FIRST STEP
Children of Fire
chp4 - First step.
- "bonjour sayaka."
La voix lui parvint de derrière le comptoir de l'accueil, à l'instant elle se faufilait dans l'hôpital. Elle croisa le regard de la quinquagénaire qui lui faisait un signe de la main et referma rapidement son parapluie trempé, avant de la rejoindre, un fin sourire sur les lèvres.
- "tu es là bien tôt aujourd'hui."
- "j'ai encore un peu de boulot de la veille."
- "tu feras un grand médecin, ma petite sayaka."
Une légère coloration rosée s'accrocha aux joues de la blonde et elle remercia la dame du bout des lèvres. D'aussi loin que remontait ses souvenirs ici, au village caché de la feuille, Mio s'occupait de l'accueil de l'hôpital. Une vieille dame particulièrement adorable qui s'était tout de suite comportée avec elle comme une grand-mère avec sa petite fille, constamment en train de prendre soin d'elle par de petites attentions, qui lui réchauffait le cœur. Elle lui fit la promesse de venir dîner chez elle, dans deux jours et se pressa de rejoindre les vestiaires.
Une semaine s'était envolée depuis l'incident avec Hanako Yamanaka. La fugue et les retrouvailles. Elle se rappelait encore de la peur qui terrorisait le jeune Inojin ce jour-là, elle qui n'avait connu que le garçon aux répliques cinglantes, plus maladroit que méchant dans le fond. Elle, elle ne savait pas réellement ce que ça faisait d'avoir une si grande famille, d'être une grande-sœur ; elle avait perdu ses parents bien trop tôt et avait été élevée par une vieille dame, une voisine, qui l'avait aimé et choyé jusqu'à son dernier souffle. Et parfois, elle se sentait un peu envieuse en observant Shikadai avec Mitsuha et Shikae. Comment aurait été son existence si elle avait eu quelqu'un d'autre qu'elle-même ?
Le bruit de la pluie contre la vitre lui arracha un froncement de sourcils et elle déboutonna son chemisier pour le remplacer par la blouse blanche qu'elle portait tous les jours entre ses murs. Ils étaient en été et ils avaient eu une ribambelle de journées chaudes, pourtant la pluie s'était abattue doucement sur le village quasiment toute la nuit et elle ne semblait pas vouloir prendre fin.
La montre à son poignet affichait sept heures dix du matin. Elle ne commençait officiellement qu'à neuf heures, mais quand le sommeil la quittait bien trop tôt et qu'elle ne parvenait pas à reprendre une place convenable dans les bras de morphée, elle se permettait de venir plus tôt. L'hôpital était pour elle une sorte de havre de paix, un endroit où elle se sentait bien.
Et la journée commença.
D'abord, la paperasse. Compléter les dossiers qui avaient besoin de l'être, mettre à jour les informations, faire des comptes-rendus de l'évolution des patients.
Puis le tour des chambres. Réveiller les patients, donner une douche à ceux qui ne parvenaient pas à le faire seul, les traitements matinaux. Un tas de tâches dont elle avait l'habitude maintenant.
Un peu avant neuf heures, alors qu'elle s'extirpait de la chambre d'un patient, elle tomba nez à nez avec une tignasse rose qu'elle ne connaissait que trop bien. Un grand sourire se dessina sur son visage et elle la salua immédiatement.
- "sakura, bonjour."
- "encore là en avance ?" se moqua doucement la rose. "t'es pas croyable."
- "j'espère que t'as laissé un peu de boulot pour mon neveu." lança une autre voix.
Ino se posta aux côtés de la rose, les mains sur les hanches.
- "qu'est-ce que ton neveu ferait sans elle, surtout." lâcha Sakura, amusée.
- "le digne fils de son père, c'est un cercle vicieux chez les nara." souffla Ino, faussement épuisé par cette constatation.
Un léger rire s'échappa des lèvres de la blonde.
Sayaka admirait le lien entre les deux femmes. Elles se complètaient parfaitement d'une certaine manière, et ce n'était pas les seules. La première fois qu'elle s'était retrouvée face à Ino et Shikamaru dans la même pièce, elle l'avait senti immédiatement, ce fil rouge qui les liait. Elle s'était senti toute petite face à eux.
Un bras se glissa autour de ses épaules et elle échangea un regard avec la femme qui lui avait tout appris.
