ANXIETY AND ALL HER FRIENDS
nda ; salut à tous !
j'ai mis à jour l'histoire parallèle à CWSAP, No one ever said it would be so hard. l'histoire qui montre les évènements, mais du point de vue de Konohamaru. elle apporte des passages inédits à CWSAP et surtout, permets l'entrée de deux nouveaux personnages qui sont vaguement cités dans ce chapitre. ils apparaîtront un peu plus dans la suite de COF.
mais pour le moment, je vous laisse avec ce chapitre, en espérant que ça vous plaise. bisous les camarades
Children of Fire
chp7 - Anxiety and all her friends
- "vous passerez le bonjour au petit Shikadai de ma part."
- "je n'y manquerai pas. encore merci et bonne journée."
La vendeuse, une femme de la cinquantaine aux cheveux cendrés, fourra un petit paquet de bonbons à la pastèque dans les mains de Mitsuha et les salua une dernière fois d'un signe de la main. Elles se tirèrent de la supérette et Temari se heurta un instant au pétillement dans les iris de sa fille. Faire les courses ainsi, accompagné de Mitsuha, la ramenait des années en arrière. Konoha était bien différent de Suna et elle s'en était vite rendu compte après la naissance de Shikadai. Chaque fois qu'elle l'emmenait faire les courses, les marchandes s'extasiaient devant la bouille du petit garçon et lui offraient un tas de gourmandises, les plus âgés riaient du fait qu'il était clairement le portait craché de son père, et les plus jeunes complimentaient la mère de l'enfant pour ce petit bout si adorable. Au début, ça avait été compliqué avec Mitsuha. Elle restait cachée derrière sa silhouette, accrochée à ses jambes, mais la timidité et la peur n'étaient plus là aujourd'hui et maintenant, Mitsuha ne se gênait pas pour rire elle aussi avec les adultes. Elle possédait cette personnalité débordante qui illuminait tous les endroits où elle mettait un pied.
Mitsuha fourra l'un des bonbons entre ses lèvres et son visage se déforma presque automatiquement en une expression de pure joie. La pastèque était son goût favori et les gens l'avaient vite compris. Elle s'extasia encore un instant de la gourmandise sur le bout de sa langue et en récupéra rapidement un autre dans le sachet, le tendant à Temari qui l'accepta un petit sourire sur les lèvres.
- "c'est vraiment bon." dit-elle.
- "j'adore les bonbons à la pastèque." se régala la brune.
Un petit rire échappa à la quarantenaire, alors qu'elle jetait un coup d'oeil autour d'elle. Mitsuha et elle étaient partis une bonne heure en arrière de la demeure familiale pour profiter du marché matinal. Shikamaru avait promis de s'occuper de Shikae ce matin, il attendrait son retour avant de se rendre au travail. Et il avait bien appuyé sur le fait qu'elle devait prendre son temps, il n'était pas pressé. Temari le connaissait assez pour savoir qu'il veillait à ce qu'elle garde assez de temps libre pour elle-même sans avoir constamment les enfants dans les pattes, mais être mère, elle aimait vraiment ça aujourd'hui. Les doutes qui l'avaient assaillis des années en arrière, pendant sa grossesse, n'étaient plus là. Son regard s'attarda un instant sur un stand de fruits et elle décida d'acheter quelques pommes : Shikadai et Shikamaru raffolaient des tartes aux pommes, et Shikae ne tarderait pas à rejoindre l'avis des deux autres, elle le sentait. Il était encore petit, il allait seulement sur sa sixième année, mais elle le voyait essayer de faire tout comme son père et son frère. Au point où un jour elle était arrivé à temps pour l'empêcher de boire un verre de saké, pour imiter son père qui prenait un verre parfois en rentrant du boulot. Ils avaient rit de bon coeur avec Shikamaru, ce soir-là, après qu'elle lui ait raconté ce passage de sa journée.
- "maman !" s'exclama la petite brune, dans un cri particulièrement aiguë.
