SEXUALITY
Children of Fire
chp6 - Sexuality
Le bout du nez plissé, une pointe de concentration dans les traits de son visage, le brun relisait pour la énième fois l'une des pages d'un bouquin de médecine. Les derniers jours avaient été quelque peu épuisant. L'enterrement de Takeshi l'avait vidé de son énergie. Mitsuha avait annoncé fièrement qu'elle possédait un chakra de type feu et les adultes l'empêchaient tant bien que mal de mettre le feu partout où elle passait. Temari avait été aux petits soin avec lui, lui demandant constamment s'il allait bien. Shikamaru était le seul à agir bizarrement. Il l'avait surpris plusieurs fois à l'observer pas si discrètement que ça, mais dès qu'il croisait son regard, il détournait les yeux. Et à côté de ça, Sakura et Ino avaient offert la possibilité prochaine à Sayaka de reprendre les rennes de l'hôpital pour enfants et traumatisés de guerre qui portait leurs noms à toutes les deux et ça, c'était fantastique. Mais ça voulait également dire qu'elle était dans l'obligation d'alourdir les charges de boulot du brun. Dans le fond, ça ne le dérangeait pas du tout ; Sayaka le méritait amplement, mais il était épuisé.
Quelques coups contre la porte de sa chambre l'arrachèrent à sa concentration et il posa un regard sur sa mère, qui s'engouffrant doucement dans la pièce, un fin sourire sur les lèvres. Elle se rapprocha de lui et glissa une main dans ses mèches brunes ; elle les lui avait raccourci récemment, au final il les appréciait court pour l'instant.
- "tu bosses dur." remarqua-t-elle. "mais n'oublies pas de faire une pause de temps en temps, hein."
- "t'en fais pas, maman." dit-il, doucement. "papa est rentré à la maison ?"
- "il devrait être là d'une minute à l'autre." répondit-elle. "Mitsuha s'est encore endormie dans ton lit, à ce que je vois."
L'émeraude des iris du brun se posa sur la forme endormie entre les draps de son lit et il acquiesça, un sourire au coin de la bouche. Elle faisait constamment ça. Elle se glissait dans sa chambre, discutait joyeusement avec lui, l'observait parfois quand il étudiait et s'endormait profondément, bercé par le bruit des pages qui se tournent.
- "est-ce que tu veux un verrou à ta porte ?" demanda la blonde.
- "pourquoi ça ?" souffla-t-il, les sourcils froncés.
- "je ne sais pas. tu es grand, maintenant. je me dis que peut-être que ça te dérange qu'elle soit toujours là." dit-elle. "je pourrais comprendre, tu sais. et je t'en voudrais pas. à ton âge, l'intimité est importante."
- "non, ça va. ça ne me dérange pas." répliqua le brun. "et je sais que ça la rassure que ma porte soit constamment ouverte."
Mitsuha avait pris l'habitude, quatre ans en arrière, de passer la nuit avec lui ; elle se faufilait parfois de bon matin, d'autres fois en pleine nuit, ou alors que le soleil se couchait à peine. Et il avait remarqué que les cauchemars qui la hantaient, avait tendance à faiblir, quand il était près d'elle la nuit.
- "tu es un bon grand-frère." lâcha-t-elle, tendrement. "elle t'aime beaucoup."
- "moi aussi, je l'aime beaucoup." informa-t-il, dans un hochement de tête.
- "Temari ?"
Le visage épuisé du huitième du nom passa à travers l'entrebâillement de la porte et il adressa un sourire à sa famille.
- "salut papa." salua le brun, d'un signe de la main maladroit.
- "Mitsuha dort encore dans ton lit ?" s'amusa le quarantenaire. "elle n'est pas croyable."
- "ça ne me dérange pas." rassura Shikadai, un sourire au coin des lèvres.
- "tu me cherchais ?" demanda la blonde, à son époux.
- "oui, enfin, pas vraiment. Shikadai, Inojin est à la porte." annonça-t-il.
Le concerné acquiesça, referma doucement son livre et réajusta la couverture qui couvrait l'enfant dans son lit ; Shikadai quitta la pièce, avec son épouse, après avoir déposé un baiser sur le front de Mitsuha. Shikadai fit de même. Et il trouva, effectivement, son meilleur ami sur le pas de la porte. Le blond lui adressa un grand sourire, emmitouflé dans une veste large. La pluie ne se calmait pas depuis plusieurs jours, malgré l'été.
- "yo, 'kadai." salua-t-il, gaiement.
- "ne m'appelles pas comme ça." râla le garçon.
Chôchô et Inojin utilisaient souvent ce fichu surnom, depuis l'instant où Shikae l'avait appelé ainsi, un jour, et bien qu'il s'était senti particulièrement ému quand son petit-frère avait balbutié maladroitement son prénom, il préférait largement quand ses amis l'appelaient correctement.
- "tu es occupé ?" demanda le blond.
- "j'étudiais, mais je peux faire une pause. qu'est-ce qu'il y a ?"
- "tu marches un peu avec moi ?" proposa-t-il.
Il n'hésita pas.
Il acquiesça et annonça à ses parents qu'il allait faire un tour avec son meilleur ami. Il ne savait pas vraiment pourquoi le blond voulait soudainement le voir, à cette heure tardive, mais il n'allait sûrement pas dire non. Ils étaient amis depuis si longtemps et Shikadai n'était pas dupe ; Inojin n'allait pas bien, il le sentait.
