Ghandarva

Le trajet fut relativement court. Visiblement ils n'étaient pas si loin de "Ghandarva" le village des gardes forestier dont Childe avait déjà entendu parler, et qui était sans nulle doute la maison de son accompagnateur.
Tout adepte des combats et batailles qu'il était, Tartaglia ne put s'empêcher d'admirer le village suspendu et parfaitement fondu dans la nature.

Pas pour ses qualité militaires, même si il les avait aussitôt décelé, mais également pour les vertus esthétiques des maisons, il se disait qu'elle plairait sans doute à ses cadets, Teucer et Tonia auraient sûrement l'impression d'évoluer dans un décors grandeur nature des livres d'image que son grand frère lui lisait...
En a peine le temps qu'il fallait pour dire "Brutoviandu" ils étaient déjà entré dans l'enceinte du village, le chercheur sauvé par Childe le laissa à l'entrée en lui expliquant qu'il devait annoncer la venue de tout étranger à leur coordinateur, Tighnari.

L'attente était bien désagréable, balotté entre son estomac criant famine et son esprit criant batailles, le rouquin tapotait nerveusement ses bras croisés en faisant de petits ronds autour d'une barrique de bois.
Au moment où il allait envisager de s'entraîner au tir avec les toucans juchant les petites cabanes, quelqu'un marcha dans sa direction avec précipitation avant de le heurter de plein fouet.

Un tourbillon gris, un peu rouge et orange, telle avait été l'unique vision de Collei lors de sa rencontre fracassante avec une entité totalement inconnue, elle se releva aussitôt avec brusquerie, mue d'un sentiment d'urgence, faisant tomber au passage la moitié de son chargement qui avait survécu à la première collision et se précipita vers l'homme à terre.

-Excusez moi, je suis vraiment désolée je suis si maladroite, êtes vous blessé ?

Si ce flot de paroles semblait impressionnant, il était risible face à la cacophonie d'excuses, d'autoréprimande et de cris intérieur qui se bousculait dans son cerveau, la garde forestière semblait hésiter entre s'excuser pour l'éternité, disparaître sous terre, courir sans se retourner et s'assurer qu'elle n'avait commis aucun outrage de quelque sorte à son interlocuteur.
Et même en ayant seulement demandé si tout allait bien, et en s'excusant proprement, elle avait déjà l'impression d'avoir commis une erreur.

L'inconnu se releva sans dommage ou difficulté apparente, mais l'air légèrement perdu, comme si il avait été interrompu dans de profondes élucubrations, il sourit d'un air encourageant et lâcha quelques mots.

-Tout vas bien.

Son cerveau semblait déjà être passé à autre chose, et il tenait en main les quelques parchemins qui étaient tombés par terre.

Collei s'autorisa un soupir de soulagement conséquent, elle avait été rassuré par l'indifférence totale de l'autre, et même si elle le ressasserait probablement toute la semaine comme un souvenir humiliant et atroce, au moins elle pouvait maintenant s'enfuir en toute dignité.

Un détail la frappa cependant, les vêtements atypiques du Voyageur, d'où pouvaient il venir ?

La réponse à cette interrogation innocente s'imposa à elle tel un véritable cauchemars que l'on pensait totalement oublié, sous la forme d'un symbole dont elle détestait chaque aspect de tout son être apposé aux vêtements de Tartaglia.

Un son étranglé sortit de la bouche de la jeune garde qui l'avait bousculé, alors même que l'Exécuteur était repartit dans ses envies de meurtre de toucans.

Il resta ainsi stupéfait à regarder une ombre passer sur le visage de la fille aux yeux violets, ses yeux s'écarquiller, elle ne semblait pas le voir lui mais quelque chose de plus vaste,

il connaissait ce regard.

Il venait lorsque certaines personnes découvraient sa nature de fidèle de la Tsaritsa, aussi ne fut il pas davantage étonné de la voir tourner les talons et partir, elle n'aurait pas parut plus angoissée si le diable lui même avait été à ses trousses.