Les sourcils froncés, Temari posa son regard vert sur sa fille, légèrement inquiète, mais tomba nez à nez avec le sourire particulièrement surexcité de l'enfant. La petite fille attrapa la main libre de sa mère et la tira rapidement jusqu'à la devanture d'une librairie. Elle pointa un livre dans la vitrine et le coeur de Temari rata un battement à cet instant. Le sac de course qu'elle tenait dans son autre main s'écrasa sur le sol dans un bruit étouffé et elle ne retint pas le petit cri de joie aux bords de ses lèvres, qui se mêla au rire de Mitsuha. Plusieurs exemplaires du même livre trainaient dans la vitrine et elle n'eût aucun mal à lire les informations sur la première couverture.
Les héros dans l'ombre.
Par Shikadai Nara.
Les mains de Mitsuha se refermèrent sur les pans de la tunique qu'elle portait et la petite fille attira rapidement son attention sur elle-même. Un sourire si joyeux traînait sur son visage que Temari se retint difficilement de la couvrir de baisers, en pleine rue.
- "tu peux me prêter deux mille yens, s'il te plaît ?" demanda l'enfant. "promis, le jour de ma première paie, je te les rends. s'il te plaît. s'il te plaît. s'il te plaît."
La bouille de la brune se transforma en une moue adorable qu'elle savait presque invincible face aux adultes et une minute plus tard, Temari lui fourrait quelques billets dans les mains, en secouant doucement la tête, amusée. Mitsuha s'engouffra tout de suite dans la librairie et une poignée de minutes passèrent, où la sunienne se contenta d'observer la vitrine sous ses yeux. Elle aurait aimé que sa mère soit là. Elle n'avait que peu de souvenirs, mais elle se souvenait de ce sentiment de sécurité qui l'enveloppait chaque fois qu'elle était près d'elle. Elle ne croyait pas spécialement à la vie après la mort, mais si ça existait, elle espérait que sa mère pouvait les voir, elle et ses frères, de là-haut et qu'elle était fière, autant que Temari l'était de ses propres enfants.
- "maman, regarde-ça."
La porte du commerce claqua doucement et Mitsuha tendit fièrement dans les airs un exemplaire du livre de son frère, un grand sourire sur les lèvres. Un rire sincère secoua la silhouette de l'adulte. Elle aurait dû se douter que ça avait quelque chose à voir avec cette soudaine demande d'argent.
- "je lui demanderai un autographe en rentrant." s'exclama la petite fille, avec enthousiasme.
La main de Temari se glissa dans ses mèches brunes et elle se confronta un court instant au sourire sur les lèvres de sa mère adoptive. La blonde lui proposa de terminer les courses, de rentrer à la maison ranger tout ça et d'ensuite ressortir avec Shikae, ils pourraient ainsi se prendre une glace et se promener dans les rues de Konoha. Le soleil était chaud aujourd'hui. Mitsuha accepta volontiers, bien trop heureuse à cette minute.
*
Le pancréas est une glande digestive d'environ 15 cm de long, logée en profondeur dans l'abdomen, derrière l'estomac et enserrée dans le duodénum qui est la première partie de l'intestin grêle. Il intervient dans la digestion en sécrétant des enzymespancréatiques. C'est sa fonction dite exocrine. Il joue un rôle essentiel dans la régulation du taux de glucose dans le sang par sa sécrétion d'hormones comme l'insuline et le glucagon. C'est sa fonction endocrine.
Un bruit de pas le tira de sa lecture et il n'eut aucun mal à reconnaître la démarche de son père. La silhouette forte du huitième du nom s'engouffra dans la chambre, un petit brun dans les bras et lui offrit un doux sourire.
- "bien dormi ?" demanda le quarantenaire.
- "oui, ça va. si je ne compte pas le fait que Mitsuha prend de plus en plus de place au fil des jours."
Le rire du père de famille résonna dans la pièce et il resserra doucement sa prise autour de Shikae, qui jouait distraitement avec ses mèches de cheveux.
- "tu penses que ça serait possible d'avoir un plus grand lit ?" souffla Shikadai, un peu de gêne sur le visage.
- "vraiment ? tu ne veux pas plutôt qu'on dise à Mitsuha de ne plus venir dormir avec toi ?"
- "non, ça ne me dérange vraiment pas. mais ça arrive aussi à Shikae de se glisser dans mon lit certaines nuits, et ça devient vite compliqué de dormir ensuite."
A l'entente de son prénom, le garçon adressa un grand sourire à son frère. Shikamaru le déposa doucement au sol et l'observa être soudainement bien timide, quelques nuances de rose sur les joues.
