ADOLPHE :

🏅 Égalité ! Mais je penche pour "L'emmener (de force) avec eux" (je garde l'autre sous le coude au cas où ;)

PROCHAINE CIBLE :

🏅 Égalité ! Mais va pour Bernard (quoique ?)

TÉLÉPORTATION :

🏅Elle a bien réussi à téléporter Ignas... ça devrait faire non ? (Franchement vous êtes confiant ! J'aurais mis qu'elle foire perso ! ^^)

Alors que le soleil s'endeuillait à l'horizon, bercé par l'écho intemporel du désert où résonnaient encore les sanglots contenus des nomades, les survivants se regroupèrent au centre de la grande cavité.

Tout autour, les hommes des sables se perçaient la peau au moyen de petites aiguilles de cactée afin d'y insérer les points blancs en hommage à leurs défunts. Seule Sh'Aïna ne tenait pas en place, agrippée au bras du pauvre Jondo qui cherchait tant bien que mal à s'en défaire.

Dans un coin, Adolphe, toujours aussi boudeur, s'acharnait à rattacher les quelques pièces de son armure rouillée. Cette dernière paraissait désormais bien trop grande pour les frêles épaules de l'enfant. De ce laborieux spectacle, Éclair ne ratait pas une miette. Les soins de Sophos avaient rétabli parfaitement le corps meurtri de la chèvre, mais rien ne pouvait altérer son regard morne. Cette indifférence insistante ne fit qu'ajouter de l'huile sur le feu colérique du garçon. Dépossédé de ses terribles pouvoirs, l'enfant se résolut aux bases infantiles : il tira la langue. Pour seule réponse, Éclair mâchouilla dans le vide.

Dans un silence respectueux, Capella, Sagrymor et le sage-scarabée Sophos s'étaient réunis au centre de la salle pour décider de la suite de leur quête. Adolphe d'Ire avait été vaincu ce jour dans un bain de sang déplorable. Un Seigneur démoniaque en moins et donc une branche du Pentacle en moins : il en restait quatre.

Forte des informations reçues de l'Enfant-Divin, Capella éclaira ses compagnons sur l'identité et la localisation des quatre autres Démons : Micheline, Seigneuresse du Mensonge se terrait dans les marais de Bourbenoire ; Bernard d'Avarice, Seigneur de la Cupidité se délectait des richesses de Vivebrise ; Gertrude d'Orgueil, Seigneuresse de la Vanité, épiait le monde depuis le haut de sa tour culminant sur le plus haut sommet de Hautecime et Ferdinand d'Effroi, Seigneur de la Peur, hantait les plaines gelées d'Hiverternel.

Tandis qu'elle essuyait son armure et affutait sa lame, la chevaleresse partagea également avec ses compagnons ses quelques connaissances des Seigneurs. La guerrière qui avait traversé toutes les terres pour rejoindre Valvert et accomplir la prophétie avait noté des démons différents dans chaque nation. De toute évidence, chaque Seigneur possédait ses propres armées, à l'instar d'Adolphe et ses dracks.

Tout semblait faire sens et leur quête n'en devenait que plus claire. Éliminer les quatre seigneurs restants et sauver le monde.

Sophos demeurait toutefois étrangement silencieux. Ses compagnons prirent cette absence de paroles pour un malaise concernant sa nouvelle forme insectoïde, mais la raison était tout autre. Arrivé à un certain âge, on cesse d'être étonné. Pour Sophos, seul l'esprit comptait, l'enveloppe charnelle n'était qu'un fardeau. Cette réincarnation était pour lui à la fois un renouveau physique et une continuité mentale. Ce que la chenille appelle la mort, le papillon l'appelle renaissance¹.

Non, ce qui troublait le vénérable sage-scarabée était une dissonance. Une ombre sur une part de cette vérité absolue sur la situation du monde. Toutes les nations connues étaient tombées sous le joug d'un Seigneur. Toutes sauf Valvert. Pourquoi ? La présence de l'Élu avait-elle protégé cette terre ? Dans ce cas, pourquoi était-elle envahie de diablotins ? Et comment ces vicieuses créatures s'était-elles retrouvées à l'autre bout du monde en ce jour, massacrant humains et dracks aveuglément ? Le vieux sage avait l'impression tenace de manquer une information cruciale, sans parvenir à mettre la pince dessus.

Alors qu'il méditait, les deux femmes s'étaient mises d'accord : leur prochaine cible serait Bernard. Selon Sagrymor, les démons de ce Seigneur étaient les plus abordables : des hommes-hyènes dont la perfidie n'avait d'égal que leur couardise. De plus, comme ce Bernard sévissait sur les terres natales d'Ignas, c'était certainement contre ce démon en particulier que le moine disparu tenterait d'assouvir sa soif de vengeance en premier.

La décision prise, Sagrymor entreprit d'interroger la magicienne sur son fils, Adolphe. Sophos sortit de ses pensées pour porter toute son attention à cet élément qui l'intriguait tout autant.

— Comment la géniture de Capella est devenue le Seigneur Démoniaque de la Colère ? La théorie de Capella à ce sujet est que le Mal, qui doit par ailleurs se matérialiser en cette substance noirâtre qui suinta d'Adolphe lorsque Sagrymor le transperça, aspire à corrompre le Bon. Ce Mal cherche la moindre faille et s'y glisse pour extrapoler des sentiments latents.

— Vous êtes en train de me dire que votre garçon était un fou furieux en devenir et qu'une force maléfique venue d'on ne sait où n'a fait que lui donner un coup de pouce en lui mettant feu et dragons à disposition ? C'est un peu gros, non ? interrogea Sagrymor.