La brise fraîche qui frappait les rues du village caché de la feuille lui arracha un frisson. Il attrapa du bout des doigts la fermeture éclair de sa veste au teint sombre et la remonta, d'un coup sec ; l'idée d'attraper un rhume en plein été ne lui plaisait pas, et puis si ça lui arrivait, il imaginait déjà sa mère se plier en quatre pour s'occuper de lui. Et bien que s'en était presque tentant, il n'était plus un enfant et il n'aspirait qu'à rendre fière la femme qui l'avait mit au monde. Il étouffa maladroitement un bâillement entre ses lèvres froides et attrapa la bouteille que son camarade lui tendait. Le goulot effleura doucement la peau de ses lippes et il réprima un haut de coeur, au goût du liquide dans sa gorge. Une quinte de toux le secoua quelques minutes et il se heurta au rire du blond, à ses côtés.
- "putain." grogna-t-il, vulgairement. "tu aurais pu me dire que c'était de l'alcool."
Il fourra la bouteille entre les mains du garçon et cracha plusieurs fois dans une poubelle hasardeuse. Le goût persistait sur sa langue et il retint un énième juron. Il n'était plus un enfant, et parfois il observait son père qui partageait un verre de saké avec sa mère, mais lui, le goût le dégoûtait. Tous les jeunes de sa génération appréciaient se perdre dans les méandres de l'ivresse, lui il ne savait pas vraiment ce que ça faisait. L'esprit du brun était constamment accaparé par quelque chose. La dernière fois qu'il avait été un simple adolescent remontait à si longtemps qu'il avait totalement oublié comment faire.
- "sérieux Inojin, arrête de rire." grommela-t-il, à l'intention du blond qui se marrait encore.
Pourtant, il appréciait vraiment le son qui s'échappait des lèvres du garçon ; ça se faisait bien trop rare ces derniers temps. Inojin ne semblait pas réellement heureux, il l'avait remarqué. Il s'était tout de suite dit que ça avait sûrement un lien avec Chôchô, mais ce n'était pas que ça. Il lui semblait que c'était bien plus profond que ce qu'il laissait paraître.
Des perles de joies au bord des paupières, le blond calma son rire peu à peu et prit une minute, pour reprendre son souffle. Il aimait ça, être avec lui. Shikadai restait et resterait éternellement son meilleur ami, mais les jours passaient et ils n'étaient plus des enfants. Le brun se traçait une belle carrière et lui, il était là, à attendre il ne savait quoi. Il se sentait vraiment pathétique, parfois.
- "t'es vraiment pas sympa." lâcha le garçon, une moue boudeuse sur les lèvres.
- "te faire boire de l'alcool, ça revient à donner du citron à un bébé. ta tête est incroyable." s'exclama le blond, un léger sourire sur les lèvres. "tu es bien le seul de mon entourage à ne pas boire."
- "je n'aime pas le goût." déclara-t-il. "et puis, ça me rend malade. à cause de toi, j'aurai sûrement mal à l'estomac dans quelques heures."
Un nouveau secoua les parois de sa gorge et il s'excusa, amusé malgré tout. Shikadai paraissait le plus mature du groupe, le plus adulte, et pourtant il restait ce garçon de dix-huit ans. Et ça, peu de personnes s'en rendait compte.
- "dis." commença le jeune Nara. "est-ce que.. je peux te demander quelque chose ?"
Il acquiesça, simplement, le regard perdu dans l'atlas étoilé. Inojin n'avait pas besoin d'un dessin pour comprendre ce qui était sur le point de se passer ; il s'en doutait. Shikadai n'était pas idiot. Ils se connaissaient depuis leurs premiers souffles respectifs. Ils étaient liés par ce fichu fil rouge, comme l'appelait si bien sa mère. Alors, le brun avait sûrement remarqué que quelque chose clochait.
- "tout va bien.. en ce moment ?" demanda le brun, une pointe d'inquiétude dans la voix.
Une pointe de tristesse se glissa dans les traits de son visage. Il haïssait ça, pousser son meilleur ami à être inquiet. Il aurait aimé prendre la fuite, là, au détour d'une rue hasardeuse, mais il n'avait pas le droit. Qu'est-ce qu'il était censé répondre ?
- "tu sais que tu peux tout me dire, hein ?" rappela-t-il. "tu es mon meilleur ami, Inojin."
- "je sais." acquiesça-t-il, du bout des lèvres. "et tu es le mien."
- "alors raconte-moi ce qui ne va pas." supplia le brun. "ne te renfermes pas sur toi-même."
Inojin aurait aimé avoir un peu de courage, lui dire tout haut ce qu'il ressentait, lui dire en le regardant dans les yeux, mais il en était incapable. L'étau autour de son coeur se resserra un peu plus et il retint difficilement les larmes qui menaçaient de se pendre à ses paupières. Du coin de l'oeil, il remarqua le brun qui se hissait maladroitement sur ses deux jambes, avant de mettre un genou à terre, face à lui ; l'une de ses mains trouva une place sur le genou du blond et il força le contact entre leurs regards. Il n'était pas dupe, il savait sûrement que le blond n'arriverait pas à lui dire de mensonges s'ils se retrouvaient l'un en face de l'autre.
- "Inojin." appela-t-il, d'une voix affreusement douce. "rappelle toi ce que je t'ai dis au bord du lac. tu es mon meilleur ami. ça va, d'accord ? ça ira. je suis là. je ne bouge pas. tu as le droit de fondre en larmes, tu as le droit d'être en colère, tu as le droit de faire ce que tu veux et moi, je serai toujours là, tu m'entends ?"
Le bleu de ses prunelles se confronta silencieusement à l'émeraude des iris du garçon, à genoux. Il tenta maladroitement de faire taire les battements de son coeur, mais ça ne marchait pas, les mots de son meilleur ami le touchaient bien plus qu'ils ne devraient. Shikadai et Chôchô étaient ses faiblesses et ces deux idiots ne s'en rendaient sûrement pas compte.