- "moi aussi, je veux dormir avec toi." lança l'enfant, une petite pointe de jalousie dans la voix.
Un sourire déforma le coin des lèvres de son grand-frère et il tendit doucement les bras vers le plus jeune. Il le réceptionna contre son torse et l'installa sagement sur ses genoux, refermant le livre sur lequel il bossait précédemment.
- "ça devrait pouvoir se faire." déclara Shikamaru. "j'en parlerai à ta mère et on essaiera de passer en magasin dans la semaine."
Temari allait sûrement rire quand il lui dirait que leur fils aîné préférait avoir un plus grand lit, plutôt que d'interdire à son frère et sa soeur de le rejoindre en pleine nuit. Il était un grand-frère incroyable et il avait remarqué lui aussi les changements qui s'opéraient sur Mitsuha quand Shikadai était dans le coin. C'était comme si soudainement elle se sentait invincible. Elle brillait de mille feux et ne se gênait pas pour agir encore comme un bébé parfois, quémandant encore et encore l'affection de son frère et lui, il ne la lui refusait jamais.
Et merde, Shikadai le rendait bien trop fier. Un petit sourire amusé passa le cap de ses lèvres et il s'adossa à l'encadrement de la porte, le regard posé sur ses deux fils.
- "d'ailleurs, c'est aujourd'hui la sortie de ton livre en boutique, non ?" interrogea le quarantenaire, les mains dans les poches.
- "oui." acquiesça-t-il, un peu de rose sur les joues. "j'espère que les gens l'aimeront."
- "bien sûr qu'ils l'aimeront, Shikadai." répliqua tout de suite Shikamaru. "bordel. ton grand-père serait sacrément fier de toi, tu sais."
- "tu penses ?"
- "je le sais. moi aussi je suis vraiment fier de toi."
- "et moi ? et moi ?" lança Shikae, les bras en l'air.
- "de toi aussi, petit démon." souffla le père, amusé.
Presque immédiatement, Shikae gonfla le torse, un sourire charmeur sur les lèvres. Le son strident de la sonnette de l'entrée flotta dans les airs et les coupa dans cet instant magique. Shikamaru secoua la tête, amusé, lâchant un "c'est sûrement ta mère qui a oublié ses clefs, encore une fois" et disparut dans le corridor.
Shikadai reporta son attention sur son frère, confortablement installé sur ses genoux, qui gribouillait sur un post-it hasardeux et déposa son menton au sommet de son crâne brun. D'une certaine manière, c'était un grand jour. La maison d'édition qui s'était occupé de l'un des trois grands tannins avait insisté pour que le livre sorte le plus possible ; un "chef-d'oeuvre" selon leurs mots. Et au lieu d'éclipser la petite maison d'édition qu'il avait choisi de base pour son manuscrit, ils avaient proposés une collaboration et le livre se retrouverait en vitrine depuis ce matin. Il n'était pas encore sorti de chez lui et dans un peu plus d'une heure, il se rendrait au boulot. Il ferait comme si ce jour n'était qu'un jour comme un autre, mais dans le fond, les mots de son père se répétait dans sa tête. Merde, il lui avait dit être fier de lui, encore une fois. Et ça, ça valait tout l'or du monde.
Le son d'une voix au rez-de-chaussée lui arracha un froncement de sourcils. Ça, ce n'était clairement pas la voix de sa mère. Ses mains passèrent sous les aisselles de son frère et il le déposa doucement au sol, se relevant rapidement. Et à peine eut-il descendu les escaliers et passa le pas de la porte du salon, qu'un doigt menaçant se pointa vers lui.
- "toi !" s'exclama la voix colérique du doyen. "tu m'expliques ça ?"
Le livre que le vieil homme tenait entre ses mains s'écrasa brutalement sur la table basse du salon et une grimace déforma le coin des lèvres du jeune adulte.
Les héros dans l'ombre.
Par Shikadai Nara.
- "je t'ai déjà dis que ça, c'était hors de question. être un écrivain ? et puis quoi encore ? tu ne veux pas ouvrir un magasin de fleurs ? tu es le futur chef du clan Nara, conduis-toi comme tel." balança férocement le doyen. "c'est une honte pour notre nom. tu dois faire retirés chaque exemplaire de toutes les librairies. tu as assez jouer à la dinette. écrire un livre. devenir médecin. mais bon dieu, sois un homme un peu Shikadai."