- "ça tombe bien que tu sois là, tu sais quoi." déclara la rose.
- "ah oui ?" souffla-t-elle, curieusement.
- "oui, on discutait justement de toi avec ino. n'est-ce pas, la truie ?"
- "totalement, grand front." acquiesça la blonde. "viens, on va se prendre un café."
Elle acquiesça, d'un simple hochement de tête et se fia simplement au clin d'œil que lui lança la rose, avant de rejoindre Ino. Sayaka connaissait moins bien la blonde, que Temari ou Sakura, mais elle l'appréciait énormément. Le seul souci était qu'elle était vraiment trop intimidée en sa présence ; Ino dégageait une force de la nature incroyable.
Bien trop rapidement à son goût, la blonde se retrouva bloquée à une table du réfectoire vide, une tasse de café dans les mains et les deux adultes en face d'elle.
- "dis-moi, ça te fait quel âge maintenant sayaka ?" demanda Ino.
- "presque vingt-deux ans." dit-elle.
- "vingt-deux ans, hein. ça ne me rajeunit pas du tout, ça."
Un rire fort s'échappa des lèvres de la rose et elle donna un coup d'épaule à sa meilleure amie, lui soufflant un "t'es une vieille plutôt sexy", une pointe d'amusement dans la voix. Un petit sourire se glissa sur le visage de Sayaka et elle prit une gorgée de son café. La rose avait cet apaisement sur elle et elle savait de source sûre qu'elle avait cet apaisement sur Shikadai, aussi. Si ça n'allait pas, s'ils doutaient, s'ils se perdaient dans leurs émotions, un seul regard de la rose suffisait pour les remettre d'aplomb.
- "j'ai entendu que des bonnes choses sur toi, tu fais un travail incroyable ici il paraît." lâcha Ino, d'une voix soudainement sérieuse. "et les patients sont fous de toi de ce que j'ai pu voir."
- "sakura m'a tout appris." dit-elle simplement.
- "je ne regrette pas une seconde de t'avoir proposé de me suivre ici pour ta formation." commença la rose. "vous avoir shikadai et toi, comme élèves, ça me comble de bonheur. j'espère que vous vous rendez compte de ça."
Les mots de la rose lui mirent une sacrée dose de baume au cœur. Et elle étouffa maladroitement ses rougissements derrière sa tasse de café, sous l'œil amusé des deux adultes. Elle se donnait à fond pour ce boulot et cette formation.
Ino échangea un sourire tendre avec Sakura et s'accouda à la table, le menton enfoncé dans la paume de sa main.
- "sakura et moi, on a une proposition à te faire." annonça-t-elle.
- "et bien sûr, tu as le droit de dire non hein." ajouta la rose, immédiatement.
- "tu dois savoir que notre très chère sakura ici présente, en plus d'être un médecin formidable et la conseillère du huitième du nom, est à la tête d'un hôpital pour enfants et traumatisés de guerre."
- "un projet que j'ai mis en place avec ino, à ma majorité."
Elle acquiesça, suspendue à leurs lèvres.
Bien sûr qu'elle connaissait cette histoire. Shikadai l'avait mise au courant, à l'instant où il l'avait appris de la bouche de sa mère. Et ensuite, ils avaient fait des recherches tous les deux sur le sujet.
- "l'idée serait de te faire suivre une seconde formation, en plus de celle de médecin." ajouta Sakura. "pour qu'un jour, tu prennes la tête de l'hôpital, à la place d'Ino et moi."
- "ça serait énormément de boulot, tu n'imagines même pas." souffla Ino.
- "mais je ne vois personne d'autre que toi pour faire ça, et ino non plus."
- "j'ai suivi de près ton boulot, et puis sakura parle constamment de toi, c'est épuisant."
- "ça, c'était pas obligé dans le speech ino."
- "je t'avais bien dit qu'on aurait dû faire une répétition avant de lui dire."
- "une répétition ?" répéta la rose, un sourcil arqué.
- "des fois, je me demande ce que tu ferais sans moi, sakura."
- "des tas de chos-."
Le son d'un sanglot se répercuta dans la pièce, se mêla au bruit de la pluie et les coupa dans leur discussion mouvementée. D'un même geste, elles se tournèrent vers la blonde et se heurtèrent aux larmes qui roulaient sur ses joues. Ino échangea un regard doux avec la rose et tendit un mouchoir à la jeune fille, un petit sourire au coin des lèvres.