Le Jeune Sire lui même était bien placé pour savoir que certains de ses collègues faisaient de la concurrence au Malin.

Il ne se souciait guère de ce genre d'incidents qui se produisait régulièrement à sa vue où à celle de sa vision, ou de ses symboles fatui, mais quelque chose l'avait dérangé.
La fille était jeune, elle avait une innocence volée dans le visage qu'il cauchemardait souvent de retrouver un jour chez ses jeunes frères et sœurs, une ombre de terreur, de peine et de douleur que peu de Fatuis étaient capables d'inspirer.

Cependant il en voyait un, un qui de plus venait de Sumeru.
Il Dottore pouvait produire cet effet, oui, il était probable que cette petite archère de Sumeru ai croisé la route de ce scientifique prétendu "médecin".

Childe ne le portait guère dans son cœur, il tolérait sa présence vu la différence écrasante de puissance qu'il avait pu constater lors d'un de ses jours de zèle où il pensait pouvoir tout écraser à la force de ses entraînements et de sa soif de vaincre, aussi parce que leur allégeance à l'Archon Cryo en faisait des frères d'armes, et quelque part car il rêvait de pouvoir le défier un jour en ayant une chance.

Ses rêveries prirent fin lorsque le chercheur qu'il avait sauvé revint dans son champ de vision, accompagné de ce qui ressemblait au représentant d'une espèce endémique à Sumeru.

Le jeune homme était en tout point semblable à un humain si l'on exceptait les longues oreilles canines et soyeuses qui dépassaient de sa coupe en carré.
Le nouveau venu détailla alors Tartaglia comme si il appartenait à une espèce de champignons étrange mais intéressant, de ceux dont on se demande si le goût va nous contenter ou nous provoquer un dégoût phénoménale.

-Vous êtes de Snezhnaya. Remarqua il rapidement avant de continuer son inspection minutieuse, et celui qui a sauvé Hayyar, en tant que Brigadier Forestier je vous en suis reconnaissant. Je suis Tighnari, si vous comptez rester plus longtemps que ce soir dans le coin je vous suggère de lire le Guide de Survie en Forêt d'Avidya. Et de faire attention aux champignons.

-Vous pouvez m'appeler Tartaglia, je fais partie de la Banque du Nord, Enchanté ! Répondit rapidement le roux avec une certaine précipitatin, due sûrement autant à sa faim qu'à son envie de se battre et pas de compter fleurette à un félin.

Ce fut tout, et seulement lorsque Childe crut qu'il allait repartir, il remarqua que Tighnari n'était pas uniquement appelé de celui qui s'appelait visiblement "Hayyar", un autre personnage haut en couleur se tenait non loin, à en juger par ses habits différents par la couleur de ceux des habitants de Ghandarva, il ne devait pas venir de ce côté là de Sumeru.

-Je vous en prie Monsieur, nous serions ravis, si vous voulez vous joindre au dîner en plein air de ce soir de vous préparer certains plats exotiques....comme les Tar-tagliattelles ?

Un silence.

Long, pesant.

Lourd aussi.

Un silence soudainement brisé par un bruit étrange.

Et le temps que mit Childe pour réaliser que ce bruit était en fait un rire étouffé étouffé maximum par l'auteur de.....de la blague ?

Encore quelques secondes, et Tartaglia lui même sourit, sans y croire au début, mais happé par l'irrésistible avenement de la mauvaise blague.

L'hilarité l'avait gagné et on l'entendit bientôt rire, d'un rire clair et sincère, alors qu'il essuya une larme des yeux.

-Alors là ! Vous m'avez plié.... haha !

Et sous le regard consterné, que dis je, atterré de Tighnari, Hayyar commenca à se laisser aller d'un rire timide, tandis que son propre compagnon lui décochait un regard victorieux,

-On dirait que les gens de Snezhnaya ne sont pas insensibles à mes blagues n'est ce pas, Tighnari ?

-Probablement une réaction due à l'excès de chaleur, le différentiel de température. Cyno. Argua le lycantrope, les yeux réprobateurs.