Un frisson s'attarda sur la peau du concerné. Un frisson désagréable. L'émeraude de ses iris s'accrochaient fermement à la couverture du livre sur la table basse. Le livre qu'il avait écrit, pour rendre hommage aux héros du passé, à son père. C'était une si mauvaise chose que ça de ne pas vouloir être un shinobi ?
- "parle lui sur un autre ton, doyen." s'énerva Shikamaru, en se plaçant entre son fils et le vieil homme.
- "ça serait le cas si tu faisais attention à ce que ton fils fait." répliqua-t-il. "ton père a sauvé l'honneur du clan en se sacrifiant pendant la quatrième grande guerre et toi, ensuite tu l'as bousillé. tu es le chef de ce clan, je te rappelle."
- "je n'ai pas besoin d'un rappel à ce propos. et moi, je suis très fier de ce que mon fils accompli aux côtés du docteur Haruno et de ce qu'il a écrit dans ce livre. l'as-tu même ouvert une minute ?"
- "ce n'est pas la question ça, Shikamaru." grogna le doyen, les poings serrés. "ton mariage avec la princesse de Suna a couvert ce clan de honte. ça s'est un peu amélioré depuis, parce que tu es devenu le huitième du nom, mais ton fils devrait en prendre de la graine au lieu d'écrire des bêtises."
Un grognement furieux s'échappa des lèvres du quarantenaire. Il commençait vraiment à détester cet homme. Il ne l'avait que peu vu dans son enfance et pendant son adolescence, mais à l'annonce de son mariage avec Temari, il était devenu un peu trop présent dans son quotidien. Il l'avait engueulé pendant des jours pour cette décision et quand Shikadai était né, il lui avait hurlé dessus qu'il ne manquerait plus que Shikadai devienne le kazekage de Suna. Ce qu'il pensait, il s'en fichait un peu. Par contre qu'il s'en prenne à son fils, ça, il refusait. Son regard s'attarda un instant à la silhouette de son fils dans son dos et il retint un autre grognement ; Shikadai fixait le sol, les bras ballants, mais il n'avait pas besoin de croiser son regard pour savoir qu'il devait se sentir mal là tout de suite. Il avait toujours été sensible aux disputes entre le doyen et Shikamaru, depuis tout petit. Il reporta son attention sur le vieil homme et croisa les bras sur son torse.
- "vous avez un sacré culot." dit-il. "partez maintenant."
Le claquement de la porte d'entrée accompagna la voix du huitième du nom, pourtant le vieil homme était toujours là, le regard colérique. Un bruit de pas légers flotta un instant et Mitsuha se rua contre les jambes de son grand-frère, un énorme sourire sur les lèvres. Elle secoua doucement le livre qu'elle tenait dans ses mains trop petites pour le tenir, ignorant l'état actuel des trois adultes dans la pièce.
- "maman m'a prêté de l'argent !" s'exclama la petite fille. "j'ai acheté ton livre, Shikadai. tu me donneras un autographe ?"
Les mots de la petite fille se ruèrent directement droit dans le coeur du garçon. Il déposa un regard empreint d'une terrible tristesse sur elle et retint tant bien que mal ses larmes. Il n'avait pas le droit de pleurer devant elle. Elle avait vécue tellement pire que lui. Et pourtant, elle souriait tous les jours. Elle lui souriait à lui. Un minuscule sourire déforma le coin de ses lèvres et il posa une main sur le crâne de la brune, détournant les yeux, incapable de dire quoi que ce soit, sans fondre en larmes. Et ça, ça n'échappa pas à Temari debout dans l'encadrement de la porte du salon. Elle déposa un regard noir et catégorique sur le doyen.
- "je ne suis pas Shikamaru. je ne suis pas obligé de vous respecter dû à votre position dans le clan Nara." dit-elle, d'une voix forte. "alors soit vous quittez ma maison maintenant, soit je m'énerve vraiment."
Le doyen claqua sa langue contre son palais et préféra battre en retrait. Il n'aimait pas Temari depuis le tout début, elle le savait très bien et elle savait aussi très bien qu'il était effrayé par les frères de la blonde, en particulier par Gaara. Malheureusement pour ce dernier, son passé le suivait. Et le doyen faisait parti des personnes qui voyaient encore un monstre en le kazekage beaucoup plus que respectable qu'il était devenu. La porte de la maison claqua une nouvelle fois.