- "pardon, pardon." souffla la blonde, en séchant ses larmes. "ça s'est mis à.. couler d'un coup.. pardon. c'est juste que.."
Un autre sanglot s'échappa de ses lèvres.
Sakura se hissa sur ses deux pieds rapidement et contourna la table. Une minute plus tard, elle enroulait ses bras autour de la silhouette de son élève, après s'être glissé dans son dos. Elles restèrent ainsi une petite poignée de minutes. La main d'Ino sur la sienne, les bras de Sakura autour de son corps et ses fichues larmes qui coulaient, encore et encore.
Et puis, il ne resta que le bruit de la pluie. La rose retourna à sa place, mais récupéra la main libre de son élève dans la sienne, caressant délicatement le dos de celle-ci du pouce.
- "pardon." s'excusa une nouvelle fois la blonde.
- "pas la peine, arrête. si tu savais le nombre de fois où j'ai vu sakura fondre en larmes comme un bébé." lança Ino, un sourire amusé au coin des lèvres.
- "t'es vraiment une vipère, toi." souffla la rose, en levant les yeux au ciel.
Un sourire déforma les lèvres de la jeune femme et elle attrapa doucement une inspiration hasardeuse, s'offrant ainsi un peu de courage.
- "je ne te remercierai jamais assez, sakura." dit-elle. "tu m'as récupéré à suna. et tu m'as offert vraiment beaucoup de choses que je ne suis même pas sûre de mériter. mais grâce à toi, j'ai.. un endroit où j'aime vivre, des amis, shikadai, un travail que j'adore et apprendre avec lui et toi, c'est.. je n'ai même pas de mot pour décrire ça. et c'est toi qui m'a donné tout ça."
Elle se sentait redevable envers la rose. Si Sakura n'avait pas choisi de lui proposer de la suivre au village caché de la feuille, Sayaka n'aurait jamais eu tout ça. Elle se plaisait à Suna, mais ici, elle avait trouvé tellement plus.
Elle secoua doucement la tête en sentant les larmes qui menaçaient de couler encore une fois et offrit son plus beau sourire aux deux adultes.
- "j'en serai très honorée."
*
L'écho d'une voix le tira de son sommeil. Un tout petit grognement s'échappa de ses lèvres et il entrouvrit les yeux, s'attardant un instant sur le visage penché au dessus du sien. Et malgré lui, un sourire déforma le coin de sa bouche.
- "t'es flippant, tu sais." lâcha-t-il, d'une voix endormie.
Un rire enfantin résonna dans la chambre et il se releva doucement, étouffant un bâillement entre ses lèvres. La seconde d'après, Shikae sautait sur le lit et quémandait une étreinte à laquelle Shikadai céda immédiatement. Un réel lien les attachait l'un à l'autre. Et tout comme avec Mitsuha, le brun ne voyait plus du tout cette nuance de frère adoptif/biologique. Ils étaient juste une famille.
- "je retourne avec maman." souffla l'enfant, après un baiser sur la joue de son grand-frère.
La silhouette du petit brun s'effaça au détour de la porte de la chambre et il se hissa sur ses deux pieds, dans un long soupir épuisé. Il n'était vraiment pas du matin, même des années après son premier réveil. Un coup d'œil à l'écran de son téléphone où s'affichait huit heures du matin et il entreprit de rejoindre la salle de bain, en traînant des pieds. Dans une heure, il prendrait son service de la journée à l'hôpital ; un travail qui lui retournait parfois les tripes, mais qui lui plaisait, il ne regrettait pas une seule seconde sa décision de demander à Sakura de le prendre sous son aile.
Une demi-heure plus tard, il ressortait de la salle de bain, fraîchement lavé et habillé. Il croisa Shikae, posé devant la télévision du salon, un bol de céréales dans les mains ; le petit garçon lui offrit un grand sourire à la seconde où il tomba dans ses deux billes émeraudes.
- "qu'est-ce que tu regardes ?" demanda-t-il, curieusement.
- "les grenouilles ninjas." répondit l'enfant. "maman est dans la cuisine."
- "merci petit gars." lança le plus âgé.