- "tu as besoin de cacher une bêtise que tu as fait, à ta mère ? je suis là." continua Le Brun. "tu as besoin de te défouler et mettre un coup à quelqu'un ? je suis là. tu as besoin de cacher un corps ? je suis là, même si je t'avoue que je suis trop mignon pour la prison."
Un petit rire s'échappa des lèvres du brun et il lui accorda un sourire chaleureux. Il pensait tout ce qu'il disait et il espérait que le blond en prenait conscience.
- "quoi qu'il arrive, je serai encore et toujours là pour toi, parce que tu es mon meilleu-."
Une bouche se pressa contre la sienne, dans un élan soudain et les émotions qu'il tentait de faire comprendre à son meilleur ami se turent. Il ne comprenait pas vraiment, mais il était sûr d'une chose : les lèvres du blond avaient beau être d'une douceur enivrante, l'arrière-goût salé était anormal. Dans un geste d'une extrême tendresse, il attrapa les épaules du garçon entre ses mains et le repoussa. Son regard s'accrocha aux joues de son camarade et il sentit son coeur se tordre dans sa cage thoracique. Inojin pleurait. Le garçon qui venait de lui prendre un baiser était en larmes, et ça, ça lui faisait atrocement mal. Il tira l'autre garçon contre son torse, le forçant à se retirer du banc sur lequel il était assis depuis un moment. Il s'en fichait d'être en public. Tout ce qui comptait à cet instant, c'était Inojin. Il referma doucement son étreinte autour de son corps tremblant.
- "tout ira bien, Inojin." murmura-t-il, au creux de son oreille. "tout ira bien."
Au bout d'une longue heure, Inojin quitta ses bras endoloris et plongea son visage dans ses mains, le corps tremblant. Ils étaient encore au sol. Le brun ne dit rien, il attendait patiemment que quelque chose sorte des lèvres du garçon. Il n'avait jamais vu autant de larmes souillés les joues de son ami. D'une caresse tendre, il passa une main dans son dos et le frotta ; il tentait maladroitement d'être réconfortant.
- "je suis pathétique, hein." lâcha finalement le blond, dans un souffle.
- "qu'est-ce que tu dis, idiot ?" répliqua-t-il, immédiatement. "tu n'es pas pathétique."
Inojin ne dit rien d'autre. Il était là, au sol, entre les jambes du brun et silencieux. Et le silence inquiétait bien plus Shikadai que les pleurs. Il déposa doucement son front contre l'épaule du blond et passa un bras autour de sa taille. Ils avaient toujours été assez tactiles l'un envers l'autre et ça n'avait jamais dérangé aucun des deux. Il resserra doucement sa prise.
- "tu m'expliques ?" questionna-t-il.
- "quelque chose cloche chez moi." confia douloureusement le blond. "tu l'as vu."
- "pourquoi tu dis ça ? est-ce que c'est à cause du.. baiser ?"
Le corps du doux Yamanaka se raidit soudainement aux mots de l'autre et il ramena maladroitement ses genoux contre son torse. Il aurait aimé disparaître dans un trou, mais le brun ne le lâchait pas et il ne comprenait pas. Ne devrait-il pas prendre la fuite suite à ce baiser volé ?
- "je.. je te pensais amoureux de Chôchô." avoua-t-il. "ce n'est pas le cas, du coup ?"
- "j'en sais rien, Shikadai." lâcha le concerné, plus froidement qu'il ne l'aurait voulu. "je suis désolé, je suis juste.. perdu."
Shikadai acquiesça simplement. Et Inojin se détesta une demi-seconde pour être un tel idiot. Le garçon était là, il n'avait pas pris la fuite, il lui parlait avec tendresse et lui, il répondait froidement ? Il étouffa un juron entre ses lèvres et prit une inspiration.
- "je le pensais.. vraiment." souffla-t-il, le coeur en vrac. "je ressens quelque chose pour elle. j'en suis sûr, mais.. à côté, il y a.. toi."
- "moi ?" répéta-t-il, curieusement.
- "oui." acquiesça-t-il. "ça n'était jamais arrivé, avant.. mais.. je ne sais pas pourquoi, et je te jure, j'en suis vraiment désolé, mais.. tu ne me laisses plus indifférent.. mon corps réagit, parfois.."
- "oh.. oh." s'exclama le concerné. "tu es peut-être bisexuel. j'ai lu quelque chose comme ça, dans un bouquin. il est tout à fait possible d'être intéressé par les deux sexes et-."
- "attends." le coupa le blond. "je t'ai clairement dis que mon corps réagissait à la vue du tien, et c'est tout ce que tu as à me dire ? tu ne me frappes pas ou.. je ne sais pas, moi. fais quelque chose."
Un doux rire s'échappa des lèvres du brun et il haussa simplement les épaules.
- "je suis passé par là, je ne peux pas vraiment t'en vouloir tu sais." annonça-t-il. "enfin, quand je dis que je suis passé par là, je n'ai jamais eu une érection pour un garçon, mais je sais que ça ne se contrôle pas, ça arrive comme ça. ton cerveau n'a même pas le temps de s'en rendre compte que bam, c'est là."
Un autre rire secoua le garçon et il se gratta l'arrière du crâne, légèrement gêné. Le corps humain était un amas de mystères, il s'en rendait compte tous les jours, que ce soit au travers du sien ou dans les pages d'un bouquin de médecine.
- "tu es passé par là ?" répéta le blond. "qui ?"
- "ne me frappes pas. je venais à peine de fêter mes treize ans et c'est arrivé comme ça d'un coup." informa-t-il, une pointe de gêne dans la voix.
- "Shikadai." rouspéta-t-il. "dis-moi, vas-y."
