Harry's POV

Après une longue matinée de cours, j’étais allé déjeuner avec Niall. Nous avions parlé de ses parents et le sujet avait dévié sur les miens alors j’avais préféré fixer mon assiette. Je ne voulais pas parler d’eux. Ils ne réagissaient pas, ils me laissaient pourrir. Ils ne me connaissaient pas vraiment finalement. Niall avait été aimable et n’en avais pas plus demandé.

Après le repas, je lui faisais un signe de main. Il repartait chez lui tandis que je me dirigeais vers la salle où je devais être collé. Durant ce court trajet, j’en profitais pour regarder les élèves, assis dans l’herbe. Certains jouaient de la guitare et d’autres révisaient pour les examens. Ils étaient prévus pour la semaine prochaine. J’étais vraiment dans la merde. Je m’engouffrai dans la salle et je remarquais que j’étais seul en compagnie d’un homme que je ne connaissais absolument pas, sûrement un surveillant. Je posai mon sac et je sortais mes feuilles avant de commencer à faire les exercices que me tendait le type.

Alors que je venais tout juste d’écrire un mot, quelqu’un pénétra dans la pièce, je me retournais et je fus étonné de voir Louis Tomlinson s’asseoir à mes côtés. Il ne m’avait pas regardé. Il s’était affalé sur sa chaise, les bras croisés. L’homme s’excusa de devoir s’absenter quelques minutes et il décampa. Je me mettais à sérieusement faire les exercices alors que je sentais son regard sur moi.

-T’es collé pour quoi Styles ?

Je ne lui répondis pas, me contentant de gratter le papier.

-Tu peux répondre ?

En voyant que je ne répondais pas, il abandonna et il se mit à écrire après avoir poussé un soupir. Je l’observais du coin de l’œil et je me surpris à lui répondre :

-C’est la proviseure qui m’a collé comme je suis arrivé en retard en cours de maths la dernière fois.

Il hocha lentement la tête et se stoppa. Il avait visiblement « envie » de me parler puisqu’il enchaîna :

-Mon père veut que je t’aide en maths alors il a sûrement contacté ton père pour le prévenir.

J’ouvrais de grands yeux et relevais mon regard vers lui. Il blague j’espère ? Je ne compte pas passer des heures à réviser avec lui.

-C’est une blague Louis ?

-Absolument pas. Alors si tu es obligé de venir, et bien, je te propose qu’aucun de nous ne parle. Tu n’auras qu’à amener tes cours, te foutre dans un coin de ma chambre et réviser mais sans moi.

-Oui, bien sûr. Je ne comptais pas te demander de l’aide de toute évidence.

Je le vis nettement se tendre.

-Tu es bien rentré la dernière fois ? Me chuchota-t-il comme si c’était un secret.

Mes yeux devenaient des soucoupes. Là, j’étais vraiment stupéfait qu’il me pose une question comme ça. Est-ce qu’il s’inquiéterait pour moi ? Non c’est impossible. C’est Louis Tomlinson. Alors je me contentais d’un haussement d’épaules et je me mis à écrire. Il venait de comprendre que je ne répondrais plus alors il se mit à rédiger en silence et je faisais de même. Le surveillant s’incrusta dans la salle et il alla s’asseoir à son bureau. Il resta à nous surveiller, pendant quatre heures, jusqu’à 18h, sans pause, et je voyais bien qu’il était autant épuisé que nous après tout ce temps. Je lui rendis ma feuille dès que la sonnerie résonna et Louis s’empressa de faire de même avant de me rejoindre. Mais que voulait-il ? Faire le délicat Louis après tout ce qu’il m’avait fait subir ? Quelle blague. Je sortais calmement du lycée alors qu’il me suivait de près. Il avait fini par attraper mon bras et je me retournais pour lui lancer un regard noir.

-Oui ?

-Harry. Je m’excuse de t’avoir répondu la dernière fois. Je ne voulais pas te blesser. Je ne suis pas un connard à ce point. C’était juste ça. Et ça ne signifie absolument pas que j’arrêterai de te faire la misère. Juste… Ce moment là, j’ai merdé. Alors je m’excuse.

-Va te faire foutre Louis ! Lui criai-je avant de m’éloigner.

Je fronçais les sourcils et je me mettais à courir en direction de chez moi, mon sac se baladant sur mon épaule. Louis était le pire des connards et maintenant, il essayait d’être gentil, de s’excuser. Mais que croyait-il ? Que je lui fasse un grand sourire en acquiesçant puis je lui dirai gentiment : « Ne t’excuse pas, tout est de ma faute Louis, je suis un gamin ». Arrivé chez moi, je m’apprêtais à monter après m’être déchaussé mais mon père me rejoignit dans le hall.