Shikadai se détourna de son petit-frère pour rejoindre la cuisine. S'il osait s'en aller sans lui dire bonjour, elle le tuerait le soir-même. Il trouva la sunienne au téléphone et fronça légèrement les sourcils quand elle lui fit signe d'attendre qu'elle raccroche. Il tira une chaise et s'installa, attrapant un beignet sur la table. Son regard s'attarda sur la silhouette de cette femme qui l'avait mis au monde. Temari était belle. Une beauté indomptable. Il était fier d'être son fils, même s'il ne le disait pas à voix haute.
Il croqua dans le beignet. La blonde ne parlait pas, le téléphone contre son oreille ; elle se contentait d'hocher de la tête, bien que son interlocuteur ne pouvait pas le voir. Il se retint de lui faire la réflexion et se contenta de mâcher, les yeux rivés sur elle. Mais au fil des secondes, il se rendit compte que quelque chose clochait. Elle hochait de la tête, une main sur les lèvres et quand elle raccrocha, il se hissa sur ses deux pieds, les sourcils froncés.
- "maman, tout va bien ?" demanda-t-il, inquiet.
- "c'est.. c'était.. merde. shikadai." bégaya-t-elle.
- "il est arrivé quelque chose à papa ? ou tonton ?"
Elle déposa sur lui, un regard embué et il pria intérieurement pour que ça ne soit pas ça, pas encore. Il s'apprêtait à lui poser la question, encore une fois, mais la quarantenaire lui sauta dessus, dans une exclamation beaucoup trop joyeuse pour que quelque chose de mal soit arrivé. Il referma ses bras autour de la taille de sa mère, les sourcils froncés.
- "maman ?" appela-t-il.
- "oh mon dieu, shikadai." s'exclama-t-elle. "c'était la maison d'édition qui s'est occupée des livres de maître jiraiya. ils veulent te voir le plus vite possible. ils ont entendu parler de ton travail. merde. je vais me mettre à pleurer."
Un bruit étrange s'échappa des lèvres de la blonde, un rire mélangé à un sanglot, alors qu'elle serrait son petit garçon, plus si petit, contre elle. Là, tout de suite, elle se rendit compte d'à quel point le bébé qu'elle avait tenu dans ses mains il y a presque dix-neuf ans avait grandi. Et la fierté qui lui martelait la cage thoracique menaçait de la faire fondre en larmes au beau milieu de la cuisine.
Elle repoussa tendrement le garçon et attrapa son visage entre ses mains, un grand sourire sur les lèvres.
- "je suis tellement fière de toi, shikadai."
Et ça, ces quelques mots, suffirent amplement au brun qui tira de nouveau sa mère dans ses bras, lui offrant une étreinte forte et aimante.
*
Neuf heures quarante-cinq.
Un grognement s'échappa de ses lèvres et il referma la porte de son casier d'un coup sec, boutonnant maladroitement les boutons de sa blouse. Il était en retard de quarante-cinq minutes. Temari avait eu beaucoup de mal à le lâcher après le coup de téléphone, elle avait continué d'osciller entre les rires et les pleurs pendant de longues minutes, jusqu'à ce qu'elle se rend compte de l'heure qui filait à toute allure et du fait qu'il aurait déjà dû être à l'hôpital ; ensuite, elle l'avait simplement mis à la porte, après un baiser sur sa joue et un dernier "je suis tellement fière de toi, shikadai." Et ces quelques mots ne l'avaient pas quittés de tout le trajet.
Elle était fière de lui. Temari était fière de lui, merde. L'entendre lui dire ça, ça lui faisait toujours quelque chose dans les tripes. C'était une sensation étrange, mais agréable. Il voulait la rendre fière, encore et encore.
Un sourire niais au coin des lèvres, il s'extirpa des vestiaires et entreprit de se rendre à la chambre 12, pour annoncer la nouvelle à Takeshi. La maison d'édition qui s'était occupée de l'un des trois grands sannins l'avait remarqué lui, l'insignifiant Shikadai Nara. Le bouquin sur lequel il travaillait depuis presque quatre longues années allait bientôt enfin voir le jour et les gens connaîtront le nom de tous ces héros dans l'ombre. Le sourire sur ses lèvres s'agrandit d'un bon centimètre et il étouffa cette chaleur dans sa cage thoracique, tentant maladroitement de faire taire son sourire.