- "ta mère." avoua le brun.
- "attends, quoi ?"
- "ce n'est arrivé qu'une seule fois, promis. et ça m'a traumatisé sur le moment."
Shikadai s'était senti horrible pendant plusieurs jours. Ino n'avait aucun lien de sang avec son père, mais ils étaient comme une très grande famille, d'une certaine façon. Il s'en était voulu, s'était détesté, mais au final s'était rendu compte que ça arrivait. Il n'avait que treize ans à ce moment là, son corps réagissait parfois de lui-même et Ino était une belle femme. Mais avant ce soir, il ne l'avait jamais confié à personne.
Un poing frappa doucement son épaule et il se heurta au sourire amusé sur les lèvres du blond.
- "tu es vraiment un idiot." lâcha le blond. "je ne t'en veux pas. ma mère est canon. regarde-moi, le digne fils de sa mère."
- "c'est vrai que tu es plutôt pas mal dans ton genre." approuva-t-il, amusé.
L'amusement s'échappa en quelques éclats de rires et l'émeraude se confronta silencieusement à l'azur. Shikadai attrapa doucement l'une des mains du garçon entre les siennes, un adorable sourire sur les lèvres.
- "tu sais, si tu aimes aussi les garçons, ce n'est pas grave." dit-il. "et si tu.. m'aimes, moi. ce n'est pas grave. je ne te détesterai pas pour autant, les sentiments, ça ne se contrôle pas, je le sais. et je suis ravi que mon premier baiser masculin se soit fait avec quelqu'un d'aussi incroyable que mon meilleur ami."
Le blond imprima doucement les paroles du garçon dans son esprit. Il ne le méritait sûrement pas et il n'était même pas sûr que qui que ce soit le mérite dans cet univers. Un fin sourire naquit au coin de ses lèvres et il acquiesça, les prunelles légèrement embuées.
- "moi aussi, je suis content." répondit-il. "merci d'être si compréhensif et merci.. d'être un premier baiser masculin parfait."
Le sourire sur les lèvres du brun s'agrandit et il acquiesça. Il se hissa maladroitement sur ses deux jambes, en s'appuyant sur les paumes de ses mains et tendit une main chaleureuse à son meilleur, encore au sol. Inojin n'attendait pas une seconde avant de la prendre.
- "allez, rentrons à la maison." annonça le brun, en passant un bras autour de ses épaules.
- "quelle soirée, hein." souffla le blond, en emboîtant les pas de son meilleur ami.
- "n'empêche, c'est la deuxième fois qu'on m'embrasse en à peine une semaine. je vais commencer à y prendre goût, moi." lâcha-t-il, dans un petit rire.
- "deuxième fois ?" répéta l'autre garçon. "et tu m'as rien dis, salaud. qui ?"
- "Sayaka." avoua-t-il, du bout des lèvres, le visage totalement rouge.
Un "je le savais" s'échappa des lèvres du blond et il tapa fortement dans ses mains, malgré l'heure tardive, un grand sourire sur les lèvres. Et rien que ce sourire fit comprendre à Shikadai qu'il ne détesterait jamais Inojin, quoi qu'il arrive.
*
Le lendemain, le brun se repassait la scène de la veille dans son esprit. Encore et encore. Il connaissait Inojin depuis qu'ils étaient tout petits, et pourtant, cette peur qu'il avait vu dans ses prunelles bleutées, il ne l'avait vu qu'une seule fois auparavant : le jour où ils étaient tous arrivés sain et sauf à Suna, sans leurs pères. La société actuelle n'était pas la plus ouverte, il s'en rendait compte de ça, mais était-ce une si mauvaise chose d'aimer les garçons ? Temari et Shikamaru ne lui avaient jamais dis quoi que ce soit qui puissent lui faire comprendre que ce n'était pas bien, ils n'en parlaient pas non plus, mais il savait dans le fond que tant qu'il était heureux, ses parents s'en fichaient. Alors pourquoi Inojin lui avait semblé si effrayé ? Lui, il s'en contrefichait de qui aimait son meilleur ami, il resterait ce petit blond qui lui avait tiré les cheveux à la maternelle. Qu'il l'aime lui ou Chôchô, Inojin restait Inojin. Le seul meilleur ami qu'il souhaitait à ses côtés. Un soupir s'échappa de ses lèvres et il fourra plusieurs paquets de compresses sur une étagère. Sayaka l'avait envoyé ranger quelques fournitures en remarquant la non-concentration du garçon. Impossible pour lui de simplement se plonger dans le travail cette fois. Il voulait faire quelque chose pour rendre le quotidien du blond un peu plus doux. Mais qu'est-ce qu'il pouvait bien faire ? Des personnes de la communauté LGBTQ+, il n'en connaissait pas. Ou alors si, mais elles se cachaient et il n'était pas au courant. Pendant un instant, l'idée de demander des conseils à Sakura lui vint, mais il ne valait mieux pas. Ino n'était sûrement pas au courant des tourments de son fils et ce n'était pas à lui de lui dire. Est-ce que le fait de lire un bouquin sur le sujet l'aiderait ? Un second soupir flotta dans les airs et il rangea le chariot vide dans un coin de la pièce, alors que la porte de la réserve s'ouvrait, dévoilant la silhouette douce de Sayaka. La blonde lui jeta un coup d'oeil, un sourire amusé au coin des lèvres.
- "tu m'as l'air toujours autant dans tes pensées." lança-t-elle, en commençant à ranger le contenu de son propre chariot métallique.
Il ne prit même pas la peine de répondre et s'installa sur une caisse, le regard braqué sur le plafond.