- "je dois me préparer pour le boulot."
Ni Temari ni Shikamaru n'eurent le temps de dire quoi que ce soit. Shikadai repoussa doucement sa petite-soeur et disparut à l'étage, en évitant soigneusement le regard de toutes les personnes dans la pièce.
*
Une paire de yeux couleur noisette le fixait intensément et il étouffa discrètement un soupir entre ses lèvres. Il était arrivé au boulot depuis trois bonnes heures et avait enchaîné les tâches, dans le silence. Pourquoi dans le silence ? Parce qu'il était effrayé à l'idée de fondre en larmes s'il en disait un peu trop. Le dispute de ce matin traînait dans un coin de sa tête d'une manière si pesante qu'il se doutait que Sayaka, même si elle faisait semblait de bosser dès qu'il croisait son regard, passait derrière lui pour réparer ses bêtises. Ils n'avaient pas besoin de mots, encore une fois. Il était arrivé et à son simple regard, elle avait comprit que ça n'allait pas. Et même à ses questions, il était resté silencieux. Elle s'inquiétait pour lui et lui, il ne disait rien. Il se dégoûtait. Ecrire ce livre devait être une manière de rendre hommage à son père et aux autres, mais au final, il avait aimé ça. Transmettre des histoires, des émotions, par des mots. Il avait vraiment aimé ça. Pourtant, ce satané livre ne faisait qu'attirer des ennuis. Un grognement mourut au bord de ses lèvres et il se concentra sur le dossier qu'il remplissait.
*
La femme derrière le comptoir lui accorda un grand sourire et il la salua poliment, s'engouffrant entre les murs blancs de l'hôpital. Depuis qu'il était devenu hokage, il fréquentait un peu trop l'hôpital de Konoha. Sakura avait beau être sa conseillère officielle, elle continuait à côté de ça de servir les patients en tant que médecin. Il se demandait parfois comment elle faisait pour gérer tout ça, sans jamais faiblir. Il se souvenait des critiques faciles que certains enfants lui lançaient dans l'enfance, des critiques idiots. Elle était juste incroyable, cette fille aux cheveux anormalement roses.
- "tiens, bonjour huitième du nom."
- "mais arrête Shizune, je t'ai déjà dis de m'appeler par mon prénom." lança le brun, une moue boudeuse sur les lèvres.
Le rire de la jeune femme résonna dans le corridor et elle se rapprocha rapidement de lui.
- "comment vont Mitsuha et Shikae ?" demanda-t-elle, curieusement.
- "très bien. de vraies piles." lâcha-t-il, amusé. "et toi ? comment vont les enfants ?"
- "Kawaki n'est plus vraiment un enfant." rappela-t-elle, un sourire au coin des lèvres.
- "c'est vrai ça. quel âge ça lui fait maintenant ?"
- "dix-neuf ans." dit-elle. "ils vont très bien. ils sont beaucoup plus calme que les tiens."
- "et Konohamaru ?"
- "un vrai papa poule. il alterne entre s'occuper de la maison et de l'orphelinat." déclara-t-elle, une petite pointe de fierté dans les entrailles.
La bague que Konohamaru avait glissé à son doigt le jour de leur mariage n'avait pas bougé une seule fois. Elle était heureuse. Le brun la comblait de toutes les façons humainement possibles. L'enfant énergique, l'adolescent irrespectueux, l'homme brisé ; ces trois facettes de lui avaient ouvert la porte à un homme aimant, un père dévoué. Et Shikamaru était content de voir ça. Il avait été vraiment effrayé à l'idée que rien ne s'arrange pour Konohamaru après le décès de Naruto. Mais Shizune et lui avaient appris à s'aimer, ils étaient revenus de la guerre sain et sauf et Konohamaru avait fait le choix de mettre fin à sa carrière de shinobi. Il n'avait plus jamais touché une arme depuis la guerre. Il avait cherché pendant quelques temps quoi faire de ses journées, et la solution s'était échappé des lèvres de leur fils aîné, un soir, pendant un repas de famille. Kawaki lui avait simplement dit qu'il le verrait bien à la tête d'un orphelinat. Konohamaru et Shizune s'étaient regardé pendant un instant et ils avaient tout de suite su. Quelques mois plus tard, après avoir construit de ses propres mains un orphelinat avec l'aide de Mirai, Shikamaru, Temari et tant d'autres, dont leurs fils, l'établissement avait ouvert ses portes. L'orphelinat Uzumaki. Beaucoup de larmes avaient été versées ce jour-là.