Son poing s'écrasa brutalement contre le bois de la porte et il n'attendit aucune autorisation avant de se faufiler dans la pièce.
- "takeshi, vous-.."
Les sourcils froncés, le brun se heurta au vide dans le lit d'hôpital. D'ailleurs, ce n'était pas la seule chose qui semblait anormale ; la chambre était différente, comme si aucun patient ne résidait dedans. Les infirmières l'avaient sûrement changés de chambre, ça arrivait parfois. Il referma la porte derrière lui et s'avança dans les couloirs, vérifiant dans les chambres qu'il croisait si son patient favori n'était pas là.
Merde, il avait tellement hâte de lui dire.
Une tignasse rose attira son attention, au détour d'un corridor et il s'empressa de la rejoindre, ce sourire incroyablement adorable sur les lèvres. Elle était dos à lui et il n'eût aucun mal à reconnaître Sayaka, même si elle était en partie camouflée par la silhouette de Sakura. Les deux femmes se tournèrent vers lui.
- "sakura, sayaka !" salua-t-il. "vous n'auriez pas le nouveau numéro de chambre de takeshi par hasard ? j'ai quelque chose d'énorme à lui dire et-."
- "shikadai." le coupa Sayaka.
Le ton anormalement doux, presque peureux, de la jeune femme lui arracha un léger froncement de sourcils et il se perdit un instant dans la contemplation de leurs visages. Et il comprit bien avant que les mots ne s'échappent des lèvres de la rose. Les sillons de larmes sur les joues de la blonde et la tristesse dans les iris verts de l'adulte lui hurlaient la vérité. L'affreuse vérité.
- "shikadai." lâcha doucement Sakura, cette fois. "takeshi est.. je suis désolée, takeshi est décédé cette nuit dans son sommeil."
Elle se haïssait pour lui dire ça. Ils avaient tous connus déjà bien trop de pertes et elle connaissait l'attachement du garçon pour ce vieil homme, mais il était sur le point d'être médecin et la vie était injuste.
Tout à coup, l'air lui manqua. Il avala difficilement sa salive et entrouvrit les lèvres.
- "non." dit-il, le souffle court. "non, j'ai.. j'ai quelque chose à lui dire. et.. merde."
Le brun fit volte-face et prit la fuite loin des deux femmes, loin de tout ça.
Sakura étouffa un soupir triste entre ses lèvres et s'apprêtait à rejoindre le garçon, mais l'élève à ses côtés secoua doucement la tête de droite à gauche, une main sur son avant-bras.
- "je m'occupe de lui."
- "t'es sûre ?"
- "oui, ça va aller."
Elle acquiesça à contre-coeur et observa silencieusement le dos de la blonde qui disparaissait à son tour au détour d'un couloir. Une heure en arrière, c'était Sayaka qui avait ouvert la porte de la chambre douze et découvert le vieil homme, éteint, dans son lit. Elle l'avait fait appeler immédiatement et quand elle était arrivée sur les lieux, elle était tombée sur la blonde, assise contre un mur, le visage enfouit dans ses bras, les épaules se secouant au rythme des pleurs. Un long soupir lui échappa et elle attrapa le dossier que lui tendait une infirmière, acquiesçant vaguement quand elle lui demanda si tout allait bien.
*
Le fracas d'une chaise flotta dans les airs et elle fit taire les battements douloureux dans sa cage thoracique, se concentrant un instant sur les bruits qui s'échappaient des vestiaires. Une infirmière qui passait par là lui jeta un regard mi-curieux mi-inquiet, mais elle lui fit comprendre silencieusement que tout allait bien, qu'elle gérait. Et elle gérait, n'est-ce pas ? L'image du visage éteint de Takeshi qui vint en mémoire et elle étouffa un sanglot entre ses lèvres. Elle l'appréciait ce vieil homme. Elle l'avait énormément apprécié. Un tantinet grognon, mais un grand coeur et elle avait vu le regard qu'il posait sur Shikadai, dès que le brun entrait dans une pièce ; un regard empreint d'une fierté et d'un attachement sans nom. C'était étrange, mais Shikadai faisait cet effet là aux gens, sans qu'il s'en rende compte. Dix minutes suffisaient pour que la personne d'en face tombe totalement sous le charme du brun. C'était un peu ce qui s'était passé avec elle. Il avait suffit d'une rencontre hasardeuse et fugace à l'hôpital de Suna pour qu'elle s'attache à ce gamin. Il était le plus proche ami qu'elle avait, ici et autre part aussi d'ailleurs. Un autre fracas lui vint de derrière la porte et elle attrapa une inspiration, se procurant un peu de courage ; puis, elle poussa la porte et se faufila dans les vestiaires.