Inojin l'avait embrassé. Sayaka l'avait embrassé, elle aussi. Il ne se souvenait que peu de comment ils en étaient arrivés à échanger un baiser dans les vestiaires, par contre il se souvenait que trop bien du goût salé des deux baisers. Et ça n'arrangeait en rien le bordel dans ses pensées. Un grognement passa le cap de ses lèvres et presque immédiatement, sa collègue lui jeta un coup d'oeil inquiet.
- "tout va bien, Shikadai ?" demanda-t-elle.
- "oui, pardon." répondit-il, un peu trop rapidement.
Les sourcils froncés, la blonde arrêta tout mouvement et se concentra uniquement sur lui.
- "est-ce que c'est à cause de moi que tu sembles aussi soucieux ?" lança-t-elle. "j'ai fais quelq-."
- "non, tu n'as rien fais. tu es.. géniale. vraiment."
Un petit sourire accompagna le compliment du brun et il passa une main dans ses mèches brunes, attrapant une inspiration au hasard. Peut-être qu'il pourrait demander conseil à la blonde, après tout.
- "dis, tu penses que je peux te poser quelques questions ?" demanda-t-il, une petite pointe de gêne dans la voix.
- "je ne te donnerai pas ma taille de soutien-gorge si c'est ce à quoi tu penses, prince de Suna." dit-elle, un sourire en coin. "mais je t'écoute."
Un rire échappa aux lèvres du garçon. Elle trouvait toujours le moyen de calmer les doutes et le malaise qui émanait de lui, parfois. Il prit une position un peu plus confortable sur la caisse et se gratta l'arrière du crâne, cherchant une façon de dire les choses sans paraître trop suspect. Il se doutait qu'à la question de l'homosexualité, elle réagirait bien, mais ça restait un sujet sensible et compliqué avec certaines personnes, alors il restait quand même un peu sur ses gardes.
- "est-ce que tu.. comment je pourrai dire ça.. est-ce que tu as déjà embrasser une fille ?"
La question du brun eut le don d'attirer la totale attention de la jeune femme sur lui.
- "non, jamais." dit-elle. "pourquoi ? tu as envie d'embrasser un garçon ?"
Un peu de rouge se glissa sur les joues du garçon. Sayaka était bien trop directe. Elle le fixa un instant et soudainement, un sourire déforma doucement ses lèvres et elle tira une caisse en face de celle du brun, s'installant rapidement dessus.
- "tu veux m'en parler ?" proposa-t-elle, en douceur. "tu sais, je pense que personne ne choisit de qui il tombe amoureux ou par qui il est attiré. ça arrive juste comme ça, d'un coup. et je ne suis personne pour juger ça."
Les mots de la blonde arrachèrent un soupir de soulagement au brun qui ne chercha même pas à le camoufler. Le rire de Sayaka calma instantanément ses peurs et ses doutes, et il plongea son regard dans le sien.
- "c'est Inojin." avoua-t-il.
- "tu as envie d'embrasser Inojin ? il est plutôt mignon, c'est vrai." acquiesça-t-elle.
- "mais non, ce n'est pas ça." contredit-il, en rougissant. "hier soir, Inojin m'a embrassé."
Un petit silence s'installa entre eux, juste quelques secondes pour que l'information fasse son effet.
- "oh." lâcha la blonde. "et tu l'aimes bien ?"
- "bah oui, c'est mon meilleur ami."
- "non, pas comme ça Shikadai. je te parle d'une autre façon d'aimer quelqu'un, là."
- "oh.. oh ! non, non. enfin Inojin est très beau et hyper cool, mais je ne pense pas être intéressé par les garçons."
Il n'avait jamais eu d'aventure avec un garçon, mais malgré tout, il était quasiment sûr qu'il était intéressé uniquement par les femmes.
- "qu'est-ce qu'il s'est passé ensuite ?" demanda-t-elle, les jambes croisés. "vous en avez parlé ?"
- "il a pleuré." avoua-t-il, tristement. "je crois qu'il est bisexuel. il ressent quelque chose pour Chôchô, mais en même temps, je ne le laisse pas indifférent. il s'attendait à ce que je le frappe ou un truc dans le genre, après le.. baiser."
- "c'est compliqué, l'homosexualité et la bisexualité ne sont pas encore assez normalisés dans notre société. tu ne sais jamais comment pourrait réagir la personne en face de toi, et la plupart des films, séries ou livres qui en parlent, exposent surtout le fait que les proches ne le prennent pas bien dans leurs cas à eux. je peux comprendre qu'il se soit senti mal, à ce moment-là."
- "qu'est-ce que je peux faire, Sayaka ?" lâcha-t-il, dans un soupir. "c'est mon meilleur ami, je déteste qu'il se sent si mal. je veux être présent pour lui, mais j'ai peur de.. dire une bêtise ou je ne sais pas."
Un petit sourire se glissa sur les lèvres de la blonde. Shikadai était incroyable et il ne s'en rendait même pas compte. Inojin avait de la chance d'avoir un meilleur ami tel que lui.
- "ne change pas." dit-elle, simplement. "ce dont il a besoin, c'est toi. si ton comportement change soudainement, ça ne l'aidera pas. si tu restes le même que d'habitude, tout en lui montrant avec de petites attentions que tu es là, ça l'aidera à prendre confiance. parce qu'il saura que quoi qu'il arrive, son meilleur ami est là."
Le brun se repassa ces quelques mots en boucle dans la tête, pendant une poignée de minutes. Il n'avait pas l'intention de changer de comportement aux côtés du blond, il serait là pour le soutenir à chaque instant de son existence. Ils étaient liés l'un à l'autre. Et quand il observait Shikamaru et Ino, après des années et des années d'amitié, il ne pouvait qu'être envieux et fier d'avoir lui aussi quelqu'un comme ça dans sa vie.