- "je passerai à l'orphelinat dans la semaine." souffla le brun. "tu as vu Sakura par hasard ?"
- "ça lui fera plaisir et aux enfants aussi, t'es une vraie vedette là-bas." déclara-t-elle, dans un petit rire. "elle est près de la chambre 409, elle discute avec une patiente."
- "merci, à la prochaine madame Sarutobi."
Le nom de famille arracha un sourire incroyablement doux à la brune et elle le salua d'un signe de la main, avant de continuer sa route dans les couloirs de l'hôpital.
Et effectivement, il trouva la tignasse rose de sa conseillère en pleine discussion avec une patiente. Elle souriait, parlait fort et faisait de grands gestes. Il esquissa un sourire, amusé et se rapprocha des deux femmes, saluant poliment la patiente.
- "pourrais-je vous emprunter ma conseillère ?" demanda-t-il, amusé.
- "allez-y huitième du nom, je ne sais pas dire non à un bel homme." répondit la patiente, en retournant dans sa chambre.
Un rire s'échappa des lèvres de la rose et il étouffa maladroitement le sien. C'était encore une sensation un peu étrange de se rendre compte qu'il plaisait aux femmes. Il secoua la tête, amusé et réceptionna doucement le coup de poing de la rose dans son épaule.
- "quel tombeur." lança-t-elle.
- "c'est la tunique de kage, ça les fait fondre."
La rose ne retint pas un autre rire et ils décidèrent de marcher un peu dans les couloirs de l'hôpital, pendant qu'ils discutaient.
- "tu es libre la semaine ?" demanda-t-il. "tu penses pouvoir t'absenter de l'hôpital deux-trois jours ?"
- "ça devrait le faire, pourquoi ?"
- "la réunion des kages, ce mois-ci ça se fera à Iwa. faudrait prendre le train et dormir sur place du coup."
Tous les mois, ils organisaient une réunion entre kages. La plupart du temps, ça se faisait en vidéo conférence, mais ils essayaient quand même de se voir en face à face dès qu'ils le pouvaient. Le contact était nécessaire pour garder de bonnes ententes, même si Naruto avait uni tous les pays il y a bien longtemps.
- "j'ai hâte de voir Kurotsuchi." souffla-t-elle, un grand sourire sur les lèvres. "ça fait bien trop longtemps."
- "c'est vrai que vous êtes amies." se rappela-t-il.
L'amitié entre les deux femmes datait de la quatrième grande guerre. Une rencontre furtive sur le champ de bataille qui avait conduit à des tas de bavardages entre filles au fil des années et encore aujourd'hui, elles gardaient de très bons rapports. Avec la technologie nouvelle, les rapports à distance étaient bien plus faciles. Un téléphone lui aurait bien sauvé la vie à l'époque où il commençait tout juste à fréquenter Temari.
Un bruit de verre qui se casse les arracha à l'instant. D'un même mouvement, ils se tournèrent vers la source de ce son et le coeur du quarantenaire rata un battement, tout comme celui de la rose. Penché au-dessus d'un chariot rempli de fournitures médicales, Shikadai semblait sur le point de s'effondrer d'un moment à l'autre.
- "Shikadai !" s'exclama Sayaka, dans un élan paniqué.
La blonde se tenait à côté de lui, l'air affolé.
Il n'avait aucune idée de ce qui se passait là tout de suite. L'instant d'avant, il rangeait silencieusement les fournitures sur le chariot et l'instant d'après, son coeur lui faisait mal et la flacon qu'il tenait entre ses doigts s'éclatait au sol. Il tenta de prendre une inspiration, mais l'air se bloqua et lui brûla la gorge. Un amer arrière-goût de déjà-vu dans la bouche, il agrippa le côté gauche de sa cage thoracique et ferma les yeux.
- "Shikadai, calme-toi."
Tiens, il connaissait cette voix grave. Qu'est-ce que son père faisait là ?
