Chapitre XIII - Messes basses

Votes : 13

🏅 Si le nombre de votes se termine par 3, un conflit va éclater entre les personnages de manière plus ou moins violente.

Choix des lecteurs :

🏅 (Proposée par DanielleLikhana) Le Maudit devine la quête.

Finalement, comme ça collait bien avec le nombre de votes (13), j'ai aussi conservé celui-ci :

🏅 (Proposée par nelle_ousson ) une dispute éclate entre les compagnons pour savoir s'ils doivent mettre le Maudit dans la confidence (sauf Jondo qui s'en fout)

🏅 Le Maudit va les prendre en sympathie et va les aider.

Enfin, pour la proposition libre sur qui est le Maudit, j'ai vraiment eu du mal ! Vos propositions étaient toutes géniales, si bien que je n'ai pas vraiment su choisir et encore moins les inclure comme il se doit ^^' Je suis donc parti sur un genre de mix des propositions de BeatriceLuminetdupuy et Daxiiaa :

(BeatriceLuminetdupuy) Il s'agit d'un ancien chevalier, qui pour sauver d'innocents novices du temple s'est compromis avec un adorateur du mal, Sophos était l'un des novices.

(Daxiiaa) Le maudit c'est Jondo mais en raté. Les Dieux ont lancé leur pouvoir mais ils n'avaient pas vu le maudit qui était dans les parages. Il s'est pris le boomerang dans la tronche, donc que le côté négatif de leur pouvoir vu qu'il n'a pas été touché directement et les moines ne pouvaient donc pas l'aider vu que c'était de l'ordre du divin

Désolé LuizEsc et AdrianMestre75, je n'ai pas réussi à exploiter vos idées qui étaient bien déjantées XD

Autour du feu, un silence troublé régnait.

De l'autre côté du foyer, impassible, le Maudit les lorgnait d'un œil noir au travers de son masque qui ne laissait filtrer aucune émotion. Il était habillé légèrement : une sorte de pagne de tissus agglomérés et un tablier de cueillette démesuré qui trainait à ses pieds. De ce fait, Sagrymor eut tout le loisir de remarquer à quel point il était décharné. Ses vieux muscles et tendons saillaient sous sa peau à chacun de ses mouvements. Une maigreur qui n'était pas sans rappeler les diablotins qui infestaient ces terres. Cette pensée lui causa un frisson irrépressible.

Le Maudit souleva tout juste son masque de bois pour mettre quelque chose à sa bouche. Sagrymor eut à peine le temps d'apercevoir un orifice dénué de lèvres, que déjà le masque était rabaissé.

– L'accoutumance n'est qu'une fuite permanente. Je vois que vos habitudes restent tenaces, fit Sophos d'un ton plein de reproches.

– Je vois que tu te mêles toujours autant de ce qui te regarde pas, gamin ! claqua le Maudit du tac au tac.

Sophos secoua la tête en soupirant. Le Maudit reporta son attention sur la chevalière. Perdues au fond de leurs orbites de bois, les billes noires la sondaient de part en part. Pourtant bien à l'abri dans son armure, elle se sentit mise à nue et ne put réprimer un nouveau tressaillement de gêne. Embarras qui ne fut en rien arrangé par une épaisse glaire que le Maudit éructa à ses pieds, sans jamais la quitter des yeux. Ignas s'était penché vers son maester pour lui souffler quelques mots au creux de l'oreille. Ne parvenant plus à soutenir le regard du petit être, Sagrymor s'empressa de prendre part aux messes basses qui se tenaient entre les deux moines.

– Maester, vous n'y songez pas. Nous ne pouvons faire confiance à... cette chose !

– Tu ne sais pas ce que tu dis, mon jeune disciple. On ne juge pas un livre à sa couverture ! Je suis persuadé qu'il reste du bon en lui.

– Nous avons assez d'ennuis comme ça, inutile de nous en rajouter !