- "merci Sayaka." souffla-t-il, doucement.
- "remets toi au travail, maintenant." lui lança-t-elle, dans un petit rire. "t'as vraiment rangé n'importe comment."
Pour appuyer ses propos, elle attrapa les compresses qui étaient rangés parmi les différents paquets d'aiguilles et il étouffa un rire entre ses lèvres, s'excusant du bout des lèvres. Il récupéra rapidement la marchandise et s'empressa de la mettre à la place prévue à cet effet. La blonde vida rapidement son chariot sur les étagères et le rangea dans un coin de la pièce, s'attardant un instant sur le brun.
- "tu sais, Shikadai." commença-t-elle, en se rapprochant de lui. "c'est dans ces moments-là, quand tu es toi, ce garçon incroyablement gentil, intelligent et bon, que je me rend compte que je craque peut-être un petit peu pour toi."
Les lèvres de la blonde se posèrent sur sa joue et elle s'échappa de la pièce, sans lui laisser le temps de dire quoi que ce soit. Dans la réserve, il ne resta que Shikadai, debout devant une étagère, le visage et les oreilles d'une teinte écarlate.
*
Le soleil était déjà aux abonnés absents quand Shikamaru passa la porte de sa demeure. La journée avait été remplie de rendez-vous, de visites et de dossiers. Le village grandissait et le huitième du nom était demandé un peu partout. Et il faisait du mieux qu'il pouvait pour satisfaire tout le monde, parce que c'était important pour lui. En prenant le poste de hokage, il s'était promis de veiller sur ce village et ses habitants, comme Naruto l'avait fait.
Dans un soupir épuisé, il déposa ses chaussures dans un coin de l'entrée, esquissant un sourire en apercevant les petites sandales de Mitsuha totalement sans dessus-dessous. La petite fille était une vraie pile et ne faisait sûrement pas partie des personnes les plus organisées de cette maison. La plupart du temps, elle était tellement pressée à l'idée de faire il ne savait quoi qu'elle balançait ses chaussures ou ses vêtements n'importe où. Il secoua doucement la tête, amusé.
Une faible lumière s'échappait de la cuisine. Il devina sans mal son épouse en train de faire la vaisselle, en entendant l'eau du robinet. Le stratège s'engouffra dans la pièce et s'empressa de passer ses bras autour de la taille de la blonde. Il la serra contre lui, lui arrachant un petit rire et déposa quelques baisers sur sa nuque dénudée.
- "bonsoir madame Nara." salua-t-il, entre deux baisers.
- "bonsoir monsieur Nara." dit-elle, dans un sourire.
- "tu sens bon."
- "t'abuses. j'ai encore un peu du dîner de ton fils sur mon tee-shirt. tout ça parce qu'il se chamaillait avec sa soeur."
Elle gonfla les joues, faussement agacé et il ne retint pas son rire. Shikae et Mitsuha pouvaient être infernales quand ils s'y mettaient, ils s'aimaient, mais se chamaillaient constamment. Ça changeait totalement de cette dynamique beaucoup plus douce, mature et calme entre Mitsuha et Shikadai.
- "c'est bien calme, d'ailleurs." nota-t-il.
- "Mitsuha et Shikae dorment à poings fermés, elle est encore une fois dans le lit de Shikadai."
- "et lui ? il bosse encore ?" demanda-t-il.
- "non, il est sur le perron. il joue au shôji."
- "contre qui ?"
- "lui-même." dit-elle, en nettoyant une assiette.
Il tenait ça de Shikamaru.
Petit déjà, Shikadai s'intéressait à tout ce que Shikamaru faisait. Il voguait entre ses siestes et son obsession pour son paternel, ce que Temari avait toujours trouvé adorable. Et en grandissant, le petit garçon avait remarqué que parfois l'adulte jouait seul, Shikamaru lui avait expliqué que ça l'aidait à remettre ses idées en place, qu'ainsi en posant tout à plat, il comprenait mieux. Et depuis ce jour-là, parfois elle tombait sur son fils, en train de jouer seul. Elle aimait ça, le fait qu'il ressemblait tant à son père.
- "ta mère a appelé, d'ailleurs." fit-elle savoir.
Le sourire amusé sur les lèvres de la blonde lui arracha une petite grimace et il relâcha son étreinte.
- "je ne suis pas sûr de vouloir savoir." dit-il.
Un rire s'échappa des lèvres de son épouse.
- "elle va très bien, elle te passe le bonjour. son séjour à Kumo se passe à merveille. Teuchi et elle s'amusent comme des petits fous. elle m'a chargé de te dire d'arrêter de bouder et de l'appeler bientôt."
Tel un enfant, Shikamaru lui tira la langue.