- "Sayaka, amène une chaise."
La voix de Sakura. Il la reconnaîtrait entre mille. Il la trouvait douce et apaisante. Une main se posa sur son front tremblant et doucement, tout doucement, l'air recommença à passer entre ses lèvres.
Une aura verte s'échappa de la main de la rose dès l'instant où elle la déposa sur le front de son fils. Shikamaru observa la scène, impuissant.
- "il va bien ?" interrogea la blonde, la voix tremblante d'inquiétude.
- "ça va. il a fait une crise d'angoisse." déclara simplement la rose.
Elle échangea un regard avec le quarantenaire et il serra les poings. Depuis combien de temps ? Depuis combien de temps est-ce que son fils se sentait submergé, au point de ne plus respirer correctement ? Merde, il aurait dû voir ça.
*
- "fais attention à toi. s'il te plaît."
Des lèvres se posèrent sur sa joue, longuement. La fin de sa journée pointait le bout de son nez et il se sentait vidé. Le doyen, la crise d'angoisse, les regards de Sakura, Sayaka et Shikamaru. Un soupir s'échappa de ses lèvres et il acquiesça, saluant doucement la blonde qui s'éloignait à contre-coeur. Il sentait son inquiétude. Mais que pouvait-il dire pour soulager un peu ce qu'elle ressentait ? Lui-même, il n'avait aucune idée de comment faire pour se sentir mieux. La crise d'angoisse l'avait frappée comme ça d'un coup, et puis il s'était heurté à l'inquiétude et la déception dans le regard de son père. Et il se haïssait pour ça, merde. Il se doutait que la déception de son père n'était pas tourné vers son fils, mais vers lui-même, et Shikadai détestait cette idée. Shikamaru faisait un boulot excellent, il ne voudrait d'un autre père pour rien au monde, mais quelque chose clochait en lui, quelque chose qui finissait toujours par faire en sorte que les adultes s'inquiètent pour lui.
Merde.
Merde.
Merde.
Il se haïssait tellement pour ça.
D'un pas traînant, il termina le reste du chemin jusqu'à la demeure familiale et s'engouffra dans la chaleur du foyer, sans un mot. Quelques éclats de rire se répercutèrent aux murs couverts de photographies et il remonta le corridor, s'attardant un instant sur son père dans le salon qui jouait avec son petit-frère. Shikae riait aux éclats, perdu entre les bras forts de Shikamaru. Et pendant un instant, cette vision lui fit un bien fou.
- "bonsoir."
La voix de sa mère se mêla aux rires de son frère et il tourna la tête vers elle, le coeur tremblant. Elle posait un regard si doux sur lui qu'il eut du mal à ne pas fondre en larmes, là, au beau milieu du couloir.
- "bonsoir maman." lâcha-t-il, du bout des lèvres.
- "tu m'aides ?" proposa-t-elle.
Il acquiesça simplement à sa proposition et récupéra la panière de linge propre dans les mains de la quarantenaire. Une poignée de minutes en arrière, il s'était dit que dès qu'il rentrerait, il irait se réfugier dans sa chambre, mais là, il n'avait pas la force de dire non à sa mère. Il la suivit sans un mot sur le perron et déposa la panière au sol, alors qu'elle refermait la porte derrière leurs silhouettes. Le regard du jeune adulte se perdit un instant sur l'étendue d'herbe face à eux. Il avait toujours aimé cet endroit. Il avait un tas de souvenirs dans ce jardin qui conduisait à la forêt du clan Nara, à une centaine de mètres. Il se revoyait courir en riant, son père à ses trousses, sa mère l'encourageant. Il avait tout pour être heureux, alors pourquoi se sentait-il si mal ? Pourquoi faisait-il autant de mal aux gens autour de lui ? Qu'est-ce qui clochait chez lui, merde.
- "j'ai eu beaucoup de mal quand je suis tombé enceinte de toi, tu le savais ?"
Un léger sursaut l'attrapa au son des mots de sa mère et il reporta son attention sur elle. Elle s'était assise sur le perron et pliait le linge.