– Raison de plus pour demander l'aide d'une personne qui a le pouvoir d'influencer nos problèmes. Même une petite aide fait grand bien¹ !

– Son seul pouvoir est de se défoncer, vous le savez aussi bien que moi !

– Mais de quoi parlez-vous, bon sang ? intervint Sagrymor.

– La vérité est le fondement de l'amitié. Ma chère, je pense qu'il est temps que nous vous donnions quelques indications sur notre hôte...

***

Il n'aimait pas ça. Pourquoi avait-il accepté de les accueillir ? Il ne leur devait rien. Absolument rien.

Alors qu'il les contemplait chuchoter de l'autre côté du feu, le Maudit triturait un champignon dans la grande poche centrale de son tablier. De ses longs ongles, il en coupa un morceau. Il releva à peine son masque et déposa le fragment sur sa langue qui en salivait d'avance. Cela le calmerait un tant soit peu.

Les avoir ici, chez lui, le rendait nerveux. Il ne voulait plus rien avoir à faire avec ces gens, ces créatures du dehors. Voilà longtemps qu'il avait renié son humanité, alors à quoi bon les côtoyer ? Il savait pertinemment de quoi ils discutaient à voix basse, mais il s'amusait de les voir se quereller entre eux. Devaient-ils lui dire ou ne pas lui dire ? Ha ! Qu'il est bon de perdre son temps quand il nous est compté ! Bande d'abrutis, songea-t-il.

C'était donc eux l'équipe de bras cassés qui avait été choisie ? Qu'ils avaient fière allure ! Cette quête divine leur seyait tellement bien. Une chevalière de l'Aube et deux moines de Phylae. Les ambassadeurs de la Justice et de la Protection pour sauver l'humanité et les Dieux. Ou était-ce les Dieux et éventuellement l'humanité ? Le Maudit ne retint pas son sourire ironique.

Ce qui l'intriguait davantage, c'était ce type qui ne payait pas de mine à leurs côtés. Il avait beau le scruter, il ne percevait rien. Un vide sidéral comme jamais il n'en avait sondé. L'homme semblait d'ailleurs tout aussi imperméable à son regard, se permettant de l'ignorer tout comme il ignorait les messes basses de ses acolytes. Les yeux du jeune crasseux balayaient les étalages du Maudit. Il ne manifestait pas de curiosité particulière. Ni intérêt, ni quoique ce soit à vrai dire. Il se contentait d'observer.

Le champignon commençait à faire effet. Le Maudit se sentait déjà plus décontracté. Il en profita pour se rapprocher du fermier qui se tenait bien à l'écart des autres.

– Ça t'intéresse mes bricoles ? fit-il en désignant les statuettes que l'homme reluquait.

– Bof.

– Mouais, t'as raison, je suis nul en sculpture.

Les deux restèrent un moment à observer les effigies approximatives d'animaux.

– Qu'est-ce tu fous avec ces guignols toi ?

– J'ai po eu b'en l'choix. J'suis « Élu »..., dit Jondo en lui montrant l'heptagramme sur sa main droite.

Le Maudit écarquilla les yeux sous son masque et lâcha un long sifflement.

– Ah oui, quand même ! Bah mon pauvre... je suis navré.

– Moi j'suis Jondo.

– Enchanté.

– J'veux ben, mais j'chante mal.

– Alors t'embête pas va.

À nouveau un silence. Jondo laissa son regard dériver sur les crânes de rats et autres bouquets de feuilles desséchés entreposés. Le Maudit, tête relevée, dévisageait le fermier.

– T'as rien compris à ce qui t'arrive en fait hein ?

– Ah non ça !

– C'est vraiment des cons ces dieux...

Le Maudit cracha. Ne sachant trop comment répondre à ça, Jondo l'imita et éructa à son tour. Le Maudit sourit.

