait-il passé à juste l'observer peindre, silencieusement ?

Karui le tira elle aussi dans une étreinte et s'excusa à son oreille de l'absence de sa fille. Elle n'était sûrement pas prête à lui dire au revoir, selon elle. Shikadai balaya ses excuses d'une main et lui demanda simplement de prendre soin de la rousse, en son absence.

- "Shikadai."

La petite voix douce d'Hanako flotta jusqu'à ses oreilles et il déposa un genou à terre, lui offrant un sourire. Hana était la définition même de la douceur.

- "tu prends soin de Mitsuha pour moi ?"

Elle acquiesça et déposa un baiser sur la joue du brun.

L'émeraude de ses iris s'accrocha à deux silhouettes qu'il connaissait sur le bout des doigts et il étouffa difficilement la tristesse qui semblait vouloir le submerger là tout de suite. Comment étaient-ils censés leur dire au revoir ? Il reviendrait, mais ça restait terriblement dur. Il croisa le regard tendre de son père et se rapprocha d'eux, le coeur prêt à prendre la fuite hors de sa cage thoracique. D'une poigne forte, Shikamaru le tira contre son torse et l'enferma dans une étreinte. Ils ne partageaient pas souvent des étreintes, mais merde, ce que celle-ci l'apaisait. Il huma le parfum de tabac froid qui s'échappait du torse de son père et ferma les yeux, un instant. Il avait besoin d'imprimer ce parfum dans son esprit, de se souvenir de chaque détail de cette étreinte. Un autre corps se mêla à l'instant et il esquissa un sourire en sentant le parfum de sa mère se mêler à celui de son père.

- "vous allez me manquer." avoua-t-il, au bord des larmes.
- "on est fiers de toi, Shikadai." souffla le quarantenaire.
- "tu feras attention à toi, promis ?" lâcha la blonde.

Shikadai se libéra un peu de l'emprise de son père, juste pour pouvoir inverser les rôles et faire en sorte que ce soit sa mère au milieu des deux bruns. Il passa un bras autour de sa taille et la serra contre lui, acquiesçant à sa demande.

- "je te le promets, maman."

Temari accepta la promesse et s'échappa de l'étreinte, les yeux rouges. Elle effaça d'un revers de manche maladroitement les quelques larmes qui perlaient au coin de ses paupières et renifla doucement, sous le regard amusé de son époux. Elle lui avait certifié qu'elle ne pleurerait pas la nuit dernière et pourtant, c'était clairement des larmes qu'il apercevait là. Il passa un bras autour de sa taille et reporta son attention sur leur fils.

- "j'ai quelque chose pour toi." déclara la blonde.

Elle attrapa l'une des mains du brun et y glissa un bijou. Shikadai et Shikamaru n'eurent aucun mal à le reconnaître. Deux pendentifs traînaient au bout de la chaîne. L'un représentait un cerf. Ça avait été le premier cadeau que Shikamaru avait fait à Temari. Le premier d'une longue liste. L'autre représentait un éventail et il comprit immédiatement que celui-ci venait de sa mère.

- "le premier cadeau que ton père m'a fait. il n'a jamais quitté mon cou depuis le jour où il me l'a donné."
- "maman, je ne peux pas accepter. c'est le tien."
- "non, c'est le tien maintenant." répliqua-t-elle, doucement. "prends le. le cerf représente ton père et l'éventail, c'est moi. j'ai cherché dans tout le village un pendentif qui me représenterait ces derniers jours, comme ça partout où tu iras, tu.. tu emmèneras un peu de nous."

Les larmes eurent raison d'elle à ce moment-là. Elles dévalèrent ses joues et elle se réfugia dans les bras de son époux, sans un mot de plus. Elle acceptait le départ de son fils, mais ce n'était pas facile pour autant. Si elle avait pu, elle l'aurait gardé éternellement avec elle. Est-ce que c'était comme ça que Yoshino s'était senti quand Shikamaru avait décidé de l'épouser ? Shikadai n'était peut-être pas sur le point de prendre une femme pour épouse, mais il partait loin d'elle et ça lui faisait plaisir autant que ça lui brisait le coeur.

- "merci maman." lâcha le jeune homme, en glissant la chaîne autour de son cou.

Il échangea un regard avec son père qui tenait son épouse contre lui et se pencha pour être à la hauteur de son petit-frère. Shikae observait les adultes, en tenant fermement la jambe du huitième du nom.

- "t'es l'homme de la maison maintenant." lui souffla-t-il, un sourire amusé au coin des lèvres. "je te confie la famille."
- "compte sur moi." s'exclama le petit garçon, en lui tendant la main.

Il lui tapa doucement dedans.