— Quoi de plus Bon qu'un enfant ? Quelle colère plus pure que celle d'un enfant ? C'était un sujet de prédilection. En lieu et place de ce Mal, Capella aurait fait le même choix.

— Vous dites cela comme si vous y étiez pour quelque chose... Vous et vos tours de passe-passe foireux n'avez rien à voir là-dedans à tout hasard ?

— Comment pouvez-vous remettre en cause Capella ? Si l'enfant avait obéi et accepté de faire ses devoirs, cela n'aurait certainement pas eu lieu !

Sagrymor tourna la tête vers Sophos par réflexe, avant de réaliser qu'échanger un regard avec un scarabée ne serait pas chose aisée. Elle jura néanmoins déceler dans les petites billes noires, une lueur qu'elle interpréta comme de la surprise partagée.

— Ce gosse est devenu Seigneur Démoniaque... parce que... pour des devoirs ? articula avec peine une chevaleresse incrédule.

— Rien d'audacieux n'existe sans la désobéissance à des règles ², siffla l'infime voix de Sophos.

Sagrymor pesta. Audacité son œil oui ! Un foutu démon pour une histoire d'écolier rebelle des plus banal en proie à une mère déconnectée de toute réalité... En observant le gamin qui jetait ses épaulières à la face de la biquette toujours aussi impassible, la chevaleresse se laissa aller à penser que si les autres Seigneurs étaient du même acabit, le sort se jouait vraiment d'elle et de l'humanité toute entière.

***

Les compagnons prirent quelques instants pour faire leurs adieux aux nomades.

Ces derniers ne saisissaient pas trop où ces êtres étranges, porteurs de bonheurs et de malheurs, souhaitaient partir à heure si tardive, mais ne firent rien pour s'y opposer. Sagrymor menaça, plus qu'elle ne demanda, Jondo d'extraire une grande quantité de navets de son tablier et de l'eau pour remplir les cruches. Sophos avait bien proposé de rester pour recharger le puits, mais les nomades s'empressèrent de refuser. Les séquelles de l'incident alcoolique étaient encore tenaces dans leurs cervelles embrumées et l'endroit était désormais trop souillé par le sang et la mort : la tribu avait décidé de se mettre en route pour une autre mésa avant les premières lueurs de l'aube.

Capella empoigna sans aucune difficulté son fils qui pestait et s'agitait en tous sens. Il avait certes perdu ses pouvoirs démoniaques, mais sa langue n'avait rien oublié de sa malice. Certains blasphèmes écorchèrent les chastes oreilles de la chevaleresse, tandis que Jondo pouffait d'amusement.

Alors que les compagnons se joignirent les mains au centre de la grotte pour amorcer la téléportation, une seule nomade ne resta pas à distance. Tandis que toute la tribu était interloquée quant au fait que ces étrangers disent un instant au revoir pour se regrouper l'instant d'après à l'opposé de la sortie naturelle de la mésa, une femme se collait à eux telle une tique.

Sh'Aïna continuait de batifoler sans relâche autour de Jondo, pour son plus grand agacement. Les autres nomades avaient bien cherché à retenir la chasseuse, mais rien n'y faisait. Sa tribu ne reconnaissait plus la fière guerrière au tempérament glacial et tranchant comme le vent nocturne du désert.

Alors que Capella entamait son incantation et que Jondo repoussait à nouveau les assauts de la jeune femme, Sophos s'enquit :

— Les pouvoirs de notre cher Jondo sont ma foi bien particuliers. Avez-vous déjà assisté à pareille démonstration par le passé ?

Sagrymor et Jondo échangèrent un regard. La chevaleresse s'étonna de ne pas y avoir songé plus tôt ! Les yeux surpris de Jondo semblaient suggérer qu'il en était arrivé à la même réflexion : Bien qu'en cœur, leurs réponses n'auraient pu être plus différentes : « Non ! » fit l'un, « Aska ! » fit l'autre.

¹ citation de Violette Lebon

² citation de Jean Cocteau

Le prochain chapitre sera particulier, car on va retrouver des personnages du passé : Aska et le Maudit ! Le chapitre est en réalité déjà presque écrit mais ne me convient pas, donc à vous de jouer !

ASKA & LE MAUDIT :

(pour rappel : Aska avait été abandonnée ensevelie sous le temple détruit de Sophos et Ignas. On avait apprit qu'Ignas faisait partie de la même tribu qu'elle autrefois. Sagrymor pense pourtant l'avoir aperçu dans la forêt à l'extérieur de la grotte du Maudit d'où ils ont été transportés jusqu'à Rougedune.)

1. Désespérée de ne pas voir Jondo ressortir de la grotte du Maudit, Aska brave les interdits et entre. Que va-t-il se passer ?

2. Choix proposé(s) par les lecteurs (si vous proposez un autre choix un minimum cohérent dans l'histoire, je le rajouterai ici)

TALION :

(pour rappel, le canasson de Sagrymor avait fuit alors que l'orage retentissait et que la troupe s'apprêtait à partir pour Rougedune)

A. La brave monture de Sagrymor a été tué par les Maraudeurs.

B. Talion a disparu. Voilà, on s'en fout.

C. Aska l'a récupéré et le ramène au Maudit en échange de pouvoir rejoindre Jondo

D. Choix proposé(s) par les lecteurs (si vous proposez un autre choix un minimum cohérent dans l'histoire, je le rajouterai ici)

Le prochain chapitre devrait être publié début juillet !