– Je t'aime bien toi. J'arrive pas à voir ce qui t'attend, mais j'espère que tu t'en tireras.

Jondo se contenta d'afficher son plus franc sourire niais. Le Maudit sembla hésiter et finit par dire :

– Tu sais quoi ? Tiens, je vais te filer ça. Mets-le.

Il souleva son tablier et le passa par-dessus sa tête. Jondo s'en empara et obtempéra sans chercher à comprendre.

– T'veux-tu que j'te fricote une p'tite soupelette d'navets ?

– Avec plaisir, mais une autre fois. C'est pas vraiment un tablier de cuisine que je te donne là. Tiens, vas-y : mets ta main dans la poche de devant.

À nouveau, Jondo s'exécuta sans rechigner. Le petit bonhomme masqué était bizarre, mais au moins il comprenait ce qu'il disait. Ça lui changeait de la chevalière et les deux moines qui cherchaient toujours à faire des phrases compliquées.

– Bien. Maintenant, ferme les yeux et pense à ce que tu désires le plus, là tout de suite.

La main dans la poche, Jondo ferma les yeux et se concentra sur ce qu'il lui faisait envie. Il sentit soudain quelque chose au creux de sa paume. Instinctivement, il ferma les doigts sur la forme arrondie et retira sa main. Sous ses yeux ébahis, un magnifique navet jaune au galbe parfait, signe d'une chair tendre.

– Un navet ? T'es pas banal toi ! s'esclaffa le Maudit.

Pour la première fois depuis des siècles, il rit. Pas un ricanement narquois, mais un vrai rire franc, sincère et incontrôlable.

– Excellent ! Bon t'as compris le truc hein ?

Jondo n'était pas vraiment sûr, mais hocha tout de même la tête.

– Bien. Maintenant, allons interrompre nos babillards là, avant qu'ils ne s'entretuent.

***

– ... du maester, du maester, du maester, de mon maester. À moins que... non je crois que j'en ai omis un...

Sophos avait le regard perdu dans le feu et huit doigts levés, avec un neuvième qui semblait hésiter à rejoindre les autres.

– Sophos ! On s'en fout ! C'est votre supérieur et il est très vieux, d'accord, j'ai compris. Mais pourquoi ? souffla Sagrymor.

– Oui, oui très chère. Très vieux en effet. Plusieurs siècles à vrai dire ! Avez-vous entendu parler de la Peste Rouge, chevalière ?

Sagrymor fut surprise du détournement de sujet. Elle réfléchit néanmoins un instant, fouillant dans sa mémoire tout ce qu'on avait pu lui inculquer à ce sujet.

– Vaguement oui. Une affreuse affection d'antan de ce que j'ai compris. Cela aurait ravagé Valvert ainsi qu'une partie de Vivebrise et Hautecime non ?

– C'est cela, tout à fait. La maladie est le fléau invisible de l'homme. Cette peste là fut si terrible qu'elle frappa des cités entières. Dans notre Ordre, même nos confrères les plus émérites ne furent de taille pour y résister. Tous sauf un, conclut Sophos en désignant le Maudit.

Sagrymor tourna la tête vers le petit être qui discutait un peu plus loin avec Jondo.

– Ce petit bonhomme a trouvé le moyen de guérir ça ? chuchota-t-elle, incrédule.

– Oui, l'habit ne fait pas le moine ! Cela peut paraitre difficile à croire en le voyant ainsi, mais ce fut autrefois un prêtre émérite. Il a sacrifié sa vitalité toute entière pour diffuser son soin à travers tout le territoire. D'où, certainement, son apparence décharnée actuelle. Pour le féliciter de sa prouesse, notre déesse Phylae elle-même le gratifia du don d'immortalité.

– Je n'ai jamais entendu parler d'un quelconque remède à la Peste Rouge.

– Sûrement en raison du fait qu'il n'existe pas... répondit tristement Sophos.