L'hilarité pratiquement générale prit fin après beaucoup d'effort de la part du Brigadier, aidé par le chercheur redevenu sérieux, et le Sumerien à la peau sombre tendit une main amicale au Fatui. Que ce dernier serra avec reconnaissance.

-Cyno, Général Mahamatra, et fin humoriste.

Et s'en retourna définitivement accompagné de Tighnari dans la hutte d'où ils venaient, laissant l'étranger face, encore, à la présence gênée d'Hayyar.

-Et bien....commenca l'Exécuteur ne réalisant toujours pas sa chance d'être traité sans méfiance par Cyno, qu'il connaissait à travers des rapports sur certaines identités puissantes de différentes régions. Il s'attendait à un coup de lance dans les fesses et un au revoir sans nourriture ni plus de reconnaissance. Mais qui était il pour s'en plaindre ? Outre se battre à mort, Tartaglia aimait la simplicité, voyager sans être alourdit par une réputation, et pouvoir, parfois, s'accorder le luxe d'une bonne rigolade, sans s'attacher.

-Et bien ? Répéta patiemment le chercheur avec un sourire curieux et encourageant.
Voir que le Fatui était capable de rire l'avait tranquilisé sur l'excessif respect qu'il lui devait.
Quel bon nez Hayyar avait eu de ne pas avertir Tighnari que son hôte était Fatui, mais lui dire plutôt que le rouquin était ambassadeur de la Banque du Nord.

Ça existait même, ambassadeur d'une banque ?

Il aurait pu dire adieu à toute sa bonne volonté de remercier Tartaglia et ça aurait été dommage.... enfin....sûrement le Fatui le méritait il, mais n'ayant jamais mit un pied en dehors de la forêt et de ses chers vers luisants, Hayyar aurait bien été en peine de savoir au juste ce que les Snezhnayatiens avaient fait de mal.

Il savait seulement qu'ils effrayaient Collei au plus haut point. Argument suffisant dans l'unique cas où on faisait des généralité. Sûrement Tartaglia était il un gentil Fatui. Il l'avait sauvé !

En attendant le gentil Fatui reluquait les toucans avec tout sauf un air de gentil Fatui. Il lui tapota la manche.

-Peut être voulez vous manger ? Nous avons une cuisine commune, entre Chercheurs et Brigadiers, mais rien ne m'interdit de préparer à manger en avance pour un invité.

Childe hocha la tête. Perdu entre ses deux faims. Le combat et la nourriture.

-Faites donc, mais faites vite. Vous m'avez invité mais je suis plutôt pressé.

Le pauvre homme, abattu, conduisit ainsi son sauveur dans la cantine générale, il prépara avec beaucoup de difficulté un plat simple, et apporta le résultat approximatif.

Des sortes de Butter Chickens à l'allure peu reluisante, mais que son hôte dévisagea avec le même intérêt que si ils avaient étés préparés par le meilleur chef cuisinier du monde avec les ingrédients les plus fins. Il parut encore plus heureux de voir les couverts et assiettes.

-Oh par la neige de Snezhnaya enfin une région qui ne mange pas ses plats avec ces damnées baguettes !

Et il ne lui en fallut pas davantage pour se saisir de couteau, fourchette, avant d'entamer son plat avec bonne humeur.

Le chercheur avait l'air proprement ravi, enfin sa cuisine médiocre était appréciée par quelqu'un ! Il aurait voulu connaître davantage de Fatuis plutôt que ses collègues Sumériens, dédaigneux de ses plats. Enfin, puisque qu'il commençait à se faire tard, il s'empara lui aussi d'une petite assiette et dévora sa part.

Une fois le repas terminé, Childe remercia chaudement le chercheur, déclina vivement toute proposition de rester dormir et sortit du village, s'enfonçant dans la forêt, cherchant un éclair élémentaire qui lui révélerait la présence de Scaramouche, qu'il cherchait depuis maintenant quelques mois....

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