Le son d'un sanglot flotta dans les airs et il s'accroupit devant Mitsuha. La brune pleurait à chaude larmes. Elle qui avait refusé tout contact avec lui depuis l'annonce de son départ, se jeta dans ses bras sans attendre une minute de plus. Un petit cri s'échappa de ses lèvres et il resserra sa prise autour de sa frêle silhouette. Il se détestait pour lui faire subir ça, mais il avait besoin d'aller mieux. Pour lui-même et pour les gens qu'il aimait.

- "ne pars pas." lâcha-t-elle, entre deux sanglots.
- "je suis obligé, Mitsuha." répliqua-t-il, à contre-coeur.
- "je.. je ne veux pas." pleura-t-elle, en s'accrochant à lui.
- "je reviendrai vite. et après ça, je ne te quitterai plus jamais."
- "emmène-moi.."

La demande se glissa au creux de sa cage thoracique et il se mordit la lèvre pour ne pas fondre en larmes. Il attrapa une inspiration hasardeuse empreinte d'un courage sans nom et éloigna un peu la brune de son torse. Il effaça les larmes sur ses joues du bout des doigts et lui offrit un petit sourire.

- "je ne peux pas faire ça et tu le sais, Mitsuha. je reviendrai très vite, je t'amènerai des souvenirs de chaque endroit où je passerai, mais en attendant, j'aurais besoin de toi pour quelque chose."

Mitsuha renifla bruyamment et posa un regard curieux sur lui.

- "j'ai besoin que tu prennes soin d'Inojin et Sayaka." avoua-t-il, doucement, les mains sur la taille de l'enfant. "Inojin a tante Ino et oncle Sai, mais Sayaka sera toute seule, elle. elle aura bien besoin de quelqu'un de fort et intelligent pour veiller sur elle, tu penses que tu pourrais faire ça pour moi ?"

Elle acquiesça, en essuyant ses joues avec la manche de son pull.

- "je m'occuperai d'elle." acquiesça-t-elle.
- "tu es tellement incroyable, Mitsuha." souffla-t-il.

Et il le pensait, ça. Ce qu'il était heureux et reconnaissant que son existence soit liée à la sienne.

Un poing frappa contre son épaule et il se releva, échangeant un sourire avec son meilleur ami. Le blond se glissa derrière la petite fille et déposa une main chaleureuse sur son épaule.

- "je te promets de prendre soin de Mitsuha, moi."
- "je n'ai pas besoin de toi, je suis grande." répliqua la petite fille, un sourcil arqué.
- "t'es vraiment une peste, sérieusement."

L'échange arracha un rire au brun et il refoula encore une fois ses larmes. Merde, ça allait être si dur sans eux.

- "amène-moi un souvenir à moi aussi."
- "promis, blondinet."
- "tu me manqueras beaucoup, Shikadai."
- "ne me remplaces pas pendant mon absence hein."
- "comme si c'était possible ça."

Un an, ça passerait vite, non ? Il se détourna à contre-coeur et récupéra son sac près de ses parents. Il était temps, ça y est. Il les salua une dernière fois, un peu trop d'émotion au bord des paupières et passa les portes du village caché de la feuille, Sayaka à ses côtés.

Ils s'arrêtèrent, quelques mètres après les portes. De là où il était, il apercevait encore assez bien les silhouettes de tout le monde et n'eût aucun mal à voir Mitsuha se réfugier dans les bras de leur père. Il avait le coeur lourd, il le sentait. C'était une sensation étrange, mais littéral ; il avait vraiment l'impression qu'à cet instant son coeur pesait dix tonnes. Il échangea un regard avec la blonde et ajusta la position du sac dans son dos. Il s'était habitué à sa présence tous les matins, aux cafés qu'ils partageaient à l'hôpital, aux livres qu'ils étudiaient ensemble, aux rires qu'ils échangeaient, au soutien qu'ils s'offraient l'un l'autre.

- "je te promet de t'écrire un tas de lettres." lâcha-t-il. "autant de lettres qu'il y aura de jours loin de Konoha."

Elle, elle ne pourrait pas lui écrire, comme tous les autres. Il serait constamment en mouvement, ne s'arrêtant que pour quelques jours ou une nuit.

- "moi aussi, j'ai quelque chose pour toi." déclara-t-elle.

Sayaka tira un bloc d'enveloppes de sous son haut et lui fourra entre les mains. Elles étaient retenus par plusieurs fils de laine, et il reconnaissait l'écriture de la blonde sur le dos de l'une d'entre elles. Il posa un regard surpris sur la jeune femme, les sourcils légèrement froncés.

- "tu as dis que tu serais le seul à pouvoir nous faire parvenir des lettres." rappela-t-elle, une touche de rose sur les joues. "alors j'ai passé les derniers jours à t'en écrire. je ne sais pas exactement combien il y en a, mais lis les quand tu auras le mal du pays ou quand tu te sentiras triste et seul."