- "l'idée d'être un jour une mère ne m'avait jamais traversé l'esprit." dit-elle. "ça n'avait jamais été une option, en fait. j'étais née pour être une kunoichi, je partageais le sang du quatrième kazekage ce qui faisait de moi la princesse de Suna. je n'avais pas le droit à un seul faux pas. alors être enceinte d'un garçon de Konoha, même si nous étions déjà mariés à l'époque, je ne l'ai pas très bien pris."
Le brun s'installa à son tour sur le perron, épuisé et ramena doucement ses genoux contre son torse, le regard perdu sur la silhouette de sa mère. Quelque part, il aurait aimé faire la connaissance des deux adolescents qu'avaient été Shikamaru et Temari.
- "mais au fil des jours, j'ai compris une chose." continua-t-elle, en pliant un tee-shirt "grenouilles ninjas" appartenant à Shikae. "Shikamaru était ma rédemption. il s'en fichait des mauvaises choses que j'avais fais, du sang que j'avais sur les mains, il m'offrait juste une fin heureuse et un tas de nouvelles options. la grossesse a été très compliquée, je ne l'acceptais pas, alors mon corps se vengeait. mais quand le médecin m'a posé ce tout petit bébé dans les bras, tu sais ce qui s'est passé ?"
Il secoua la tête de droite à gauche, pendu à ses lèvres.
- "je l'ai aimé d'un amour incommensurable et intense, immédiatement."
Un peu de baume s'étala sur son coeur tremblant, aux mots de la sunienne.
- "ce bébé a grandi, est devenu une copie quasi conforme de son père, mais je n'ai jamais cessé un seul instant de l'aimer de cet amour incommensurable et intense."
La blonde lâcha les vêtements qui traînaient sous ses mains et força le contact entre leurs regards. Son petit garçon n'en était plus un.
- "tu as le droit d'être un adolescent de temps en temps. tu as le droit de te tromper, de tomber, de te mettre en colère, d'envoyer chier le monde. ton père l'a fait, je l'ai fais, Ino l'a fait. être égoïste, ça fait parti du processus." expliqua-t-elle, doucement. "nous ne cesserons jamais d'être fiers de toi, même si tu décides de faire une pause. nos sentiments à ton égard ne diminueront jamais."
- "je-." tenta le brun.
- "par contre, Shikadai." le coupa-t-elle, d'une voix plus sévère. "je risque de vraiment me fâcher à un moment si tu continues à mettre ta santé en danger."
Il s'était douté dès qu'il avait trouvé son père dans le salon que le quarantenaire avait parlé de la crise d'angoisse à son épouse. Mais le ton soudainement sévère de sa mère lui arracha un frisson.
- "je t'aime, Shikadai." dit-elle. "alors s'il te plaît, prend soin de toi. s'il t'arrivait quelque chose, je ne suis pas sûre d'y survivre. tu es mon petit garçon."
Elle l'aimait. Elle était fière de lui. Il n'avait pas le droit de continuer ainsi, à inquiéter tout le monde. Il étouffa maladroitement les battements douloureux et épuisés de son coeur dans sa cage thoracique et acquiesça.
- "je vais prendre le temps de réfléchir, je te le promets."
- "bien." acquiesça la blonde. "de toute façon, si tu ne le fais pas, je t'envoie rejoindre ta grand-mère. elle s'occupera de ton cas."
Un petit sourire déforma le coin des lèvres du garçon. Sa mère et sa grand-mère étaient terrifiantes quand elles s'y mettaient. Un bruit de pas effréné résonna un instant et très vite, la porte du perron s'ouvrit pour laisser apparaître Mitsuha. La petite fille sauta rapidement dans les bras de son grand-frère et s'y réfugia confortablement, un bâillement au bord des lèvres, sous le regard amusé de Temari. Le brun resserra doucement sa prise autour de la silhouette frêle et déposa son menton sur le sommet de son crâne.
- "maman, tu veux bien me raconter comment t'as rencontré papa ?" s'exclama la petite brune.
- "encore ?" lâcha la blonde, dans un petit rire.
- "oui, c'est mon histoire préférée."
Le rire de la quarantenaire résonna un instant. Elle se remit à plier le linge et commença à raconter sa première rencontre avec un certain fainéant. Shikadai décida de faire taire son cerveau pour ce soir et de simplement se concentrer sur l'histoire de sa mère et les commentaires de sa soeur. Il avait besoin de ça.
Il était sûrement temps pour lui de faire une pause.
Prochainement : Time to let go.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top