Devant le regard incompréhensif de la chevalière, Ignas enchérit. De son lourd accent de l'est, il exposa le fait que le soin fournit par le Maudit n'avait été que temporaire. Il n'avait fait qu'endormir l'affection. Au bout de quelques nuits, le mal était réapparut, ses forces décuplées. En l'espace d'une nuit, la moitié de Valvert fut décimée et une bonne partie des terres voisines. La suite, tout le monde la connaissait : la Guerre Noire des Cent et Une Lunes. Une guerre qui avait laissé autant de vestiges sur les terres que de cauchemars dans les mémoires. Encore à ce jour, les rancunes liées à cette ère de barbarie étaient tenaces.

Les trois compères restèrent un instant silencieux, la tête abaissée par la charge de ce sombre passif.

– Il n'y a de pire blessure que celle que l'on s'inflige, fit Sophos comme pour conclure cette parenthèse de recueillement. Le coup fut dur pour lui, vous imaginez bien. Ce fut également une source de honte pour notre Ordre, qui préféra occulter la responsabilité de l'un des leurs dans ce désastre. Notre temple isolé, que ce cher Jondo a fini de saccager ce jour, fut érigé à cette époque. À la fois sanctuaire et prison en quelque sorte pour celui qu'on surnommait déjà le « Maudit ».

Alors que l'écho de la pluie résonna au loin, Sophos poursuivit avec une véritable émotion dans son chuchotement.

– Rien n'est plus pesant pour l'âme que la culpabilité et bien malheureusement, la quiétude ne peut chasser de tels tourments. Lorsque je suis arrivé au temple, cela faisait déjà des années qu'il vivait en reclus dans cette grotte. On m'a rapporté qu'il avait maintes fois cherché à s'ôter la vie, en vain. L'immortalité est un fardeau pour celui qui ne souhaite que la mort. Il perdit la foi et trouva un réconfort précaire dans la consommation de champignons hallucinogènes qui pullulent dans la région.

– Désormais, il ne vient nous rendre visite que lorsqu'il est totalement inhibé, juste pour insulter l'effigie de notre Déesse, conclut Ignas.

La chevalière écouta le récit avec attention. Elle chercha dans les expressions des moines un signe d'ironie, mais n'en décela aucun. Tout était vrai.

– Vous allez me dire que vous hésitez sérieusement à divulguer l'objet de notre quête, notre mission divine, dernier recours de l'humanité, à un troglodyte qui se défonce aux champignons ?

Sophos soupira.

– Au pays des désillusions, celui qui voit l'invisible est roi. Ce sont ces mêmes champignons qui le dotent désormais de certains pouvoirs mystiques et j'ai la conviction qu'ils pourraient nous être d'un grand secours dans notre quête. 

– Depuis quand est-ce « notre » quête ? fit Sagrymor, interloquée.

– Maester, je l'ai déjà vu pisser au pied de notre statue sacrée sous l'effet de ces champignons !

– Vous êtes jeunes, la jeunesse ne sait rien de la souffrance !

– Avec tout le respect que je vous dois, Sophos, je pense que votre scarifié et moi en connaissons un bout de rayon de plus que vous sur la souffrance !

– Ne soyez pas insolente, chevalière ! Vous autres adorateurs de Virtae manquez tellement d'empathie ! 

– Il n'est pas question d'empathie, Maester ! Non, mais regardez-le, sa gloire passée est révolue !

Ignas choisit ce moment pour désigner un Maudit qui se dénudait de son tablier, révélant ainsi son magnifique pagne aux tâches suspectes.

– De tous, il me semblait qu'au moins toi serais sensible au concept de rédemption, Ignas !

– Sophos ! Avec tout le respect que je vous dois, si vous lui dites quoi que ce soit, je me fiche que vous soyez mon aîné, j'en viendrais aux mains !