Le coeur du garçon rata un battement. Le vert de ses iris s'attarda sur le bloc d'enveloppes ; à vue d'oeil, il y en avait plus d'une vingtaine et il lui avait dit ça à peine trois jours en arrière. Un sourire déforma le coin de ses lèvres et il étouffa la chaleur soudaine dans son estomac. Elle lui avait écrit des lettres et étrangement, il avait hâte de les lire. Le brun les rangea précieusement dans son sac à dos.

- "on attends tous ton retour, Shikadai." dit-elle, d'une voix douce.

Et il reviendrait pour chacun d'entre eux.

Une petite gêne se mêla à l'instant. Ils n'osaient pas faire un mouvement de plus, mais ne voulaient pas non plus se quitter sur cette phrase. Un sourire sur les lèvres, Shikadai tendit les bras vers elle. Une demi-seconde plus tard, Sayaka s'y glissait, entourant la taille du brun elle aussi.

- "tu me manqueras.. prince de Suna." lâcha-t-elle.
- "toi aussi, tu me manqueras Sayaka." avoua-t-il.

Ils restèrent ainsi, dans les bras l'un de l'autre, une petite poignée de minutes. Il n'avait pas le coeur à la lâcher, mais s'il voulait atteindre le prochain village avant la tombée de la nuit, il fallait qu'il parte maintenant. La blonde dû se rendre compte que l'étreinte durait un peu trop longtemps, puisqu'elle se détacha de lui. D'un geste doux, elle attrapa le visage du garçon entre ses mains. Elle déposa chastement ses lèvres à la commissure des siennes.

- "fais attention. et reviens, en meilleure santé."
- "je te le promets."
- "maintenant pars, avant que je ne demande à ta tante de te séquestrer dans son grenier."

Un rire amusé s'échappa des lèvres du brun et il acquiesça. Il se détacha totalement d'elle et fit un dernier signe de la main à ses parents et aux autres qui les observaient depuis les portes du village. Il offrit un dernier sourire à Sayaka qui lui manquerait terriblement et se détourna, s'éloignant un peu plus à chaque pas de cet endroit qu'il aimait tant. Ça lui brisait le coeur de s'en aller, mais il reviendrait. Et il tiendrait cette promesse.

*

L'horloge au-dessus de la porte de la cuisine affichait vingt heures. Il était sûrement parti, maintenant. Elle ne se faisait pas à l'idée que demain serait un jour sans croiser le garçon dans l'hôpital. Il lui manquerait terriblement pendant son absence, elle n'avait aucun doute sur ça. Un soupir triste au bord des lèvres, elle se déchaussa et rangea ses chaussures dans le meuble prévu à cet effet dans l'entrée du domicile. Les sourcils froncés, elle s'attarda un instant sur la paire de chaussures de sa fille et referma doucement la porte. Elle remonta le corridor et s'arrêta devant la porte de la chambre de la jeune fille, frappant doucement contre le bois. Un simple "hm" lui répondit et elle entrouvrit la porte.

- "Sarada ?" appela-t-elle.
- "oui ?" dit-elle, sans relever les yeux de son bouquin.
- "tu n'es pas aller dire au revoir à Shikadai ?"
- "non." répondit simplement la brune.

Le ton de la brune lui fit comprendre qu'elle n'aurait rien de plus de sa part. Elle acquiesça simplement et déclara qu'elles dîneraient dans une petite heure, avant de refermer la porte derrière elle.

La porte se referma dans un petit claquement qui brisa le silence et sans comprendre pourquoi, sa poigne se resserra autour du livre qu'elle tenait entre ses mains. Les mots de sa mère repassèrent dans son esprit et elle repoussa le livre sur le bureau, plaquant ses mains sur sa bouche. Elle étouffa difficilement le sanglot qui s'échappait de ses lèvres malgré elle et tenta tant bien que mal de ne pas faire trop de bruit.
Elle était vraiment lâche.

Prochainement : Coming home.

note de l'auteur ; un grand merci à ceux qui lisent cette histoire. ce n'est pas encore la fin de la première partie, mais ces quelques chapitres visaient surtout à montrer le mal-être que Shikadai s'inflige inconsciemment à lui-même. Sarada et les autres personnages n'ont pas eu tant que ça de moments, mais les prochains chapitres les développeront un peu plus. par ailleurs, je tiens à préciser qu'on entre dans la partie de l'histoire qui aura quelques chapitres rating M, je préviendrai avant chaque début de chapitre, comme ça si vous ne voulez pas lire ça, aucun souci.
Shikadai est donc parti en voyage. les prochaines publications seront un peu différentes, je n'avais pas spécialement l'intention de m'attarder sur ce voyage loin de Konoha, mais finalement j'ai décidé de publier quelques lettres, une par une (la publication sera plus rapide que d'habitude du coup) pour que vous ayez vous aussi des nouvelles du brun et ensuite, je reprendrai l'histoire avec le chapitre de son retour qui sera en deux parties.
voilà, encore merci à vous. passez une bonne journée

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