Shikadai était là, au beau milieu des vestiaires, le souffle court et les chaises, ainsi que la table, qui traînaient normalement dans un coin de la pièce étaient renversés sur le sol. Il respirait anormalement vite, elle n'eût aucun mal à le remarquer même s'il était dos à elle ; ses épaules se soulevaient à un rythme irrégulier. Elle tenta un pas vers lui, mais la voix du brun résonna immédiatement entre les murs.
- "non."
- "shikadai."
- "non. si tu t'approches, je vais me mettre à pleurer. et si je pleure, je ne sais pas si je serai capable de m'arrêter un jour."
La confidence du garçon lui brisa le cœur.
Le brun avait été une véritable bouffée d'air frais depuis leur toute première rencontre. Oh, elle s'en souvenait comme si c'était hier. Et au fil des jours, le lien n'avait fait que se consolider. Il était devenu un confident, un meilleur ami, un protecteur et protégé, en même temps. Il portait tellement de casquettes différentes à ses yeux qu'elle avait arrêtée de les énumérer dans sa tête, il y a bien longtemps.
Elle balaya les propos du garçon et se rapprocha de lui, écrasant sa poitrine contre son dos, alors qu'elle glissait ses bras autour de sa taille. Son front se déposa doucement contre les omoplates du brun et elle étouffa malgré elle un doux sourire au coin de ses lèvres. Quand est-ce qu'il était devenu si grand et si fort ? Un sanglot lui parvint et elle resserra sa prise autour de lui, sans un mot.
Ils restèrent ainsi de longues minutes, bercés par les sanglots de l'un et les mots doux posés en silence de l'autre. Ils n'avaient jamais eu besoin de plus pour se comprendre et se soutenir.
Puis, vint le moment où il se détacha de sa poigne et se confronta silencieusement à elle. Il n'était pas dupe. Elle avait mis sa tristesse de côté, simplement pour lui. Parce qu'ils fonctionnaient comme ça. Si l'un se sentait au bord de l'explosion, l'autre mettait ses émotions en pause le temps de faire face à ses côtés. Et là, elle avait mis ses émotions en pause le temps de faire face aux côtés du brun, submergé par la souffrance. A son tour, il glissa ses bras autour d'elle et la tira dans une étreinte. Il ne fallut pas plus d'une minute avant qu'elle ne fond en larmes, là, contre lui. Et quand ses jambes arrêtèrent de la soutenir, il se laissa glisser au sol, ses bras toujours autour d'elle, prêt à prendre un bout de sa tristesse à son tour.
- "takeshi est mort." lâcha-t-elle, entre deux sanglots.
- "je suis là, moi." dit-il, doucement, les yeux embués.
Takeshi était mort. Et ça, ça lui faisait mal. Le vieil homme avait été un véritable soutien dans l'écriture de son livre, mais surtout, il avait été un très bon ami. Toutes ces discussions jusqu'à tard le soir sur le toit de l'hôpital, il se souvenait même de cette fois là où il avait présenté Shikamaru à Takeshi, le vieil homme avait été tellement content de rencontrer en personne le huitième du nom, celui qui avait remis Konoha sur pied, dans une alliance étroite avec Suna. Il n'avait cessé de remercier le père du brun, en lui répétant que grâce à lui, il allait pouvoir finir ses jours dans le village qui l'avait vu naître et que ça, c'était le plus beau cadeau qu'il pouvait lui faire.
Les pleurs de la blonde se calmèrent au bout d'un long moment, mais ils ne bougèrent pas. La position dans laquelle ils étaient, commençait à être douloureuse, mais ils ne bougèrent pas. Le brun gardait un bras fermement accroché à la taille de la blonde et elle, elle gardait sa joue collé contre la poitrine du garçon. Et ni l'un ni l'autre ne comprit réellement ce qu'il se passait, juste qu'à un moment, leurs lèvres s'étaient rencontrés, dans un baiser timide et doux.
PROCHAINEMENT : Pressure.
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