Alors que la chevalière levait la main en intimidation, la voix criarde du Maudit résonna à travers la grotte, amplifiée par le soudain éclat de l'orage dehors :

– Taisez-vous !

Sagrymor resta comme pétrifiée, le bras suspendu. Tous se tournèrent vers le Maudit.

– Je sais tout, inutile de vous battre.

– Jondo, pauvre écervelé ! Qu'est-ce que vous êtes encore allé déblatérer ? s'énerva Sagrymor.

Elle avança vers le fermier, portant par réflexe la main à son épée.

– Si vous touchez à ce garçon, vous aurez affaire à moi, chevalière !

Sur ces mots, un courant d'air s'engouffra dans la grande cavité et fit vaciller le feu central. La danse des flammes amplifia l'ombre du Maudit. Elle se profila jusqu'au plafond, tel un géant obscur prêt à tout dévorer. La chevalière ramena son bras contre sa taille et se recroquevilla légèrement.

– Il ne m'a rien dit que je ne sache déjà.

Derrière son masque, son regard transperçait jusqu'à l'âme des trois comparses. Inconsciemment, ils se rapprochèrent les uns des autres, frissonnant d'un malaise commun.

– J'emmerde les Dieux, mais j'emmerde plus encore les Démons. Et j'ai toujours une dette envers l'humanité, il dit cette dernière phrase si bas qu'on eut dit le bruit du vent. C'est d'accord, je vais vous aider.

Les compagnons lâchèrent un soupir de soulagement. Ils ne s'étaient même pas aperçus qu'ils retenaient leur souffle.

– Tu as raison, Sophos. Capella est votre meilleure option, commenta le Maudit comme s'il lisait l'esprit du moine.

– Vous connaissez cette Capella ? bégaya Ignas étonné.

– Le cercle des immortels est assez limité, donc oui.

– Alors tu sais que Capella se trouve à l'autre bout du monde, dans les sables de Rougedune, enchaina Sophos. Jamais nous ne pourrons l'atteindre à temps. Courir contre le temps c'est nager à contre-courant. Ne peux-tu pas utiliser tes pouvoirs sur notre jeune ami ? Nous rapporter ce qu'Elpos lui dicte dans ses songes ?

– Non. Je sais pas ce que les Dieux lui ont fichu, mais je n'arrive pas du tout à sonder ce garçon.

– Alors nous sommes damnés, conclut Sagrymor.

– Cesses ton mélodrame gamine, cingla le Maudit. J'ai dit que j'allais vous aider, non ? Vous êtes tous si dépendants de vos Dieux que vous en oubliez les forces qui vous entourent. Vous n'êtes qu'une bande de porcins aveugles agglutinés aux mamelles de vos truies, sans voir le festin étalé autour de vous.

– Ouah ! Ça, c'est-y b'en un foutu blasphème, hein Sacrémort ?

Le Maudit rit de nouveau. Sagrymor, quant à elle, lança un regard noir à Jondo qui caressait distraitement Éclair. 

Éclair ?

– Comment elle est arrivée là, elle ?

Jondo baissa les yeux et parut aussi surpris que la chevalière. Sans attendre de réponse, cette dernière se précipita vers les escaliers. Au pas de course, elle regagna l'alcôve naturelle à l'entrée du tunnel : le tronc en travers était brisé. Talion avait disparu.

Sagrymor retint un juron alors qu'un nouveau coup de tonnerre retentit. L'orage, bien sûr ! Foutu froussard qui en avait toujours eu la trouille ! Le son amplifié contre la roche avait dû le faire paniquer au point qu'il en avait rompu son attache.

La chevalière gagna la bouche de la grotte. Sondant l'obscurité, elle hurla dans la nuit pluvieuse le nom de son destrier. Le cri fut noyé dans le grondement des cieux déchainés. Ignas et Jondo la rejoignirent au pas de course.

– Je dois le retrouver.

