Chapitre VIII - En un tour de main

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🏅 Si le nombre de votes se termine par 4, rebondissement ! Il va se passer quelque chose qu'on avait (littéralement) pas vu venir !

Choix des lecteurs :

🏅 SAGRYMOR : tente de calmer la Maraudeuse par la parole, bien qu'elle ne semble pas parler la même langue.

🏅 JONDO : (proposée par Chapent) Jondo râle et essaye de simplement contourner la Maraudeuse.

Le temps sembla s'étirer entre les branches des arbres tout autour. Seul le bruissement de feuilles, perturbées par une petite brise, résonnait dans l'éternité.

Sagrymor n'entendait que le battement de son cœur tel un tambour contre ses tympans. Tous ses muscles étaient tendus, n'attendant que le signal pour se mettre en action.

Face à elle, la maraudeuse la dévisageait sans ciller. D'épaisses gouttes de sueur perlaient sur son visage blême. Une inhalation saccadée. Un léger tremblement dans le poignet tenant l'arbalète de poing. Il n'en fallut pas plus pour convaincre la chevalière : cette fille était malade.

Elle avait donc été abandonnée par les siens, ou du moins n'allait pas tarder à l'être. Il restait la possibilité que les membres de son clan ne soient pas encore informés de sa maladie. Dans ce cas, ils ne seraient pas bien loin.

Doucement, elle ouvrit les mains, en signe d'apaisement.

— Tout va bien, petite. Nous ne vous voulons aucun mal, susurra-t-elle, cherchant au fond d'elle sa voix la plus maternelle.

Malgré sa douceur, la jeune scarifiée se tendit. Son doigt se resserra davantage sur la gâchette de son arme.

— Aizveri ! Mest sav irocus !

Pris en étau entre les deux femmes, avec une Éclair hagarde pour seule compagnie, Jondo observa la maraudeuse.

— J'pige que dalle à qu'est-ce c'est qu'elle bagoule celle-là-ci !

— Ah vous ! C'est pas le moment, lui souffla la chevalière agacée.

Jondo l'ignora et interpella la jeune femme.

— Eh clodotte ! Faut que t'y articules c'que tu bavasses, faute d'quoi on capte que tchi nous aut' là !

— Mais fermez-la bon sang !

— Non mais ça va b'en quoi ! C'est qu'j'ai po qu'ça à faire moi là ! J'ai l'monde à sauver à c'qui parait-il et mes navets qui m'attendent !

En pestant, il fit deux pas en avant. La maraudeuse et Sagrymor se mirent à crier chacune plus forte que l'autre.

— D'puis l'aut' jour, y'a l'ciel m'tombe sur l'coin d'la gueule. L'aut' brutasse là en armure me r'fait l'protrait à coup d'mandales. Des bestioles vertes tout' moches veulent m'gnaquer l'bradillon. Pis un mioche-dieu-d'j'sais-po-quoi m'menace de m'fout' en l'air mon champ ! Alors, foutredieux, c'po la première gueuse des fourrés qu'va v'nir m'conchier !

Les deux femmes hurlaient à présent, mais le paysan n'en avait que faire. Il poursuivit son monologue et son avancée. Il n'était plus qu'à quelques pas de la maraudeuse aux yeux striés de veines ensanglantées.

Un déclic retentit dans la cacophonie de cris. Un bruit sourd d'impact et tout s'arrêta.

Tout, sauf Jondo. Le fermier continuait d'avancer l'air de rien. Il ne semblait même pas avoir senti le carreau dont la pointe perçait désormais à l'arrière de son épaule. La maraudeuse l'observa incrédule, alors qu'il guidait sa chèvre juste à côté d'elle. Elle se tourna vers la chevalière, dont la mâchoire était restée entrouverte. Les deux femmes échangèrent un bref regard d'incompréhension, bercé par les ruminements du paysan qui poursuivait son chemin.

Sagrymor réagit la première et tira son épée. Malgré sa célérité, elle n'eut pas le temps de faire trois pas, que la maraudeuse était déjà sur Jondo, une dague pressée contre sa gorge.

— Mais qu'... commença Jondo, avant de reporter son regard sur le trait d'arbalète fiché dans son épaule. Elle m'a tirée d'ssus ! C'te balafrée des bois m'a planté ! J'm'en vais crever !

— Taisez-vous, imbécile ! Si elle avait voulu vous tuer, elle l'aurait déjà fait.

Sagrymor en avait désormais la certitude. Elle s'était demandée pourquoi la maraudeuse ne les avait pas tout simplement tués à vue, lorsqu'elle était bien à l'abri dans ses broussailles. Voilà que maintenant, à bout portant, elle n'avait pas pu tuer Jondo. Un raté qui ne pouvait être que volontaire. Elle avait besoin d'eux.

La chevalière laissa tomber son épée au sol et en écartant les mains, elle inclina légèrement la tête.

— Que voulez-vous ? articula-t-elle lentement.

— Vinu ! Dziedin ma ! répondit la jeune scarifiée en désignant Jondo d'un coup de menton, et en se frappant rapidement la poitrine de sa main libre.

Devant l'incompréhension visible de la chevalière, la maraudeuse saisit le poignet droit de Jondo et le leva bien haut. L'heptagramme était flagrant dans la paume du paysan.

— Dziedin !