-Ah Harry, tu tombes bien mon garçon.

Je dois avouer que ça faisait un moment que je n’avais pas adressé la parole à mon père. Enfin, depuis cette dispute, j’ignorais complètement mes parents et ça me semblait beaucoup mieux ainsi. Je le fixais silencieusement, attendant qu’il continue, ce qu’il ne tarda pas à faire :

-Le père de Louis te propose d’aller étudier avec son fils. Et comme tes résultats ne s’améliorent pas et que les examens sont dans moins d’un week-end, j’ai trouvé bon d’accepter. Sache que même après tes examens, je veux que tu continue d’aller le voir. Pour régler vos différents de manière posée mais aussi pour étudier correctement. Louis est un bon travailleur.

Il avait presque le sourire jusqu’aux oreilles. En ce moment même, j’étais tellement énervé contre ce foutu Tomlinson que ma réponse fut plus dure que je ne le pensais :

-S'il est si parfait, adopte le et jette moi chez les Tomlinson.

A mes mots, son sourire s’estompa et je vis son regard se voiler. Je m’en voulais mais une autre partie de moi me disait de ne pas m’inquiéter. J’avais suffisamment souffert pour pouvoir me permettre de lui dire ça alors qu’il n’a jamais réagis depuis trois ans.

Et sans attendre une quelconque réponse, je grimpais les escaliers puis je me réfugiais dans ma chambre. Là, je fermais la porte et je  me glissais sous mes draps, dans mon lit. Je pensais que le fait d’avoir reparlé avec Louis de cette façon ces derniers temps m’avait fait trop de mal. Comme cette « dispute » que nous venions d’avoir il y a encore quelques minutes. Louis m’a tellement fait souffrir que le simple fait qu’il m’approche me fait du mal. En fait je préfère garder cette situation. Celle où on ne se parle pas, où on se contente de rester avec nos amis et celle où il ne m’emmerde pas. Parce que si il est près de moi et qu’il tente de me parler mais de façon plus douce que d’habitude, je me referme. A chaque fois qu’il m’approche, la blessure se ravive et les souvenirs reviennent. Ils me reviennent en pleine face et me montrent qu’avant, j’étais heureux, j’étais sociable.

Louis n’était pas mon seul ami. Je parlais même à Liam. D’ailleurs, nous étions très proches. J’avais intégré l’équipe de foot du lycée mais après notre dispute, Louis m’a fait subir l’enfer et le coach ne voulait pas en entendre parler. Il était persuadé que j’inventais des choses horribles sur Louis pour qu’il soit exclu de l’équipe et que je reprenne son rôle de capitaine. Alors j’ai préféré m’en aller. Malgré ça, il m’arrive encore, quelques fois, de me glisser derrière les gradins du terrain de foot pour l’observer. Louis joue vraiment comme un dieu. Je peux vous le promettre.

Alors que je commençais à sourire comme un imbécile, j’entendis toquer à ma porte. Avant que je n’aie eu le temps de répondre, ma mère entra dans la chambre accompagnée de Niall. Ce dernier m’offrit un grand sourire. Ce sourire habituel qui le rend vraiment trop craquant. Je ne sais même pas pourquoi il est encore célibataire. Les filles devraient se jeter sur lui. Je me redressai alors que ma mère m’offrait un léger sourire. C’était les simples gestes que nous échangions. Aucun mots, juste des gestes. Niall s’était assis à côté de moi et il m’avait regardé.

-Qu’est ce que tu faisais ?

-Je réfléchissais. Et toi, qu’est ce que tu fais chez moi ?

-Je voulais passer te voir. Pour le travail de sciences. Je n’y comprends rien.

Je lâchais un petit rire en voyant son expression dépité et ajoutais :

-Je ne pourrais pas t’aider, je suis aussi nul que toi !

-Dans ce cas, je propose qu’on aille en ville et qu’on aille manger un truc.

 Je hochais la tête. Je crois vraiment que Niall m’a redonné le sourire. Il m’a rendu ne serait-ce qu’un tout petit peu plus sociable. Il n’arrête pas de me faire rire et j’aime beaucoup passer du temps avec lui et ça me fait étrange de passer autant de temps avec quelqu’un. Ca ne m’était jamais arrivé depuis Louis…