– Vous n'y songez pas ? Dans cette noirceur, la seule chose que vous trouverez c'est la mort au bout d'une lame maraudeuse, fit Ignas en la retenant par le bras.

– Qu'est-ce qu'une chevalière sans cheval ?

– Du lierre, tenta Jondo comme s'il essayait de résoudre une énigme.

Personne ne releva. Un éclair zébra la pénombre et inonda la falaise de sa lumière éphémère. Sagrymor se figea.

Dans cette brève parenthèse illuminée, elle aurait juré avoir vu le visage d'Aska, là devant, au milieu des fourrés. Dubitative, la chevalière se laissa tirer en arrière au moment où une flèche siffla à ses oreilles pour finir éclatée contre la pierre.

À l'abri dans le tunnel, le Maudit vint à son encontre. Il sauta sur un rocher et sans crier gare lui décrocha une claque en travers de la figure.

– Ressaisis-toi, chevalière ! Si ton canasson est vivant, je le retrouverai. En attendant, tu as une quête à accomplir. Le temps presse comme tu aimes tant le rappeler ! Venez tous, maintenant !

Abasourdie, Sagrymor ne chercha plus à résister. Tel un chien grondé par son maitre, elle suivit Ignas qui la traina à la suite du Maudit. Ensemble ils traversèrent la grande salle, passèrent le feu et s'aventurèrent entre les échafauds de bois. En chemin, le Maudit s'empara de fioles irisées, de plantes biscornues et autres pierres scintillantes.

Ils talonnèrent le petit être à travers un étroit tunnel qui déboucha sur une cavité plus confinée. Au centre, un lac naturel dont l'eau cristalline était aussi lisse que la surface d'un miroir. Là où la grande salle n'était que feu, ombres et capharnaüm, cette salle en était tout l'opposé. Le doux reflet de l'eau sur les parois rocheuses venait bercer le silence religieux de ce sanctuaire souterrain.

– On souffre de ne pas comprendre, on ne souffre pas de ne pas savoir. Pourquoi nous amener ici, Maester ?, fit Sophos.

Sans une once de respect pour la quiétude presque sacrée du lieu, le Maudit jeta tout ce qu'il avait ramassé dans l'eau. Une fumée s'en échappa en un sifflement strident et un tourbillon se forma au centre de l'étendue. L'angoisse doucha les compagnons alors que le siphon rugissait contre la pierre.

– T'occupes et plonges gamin. J'ai dit que j'allais vous aider non ?


¹ citation de Germaine Guèvremont

² citation de Robert Hollier

Voici les choix pour le prochain chapitre :

• Que font-ils?

1. Ils ne sautent pas et vont tenter leur chance face aux maraudeurs dans la nuit.

2. Ils jettent le Maudit dedans et se cassent (puis comme le 1.)

3. Ils jettent le Maudit dedans et sautent à leur tour.

4. Ils sautent.

5. (Proposée par DanielleLikhana) Jondo a une confiance aveugle en le Maudit, il saute sans hésiter. Sagrymor s'énerve mais elle et les autres n'ont plus le choix que de sauter.

6. Choix proposé(s) par les lecteurs (si vous proposez un autre choix un minimum cohérent dans l'histoire, je le rajouterai ici)

• S'ils sautent :

A. Ils émergent dans un oasis en plein désert de Rougedune.

B. Ils émergent au fond d'un puit dans un modeste village de Rougedune.

C. Ils émergent dans les bassins d'un palais abandonné de Rougedune.

D. Le Maudit est trop perché et les fait émerger ailleurs (dites-moi où !)

E. (Proposée par Garnath) Ils débouchent en plein désert, au milieu de nulle part

F. Choix proposé(s) par les lecteurs (si vous proposez un autre choix un minimum cohérent dans l'histoire, je le rajouterai ici)

Fin des votes dimanche 22/11/2020 à 22h (UTC +2). Chapitre suivant le 25/11 au plus tard.

À vos votes !

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