Teuchi et Yoshino, ça avait surpris tout le monde. Un matin, sa mère s'était pointé à son domicile et s'était imposé auprès de lui pour une discussion. Elle lui avait expliqué clairement les choses. Elle aimait encore profondément son défunt époux et elle aimerait toujours profondément Shikaku. Mais les années filaient et elle s'était surprise récemment à apprécier Teuchi. Il n'avait jamais eu un seul geste de déplacé envers elle. Il connaissait la perte de l'amour de sa vie lui aussi, il avait perdu son épouse à la naissance de sa fille et l'avait élevé seul, en s'occupant de son restaurant. C'était un homme remarquable, alors le jour où il lui avait avoué qu'il n'avait plus envie de perdre de temps, que les petits flirts qu'ils échangeaient n'étaient plus suffisants et qu'il désirait faire les choses dans les règles de l'art, elle lui avait demandé une soirée pour y réfléchir. La réalité était plutôt qu'elle connaissait déjà sa propre réponse, mais qu'elle souhaitait l'accord de son fils. Shikamaru n'avait pas su quoi dire sur le moment. Mais Temari, présente à ce moment-là, avait déclaré à Yoshino que si elle en avait envie, elle ne devrait pas se retenir. Elle avait eu le grand amour et elle ne l'oublierait jamais, cet homme fainéant, mais après des années de solitude depuis son décès, en partageant des repas simples avec Teuchi, elle s'était rendu compte qu'elle avait envie de vivre encore un peu, de se sentir désirée et aimée par un homme. Finalement, Shikamaru avait bégayé comme un enfant que sa mère faisait ce qu'elle voulait et que tant que Teuchi la rendait heureuse, il ne s'opposerait à rien. Temari avait rit et Yoshino avait remercié son fils. Le lendemain, elle avait dis au revoir à sa famille et était parti faire le tour du monde avec Teuchi, rien que tous les deux. Et chaque fois que Temari ou Shikamaru l'avait au téléphone, ils se rendaient compte d'à quel point elle semblait revivre.
- "je l'appellerai demain." annonça-t-il. "elle me manque."
- "oh crois-moi, tu lui manques aussi. elle m'a demandé trois fois si tu mangeais correctement, si tu dormais bien, si tu n'étais pas trop déprimé sans elle et elle m'a conseillé de te mettre de temps en temps un coup de poêle dans la tête pour que tu ne l'oublies pas."
- "cette femme est un démon." siffla-t-il, amusé.
La blonde secoua la tête, amusée elle aussi. Elle était heureuse à l'idée que Yoshino profite pleinement de la vie et même si Shikamaru boudait un peu à l'idée que sa mère fréquentait un homme, elle le connaissait assez pour savoir que dans le fond il en était ravi. Elle tourna la tête un instant vers lui, quémandant un baiser, les mains plongés dans l'eau savonneuse. Le brun lui donna immédiatement, un grand sourire sur les lèvres.
- "je termine la vaisselle et je monte." dit-elle.
- "ne m'attends pas pour dormir, je vais jouer un peu avec Shikadai."
Elle acquiesça simplement, lui volant un dernier baiser et se concentra sur la fin de la vaisselle.
Le quarantenaire troqua sa tenue du jour par un pyjama confortable et observa un instant son petit garçon. Installé en tailleur sur le perron, il fixait silencieusement le plateau de shôji, éclairé par une petite lampe chinoise et par moment, il bougeait une pièce. Si Temari voyait en leur fils bien plus de Shikamaru que d'elle, lui il voyait bien plus d'elle que de lui en ce garçon. Il s'attarda sur l'expression accrochée au visage de son fils et sourit. Il possédait la même que Temari, quand il se concentrait sur quelque chose. Ça lui plaisait bien. D'un pas calme, il rejoignit le perron et s'installa de l'autre côté du plateau, sans dire un mot. Il lança un petit sourire à son fils et bougea une pièce.
La partie dura quelques minutes. Ils restèrent là, bercés par la brise fraîche et le bruissement des feuilles. Jusqu'à ce que la voix de Sakura ne résonne à ses oreilles.
- "il a besoin de son père."
Il se racla la gorge, un peu gêné, mais ce simple son attira l'attention du brun face à lui.
- "j'espère que tu sais que si tu as un quelconque problème, tu peux en discuter avec moi." déclara-t-il, simplement, en bougeant une pièce.
Les sourcils froncés, Shikadai jeta un rapide coup d'oeil au plateau et bougea à son tour une pièce.
- "pourquoi tu me dis ça ?" demanda-t-il.
- "Sakura m'a conseillé d'avoir une discussion avec toi." avoua-t-il, presque immédiatement.
Il était incapable de tenir un secret.
- "ne lui en veux pas, je crois qu'elle s'inquiète vraiment pour toi." ajouta-t-il.
- "je ne lui en veux pas." dit-il, dans un souffle. "ça me soulage."
Les mots du garçon arrachèrent un léger froncement de sourcils au quarantenaire et il resta un instant la main en suspends, une pièce entre ses doigts, le regard braqué sur son fils. Shikadai avait tiré ses genoux contre son torse et fixait le plateau d'un air presque apaisé soudainement, comme si un poids venait de disparaître de ses épaules.
- "elle est incroyable." annonça le plus jeune, du bout des lèvres.
Même de loin, même lorsqu'elle n'était pas à côté de lui, Sakura prenait soin de lui. C'était fou. S'il perdait la présence de la rose à ses côtés, que deviendrait-il ? Elle lui avait apporté et lui apportait encore tant. Elle était comme une sorte de deuxième maman.
Shikamaru déposa finalement la pièce sur le plateau, mais son fils ne semblait plus avoir l'envie de jouer, alors il se contenta d'appuyer la paume de ses mains sur le sol, se tenant dans une position à peu près confortable.
- "je suis d'accord, c'est un sacré bout de femme." acquiesça-t-il, un petit sourire au coin des lèvres. "on est chanceux toi et moi, de l'avoir près de nous."
- "j'ai un problème, papa." annonça le brun.
- "raconte-moi, Shikadai." dit-il, simplement.
Il n'en fallut pas plus à Shikadai qui retint tant bien que mal ses larmes, sous les yeux tendres de son père. Shikamaru tendit un instant la main et ébouriffa les mèches courtes de son fils.
- "t'es mon garçon. tu seras toujours mon garçon."
Un reniflement bruyant échappa à la silhouette du plus jeune et il acquiesça, se frottant les paupières avant que les larmes ne coulent le long de ses joues. Il n'avait pas envie de pleurer devant son père. Il devait juste être un peu courageux. Heureusement pour lui, Sakura lui avait mâché le travail en facilitant la chose la plus difficile : demander de l'aide.