Sagrymor comprit enfin. L'étoile à sept branches, symbole des dieux. La fille malade. L'accoutrement modeste de Jondo. Le fermier qui accompagnait la chevalière en armure des Chevaliers de l'Aube Rouge Écarlate, dont l'emblème n'était autre que celui de la déesse Virtae. Même la visière de Sagrymor reprenait ce symbole : une ligne droite surplombée d'un demi-cercle aux sept rayons. Le soleil levant qui représentait la Justice, la Vérité, l'Honneur et le Respect. Il ne manquait à Jondo que l'emblème de la déesse Phylae, deux mains en coupe autour d'une sphère, pour parfaire l'illusion : la maraudeuse prenait Jondo pour un disciple de la déesse de la Guérison, de l'Endurance, de la Prudence et de la Protection.

Il est vrai qu'il n'était pas rare autrefois pour les prêtres de Phylae d'assister les Chevaliers de l'Aube lors de quêtes périlleuses.

L'ironie était trop belle. Eux qui cherchaient un temple retiré de Phylae pour y être soigné, se faisaient méprendre pour des alliés de cette même déesse. La jeune sacrifiée voulait être soignée ! Sagrymor secoua la tête et retint un petit rire.

Évidemment, la maraudeuse ne pouvait voir l'ampleur des blessures dissimulées sous son armure. Autrement, elle aurait vite compris que Jondo n'était pas soigneur. C'était d'autant plus amusant, que le visage violacé du fermier n'avait pas choqué la maraudeuse. La jeune femme avait dû croire qu'il s'agissait là de son aspect normal !

— Écoutez-moi bien Jondo, annonça-t-elle calmement sans détourner le regard de la scarifiée. En douceur, vous allez poser votre main droite sur le front de cette femme. Vous allez fermer les yeux et marmonner quelques mots au hasard. Compris ?

— Pourquoi-ce faire ?

— Ne discutez pas Jondo.

Le paysan obtempéra. La dague se fit plus pressante lorsqu'il commença à amener sa main vers le front de la maraudeuse. Cette dernière relâcha finalement la pression, permettant à Jondo de se retourner pour faire face à la jeune femme. Elle gardait la gorge du fermier en joue de sa lame. Déblatérant une série de sons désarticulés, la glotte de Jondo venait titiller la pointe à chaque va-et-vient.

Désormais cachée par Jondo, Sagrymor se baissa pour ramasser son arme. Sans bruit, elle avança dans le dos du paysan. Elle leva son bras, prête à frapper.

C'est alors qu'une vive lumière bleue jaillit de la main de Jondo. La maraudeuse en eut le souffle coupé. Sagrymor s'arrêta net. La semi-pénombre des sous-bois se retira en un instant. Terre, troncs et feuilles, en instant, tout fut noyé dans une lueur azurée.

Sous le halo bleuté, la peau de la jeune fille se vivifiait à vue d'œil. La sueur s'asséchait, ses traits se relâchèrent. Ébahie, Sagrymor vint se placer aux côtés de Jondo. Levant les yeux vers son visage, elle le vit les yeux fermés, comme elle le lui avait ordonné. Toutefois tous ses traits étaient tordus. Son teint tanné semblait se diluer par tous ses pores. Là où la maraudeuse se détendait clairement, le fermier lui se contractait.

Un sourire fendit le visage de la maraudeuse, et bientôt un rire s'échappa de ses lèvres. Tous ses muscles se décontractèrent, la dague tomba au sol. De son côté, Jondo avait des larmes qui perlaient aux coins des yeux. Il était désormais aussi blanc qu'un cadavre. Sa sueur se mêlait aux larmes.

Sans plus attendre, Sagrymor abaissa le pommeau de son épée sur le crâne de la maraudeuse qui s'écroula. La lumière bleue s'évanouit aussitôt et Jondo s'effondra à son tour.

La chevalière resta un moment debout devant les deux corps, essayant de faire sens à ce qui venait de se passer. Ses yeux faisaient des allers-retours entre la fille souriante qui semblait dormir paisiblement et Jondo, larmoyant, qui respirait avec peine et grelottait comme un nouveau-né.

Bien que sous le choc, elle n'en perdait néanmoins pas son instinct de survie. Si le clan de cette maraudeuse était dans les parages, il ne fallait pas s'attarder ici.

Voici les choix pour le prochain chapitre :

1. Sagrymor tue la maraudeuse, dissimule son cadavre autant que faire se peut. Puis s'en va en soutenant Jondo.

2. Sagrymor décide de ligoter et d'abandonner la maraudeuse dans un bosquet. Puis s'en va en soutenant Jondo.

3. Sagrymor décide de ligoter la maraudeuse et malgré ce qu'elle avait promis à Talion, de la placer sur son dos. Ils s'en vont tous ensemble, Sagrymor soutenant Jondo.

4. (Proposée par Garnath) Sagrymor ligote la maraudeuse, l'abandonne et met Jondo sur Talion, malgré ses blessures. L'idée étant de fuir au plus vite !

5. Choix proposé(s) par les lecteurs (si vous proposez un autre choix un minimum cohérent dans l'histoire, je le rajouterai ici)

Fin des votes dimanche 18/10/2020 à 22h (UTC +2). Chapitre suivant le 21/10 au plus tard.

À vos votes !

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