- "j'ai.. c'est gênant un peu.."
L'ombre d'un sourire gêné traîna au coin des lèvres du garçon, puis il attrapa une inspiration.
- "je suis impuissant." avoua-t-il, d'une traite. "quelque chose cloche chez moi."
Shikamaru comprit soudainement pourquoi son fils avait dit quelques secondes plus tôt que c'était gênant. Ils ne parlaient quasiment jamais de ça. Rien que pour les revues pornographies trouvés dans la chambre du garçon, c'était Temari qui avait conduit la conversation, lui il avait assisté en mettant son grain de sel, uniquement quand son épouse lui jetait un regard catégorique. Il se gratta doucement l'arrière du crâne.
- "tu as déjà.." demanda le quarantenaire. "tu sais."
- "non." répondit-il, tout de suite. "mais j'ai essayé d'autres trucs. d'adolescent. mais.. tu sais quoi, faisons comme si je n'avais rien dis et oublions tout ça."
- "hors de question. je sais que c'est.. gênant. mais je comprends mieux pourquoi Sakura voulait qu'on se parle."
Les sourcils froncés, Shikadai déposa son regard sur son père. L'adulte lui semblait bien gêné, lui aussi.
- "il y a quatre ans, ta mère et moi avons fait appel à Sakura pour le même problème, en fait."
- "comment ça ?"
- "à mon retour, j'ai souffert d'impuissance pendant plus d'un an." avoua-t-il.
Le traumatisme du massacre n'avait pas été la seule chose avec laquelle il s'était débattu au final.
- "je l'ai assez mal vécu. même si.." il grimaça légèrement. "bon, même si ta mère faisait tout ce qu'il fallait. elle a été très patiente et c'est grâce à elle que j'ai finalement compris que ce n'était pas forcément une honte. rien ne cloche chez toi, Shikadai. ce genre de chose arrive."
- "comment tu peux dire ça.." souffla le concerné, les yeux baissés. "tu revenais d'un massacre. tu allais mal. tu étais l'ombre de toi-même. moi, j'ai.. je n'ai aucun problème."
Un soupir s'échappa de ses lèvres et il resserra sa prise autour de ses genoux contre son torse.
- "je n'ai aucun problème." répéta-t-il, du bout des lèvres.
- "ne te compares pas à moi, Shikadai." souffla son père. "moi, à ton âge, je n'avais pas écris un livre aussi important que le tien. je n'avais jamais dû observer mon père traumatisé. je ne suivais pas de formation pour être un grand médecin. je n'étais pas le fils du huitième du nom et de la princesse de Suna." un petit sourire déforma le coin de ses lèvres. "je n'avais pas un petit-frère qui profitait de chaque moment possible pour me mettre un ver de terre dans les mains. je n'avais pas une petite-soeur totalement folle de moi. tu es toi, Shikadai. tu as le droit de ressentir des angoisses, des peurs, des doutes. tu es humain. et ce n'est pas parce que tel a vécu ça, que tu n'es pas légitime à un sentiment ou à un autre."
La main forte du quarantenaire se déposa sur le crâne du jeune adulte et il frotta doucement ses cheveux.
- "rien ne cloche chez toi." répéta-t-il, doucement. "ça arrive. tu as demandé de l'aide et ça, c'est déjà un grand pas. moi, c'est ta mère qui m'a traîné de force dans le bureau de Sakura et je les ai écouté discuter de mon entrejambe pendant une demi-heure."
Un léger rire secoua la silhouette du garçon, dont le visage était caché entre ses bras et ce son arracha un sourire au plus âgé.
- "ne sous-estimes pas tes émotions." ajouta-t-il. "pour le reste, je ne suis pas médecin, mais si tu as besoin de discuter de ça ou de quoi que ce soit, je suis là. tu me rends fier et j'ai bien compris que tu n'étais plus un petit garçon, mais appuie toi sur moi de temps en temps. je suis ton père."
Shikadai resta silencieux quelques minutes, la main de son père toujours sur le sommet de son crâne. Il appréciait cette sensation. C'était comme si d'un coup il était redevenu un enfant de cinq ans. Alors il profita encore un peu de ça. Mais surtout, il ne voulait pas que son père voit qu'il avait un peu pleuré, caché par ses bras.
Un bruit de pas les tira de l'instant et d'un même mouvement, ils se heurtèrent au petit Shikae, totalement nu, qui traînait une peluche derrière lui. Un rire secoua la silhouette de Shikamaru et Shikadai retint tant bien que mal le sien. Le petit garçon se frotta les yeux.
- "papa." appela-t-il, d'une voix endormie. "il y a un monstre sous mon lit, fais ton truc avec tes ombres steuplaît."
- "à vos ordres, petit garnement." lâcha le quarantenaire. "et au passage, on va te mettre un truc sur le dos."
- "non, je veux dormir tout nu." lança l'enfant, en sautant dans les bras de son père.
Shikamaru réceptionna doucement le garçon contre son torse et se releva, jetant un dernier coup d'oeil à son fils.
- "ne te couche pas trop tard." dit-il. "et n'oublie pas que je suis là, Shikadai. je serai toujours là."
Ils échangèrent silencieusement un regard et Shikae les rappela rapidement à l'ordre, en annonçant qu'il avait envie de faire pipi. Mais avant que la silhouette de son père ne disparaisse au détour d'un couloir, Shikadai le rappela.
- "papa."
- "oui ?"
- "j'espère qu'un jour, moi aussi, j'aurais quelqu'un comme maman à mes côtés."
- "je te le souhaite, Shikadai. passe une bonne nuit."
Prochainement : Anxiety and all her friends.
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